
a fix pieds de largeur, dix de longeur & neuf de
hauteur.
L’opération dure de treize à quatorze heures j
le produit eft de vingt-cinq à trente quintaux de
mercurei quelquefois, mais rarement, cette quantité
eft allée jufqu à foixante quintaux.
c. Aux mines d’Ydria, dans lé Frioul, on lave,
comme nous l'avons dit, le minerai, & l’on com-
pofe un mélange de mine & de fer, tel que fur
deux parties de mercure ; il s’en trouve une de l’autre
métal. Ce rapport eft fondé fur les proportions
du foufre, dans les fulfures de fer & de
mercure. Le tout fe place dans des fourneaux fem-
blables à celui d’Almaden j mais ici les chambres
qui reçoivent le mercure, font voûtées au deffous de
la terraffe, & aux deux extrémités de celle-ci font
conftruits deux fourneaux de diitdlatioo. De leur
fornmet partent des tuyaux quàdrangulaires en briques,
qui remplacent les files d'aludels d'Aimaden,
& viennent fe réunir deux à deux dans la rigole
du milieu. Ces tuyaux communiquent par d'autres
aux chambres inférieures où fe raffemble le
mercure, & qui fe ferment à clef.
Les mines d’Ydria appartiennent à l’empereur
d’Autriche. En 17 66, epoquè du voyage de Jars,
on en retiroit annuellement trois nulle quintaux
de mercure, qu'on livroit en entier aux Hollandais
pour la fabrication du cinnabre ou vermillon (1).
Les fourn?aux de l’Efpagne & du Frioul font
alimentés par un feu de bois , mais en y ménageant
un cendrier on pourroit les chauffer à
la houille. C'eft dans la vue d’adopter à un tel
ufage ce combuftible économique, que M. de
Genffane a propofé l’emploi d’un fourneau à réverbère
pour extraire le mercure de fa mine (2).
Pans ce fourneau , la fumée épailfe de la houille
fe mêle aux vapeurs du mercure, & falit le produit
obtenu. Tous ces gaz, confondus enfemble
& chaffes par le courant du réverbère, entrent
dans de longs tuyaux rafraîchis extérieurement
par un courant d’eau, & ou la condenfation commence
à s’opérer. Ces tuyaux fe pofent fur un
aqueduc, & débouchent dans une chambre où
ils verfent le mercure déjà liquéfié , & les vapeurs
non encore coërcées. Un canal amène dans
cette chambre de l’eau qui tombe fur une pierre,
fe brife , & rejaillit en mille gouttelettes qui ré-
froidiflfent & achèvent de condenfer les vapeurs
métalliques. La fumée & les gaz permanens s’échappent
par une cheminée fupérieure, & le mercure
liquide fe raffemble au deffous de l’eau , fur
le fol de la chambre.
Dans ce fourneau , on perdroit moins de met*
cure que dans ceux de l’Efpagne & du Frioul, où
le courant d’air afeendant à travers la mine à dif-
tiller, n’a Couvent pas affez de force pour entraîner
dans les aludels ou les tuyaux, les particules
les plus pefantes de mercure ; elles tombent
alors dans le foyer, & fe perdent avec la fumée.
D’ailleurs, comme on pratique dans ces fourneaux
, pour économifer la chaleur, des grilles
à larges trous, on ne peut les charger qu’avec
de gros morceaux de mine , qui, fe pénétrant peu
profondément & d’une manière peu uniforme dé
chaleur, retiennent beaucoup de mercure en pure
perte.
Ces raifons, &: d’autres encore, ne peuvent
être balancées par le foible inconvénient d’obtenir
du mercure fa*i par quelques fuliginofités,
dont il eft toujours facile & peu coûteux de le
purifi.r : elles doivent donc faire alfigner la prééminence
au fourneau propofé par Genffane.
Le mercure, loiMqu’on veut l’expédier dans le
commerce, s’enferme dans des nouets de peau de
mouton que l'on emballe dans des barils, en les
y affujettiffant avec des copeaux & de la paille.
Ce métal jouit de nombreufes & utiles propriétés
qui le font employer dans les arts & ea
médecine i il joue un grand rôle dans les opérations
métallurgiques, en vertu de fa double propriété
de ne s’unir qu’aux métaux purs & de fe
volatilifer ( voye\ A m / l g a m e , A r g e n t , O r ) >
tantôt il eft agent dé fépâration ( voyef ces mêmes
mots)3 & tantôt agent de reunion. ( 1Aoye[ E t a m
a g e DES GLACES , D O R U R E , & C . )
( C a l m e r ET , élève ingénieur des mines.)
M e r c u r e ( Amalgamation oti extraction de
l’or & de l’argent des mines par le). Le mercure
eft principalement employé pour extraire l’or &
l’argent des fubftances minérales avec lefquelles
ces deux derniers métaux fe trouvent combinés
ou. mélangés dans l’intérieur de la terre. La plus
grande partie de celui qu’ on retire des mines
d’Europe eft envoyé en Amérique, où il fert à
cet important objet. Il eft employé à ce même
ufage en Hongrie, en Bohême , en Saxe , en
Suède, &c. pays où l'on a trouvé plus avantageux
d’extraire l'argent & l’or de certains minerais par
l'amalgamation, que par la fonte.
Nous avons déjà donné, à l’article A m a l g a m
a t i o n , un précis hiftorique de cette opération
métallurgique : nous y avons fait connoître les
premières tentatives faites par le baron de Born,
pour l’introduire en Europe : nous avons expofé
la théorie de cet illuftre minéralogifte à ce fujet 5
mais n’ayant pas encore reçu, à l’époque où cet
article a été écrit, les renfeignemens que nous
avions demandés, nous n’avons pu donner aucun
développement, & avons renvoyé à cet article-ci
( M e r c u r e ) les détails du procédé d’amalgamation.
Nous allons les expofer.
La méthode d’extraire l ’argent de fes minerais
à l’aide du mercure, s’eft répandue de la Hongrie
en différens endroits de l’ Allemagne (1). C’eft fut-
(1) Jars, tom. II, pag. 5î 5 & fiiiv.
(!&} Genffane, tom. I l , chap. 34« - •(*) M. Fragofb a donûé>, dans le corne LI du Journal de
tout en Saxe où eette précieufe découverte a été
accueillie, pevfeétionnée, & où elle eft employée
le plus en grand & avec beaucoup de fuccès. Plus
de la moitié des minerais d’argent qu’on retire des
nombreufes mines de ce pays, lont actuellement
traités par l’amalgamation.
On a vu (an. Amalgamation) que M. <ie
Charpentier, aujourd’hui vice-capitaine-general
des mines-de la Saxe, fe trouvoit parmi les favans
métallurgiftes,qui, des diverfes parties de 1 Europe
, fe rendirent en Hongrie pour s’inftruire des
procédés de M. de Born. Ce lavant, de retour a
Freyberg , s’y occupa, de concert avec le célébré
métaiiurgifte Gellert, à répéter ces procédés fur
les minerais de la Saxe; On les perf?aionna confi-
dérablement, & on trouva le moyen de fubftituer,
avec beaucoup d’avantage, l’amalgamation à froid
à l ’amalgamation à chaud ; ce qu! n avoit pas bien
réuffi à M. de Born: Enfin, quelques années d ef-
fais mu’tipliés & de tentatives différentes ayant
complètement démontré les avantages de cette
opération métallurgique, notamment fous le rapport
de l’économie du combuftible, 1 eleCteur de
Saxe chargea M. de Charpentier de faire conûruire
un grand atelier d’amalgamation. C eft le plus
grand qui exifte. On y amalgame annuellement
environ 60 mille quintaux de minerai, dont on
retire 30 miile marcs d’argent (1). [ ;;
M. Lampadius, profeffeur de chimie & de métallurgie
à l'École des mines de Freyberg, vient
de publier ( 1804) , dans le fécond volume de fon
Manuel de Métallurgie y une defcrijnion raifonnée
& très-détaillée de toutes les opérations qui fe
pratiquent en Saxe dans l’amalgamation des minerais.
Ces opérations étant décrites avec clarté
& méthode, & les phénomènes qu’elles préfen-
Phyfique, la defeription de l’amalgamation, telle qu’elle eft
ufitéé à Joachimftbal en Bohême. Ce favant Portugais , que
nous avons l’avantage de compter parmi nos élèves , a publie
en 1800 une Defeription abrégée des travaux d’amalgamation
é* de fonderies, aduellement en ufage à Freyberg.
K f Cet atelier eft à une demi-lieue au nord de Freyberg,
fur les bords de la Mulde j il eonfifte en un grand édifice a
trois étages, au deffus du rez de ch a u f fé e y iU ft compofé de
trois corps de bâtiment, faifant trois côtés d’ un carré long J ;
les deux côtés longs ont foixante mètres, 8e le petit en a :
vingt-cinq. Il y a dans cet édifice douze -fourneaux de grillage
, trois vaftes falles, dans lefquelles on étend 8c mélange
les minerais à amalgamer j dix grands moulins, des cribles,
des tamis, des falles d’amalgamation, de lavage, 8cc., un
laboratoire, des fourneaux à diftiller l’amalgame, de grands
magafins de fel, ôcc. Nous verrous par la defeription qui va
fuivre, l’ufage 8c la difpôfition de ces divers objets. Au milieu
de la cour il y a un bâtiment cylindrique, dans lequel
eft une fuperbe pompe d’ incendie, compofée de quatre pompes
à réfervoir d’a ir , 8c mues par une roue hydraulique : de
ee bâtiment partent des tuyaux q u i, en cas d’accident, por-
teroient l’eau des pompes dans toutes les parties de l’édifice.
Sur la terraffe du bâtiment il y a en outre un gros tuyau
d’environ un décimètre de diamètre, dont le jet peut atteindre
toutes les parties de l’ufine, 8c q u i, dirigé verticalement,
s’élève à une hauteur de plus de vingt mètres.
rent étant expliqués, avec fuccès, d'après les principes
de la chimie moderne, nous croyons ne pouvoir
mieux faire connoître la théorie & la pratique
d’une partie de la métallurgie auffi importante
que l’amalgamation, qu’en donnant un extrait de
l’ouvrage d’un chimifte avantageufement connu
par un grand nombre d’écrits, & qui a lui-même
contribué, & contribue journellement à perfectionner
les procédés dont nous allons rendre
compte.
D e l’ a m a l g a m a t i o n d e s m i n e r a i s ,
d ’ a r g e n t a F r e y b e r g .
Les travaux relatifs à l’amalgamation des minerais
fe divifent en travaux préparatoires, travaux
d‘amalgamatian proprement dits, & en travaux fub-
féquens.
I. Travaux préparatoires,
Les travaux dont l'objet eft de préparer les minerais
à l’amalgamation, font : i°. un alliage convenable;
2°. le grillage ; 30. la mouture ou réduction
en farine minérale.
1°. Alliage des minerais a amalgamer.
Afin de rendre le procédé de l’araalgamatien
plus aifé & plus efficace , il faut mêler les divers
minerais à amalgamer, tant entr’eux qu’avec d’autres
fubftances, de manière à ce que le mélange
contienne certains principes, & les contienne dans
une certaine proportion.
Alliage des minerais entreux. Le but de cet alliage
eft défaire en forte que le mélange qui en réfui ce,
contienne environ quatre onces d’argent & une dizaine
de livres de foufre par quintal (1). Il n’y a que
les minerais contenant Amplement de l’argenr, qui
foient fufceptibles d’être traités par l’amalgamation
( à Freyberg) : ainfi tous ceux qui, outre l’argent
, contiendraient plus de cinq livres de plomb ou
d’une livre de cuivrg au quintal, doivent être écartés.
Il eft Couvent fuperfiu de recourir à l’effai doci-
maftique pour s’affurer de ce contenu ; il fuffit de
laver un échantillon de minerai fur la febile , &
s’il refte au fond une certaine quantité de galène
( fulfure de plomb ) ou de pyrite cuivreufe , le
minerai devra être traité par la fonte , & non par
l’amalgamation. Au refte, une petite quantité de
cuivre eft ici moins défavantageufeque le contenu
en plomb, parce que le cuivre eft enlevé au mu-
riate de cuivre qui fe forme pendant le grillage,
par le fer que l’on met dans les tonneaux où fe
fait l’amalgamation, & étant ainfi réduit à l’état
(1) Le s poids employés dans tout cet article, font ceux de
Cologne ; la livre contient 467 grammes , ôc eft plus petite
que celle de Paris dans le rapport de g o5 à 1000. L e quintal
de minerai eft de cent dix livres.