dans l’acide muriatique j des mélanges qui* à
l'aide de la chaleur , contiennent des' acides mixtes
, fufceptrbles de dilToudre l'or & le platine.
L'acide boracique n'agit point à froid fur les
nitrates; il les.décompofe à chaud, en dégage l'acide
, de forme les borateq avec les bafes. Plu-
fieurs acides métalliques produifent le même effet.
Les allions des bafes fur les nitrates, ne font relatives
qu'aux efpèces : il eft cependant utile de
confidérer ici comme câraâère générique de ces
fais , la propriété qu'ont la filice & l'alumine de
favorifer le dégagement de leur acide par l’a&ion
du feu 3 quelque foible que foit leur attra&ion
pour cet acide , & de retarder, par leur aélion
furies bafes, l'énergie décompofante du calorique
qui fans leur préfence auroit féparé, comme
il le fait feul, les élémens de cet acide.
Les ufages des nitrates terreux & alcalins , considérés
comme genre, font auffi importans que
multipliés. Il eft peu de fubftances dont les propriétés
foient auffi utiles aux chimiftes : à mefure
-qu'elles ont été découvertes , la, fcience s'eft
agrandie , & la théorie a pris une marche affurée
•qu'elle n'avoit point eue jufque-là. Ces fels font
•devenus en même tems des agens précieux pour
•line foule d’expériences & d'ànalyfes. Ils foiir-
niffent fouvent les moyens d’avoir des bafes alcalines
& terreufes dans une pureté & une énergie
qu'aucun autre procédé ne pourroit leur donner,
lis fervent à brûler des corps qu’on ne parvien-
-droit point à oxigénér de la même manière, ni
furtout auffi promptement fans leur activité comburante.
Dans les arts,1 ils jouent également des
rôles importans ; ils rendent d’éminens fervices,
quoiqu'on n'y emploie encore qu'un petit nombre
d'efpèces. En médecine, plufîeurs de ces fels font
élga'ement des médicamens recommandables.
On connaît onze efpèces bien diftindtes.de ni-
trates terreux & alcalins, qui doivent être'rangées
dans l’ordre fuivant, d’après le rang de l’at-
tradtion éledtive des bafes pour l’acide nitrique:
i °. Nitrate de baryte >
2°. Nitrate de potafie;
3°.' Nitrate de foude ;
4°. Nittaté de ftrontiane*
5°. Nitrate de chaux;
6°; Nitrate d’ammoniaque ;
7°. Nitrate de magnéfie ;
• b°. Nitrate ammoniaco-magnéfien >
, 9?, Nitrate de glucine >
io°. Nitrate d’alumine ;
i î°. Nitrate de zircone.
Il n’ y a point de nitrates acides ou acidulés , ni
de nitrates avec excès de bafes dans les coi»bi-
naifonsde l’acide nitrique avec les bafes-alcalines
& terreufes. >
On doit voirparce qui précèdeyqu’en cherchant
à décrire les propriétés génériques des nitrates■ ,
il n’a été queftion que des nitrates terreux & alcalins.
C’eft qu’en-effet ces efpèces , les- plus .eonnues
du genre , ‘font celles qu’on a jufquTci plug
comparées entr’elles. Quant aux nitrates métalliques
, qui font beaucoup plus nombreux que les
précédens, leur hiftoire eft en quelque forte indépendante
: chacun, d’eux appartient plus au métal
qui en fait la bafe,. qu’au genre entier des nitrates.
En les comparant encr’eux , on ne leur
trouve de propriétés communes que la décompo-
fition par le feu, & le dégagement de leur acide
par le fulfurique ; encore ces deux propriétés pré,-
fentent - elles Iorfqu’on les examine par. l'expérience,
des variations qui tiennent à la nature particulière
de leurs bafes. Au refte, on a déjà expofé
ce que l’hiftoire des nitrates métalliques peut offrir
de plus général pour la théorie chimique , à
l’article Mé taux, qu’on pourra confulter ici. ■
Nitrate d’agustine. M. Tromfdorf avoit
donné ce nom à l’union faline de l’acide nitrique
avec une fubftance qu’il avoit crue être une terre
particulière. Mais comme celle-ci s’eit trouvée ,
d’après l’examen févère qui en a été fait par
M. Vauquelin, n’ être ou’un vrai phofphate de
chaux, il n’y a plus lieu d'admettre un nitrate d’a-
gujiine. Ce fera donc la dernière fois que je ferai
mention d'un prétendu fel de cette bafe»
Nitrate d’alumine. Dans l’ancien langage
chimique , ce fel étoit appelé nitre d'argile , alun
nitreux3 argile nitrêe. On l'a peu examiné jufquTci „
& les chimiftes fe font prefque tous contentés de
dire qu'il prenoit la forme gélatineufe au lieu de
fe criltallifer, & qu’il avoit une faveur aftringente.
Le nitrate d'alumine , lorfqu’on eft parvenu à lui
donner au moins l’apparence d’un fel criftallifé ,
eft en lames ou feuillets minces, mous & plians ,
peu brillans , d’une faveur auftère, de toujours
acides. Il rougit les couleurs bleues végétales. On
ne le connoît pas dans la nature.
Il eft toujours le produit de l’art, qui le forme
en combinant directement l’alumine avec l’acide
nitrique. On obferve, en le préparant, qu’il eft
impoffible de neutralifçr l'acide de ce fel, que l’a*
lumine n’en mafque jamais les propriétés & la fa*-
veur, & qu’elle ne s’y diffout qu’avec peine; auffi
n’eft-il que très-peu criftallifable, &ne l'obtient*
on que difficilement fous la forme de feuillets :
fouvent il eft en maffe gélatineufe.
L'adhérence de fes deux principes eft fi foible,
que le calorique les fépare avec la plus grande facilité.
En chauffant le nitrate d'alumine dans des
vaifleaux fermés-, on en obtient l’acide nitrique
fans décompoficion, de l’alumine refte bientôt
pure & ifolée, . . •
Il eft déliquefeent, de conferve une molleffe &
une humidité confiantes à l’air.
On ne peut pas calculer fa diffolubilité, puifque
la moindre.quantité d’eau qu’on y ajoute, le met
dans l’état vifqueux & comme gélatineux.. Ce
n’eft prefque que par hafard, & en évaporant
avecbeaucoup de précaution fa diffolution, qu’on
l'obtient fous la forme de lames au premier mo-
menç de fon refroidjffement, ou par les progrès
mêmes de l’évaporation r fouvent la diffolution fe
prend en maffe tremblante, comme une forte de
gelée peu tranfparente de de couleur d'opale.
Le nitrate d'alumine ne fait prefque point brûler
avec flamme, de jamais avec détonation, les matières
conjbuftibles, à caufe de l'eau qu’ii retient
en grande abondance. Il eft decompofé très-
promptement par l'acide fulfurique,quiçn.dégage
1 acide nitrique ; par l’acide muriatique y qui fait
.palier ce dernier à l’état nitreux, & fe dégage
lui-même en acide muriatique oxigéné. Toutes les
bafes terreufes de alcalines , excepté la filice de
la zircone, le décompofent, & féparent l’alumine
.en s’emparant de fon acide. Il paroît que la po-
taffe & l’ammoniaque peuvent s’ y unir en pyrite
quantité , & le convertir en fel triple, comme
1 alun ; mais je n’ai encore qu’entrevu cette propriété.
On ne connoît pas les proportions de fes
principes.
Le nitrate à.'alumine n’eft encore d’aucun ufage.
. Nitrate d’ammoniaque. Le nitrate d'ammoniaque
a été nommé fel ammoniacal nitreux , de
furtout nitre inflammable , nitrum jlammans,: c’é-
toit fpécialement à fon efpèce d’inflammabilité
Spontanée , fource du dernier nom cité , qu’on
avoit fait attention avant les nouvelles découvertes.
M. Bertholiet eft celui des chimiftes modernes
qui a le mieux étudié ce fel, de qui a fait con-
.noître avec le plus de foins fes propriétés carac-
tériftiques : fon hiftoire eft devenue très,-claire
& très-facile d’apiès les recherches de cet habile
chimifte.
Le nitrate d‘ammoniaque ou ammoniacal criftal-
life èn pri fines hexaèdres, terminés par des pyramides
très-aiguës : on l'obtient fouvent fous la
forme de longs filets foyeux ,. fatinés , mous .de
.élaftiques. Sa faveur eft très-âcre, très-piquante
.& très-amère ; fa première impreffion dans la
Louche eft froide. On ne le connoît pas dans la
nature : il exifte cependant en petite quantité dans
les matières végétales ou animales , très-avancées
dans leur putréfaction.
On le prépare en unifiant directement l’acide
rnitrique & l’ammoniaque; on lui donne la forme,
ciftalline par une ^évaporation de un refroidiffe-,
ment bien ménagé. Lorfqu’ il eft convenablement
préparé , il eft pur, & n’a befoin d’aûcun travail!
ultérieur. Il fe forme dans beaucoup de cas où
l ’acide nitrique fe déco'mpofe, comme on le verra
par la fuite* .
Le nitrate d‘ammoniaque eft très-fufible dans \
l’eau de fa criftallifation ; il fe deff^che enfui te !
par l’aCtion du feu continuée. Lorfqu'on augmente
fa température, il prend feu & détonne
fpôntanément. Après qu’il a donné »ne flamme
Llaiiche , affez brillante., avec un bruit afie^confidérable,
il fe diffipe ën entier en vapeur dans
l'atmofphère; il répand en même tems une odeur
fenfible d’acide nitreux. Cette efpèce d'inflammation
ou de détonation fpontanée a lieu furTe-
champ lorfqu’on jette du nitrate d'ammoniaque fur
un vaiffeau rouge de feu, 8c même avant cette
température rouge.
Ce phénomène d’inflammation fpontanée ,
connu depuis long-rems, & qui avoit fait nommer
ce fel nitre inflammable , avoit fait imaginer
ou entrevoir que l'alcali volatil contenoit quelque
chofe de combuftible. Rien n’eft pins facile à concevoir
aujourd'hui, que cette inflammation fpontanée
, lorfqu’on fe rappelle la compofition de
l’acide nitrique & celle de l ’ammonii.-que. L’hydrogène
de celle-ci fe porte rapidement fur l’oxiL
gène nitrique , & il y a combuftion & déflagration
par la coridenfation de ce dernier principe,
& par le dégagement de la matière du feu ; il fs
forme de l’eau, de il.’fe dégage du gaz azote par
la féparation de ce fécond principe commun aux
deux compofans du fel.
M. Bertholiet1 a prouvé la certitude de certê
théorie en difti liant du nitrate et ammoniaque avec
-beaucoup de foin dans une cornue de verre , à
laquelle étoit adapté un ballon muni d'un tube
plongeant fous des cloches pleines d’eau. 11 a remarqué
qu’en donnant <un feu doux , & par degrés,
il y avoir décompoficion complète de ce fel
fans inflammation. Le produit de^cette analyfe a
été la difparition totale de l'ammoniaque, formation
d’eau, dégagement de gaz oxigêiie de de gaz
azote, & une partie d’acide nitrique volatilité de
-diffous dans l’eau du récipient ; il a échappé quelquefois
un peu de nitrate d'ammoniaque non dé-
compofé. On voit ici que la quantité d'acide nitrique,
de. ce fel eft plus grande qu’il ne faut pour
décompofer l'ammoniaque qui y eft contenue, &
dans laquelle il n’y a qu'un cinquième d’hydrogene.
. Ce phénomène bien apprécié prouve que le nitrate
d’ammoniaque eft plus décompofable que volatil,
Se qu’on .ne peut pas l’obtenir .fublimé ,
puifqu'il eft détruit dans l'un de fes principes, de
par la réaêlion de fes compofans , avant la température
même qui ferôit nëceffaire pour le réduire
tout entier en vapeur. C'eft auffi par f’a&ion du
feu furie 'nitrate <t ammoniaque traité dans des yaif- '
féaux fermés, & avec un appareil pneumato-chi-
mique, que l'on obtientl’efpèce de gaz, connu
fous le .nomrtie ga^ oxidule d'azote t de dans lequel
quelques chimiftes anglais ont prétendu trouver
un agent Singulier fur l’économie animalë ; iis lui
ont attribué une propriété exhilarante, qui, fuivarrt
eux .,-'pourra devenir utile dahs- les maladies.
•( V'oyeq d'article G az O XTDULE d' azo të . ) /
Le nitrate ,etammoniaque attire: l’hUmictité d'e
l’air, >de fefond complètement par foh contaèl
de forte qu’on -ne peut lè .conferver foùs'fi formé
criftâllme fans le couvrir ou l'enfermer foigneu-
lëment. On doit meure fes bea.ûx-’criftaux bien
F f *