calciné avec du charbon , qui luit enfuite dans
l ’obfcurité. On fait abondamment cette préparation
à Bologne^ parce que c’eftavec un fpath pelant
gifaht fur le mont. Paterne , près de cette
ville, qu’on en a préparé la première fois. On en
-vend à tous les voyageurs qui parcourent cette
ville. ( V(>y*l l'article SüLFATK DE BARYTE. )
Phosphore de Homberg. ,Le muriate .avec
excès de chaux, calciné par une afiez force eha-
leur dans la décompofition du muriate .d'ammoniaque
par la chaux , a la propriété de luire dans
J'oblcuritéi. Cette propriétéi'a.fait nommer phosphore
par; Homberg 3 qui fa découverte. Tous les
Tels calcaires prëientent ce phénomène dé pfooff
phoreféence après, la calcination. Au refté , ilm a
ni la même nature, ni la même caufe, ni les mê^-
meseffets que le phofphore proprement dit.
• Phosphore pierreux. On a nommé ainfï le
fulfate de baryte calciné avec le charbon, & ayant
acquis: parce procédé la .propriété de luire dans
f ’obfcurité.; Macquer a publié dans fon Diction-
naueideS.h.irnie 3 édition de 1776 , un article allez
intéreifarçç fur ce fujet. Je l'inférerai ici pour faire
connoître où en étoit, il y a plus de trente ans ,
la théorie de la fcience fur la phofphorefcence. Je
ferai préliminairement quelques remarques fur cet
■ article.
i° . Macquer ignoroit, à l’époque où il l’a rédigé
* que le fpath.pefant fût un. fulfate, à bafe
d’une terre .-différente? de la chaux, il Je confon-
doit avec les fpaths ;félénireux ou le fulfate calcaire
j M ne ccnnoiffoi.t pas la baryte.
Itv jj regardoit le travail de Margraff comme le
meilleur & le plus fu r , & cependant Margraff
n’avoit pas découvert la différence de la bafe! du
fpath pefant d’avec la chaux , quoiqu’il eût ap-
perçu qu’elle n’étoit pas exactement la même;
. ; 3 ° .Macquer a bien expliqué la.phofphorefcence
du,fulfate de baryte calciné, par l’extraCtion du
foufre .jfmais il a comparé différentes phofpho-
réfcences de corps fa}ins &_ terreux d’une nature
différente.
- 4°t.mI1 a décrit plufieurs expériences intéreffan-
tes fur plufieurs matières,qui j.uifent en les plaçant
fur des plaques chaudes. ( K°ye\ l’article Phos-
PH O R ES GEN CE* ) ;v, / . ...
Ces phofphores font des efpèces* de pierres qui |
ont la propriété de luire dans les ténèbres, après I
avoir, étérpréparées par une calcination convena- i
tle . Le plus anciennement eo;nnu &-le plus cèle- !
bre de ces phofpkores eft celui qu’on nomme ‘
pierre de Boulogne- n o m d’une ville d’Itslié, j
aux environs de laquelle on rrouve cette pierre.
Lémery ^raconte que le premier qui. découvrit la
propriété phofphorique de la pierre de Boulogne, j
étoit un cordonnier nommé Vincenzo Cafciarolo,
qqi txq^ailloit a la chimie.'Jl^Jit .que cet hom- ■
.promenant au bas du mont Paterne , ràmafia
une de ces pierres dont le brillant fc la
grande pefanteur lavoient frappé, & lui avoient
fait croire qu’elles conte noient de d’argent 5 mais
qu’après les avoir mifes au feu , & portées en-
fuite dans un lieu obfcur 3 apparemment par ha-
fard, ou étant rentré fans lumière pendant la nuit
dans fon laboratoire, il apperçut ces pierres brib
lantes de lumière, comme des charbons ardensj
ce qui fans doute le furprit beaucoup, & l’engagea
à réitérer cette expérience. Depuis ce.tems la
pierre de Boulogne a été travaillée par les chimif-
tes & les phyficiens, qui ont cherché lés moyens
de la calciner avec avantage pour la rendre lumi-
neufe.'
. On trouve differens procédés pour cela dans
les ouvrages de Lapoterie, de Montalban, de
Mentzel, de Lémery.j dans les Mémoires de
MM. Homberg & Dufay, imprimés dans le recueil
de l’Académie. Mais perfonne' n’a traité
cette matière dans un fi grand détail, & ne l’a
aulfi favamment éclaircie que l’illuftre Matgraf,
dans deux Difiertations remplies de recherches
qu’il a faites à ce fujet. C’efl pourquoi, fans nous
arrêter à tout ce qui en a été dit avant lui , nous
allonsexpofer ici.fommairement ce qu’il penfe de
la nature de la pierre de Boulogne , fa méthode de
la préparer, les phénomènes qu’elle préfente., les
matières qui lui font analogues j en forte que
prefque tout ce que nous dirons dans cet article,
fera tiré des Difiertations de cet habüle chi-
mifte. ,
. « La pierre dè Boulogne eft tendre 3 très-pe-
faiïte.,. crifiallifée 3 & ne fait aucune effervescence
avec les acides avant d’avoir été calcinée
avec le contaCt des charbons. Ges qualités la font
ranger par M. Margraf au nombre des fparhs fu-
fibles pefans, avec d’autant plus de fondement,
que tous ces fpaths étant préparés comme la pierre
de Boulogne*, deviennent phofphoriques. Comme
ils font d’ailleurs compotes exactement des mêmes
principes, ainfï qu’on le verra par la fuite , tout
ce .qu’on va dire à ce fujet ne. doit point être ref-
treint à la vraàe pierre de Boulogne, mais doit
s’appliquer à .'toutes les autres pierres du même
genre, c'eft à-dirie aux fpaths pefans fu fi b les, ou
plutôt, féléniteux.
» Lorsqu’on veut rendre, ces^ pierres phofpho-
riq.ïes, on choifit celles d’entrelles qui font les
plus nettes, les plus cïïftallines, lés plus friables,
les plus pefantes, qui s’effeuillent.lorfqu’on
les rompt} .enfinr3 qui font exemptes de'toutes
parties, hétérogènes. On fait rougir ces pierres dans
un creufet 5 on les réduit en poudre dans un creu-
fet de verre ou de porphyre. Lémery avance que
cette pulvérifation doit absolument fe faire dans un
mortier de bronze, & affût e poficivement , comme
d’apièsides expériences faites*, que l’opération
manque abfolument fi lyon emploie un mortier
de:toute autre matière, & furtout-de; fer. Maïs
M.. Margraf;,.auquel nous nous en rapportons par
préférence , défend au contraire expreflement de
fe fervir d’un mortier de cuivre , & afiure que ,
cela nuit au fuccès dè l'opération. Les pierres
ayant été ainfi réduites en poudre , on en forme
une pâte avec du mucilage de gomme adragant,
& on en fait des gâteaux minces de telle grandeur
qu'on juge à propos , mais qui ne doivent point
avoir plus d’épaiflèur que la lame d’un couteau.
On fait bien deflecher ces gâteaux, en employant
pour cela une afiez grande chaleur fur la fin. Après
ces préparations , on allume du charbon dans un
fourneau de réverbère ordinaire , qu’on a empli
à peu près jufqu’aux trois quarts de fa hauteur.
On pofe les gâteaux de pierre à plat fur ces charbons;
on achève d’emplir le fourneau avec du
charbon noir ; on le couvre de fon dôme dont
le tuyau doit refier ouvert, & on lailfe confu-
mer tout le charbon , & même refroidir le fourneau
: les pierres font alors calcinées. Si on les
nétoie, par le moyen d’un fouffle, de la cendre
dont.elles font, couvertes, qu’ on les expofe à la j
lumière pendant quelques minutes ,. qu’on les j
porte enfuite dans un lieu obfcur, on les verra
briller comme des charbons ardens , furtout fi
on s’eft tenu foi-même dans l’obfçurité, ou les
yeux fermés pendant quelque tems pour donner
lieu à la dilatation de la prunelle. M. Margraf
oblerve que fi , après la calcination à travers les :,
charbons , telle qu’elle vient d’être décrite, on
calcine encore fortement ces pierres pendant une
bonne demi-heure fous une moufle, leur propriété
phofphorique n’en eft que plus forte.
»Les phénomènes que préfentent ce s pierres,
devenues phofphores par la fimple calcination, font
très-dignes de remarque } mais la caufe ne nous en
eft point encore bien connue. 11 eft même d’autant
plus difficile de la trouver, que les phyficiens &
les chimiftes qui ont travaillé fur cette matière, ne
font point d’accord fur plufieurs faits importans.
M. Dufay , qui a donné un Mémoire fur ces phof-
phores, imprimé dans le Recueil de V Académie pour
l'année 1730, avance , d’après des expériences,
que toutes les pierres calcaires , qu’ elles contiennent
ou non de l’acide vitriolique, font capables
de devenir lumineufes par la calcination , avec
cette différence feulement que celles qui font pu-.
rement calcaires ont befoin d’une forte calcination,
ou de plufieurs calcinations réitérées, au
lieu que celles qui contiennent de l’acide, -telles
que les félénites, les gypfés,.:tes fpaths, le deviennent
par une feule calcination plus légère..
M. Margraf au contraire, qui paroït n’avoir eu
aucune connoiflance du Mémoire de M. Dufay,
dit qu’ il n’y a que les pierres calcaires faturées
d’acide qui puiflent devenir phofphoriques ; que
celles qui font purement calcaires, telles que les
-marbres, les craies , les pierres à chaux , les fta-,
ladites , ne le deviennent point, à moins qu’on ne
les future d’ acide avant la calcination. On font,
bien qu'il faudroit être décidé fur ces faits pour
Cu imiz , Tome K.
affigner la caufe de cette propriété phofphorique 3
car fi toutes les pierres calcaires peuvent indifféremment
devenir lumineufes fans le concours
d’aucun acide, alors on pourroit foupçonner que
la lumière eft capable d’adhérer davantage à certains
corps qu’à d’autres, que la calcination
donne aux pierres calcaires la propriété de retenir
la lumière en plus grande quantité -& plus long-
tems que ne peuvent le faire les autres corps. Il
faut convenir néanmoins que cette conjecture eft
aflèz vague, 8c n’eft guère appuyée fur les faits.
» Mais fi la préfence d’un acide eft nécefl’aire
dans ces pierres pour les rendre lumineufes ,
comme le penfe M. Margraf, & comme les expériences
l’indiquent 3 fi même l’acide contribue
feulement beaucoup à leur donner cette propriété,
comme, cela paroît réfulter des expériences de
tous ceux qui ont travaillé fur cette matière, &
de celles même de M. Dufay, alors il y a tout
lieu de croire que les acides jouent un rôle effen-
tiel dans ces effets lumineux. Voici donc ce qu’on
peut conjedurer à ce fujet.
» On fait que les acides en général, & furtout
le vitriolique & le nitreux, ont beaucoup d’affinité
avec le principe inflammable } que Iorfqu’ih
font unis avec ce principe, ils forment avec lui
des compofés qui ont les propriétés du foufre ou
du phofphore< Il eft certain aulfi que le foufre, le
phofphore & vraifemblablement d’autres compofés
d’acide _& de phlogiftique que nous ne connoif-
fons point, ont deux manières de brulér3 l’une
vive & aCtive, dans laquelle leur phlogiftiqué'forme
une flamme très fenfible, & produit non-feule- j ment de la lumière , mais encore une chaleur afiez
j considérable pour mettre le feu à tous les corps
combuftibles} l’autre lente & foible, capable feulement
de produire une lumière beaucoup moins
I vive, & qui n’a point de chaleur fenfible , ou du
moins qui en a trop peu pour allumer les corps les
plus inflammables, tels, par exemple, que la poudré
à tirer. ( Voye^ Soufre , Phoshore 6*
Poudre a tir e r .)
j . » Cela pofé, ne paroît-il point afiez probable
i que l’acide contenu dans les pierres qui devien-»
I nent phofphoriques par la calcination , fe combine
avec le phlogiftique des charbons? qu’ il forme
| avec lui un compofé fulfureux ? que le phlogiftique
de cette efpèce de foufre , ou de phofphore,
n 'adhérant que foiblement avec l'acide, ou même
! y étant par furabondance, eft dans un état de très-
î facile combuflibilité, en forte que l'àCtion feule
| de la chaleur & de la lumière répandue dans l’air
| fuffit pour l’enflammer, non pas afiez fortement
pour qu’il en réfulte da la chaleur & une diifipa-
] tion totale de ce phlogiftique , comme quand on
fait brûler vigoureufëment du foufre ou du phof
j phore 3 mais fi légèrement, fi lentement, qu’il
i n’en réfulte qu’une lumière très-foible , & qu’on
| ne peut appercevoir que dans l’obfcurité, telle
j qu’eft celle de la pierre de Boulogne & de tous