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pour réfidu de la ftrontiane cauftique : c’eft même
le moyen facile & fûr d’obtenir cette terre bien
acre 6c bien pure. On peut faire cette opération
dans un creufet d’une pâte un peu ferrée & garni
de fon couvercle, en le choififfant affez grand
pour que le nitrate de ftrontiane n’en occupe que la
moitié, & en ne donnant le feu que par degrés,
afin que ce fel ne fe gonfle pas de manière à lortir
du va fe. La ftrontiane obtenue par ce procédé
n’adhêre que faiblement au creufet 8c s’en détache
bien, de manière que ce vaiffeau peut fervir
plufieurs fois de fuite. Il refte 0,47 de ftrontiane
fur cent de nitrate de cette bafe , ainli décompofé.
Le nitrate de ftrontiane eft complètement inaltérable
à l'air.
eide non décompofé, quoique moins facilement
que du nitrate de potafle.
M. Vauquelin, par divers procédés analytiques
dont il a comparé foigneufement les réfultats, a
trouvé, dans les compofans du nitrate de ftrontiane,
les proportions fuivantes :
Acide nitrique.,
Strontiane........
Eau.. . . . . . . . . .
■ 48,4
■ 47.6
• 4.0
Le nitrate de ftrontiane n’a encore aucune utilité.
Mele a la poudre , il pourra colorer en rouget
pourpre le feu des artifices, & en augmenter ainfi
la beauté.
Il faut quatre à cinq parties d’eau à dix degrés
pour le dilfoudre j il eft bien plusdiffoluble à chaud
qu a froid 3 & il criftal.ife par le refroidflïement.
Pour lui faire prendre une forme bien régulière,
il faut évaporer fa difîblution jufqu'à former à fa
furface une légère pellicule, & la laiffer enfuite
refroidir lentement.
Le nitrate de ftrontiane eft peu propre à faire
brûler là plupart dés corps combuftibles : à peine
forme-t-il que loues étincelles fur les charbons
ardens. En le mêlant avec du fôùfre & du charbon
dans les proportions de la poudre à canon, quoique
le mélange fut fait fort exactement & bien
fe cx M. Vauquelin a obfervé qu'il ne bruloit que
très-lentement, en lançant des étincelles purpurines
, 8c en répandant une flamme d’un beau vert
qui léchoit la furface de la matière brûlante.
La propriété de colorer la flamme en pourpre
qui diftingue & cara&érife la ftrontiane, fe montre
furtout dans le nitrate de cette terre, en mettant
un peu de ce fel en poudre "dans la mèche d’une
bougie, à la flamme de laquelle il communique
une nuance purpurine très-vivé.
Les acides fe comportent avec\e nitrate de ftrontiane
comme avec celui de baryte. Le fulfurique
le décompofé le plus facilement & le plus complètement;
il précipite fa diffolution en fulfate de
ftrontiane pulvérulent j il. en dégage l’acide nitrique
par la diftiilation. L’acide phofphorique le dé-
compofe en partie à froid , & tout-à-fait à l’aide
de fa vitrification. Il en eft de même de l’acide
boracique. L’ acide muriatique le dénature en dé-
compofant fon acide, & forme du muriate de
ftrontiane avec fa bafe.
La baryte , la potaffe & la foude décompofent
complètement le nitrate de ftrontiane, foit par la
yoie fèche, foit par la voie humide. Dans ce dernier
cas, fi les diflblutions font affez concentrées,
la ftrontiane fe dépofe fous la forme criftalline. La
chaux, l’ammoniaque, la magnéfie, la glucîne,
l’ajumine, la fiiicev& la zircone n’ ont par elles-
memes aucune aéiion fur le nitrate de ftrontiane,
parce que celle-ci a plus d’attra&ion pour l’acide
nitrique, que n’en ont toutes ces bafes. A chaud,
l ’alumine & la filice en réparent une. partie de l’a*-
N i t r a t e d e t a n t a l e . Il n’exifte pas plus d e
nitrate que de muriate, fulfate, &c. de ce métal,
auquel M. Ekebert, qui l’a trouvé , a donné le
nom de tantale, à caufe de la rélîftance qu'il op-
pofe a 1 action des acides. Le bouton métallique
que M. Ekebert s’eft procuré par la réduction du
-tantalite, n â été nullement diffotis par les acides,
qui n ont d’autre aétion fur le métal pur, que de
le ramener à l’état d’oxide blanc dans lequel il
étoit avant fa réduction.
Au refte, il pourroit fe faire que le tantale ne
fut point un métal particulier, comme M. Ekebert
l’a voit penfé \ car M. Berzelius, chimifte fué-
dois, dans une lettre adreffée à M. Vauquelin le z
novembre 1806, dit que M. Gahn, en traitant au
chalumeau le tantalite & l’ytrotantalite, a découvert
que le tantalum de M- Ekebert n’eft que
de l’oxide d’étâin combiné à une terre qu'il n’a
pas encore pu déterminer. M. Berzelius ajoute que
M. Ekebert eft lui-même occupé en ce moment
d’un examen plus détaillé dé ce minéral.
N i t r a t e d e t e l l u r e . Suivant M. Klaproth,
le tellure eft facilement difloluble dans l’acide nitrique.
Cette diffolution blanche donne , par l’é-
» vaporation , de petits criftaux aiguillés. 0 Voyez
Varticle TELLURE.)
N i t r a t e d e t i t a n e . Le carbonate de titane,
préparation qu’on obtient & qu’on emploie le plus
fouvent, forme , aveq l’acide nitrique qui le dif-
fout, une liqueur d'apparence huileufe, donnant
des criftaux rhomboïdaux par l’évaporation. A ces
premiers faits décrits par M. Klaproth, MM. Vauquelin
& Hecht, qui ont entrepris en commun un
grand travail fur ce métal, ont ajouté qu après la
diffolution opérée avec effervefcènce & dégagement
de gaz nitreux & de gaz acide carbonique *
la liqueur refte laiteufe, & que l’acide nitrique
foible qui le diffout aufli, forme une liqueur tranf-
parente que la chaleur rend trouble. ( Voyez l'ar-
I ticle T i t a n e . ) .
I N i t r a t e d e t u n g s t è n e . Il ne paroît pas qu’il
exifte, ou au moins qu’on connoiffe encore ce Cel,
puifque
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puifque les chimiftes qui ont le mieux décrit le
tungftène ^ affurent qu'il n’y a aucune a&ion de ce
métal fur les acides les plus puiffans, & qu’il ref-
femble, par cette propriété, au platine. ( Voye[
l'article TUNGS TÈNE. )
Nitrate d' urane. C ’eft un des plus beaux fels
métalliques qu’on puiffe préparer dans les laboratoires
: on l’obtient en diffolvant l’oxide d’ urane
dans l’acide nitrique foible, & en faifant évaporer
dpucement la diffolution. Il forme des criftaux
affez volumineux en tables hexagones, d’un yert-
ferin ou jaunâtre. ( Voye[ l'article Urane.)
Nitrate d’y t t r ia . Le nitrate d'yttria a été
découvert, comme la bafe terreufe qui lui donne
fon nom, dans le cours de l’année 1800, par
M. Gadolin. Son exiftence a été confirmée par
MM. Ekebert & Vauquelin. Il a une faveur douce ;
il ne çriftallifé point ; il eft très-déliquefeent ; il fe
ramollit comme du miel à la chaleur, & il devient
très-folide par une defiiccation ménagée. L’acide
fulfurique lui enlève fa bafe avec laquelle il fe
dépofe en petits criftaux. Les alcalis , & même
l’ammoniaque., en réparent une terre blanche qui
eft infoluble dans ces réa&ifs, & que le carbonate
d’ammoniaque en.grande quantité diffout très-bien.
( Voye1 l article Yt t r ia . )
Nitrate de zinc. Le zinc & l’acide nitrique
ont une aétion fi forte l’un fur l'autre, que le premier
peut être complètement décompofé dans cette
aétion, & le zinc enflammé. Pour le difîoudre dans
l'acide nitrique, on prend celui-ci affaibli par
l'eau & le métal en gros fragmens. 11 en réfulte
une diffolution blanche fi le zinc eft pur, & une
pouflière .noire infoluble qu’on a cru être dii carbure
de fer, 8c qu’il feroit utile d’examiner encore.
Cette diffolution donne, par l’évaporation
ménagée, des prifmes tétraèdres ftriés , très-fufi-
bles, détonant légèrement avec le charbon , facilement
décompofables par le feu, déliquefeens, &c.
(.Voyeç l'article ZlNC. )
Nitrate de zircone. Le nitrate de 1ircone ne
peut point avoir de fynonymes dans la fcience,
puifqu’i! a été affez long-tems inconnu, même depuis
l’établiffement de la nouvelle nomenclature.
C ’eft a M. Klaproth qu’on en doit la découverte.
MM. Guy ton 8c Vauquelin l’ont examiné après
l ’ipventeur.
il n’eft jamais que fous la forme de petites
aiguilles capillaires 8c foyeufesj fa faveur eft ftyp-
tique : on ne le connoît pas dans la nature.
On le prépare en uniffant direétemeçt la zircone
avec l’acide nitrique concentré, afin de n’àvoir
qu’une légère évaporation à faire pour l’obtenir
çriftallifé.
Aucun nitrate n’eft plus décompofable au feu
<jue celui-ci : il fuffit de,chauffer quelque cems,
Ch i m i e . Tome V *
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comme pour l’évaporer, la diffolution de ce fel :
on fent l’acide nitrique qui s’en exhale, & la bafe
terreufe fé précipite de la liqueur : on en obtient
même une précipitation complète en faifant bouillir
quelque tems cette diffolution. Par ce caraéfara
la zircone reffetnble à la filice, qui, diffoute ou
fufpendue dans les acides en raifon de fon grand
état de divifion, s’en fépare à l’aide de l’aétion
feule du calorique.
Le nitrate de £ircone eft déliquefeent.
Il eft fort difloluble dans l’eau, & très-difficile
à obtenir çriftallifé, à raifon déjà décompofition
fi fatile.
Il ne détonne point avec les corps combuftibles,
& les brûle lentement comme le feroit l’acide nitrique
feul. Les acides fulfurique & muriatique le
décompofent très-facilement : le premier trouble
& précipite fa diffolution en fulfate dé zircone i
le fécond change fon acide en nitreux. Toutes les
bafes décompofent le nitrate de %ircone avec h plus
grande promptitude, & lui enlèvent fon acide en
précipitant fa terre plus ou moins pure. On ne fait
pas s’il peut faire des fels triples , ni comment il
agit fur les diverfes efpèces de fulfates. On ignore
également la proportion de fes compofans.
Ce fe l, très-rare à caufe de la difficulté de fe
procurer la zircone, ne peut être employé à aucun
ufage : il n’a même pas encore été préparé affez
abondamment pour en reconnoitre les principales
propriétés : à peine a-t-on affez de notions pour le
diftmguer des autres nitrates terreux, & pour lui
afligner fes caractères fpécifiques.
NITRE. Le mot nitre a été long-tems employé
en chimie pour défigner l’efpèce de fel que nous
no'mmons aujourd’hui nitrate de potajfe. Il l’efi:
même toujours dans les ateliers , dans les fabriques,
dans les poudrières, dans les arfenaux , ainfi
que le mot falpêtre} qui en eft le fynonvme le plus
généralement ufité. L’exprefiïon de nitre ou fal~
pêtre a même , pour l’ufage des arts & du commerce
, l’avantage d’être plus courte, plus facile
à prononcer, & plus connue. Les mots nitrate de
potajfe faifant partie de la nomenclature méthodique,
font utiles pour le langage de la fcience,
mais ils n’excluent pas la dénomination ancienne,
qui l’emporreroit toujours, par l’habitude du commerce
, fur la prétention mal fondée de faire triompher
le nom fyftématique.
N i t r E a l c a l i s é . On fe fervoit autrefois de ces
mots pour défigner le produit de l’aélion du feu,
8e même de plufieurs matières charboneufes, fur
le nitre, qui fe trouve réduit par * là à fa bafe
alcaline. Ces mots font donc fynonymes de ceux-
ci : alcali ou potaffe, extraits du nitre par le feu.
( Voye^lés articles A L C A L I ,N IT R A T E DE PO T A S SE ,
P o t a s s e . )
N i t r e a m m o n i a c a l : c’eft l ’a n c ie n n om du
I i