O b f e r v a t io n s f u r l e p r o c éd é d i t révolutionnaire.
i° . Les matières étoient triturées à fec dans les
tonnes. Il falloit les mouiller avant de les fou-
mettre à l’a&ion des preffes : l’eau diflolvoit une
partie du falpêtre qui fe trouvoit inégalement
réparti , fans qu'aucune manipulation poftérieure
pût rétablir T uniformité des proportions.
2°. La galette ne donnoit pas, à beaucoup près,
autant de grain qu'on Tavoit avancé : le produit
fe réduifoit au tiers. Ce grain étoit mi-plat &
anguleux, extrêmement facile à brifer, très-altérable
par conféquent dans les tranfports.
3°. On fabriquoit beaucoup en peu de tems}
mais il falloit employer un tiers d’ouvriers de plus
que par le procédé des pilons.
4°. Les machines, & notamment les preffes ,
étoient d’un entretien crès-difpendieux.
On eft revenu au procédé des pilons en attendant
mieux.
Poudre a mouches. On connoît dans les
boutiques d’épiceries, fous le nom trompeur de
f o u d r e a m o u c h e s , p o u d r e p o u r l e s m o u c h e s , une
matière dangereufe qu’on vend pour tuer les mouches,
& qui eft de l’arfenic à l’état métallique : on
la vend aufli quelquefois fous le nom impropre de
c o b a l t .
On met cette p o u d r e dans des afliettes de faïence
-avec un peu d’eau pour la recouvrir, & on place
ces vafes fur les commodes, fur les appuis des fenêtres
, & même fur le carreau des chambres , le
long des murs à la campagne , dans l'intention de
tuer les mouches, fort incommodes en automne }
mais ce procédé eft aufli dangereux qu’il eft com-
nŸun ou fréquent. Outre qu’il n’atteint pas bien le
but vers lequel il eft dirigé, puifqu’il ne tue qu’une
trèsJpëtite quantité de mouches en comparaifon de
celles que la faifon de l’automne fait naître à la
campagne, il peut expofer à de grands dangers,
non-feulement pour les animaux domefliques ,
mais encore pour les hommes. Il vaut donc mieux
employer les bouteilles d’eau miellée, & bannir
entièrement des ufages économiques cette p o u d r e
d’arfenic, ainlique l’oxide blanc du même métal,
trop fouvent & trop inconlidérément appliqué à
la deftruétion des rats , des fouris, & c.
Poudre d’algaroth : nom donné en chimie
à un oxide' d’antimoine, ou plutôt à un muriate
avec excès d’oxide d’antimoine, précipite de la
diffolution de muriate oxigéné du même métal,
par l’eau ou le beurre d’antimoine.
Algarothi, médecin italien, a le premier con-
feillé & préparé ce médicament antimonié, en jetant
du beurre d’antimoine dans l’eau : il lavoit le
précipité blanc donné par cette opération j il le
faifoit fécher avec foin, & il l’employoit en médecine
comme émétique & purgatif. Il paffe pour
conftant que le médecin Algarothi a fait une fortune
confidérable avec ce médicament, quiappa-
remment il tenoit fecret.
On a cru pendant long-tems que la p o u d r e à ’ a l -
g a r o th étoit un oxide. J’en ai fait, en 1780, un
examen qui m’a conduit à un autre réfultat. Ayant
préparé une grande quantité de cette p o u d r e , &
l’ayant lavée avec beaucoup d’attention, }e l’ai
traitée dansv une cornue de verre , j’ai obtenu
une petite quantité de muriate d’antimoine fu-
blimé, que l’eau a précipité de nouveau. Gette
p o u d r e contient donc ae l’acide muriatique, & l’on
doit la confidérer comme un muriate au maximum
d’oxidation, furchargé d’oxide d’antimoine} elle
n’a cependant pas de caufticité > mais elle agit plus
fortement que ne le fait un lïmple oxide d’antimoine.
( le s a r t i c le s ANTIMOINE & SULFURE
d’antimoine. )
Poudre d’argent. On donne ce nom, tantôt
à l ’argent précipité du nitrate de ce métal par le
cuivre, & qui eft en effet fous la forme de petits
grains prefque pulvérulens, tantôt à de la limaille
fine de ce métal, & tantôt à une efpèce de mica
blanc très- brillant, Ôc qu’on nomme aufli a rg en t de
c h a t .
Enfin, on prépare en grand, fous le même nom
de p o u d r e d ’ a r g e n t , des lames très-minces, d’un
alliage blanc , qu’on coupe en très-petits parallélogrammes,
qu’on mêle avec des verres ou émaux
rouges ou bleus., en pouflière, & qu’on jette fur
l’écriture pour la fécher.
Poudre de fusion. C ’eft un Mélange de trois
parties de nitrate de potaffe, d’une partie de foufre
& d’une partie de fciure de bois fine, mélangées
avec foin. On recouvre une lame de cuivre allié,
& furtout une pièce de billon pliée, de cette p o u d
re , dont on a d’abord rempli une coque de noix ;
on y met le feu avec un papier allumé : la p o u d r e
s’enflamme en détonnant, & fond la pièce en un
globule de fulfure métallique, fans que la coquille
de noix foit brûlée. Ordinairement on fait cette
expérience dans les cours de phyfique, pour prouver
la rapidité de la fufion des métaux, en plaçant
la coquille qui contient la p o u d r e & le métal fur
un fupport au milieu d’une afliette ou d’une fou-
coupe remplie d’eau. L’effet en eft dû à la rapidité
de l’aétion produite par le nitre fur la p o u d r e de
bois, à la vive chaleur dégagée pendant cette
combuftion, & à l’attraélion qui exifte entre le
foufre & le cuivre. Qn fait voir que le globule
obtenu n’eft plus un métal, mais un fulfure de
cuivre, parce qu’il eft gfis & caftant.
PcfUDRE de projection : nom donné par les
alchimiftes & par les adeptes à une prétendue
p o u d r e , fujet de leurs nombreux travaux & objet
de tous leurs voeux, avec laquelle ils prétendent
changer les métaux, & furtout le plomb, le mercure,
le fer, le cuivre, en argent &en or. Quand,
fuivant eux, leur p o u d r e eft bien préparée, il fuffit
d’en jeter-quelques pincées fur les métaux chauffés,
fondus ou rougis dans un creufet, pour les
tranfmuer en métaux précieux, & c’eft à caufe
de la nature même, ou plutôt du mode de cette
opération, qu’iis ont nommé leur p o u d r e d e p r o j
e c t io n .
On croit qu’il n’a point été découvert de p o u d r e
qui ait cette propriété} que quelques charlatans
ont trouvé des dupes qu’ils ont trompés} qu’ils
ont employé des p o u d r e s contenant de l’or ou de
l’argent déguifés, ou qu’ils ont caché ceux-ci,
foit dans des charbons, foit au fond des creufets,
foit au bout de baguettes dont ils fe fervoient pour
remuer, les matières, foit enfin’dans les liqueurs
qu’iis ajoutoient, & que telle eft la caufe de quelques
prétendus fuccès de projetions décrites dans
les ouvrages alchimiques avec l’emphafe ou l’appareil
de vérité convenable à des hommes féduits
& enthoufiaftes. (V j> y e% le s a r t i c le s Alchimie,
A d e p t e s , C h im ie , P ie r r e p h i l o s o phale
, &c. )
Poudre de sympathie : ridicule dénomination
d’une préparation avec laquelle on préten-
doit produire fur des maladies des effets prodigieux
, même à de grandes diftances des malades.
Il y a eu plufieurs efpèces de p o u d r e d e f y m p a t h i e y
mais la plus ïameufe eft celle du trop fameux chevalier
Digby. Sa préparation confiftoit à calciner
du vitriol de mars ou fulfate de fer en p o u d r e
blanche, en le privant Amplement de fon eau de
criftallifation : cette poudre mêlée, même à cent
lieues du malade, avec le fang forti de fon corps,
devoit arrêter fur-le-champ les hémorragies. On
ne manque pas de prétendus témoignages de cures
pareilles} mais comme il peut y avoir beaucoup
de fources d’erreur dans cette expérience, c’en
eft affez pour en impofer à des hommes crédules.
Les médecins éclairés ont nié ces ridicules effets,
& le remède qui a eu pendant quelque tems une
affez grande réputation, eft oublié entièrement
aujourd’hui.
On a voulu renouveler, à l’époque du magné-
tifme animal, l’hiftoire des p o u d r e s d e f y m p a t h ie .
On a fait des p o u d r e s mélangées de fe r , d'aimant,
de foufre, &c. qu’on enfermoit dans des iachets :
on appliquoit ceux-ci fur la peau, ou on les por-
toit dans la poche. Des gens, même de bonne foi
ont cru éprouver des effets } mais le tems a fait
évanouir ces preftiges, & l'on ne croit pas plus
à cette p o u d r e nouvelle, qu’à celle du chevalier
Digby.
Poudre des Chartreux : nom donné, pendant
affez long tems, au kermès minéral ou ôxide
hydrofulfuré brun d’antimoine, parce qu’il a d’abord
été préparé dans la maifon des Chartreux de
Paris, & employé avec fuccès fur plufieurs religieux
de cet Ordre, attaqués de fluxions de poitrine.
Le nom de k e rm è s m in é r a l a été préféré, au
premier , peu à peu oublié. ( V o y e ^ le s a r t i c le s
A ntimoine , Kermès minéral & Sulfure
d’antimoine.)
Poudre d4o r. On a donné ce nom à un mica
jaune en petites paillettes, qu’on emploie pour
fécher l’écriture. On le nomme aufli o r d e c h a t .
Quelquefois on donne, avec plus de raifon, le
nom de p o u d r e d 'o r à de petits paillons d’un clinquant
de couleur d'or, qu’on découpe en frag-
mens pour le jeter commodément fur ies caractères
frais tracés à l’encre.
Poudre fulminante : dénomination d’un
compofé ou plutôt d’un mélange chimique de
nitre, de foufre & d’alcali, qui, placé fur des
charbons ardens, détonne ou fulmine avec un
grand bruit au moment où il vient de fe fondre.
La préparation de cette p o u d r e , les phénomènes
qu’elle préfente dans fa fulmination , & les caufes
de ces phénomènes, ont été fuftifamment décrits
à l’article Nitra te de potasse.
POURPRE MINÉRAL : l’un des noms donnés
au précipité d’or de Caflius > c’eft en effet fa couleur.
( F ’o y e i l ’ a r t i c le Or , 6*p lu s b a s l ’ a r t i c le PRÉCIPITÉ
DE CASSIUS.)
POUZZOLANE : nom donné à des terres calcinées
par le feu des volcans, & rejetées près de
leurs cratères. Ce nom vient de ce que les environs
de Pouzzole font chargés de cette efpèce de
terres. On en trouve dans beaucoup de volcans
allumés & dans beaucoup de volcans éteints.
M. Faujas a recherché & trouvé en France, &
fpécialement dans le Vivarais & le Velay, des
quantités de p o u ^ o la n e allez confidérables pour
fervir à tous les ufages auxquels cette matière
peut être employée avec fuccès.
Cette terre , rangée parmi les thermantidés par
les minéralogiftes modernes , & nommée th e rm a n -
t id e c im e n ta ir e par M. Haüy , eft en fragmens raboteux,
poreux, gris, rouges , fombres ou noirs.
Elle provient de matières plus argileufes que
celles qui forment les laves & qui ont réfifté à la
vitrification. Ce n’eft pas une lave altérée, mais
une terre ou une pierre calcinée & cuite dans
l’intérieur des volcans. Plus pefans & moins poreux
que les fcories des volcans, les fragmens de
p o u f ô o la n e tombent près de la bouche des volcans.
Mêlée avec de la chaux , la p o u ^ o l a n e forme
un ciment très-folide , très-durable & réfiftant à
l’aêlion de l’eau. On l’emploie furtout pour la
conftru&ion des badins, des aqueducs , des fou-
terrains humides. Les Romains en faifoient un
grand ufage.
PRASE. Lap r a f e eft une pierre dure, fcintil