
plus facilement aux terres & aux acides, qu'à l’eau j
& d'une autre part, qu’on retire de la terre 8e de
1 acide dans l’analyfe de toutes les matières huileuses.
» Comme les huiles font des corps beaucoup
plus compofés que les foufres, les métaux 8c les
charbons, le phlogiftique préfentè quelques phénomènes
différens dans les matières huileufes, que
dans ces autres corps inflammables. Il y eft d’abord
moins adhérent , & dans un état de plus fa-
cilecombuftion. D’ailleurs, lorfqu’on l’en dégage
par l’inflammation, il eft toujours accompagné de
plufieurs des principes de l’huile , qu’il enlève
avec lui, c’eft-à-dire, de fon acide, de fon eau 8c
de fà terreprincipe, & le tout enfemble forme la
flamme huileufe. Dans cette combuftion même,
tout le phlogiftique ne fe diffipe pas : il y en a une
partie qui fe fixe 8c âdhèrèd’une manière beaucoup
plus intime avec la terr.e de l’huile , formant avec
elle une matière noire très-fixe, 8c infiniment
moins combuftible que l’huile , qu’on nomme noir
de fumée. C ’eft une matière charboneufe que Stahl
regarde comme le phlogiftique prefque pur (i).
- 33 II eft à obferver au fujetde cette fuliginofité
par laquelle lès corps inflammables huileux diffé.
rent de tous les autres corps inflammables, qii’elle
eft beaucoup plus ou moins abondante , ! fuivant
la nature des huiles , 8c fu.rtôut fuivanc la manière
plus ou moins prompte & aétive dont elles brûlent.
En général, plus elles brûlent promptement 8c avec force, & moins il en réfulce de matière
fuligineufe j en forte que peut-être, fi une huilé
étoit réduite toute en vapeurs lbrfqu’on l’enflamme,
elle brûleroic en un inftànt fans aucune fuliginofité;
• 33 Lorfqu’on décompofe les huiles fans combuf-
tion 8c par la diftillation, il arrive auffi quelque
chofe d’à peu près femblable. Lè principe inflammable
de la portion d’huile décompofée fe porte
fur la partie terreufe & fixe de l’huile, s’unit très-
intimement avec elle, & formé une matière charboneufe
: c’eft de cette manière que fe font en
général tous les charbons.
» L’huile eft propre à tranfmettre 1 e phlogiftique
à toutes les fubftarices fufceptibles dé s’unir avec
(i) Cette idée de Stahl fur la préfqù’identité du noir de
fumée avec. Je. phlogiftique .prouve - viâorieufement la non—
exiftence de ce principe j car le noir de fumée eiï bien certainement
du carbone hydrogéné • & au lieu dé s’unir aux
oxides métalliques comme phlogiftique pour'-les réduire , on
fait pofitivement qu’il më fait que leur enlever l’oxigène
par fon carbone qui forme de l’acide carbonique, &c fon hydrogène
qui forme de l’eau.
La théorie de la compofîtion des huiles & celle de l’union'
du phlogiftique ayec l’eau-, au moyen d’un acide fervant d’intermède
à cette union, ont été renverfées par la connoii-
fance aujourd’hui acquife de la' nature de l’huile & de l’alcool
formés d’hydrogène, de:carbone & de plus ou moins'
d’oxigène ; il n’y a pas d’eau toute formée dans ces compofés
tien, purs. ...
lui ; mais il faut toujours pour les combinaifons
intimes j telles que celles des foufres & des métaux
, que l'eau , principe de l'huile, foir exaéte-
ment féparéë. Il en eft de même du noir de fumée
& du charbon; Quoique ces matières proviennent
de l'huile même, leur phlogiftique n'eft jamais dans
fon état de combinaifon parfaite, à moins qu’elles
ne foient dans une ficcité abfolue (i).
» Les efprits ardens & les efprits reéieurs des
fubftances végétales & animales doivent être mis
auffi au nombre des compofés, dans la combinaifon
defquels entrent en même tems le principe inflammable
& le principe aqueux 5 car ces fubftances
font très-inflammables, & en même tems mifci-
bles avec l'eau. D'ailleurs, on -en retire de l’eau
lorfqti on les déconipole. Le phlogiftique de ces
fubftances eft néanmoins dans un état fort différent
de celui des huiles j car leur flamme efl moins
lumineufe, & d'ailleurs elle n'eft accompagnée
d'aucune fuliginofité. 11 y adieu de croire que ces
différences viennent de ce que ce principe eft uni
plus direâement à l'eau dans ces efprits, que dans
les huiles. Quelques chimilles penfent même que,
dans les efprits ardens, le phlogiftique eft uni à l'eau
feule, & par conféquent fans intermède. Ce qu’il
y a de certain au moins, c’eft que l’acide eft en
bien moindre quantité, & beaucoup moins fen-
fible dans ces liqueurs fpiritueufes inflammables,
que dans les huiles proprement dites, & qu’on les
rapproche de la nature des huiles, ou même qu'on
les transforme en véritables huiles en les traitant
avec des acides (a).
: >1 II rèfulte de tout ce qui vient d'être dit des
propriétés du phlogiftique, que c'eft un principe
fec . volatil, très-fufceptible de .prendre le mouvement
igné, capable de fe combiner avec la terre,
tes autres élémens & l’eau , mais beaucoup plus
difficilement avec l’eau ; qu'il entre dans la com-
pofition d'une infinité de corps, auxquels il donne
la' propriété d'être inflammables ; qu'il peut nager
d'une combinaifon dans une autre ; qu’il eft identique,
ou toujours le même, dans quelque com-
pofé que ce foit, de même1 que fous les autres
principes.
» Juïqu'à préfent les chimiftès ont cru qu’on ne.
pouvoir obtenir le principe inflammable abfolu-
ment feul & pur.'U paroît.néanmoins que, dans
plufièürs occafions, le phlogiftique fe manifefte fans
inflammation, linon abfolument (impie & pur du
moins dans un degré de pureté & de (implicite * &
l a f lam m e , m o in s o u p lu s fu l i g i n e u f t 'q u 'e l l e s d o n n e n t ’ 1
■ d é p e n d e n t d e la p r o p o i t i o n r e l a t i v e d e l 'h y d r o e è i
& d u c a rb o n e ; c o n t e n u s d a n s ce s , . c om b u l l ib le s c o m p i l é
q u a n d le s h u i le s f o n t t r è s - h y d r o g é n é e s , e lle s d o n n e n t b é a i
c o u p d e a u & p e u d ç . f u i c ; le c o n c r a iK a 'li c r i fi'çU e s f o n t trè.
c a r b o n é e s , {yoyeq l’article H u i l e s ..)
(2) On ne retire pas d'eau delaIçool:'en.le;décoinp6raiA
mais on en forme direftcmcnt, par la combinaifon : de fo
hydrogéné ayec 1 oxigene, de l’air ou des acides.
P I-I L
affez confidérables. Stahl croit, comme nous l’avons
déjà dit, que la fumée des huiles ou le noir
de fumée eft le phlogiftique prefque pur. Il eft vrai
que cette matière fembie être un des corps corn-
buftibles les plus fimples ; mais fa grande fixité &
fon peu de combuftibilité prouvent, d’un autre
côté, que le phlogiftique eft uni très-intimement
dans ce corps à une quantité confidérable de matière
terreufe très-fixe , capable par conféquent
de mafquer beaucoup plulieurs de fes propriétés
effentielles. Je crois donc qu’on peut regarder
comme un phlogiftique encore plus fimple, plus
abondant 8c plus libre, les vapeurs très-volatiles 8c n^n enflammées qui s’exhalent, dans certaines
occafions, de plufieurs corps combuftibles : telles
font, par exemple, les vapeurs du foufre réduit
en foie de foufre , furtout lorfqu’on le précipite
par un acide, ou qu’on le chauffe à fec par une
chaleur douce , incapable de faire prendre feu au
foufre : telles font auffi les vapeurs des charbons
de toute efpèce lorfqu’ils ne brûlent que foible-
ment 8c lentement, parce qu’alors une bonne partie
du principe inflammable de ces charbons s’ exhale
fans être enflammé. Les vapeurs fubtiles qui
fe dégagent des matières qui fubiffent les fermentations
fpiritueules 8c putrides, de même que celles
qui circulent dans les mines 8c les lieux fou-
terrains , que l’on nomme moufettes, c*eft-à-dire,
celles qui font inflammables, & que les mineurs
nomment feu brifou, paroiffent auffi de même genre
& de même nature. Ces mêmes exhalaifons font
fufceptibles de s’enflammer en un inftant, & , fui-
vant les circonftances, avec une explofion plus ou
moins forte lorfqu’elles font accumulées & relier-
rées dans un endroit dans lequel on introduit quelque
matière allumée..
» On peut rapporter à cet état du phlogiftique
les vapeurs qui fe dégagent des diflolutions métalliques
par les acides vitriolique 8c marin > lés
fubftances aériennes que Haies a obtenues de la
diftillation des fubftances végétales 8c animales}
enfin , peut-être auffi la matière électrique. Il y a
beaucoup d’analogie entre toutes ces vapeurs}
elles proviennent des corps abondans en principe
inflammable j elles font inflammables elles-mêmes}
enfin, quand elles fe portent fur quelque corps
propre à-fe; combiner facilement avec phlogiftique
, tels que font les chaux métalliques peu
déphlogiftiquées, elles y adhèrent très-promptement
& très-facilement. Jl fembie donc qu’on peut pré-
fumer, d’après tous ces faits, que ces fortes d’émanations
nt font que le principe inflammable
prefque pur, 8c qui nVft lié que très-foibiement
avec une petite quantité de quelqu’autre principe.
( Voye^ l article Gaz INFLAMMABLE. ) (l)
(i) Les efforts que Macquer fait ici .pour tâcher de donner
en quelque forte un corps au principe inflammable hypothétique
de Stahl, pour le montrer comme une vraie
matière, quoique ce foit peut-être la partie la plus in^é-
P H L 457
» Telles font les principales propriétés de ce
principe devenu fi important 8c fi eflentiel à eon-
noître dans la chimie depuis les découvertes de
Beccher, de Stahl, de Geoffroy & des meilleurs
chimiftès modernes.
Tous ceux qiii connoiffent en détail les phénomènes
des opérations de la chimie, & qui ont le
génie- de cette fcience, c’eft-à-dire , la faculté
d’appercevoir 8c de comparer les rapports que ces
phénomènes ont entr’eux, font intimement convaincus
que la matière du feu , la plus fimple &
la plus pure malgré fon extrême mobilité 3 peut fe
combiner avec tous les corps, même avec les plus
fixes ; qu’elle perd, dans les liens de ces combinaifons,
le mouvement rapide & les autres propriétés
qui la caraéiérifent ; que ce principe igné
donne aux compofés dont il eft une des parties
conftitutives, les cara&ères des corps combuftibles
8c inflammables} que la combuftion de ces
corps , 8c tous les effets qui l’accompagnent, ns
font produits que par le dégagement du feu, qui
paffe de l’état de combinaifon 8c de fixation à
celui de liberté, & à fa mobilité naturelle j que ce
feu , q u i, lorfqu’il eft combiné & fixe , porte le
nom de phlogiftique, peut, comme tous les autres
agens chimiques, paffer d’une combinaifon dans
une autre fans devenir feu libre, &-par conféquent
fans produire les phénomènes de la combuftion ;
en forte que le corps combuftible qui le tranfmet,
n’eft plus combuftible après qu’il l’a tranfmis, tandis
que le nouveau corps avec lequel il s’engage,
de non combuftible qu’il étoit, devient un corps
combuftible après lavoir reçu. Encore une fois,
toute cette théorie, fondée fur des faits auffi nombreux
qu’inconteftables, n’a abfolument rien d’obf-
cur pour ceux qui connoiffent ces faits , & qui
lavent les voir i mais il n’en eft pas de même de
ceux qui, fans s’être donné la peine d’entendre ni
même de lire les bons ouvrages faits fur la chimie
depuis le renouvellement des fciences, c’eft-à-
dire, depuis Stahl inclufîvement, n’héfitent point
cependant à lés juger. Il faut convenir que la
théorie du phlogiftique porte à leurs yeux un caractère
de réprobation, parce qu’ils ne peuvent ni
l’entendre ni avoir la moindre idée des preuves
fur lefquelles elle eft fondée. Une fubftance réputée
matérielle , mais qu’on ne peut repvéfenter
libre 8c pure dans un flacon comme on obtient les
acides, les alcalis & autres agens chimiques, leur
paroît un être chimérique & précaire, qui n’a
nieufe de tout fon article , ne font pas plus heureux que U
première partie de fes idées fur les caractères du phlogiftique.
Comme il écrivoit ceci avant 1776, il fe ,trouyc.it. à une
époque où l’air inflammable , comme on le nommoit alors
venoit d’être découvert. & ou l’on en étudioit beaucoup les
propriétés. Il y a lieu de croire qu’il le regardoit comme
pouvant bien être le phlogiftique. E n effet, les exemples qu’il
a cités ici fe r apportent à du gaz hydrogène plus ou moins
pur. On va voir cependant qu’il ^encore plus généralité
cette idée dans les paffages qui fuiveiu.