
On rejette ces mattes dans■ le fourneau, parce
qu elles font encore riches. En général, elles coulant
plus ou moins abondamment & promptement
félon-que la.chaleur eft plus ou moins Forte. La
ch.ileur trop forte empêche la liquation ; mais les
mattes / nn.e fois réfroidiesT abandonnent beaucoup
plus àe.plomb en les rejetant fur le fourneau.
Les dernières mattes font pauvres.
- On- charge pour la dernière fois une heure &
den.ië ou deux heures avant la fin du pofte : on
y joint les mattes qui furnagent le plomb y & on
laiÜe.defcendro la charge peu à peu ; ce qui exige
une heure ou une heure & demie. Sur la fin;, la
chaleur diminuant & les eraffes étant épuiiées
ayant perdu des leur fyfibilité j,- les parois du f »ur-
neau fe garni fient de culots , de manière à empêcher
l'air dé fortir par l'ouverture de la poitrine.
Ces culots contiennent fouvent dans leur intérieur
des noyaux arrondis de galène criftallifée. gg
Plus on épuife lés cralTes, plus les culots font
abondons plus il en réfulte de fatigues-pour les
ouvriers, Ha de dommage pour le fourneau quand
il s'agit de le nétoyer. Cette opération du né-
toyage eft la feule pénible dans le-poftè. Lès ouvriers
, avec le ringard & la palette, commencent
par tranfporter tout ce qu'ils peuvent par l'ouverture
de la poitrine, après quoi un ouvrier,
avec un long cifeau & un marteau a détache les
parties qui s'étoient durcies & accumulées contré*
le fond Ha Les; faces du fourneau; il les fait fortir par
l'ouverture de la poitrine, & fi les morceaux font
trop*gîos il les enlève avec des pinces. Pendant
cette dernière opération , on ôte le vent afin-
de ne pas trop refroidir le fourneau, & empêcher
que les vapeurs du foufre & du plomb ne fuf-
foquent l'ouvrier qui eft quelquefois placé au def-
fus du fourneau.
Le fourneau nétoyé , les ouvriers du pofte fui-
vant s'en emparent.
La conduite de la fonte dans le fourneau -é.cof- j
fais n’eft pas affujettie à des règles confiantes, & j
Don peut fans inconvénient y faire de légers chan- ]
gemens.
Les craftés que l'on retire du fourneau écoftais, |
font mélangées de charbon & de globules de j
plomb ; on les pafle au fourneau à manche pour I
en retirer le plomb qu'elles contiennent.1
Le p lom b retiré de la fonte du minerai & des !
eraffes, au fourneau écoftais, éft d'autant moins
riche en argent, qu'on approche plus de la fin
de la’ fonte.
lOn confume, pour traiter les quarante my-
riagrammes de minerai, huit à neuf vans de charbon
, pefant de cent quarante à cent cinquante
kilogrammes : on y emploie la journée de: trois
ouvriers, & l'on retire vingt-deux myriagram-
mes dé plomb d’oeuvre. Les cralTes, traitées au
fourneau à manche, rendent un- myriagramme
de plomb d’oeuvre. Ainfi.i p.tr cette, méthode ,
on retire de la galène grillée J7,y pour cent de
plomb d'oeuvre ; mais comme le fchlicht avoit gagné
quinze pour cent dans le grillage,-il s’enfuit
que le fchlicht cru produit, par cette méthode,
• 66, r pour cent.
Nous nous Tommes un peu étendus fur le détail
du travail du fourneau écoftais, parce qu’il n’a
: pas encore été décrit avec allez de foin pour que
l’on puille en faire ufage, & parce qu’il peut être
u tile & avantageux, pour les établifiemens naiffans,
de bien favoir employer ce fourneau économique.
Du traitement des minerais de plomb au fourneau
de réverbère.
Les fourneaux de réverbère , dans leTquels on
traite le minerai de plomb, fe ■ nbmmèhtatifli fourneaux
de coupole ; on peut, pour les çonftrüire,
confulter la figure que nous en avons donnée,'
planche X I } première clajfe. Nous nous contenterons
d'obferver ic i , qu'il exiftefur la face du fourneau
trois petites ouvertures à l'aidé desquelles on peut
travailler dans [’ intérieur : l'une près de la chauffe;
c'eft la première porte fia fécondé au milieu; elle
cotrêfpond aux bàfîins' intérieurs & extérieurs : la
troifième près du devant.
On trai té le minéral cru dans ces fortes de fourneaux
: le travail y dure feize heures environ , &
quatre ouvriers y font employés ; ils travaillent
douze heures de fuite & relient vingt-quatre heures
en repos, 4e manière que le travail d’une fonte
de minerai éft toujours exécuté par des ouvriers,
de deux polies différens.
Nous ' diviférons le travail du fourneau de réverbère
en,deux parties, comme nous avons di-
vifé celui du fourneau écoftais : la première partie
contiendra lé grillage du minerai, & i’extraéiion
d’une partie du plomb qu'il contient ; la fecon.ie,
Texpreftîon du plomb des cralTes ou des feories qui
r-eftent après le grillage.
Da grillage du minerai & de UextraÜion d'une partie
/de fon plomb.
Le fourneau étant nétoyé, deux ouvriers, placés
aux deux portes extrêmes »..jettent avec des
pelles courbes cinq cents myriagramme s de galène
crue , cfe fchlicht, dans le fourneau ; ils l’étendent
fur lé fol en l’éloignant un peu de la percée:
ce chargement dure ordinairement une demi-
heure.
On met enfuite deux ou trois morceaux de bois
dans la chauffe, & on augmente peu à peu le feu
pendant une heure. La température s'élevant,, les
maniérés s’échauffent, & l'on apperçoit un dégagement
abondant de gaz acide fulfureux. Au bout
d'une heure on remarque quelques gouttelettes
j de plomb qui viennent d'auprès de la chauffe , où
1 là chaleur eft la plus confidérable: ces gouttelettes
Tondent promptement, Ha toute la furface dumi-
j nerai fe couvre d’une couche de fulfate de plomb
1 jaunâtre d'une à deux lignes d’épaiftèur,
Toutes les portes du fourneau étant fermées, |
excepté celle de la première ouverture qui eft J
près de la chauffe , & qui eft feulement un peu
entr’ouverte pour oblerver ce qui fe pâlie dans
l’intérieur du fourneau, de l'oxigènê arrive fur le
minéral ; il contribue, par fa combinaifon, à i'oxi
dation du métal , à la formation de l'acioé fulfu-
reux qui le vaporife , ck de l'acide fulfurique qui
produic la Couche de fuifate de plomb qui,recouvre
]e minéral : cet oxigène eft fourni par l’air atmol-
phérique qui traVèrfe le combuftible, & qui n’eft
pas encore entièrement défoxigénéen parcourant
avec la flamme tout le vide du fourneau pour s’échapper
par la cheminée, auquel fe réunit un petit
courant d'air frais, qui entre par la première
porte qui 'eft entrouverte.
Deux ou trois heures après avoir chauffe, lorf-
que la croûte de fui faite de plomb eft allez épailïe,
& que le fulfure inférieur eft allez chaud , on remue
le minerai , on mélange le fulfate avec le lul-
fure poûr qu'une partit de l’oxigènê du fulfate
fe réunifie au foufre du Itilftire , & produife de
l’acide lui-fureux par la défoxidation du premier &
I’oxi dation du -fécond. Cet acide fe vaporife en
abandonnant le plomb avec lequel il étoic combiné.
Trois ouvriers font diftribués aux trois portes.
Le maître fondeur fe place à la porte du milieu.
On commence d’abord par la première porte,
celle qui eft près de la chauffe. Lorfque l’ouvrier a
fini, il ferme la porte aux trois quarts , ck le maître
ouvre celle du milieu pour travailler à Ion
tour ; il met quelques morceaux de bois dans le
fourneau, vis-à-vis la porte; il la ferme, Ha le
troifième ouvrier travaille le minéral devant la ;
troifième porte; il place également quelques moi- ^
ceauxde bois vis-à-vis, Ha ferme la porte.
Il faut, en travaillant le minerai, loulever la
croûte du fulfate , la briler, la mélanger avec le
fchlicht, lentement Ha avec précaution, parce que
le fchïcht dédeffousétant pulvérulent, il s'élève
en nuage à chaque coup de fpadule , Ha le courant,
d'air étant confidérable, pourroit entraîner beaucoup
de galène par la cheminée.
Le nuage de fchlicht très-divifé , formé par le
mouvement de la fpadule,Te trouvant expofé au
courant de l’air déjà échauffé, produit une flamme
blanche-bleuâtre , occafionnée par la combuftion
du foufre.
La croûte qui recouvroit le minerai étant rompue,
le fchlicht fe trouve de nouveau en contact
avec l’air ; Te foufre fe brûle, une partie fe dégage
en acide fulfureux., & occafionne une fumée
confidérable ; une autre forme de l’acide fulfurique
qui donne naiffance à une nouvelle croûte
de fulfate.
: Ce premier travail dure une demi-heure environ
, après quoi on augmente le feu pour liquaier
le plomb réduit.
Après quinze minutes d'échauffement le fécond
ouvrier, placé à la première porte, recommence à
cafter la croûte de fulfate & à la mélanger avec
les fchlichts Le maître fondeur, placé a la porte
du milieu, travaille à fa place lorfque le fécond
fondeur a terminé; le troifième fondeur, place à
la troifième porte, fuccède au premier : chaque
ouvrier travaillant à leur porte pendant vingt minutes
environ, la durée du travail eft d’une heure.
Le premier & le troifième ouvrier mettent
conftamment quelques morceaux de bois vis-à-vis
ieur porte , qu’ils ferment enfuite lotfqu’ils ont
ceffe le travail..
Les trois ouvriers, pourfuivant ainfi, travaillent
fucceHivernent & (ans relâche parles trois portes ,
ayant foin de mettre du bois dans le fourneau vis-
à-vis les deux dernières, particuliérement vis-à-
vis la troifième, où la chaleur clt peu confidérable.
Le premier ouvrier relève avec foin le ich.ichc
qui tombe dans la coulée.
Pendant tout ce tems le grillage fe continue, &
le plomb.,:revivifié ik mis à nu par le mélange du
fuliure & du fulfate, Ha par la vaporilàtion de
l’acide fulfureux , commence à couler : la foie
cependant n’eft point encore ramollie ; ce que l’on
recohnoït en frottant la fpadelle deftus.
Avant de mélanger les matières, elles font Ti-
; yifées en deux parties qui font également fècli-s ,
j le lullate fupérieur & le fulfure inférieur; mais
dès qu’elles font mélangées, elles fe ramo-lliffent
parce que la température, qui n’eft pas aftez élevée
pour fondre le fulfate & le fulfure, eft cependant
aftez forte pour fondre 1 e plomb revivifié :
c’eft ce piomb libre qui ne peut s’écouler pendant
que l'ouvrier travaille, qui ramollît le mélange 5
mais aufli lorfque l’ouvrier a ceffé de travailler
dans une partie du fourneau , le plomb s’écoule
& les matières fe lèchent.
Lorfque le fourneau tft très-échauffé , ce qui
arrive après fix heures de travail environ, on
V9.it la furface de la matière, dans le voifinage
de la chauffe , entièrement couverte d’une flamme
blanch--jaunâtre, qui eft due évidemment à la
combuftion du foufre Hc à la vaporifation de l’acide
fulfureux.
Quelques minerais, comme celui de Poullaoën,
fe fondent dans le fourneau de réverbère : celui de
Pefey peut y fupporter le plus grand feu fans fe
fondre. Cette différence paroït venir de l’impureté
du minerai : celui de Poullaoèn eft toujours
mélangé d'une quantité plus ou moins confidérable
de gangue fehifteufe & de bleinie ; celui de Pefey
tft.aufil pur qu'il eft poflible de l’obtenir.
Jufqu'ici les ouvriers fe font fûccédés l’un à
l’autre pour travailler la matière dans le fourneau ;
mais après fix heures d’échauffement, lorfque la
température eft très-élevée , le deuxième & le
troifième fondeur, placés aux deux portes des extrémités
, travaillent en même tems le minerai
placé devant leur porte. Le maître fondeur travaille
feui lorfque les deux autres ont fini.
• On continue à travailler ainfi pendant deux- à