
pitent point dans l’état métallique , mais feulement
dans un état de moindre oxidation : ainfi
1 étain précipite l’or en oxide pourpre, & non
en or brillant. Ce phénomène eft de la plus grande
importance pour une foule d’opérations des arts.
io j. Après^ avoir expofé ce qu’il y a de plus
général dans 1 aétion réciproque des acides & des
métaux, il faut voir maintenant la manière dont
fe comporte chaque acide relativement à ces corps
combuftibles, en confidérant ici les acides fous le
double rapport de leur nature, de leur compofi-
tion connue ou inconnue, & de leur énergie ou
attraction générale pour toutes les bafes auxquelles
iis peuvent s’unir, c’eft-à-dire, en les difpofant
dans l’ordre fuivant : acides fulfurique, fulfureux,
nitrique, nitreux , phofphorique , phofphoreux,
carbonique, muriatique, muriatique oxigéné, fluo-
rique & boracique. On ne dira rien ici des acides
métalliques, parce qu’ils ne font pas allez connus
encore, & parce que leur hiitoire détaillée fera
faite à l’article de chaque métal.
io6. L’acide fulfurique concentré nV fl décom-
pofable par le plus grand nombre des métaux, qii’à
1 aide de l’élévation de température : alors il fe
dégageulu gaz acide fulfureux, & il fe forme, ou
des oxides , ou des fulfates métalliques, fuivant la
quantité refpeftive de l’acide & des métaux. Si
l’acide fulfurique eft étendu d’ eau, il favorife la
décompofftion de celle-c-i par les métaux ; il fe
dégage abondamment du gaz hydrogèn. ; les mé-'
taux, à mefure qu’ils s’oxiient, s’unilfent a l’acide,
& il fe forme des fulfates plus abondans que
dans la première circonftance. L’acide fulfureux
agit d'une manière différente fur divers métaux : il
en diflout quelques-uns en faifant décompofer l’eau
& dégageant du gaz hydrogène ; fouvent il fe dé-
compofe lui-même, cède de fon oxigène aux métaux
, laifîe précipiter du foufre, qui s’unit aux
fulfices, & les fait paffer à l’état de fulfites métalliques
fulfurés. Il eft plufieurs métaux fur. lefquels
il n’a aucune aCtion : comme ceux qu’il diflout en
fe décompofant rie donnent point d’effervefcence'
pendant leur diffolution, il peut fervir avec avantage
pour l ’analyfe des alliages, des métaux carbonés.
ioy.-L’acide nitrique concentré n’agit fouvent
en aucune manière fur les métaux, parce qu’il
a^trop de denfité. Quand on l’étend d’un peu
d^eau, l ’aétion commence; il fe dégage du gaz
nitreux ; quelquefois même fa décompofition eft
ffforte & fi aétive, qu il fe fepare du gaz azote.
Il eft quelques cas où i’eau décompoféë en même
tems ; à caufe de la grande quantité d’oxigène
abforbe pàr_le métal, donne, j5ar l’union de fon
hydrogéné avec 1 azote , de i’acidè , de l’ammoniaque,
qui fe fait fentir furtout quand on ajouté
de la t haux. Dans ces cas^ le métal refte en oxide
au: fond du vafe. Quand il ne fe dégage que du
gaz nitreux lentement, le métal oxidé refte oi-
dinair^tftent en diffolution, & il fe forme un nitrate
métallique qui criftallife par refroidilTement
ou.par évaporation. De tous les acides, celui-ci
brûle le plus vite & le plus complètement les
métaux , quelquefois même avec flamme j ce qui
forme les nitrates les moins permanens. Souvent
auffi il agit fur des oxides peu oxidés, leur donne
une nouvelle portion d’oxigène , & les fait paffer
a létat d’acides quand, ils en font fufceptibles.
L acide nitreux ne diffère pas fenfiblement du nitrique
par fon aétion fur les métaux.
'j Les acides phofphorique & phofphoreux
n agiffent que très-foiblement fur les métaux , en
raifon de la forte adhérence de leurs principes
& de leur denfité. En les chauffant cependant très-
fortement, il fe dégage à la fin du gaz hydrogène
phofphuré. IL eft quelques métaux parmi les plus
oxidables, fur lefquels l’acide phofphorique agit
mieux, & qu’il rend îbfceptibles de decompofer
l’eau plus promptement qu’ils ne peuvent le faire
feuls. 11 fe forme, dans les deux cas, des phof-
phates, & quelquefois des phofphites : ces derniers
font encore très-peu connus. Les phofphates-
métalliques font ordinairement lourds, peu folu-
bles , ou folubles feulement dans leur propre acide,
peu-ou point fapides, décompofabLs par plufieurs
acides, décompofables par le charbon rouge qui
les-change en phofphures métalliques. Quand on
chauffe fortement l’acide phofphorique vitreux
avec des métaux, ceux-ci, en lui enlevant une
portion de fon oxigène, forment deux combi-
naifons a la fois, de phofphates & de phofphures
métalliques.
109. L’acide carbonique n’a qu’une a&ion plus
foible encore que tous les acides précédens fur
les fubft'ances métalliques;: il n’agit bien fenfiblement
que fur le zinc & fur le fer, en le prenant
diflous dans l’eau. Celle-ci eft légèrement décom-
pofée : il fe forme un peu de gaz hydrogène, plus
n reconnoiffable par fon odeur que par fon dégagement,
qui ne va jamaisqufqu’à produire une effer-
vefcence. Les carbonates métalliques font diflo-
lubles dans un excès d’acide carbonique, & fe
fëparent de l’eau quand cet acide fe diflipe. On
en trouve quelques-uns fort abondamment dans
la nature. L’acide carbonique y uni à une terre
& dans l’état de carbonate, eft quelquefois fuf-
ceptible d’être décompo.fé. par les métaux à l’aide
de la chaleur rouge. C ’eft ainfi qu’en chauffant
du carborjate de-chaux avec du fer, à la vérité,
en y ajoutant l’attraélion de la filice ou du fable
pour la chaux .& l’ oxide de fer , avec lefquels
cette terre fufible tend à fe vitrifier , Cloiiet a
obtenu de l’acier formé par l’union du fer avec
le carbone féparé dé l’acide carbonique. Un pareil
èffét fera fans doute obfervé, par la fuite, de
la part de plufieurs autres métaux.
116. L'acide muriatique ne diflout les métaux
que lorfqu ils font fufceptibles de décompofer
1 eau paf l'addition de fa propre attraction difpo-
fante'; alors il fe dégage du gaz hydrogène : on
remarque
remarque que fouvent celui-ci eft d’une fétidité
tenace & fingulière-. Les métaux qui ne décompo-
fent jamais l'eau ne font point attaqués par cet
acide; mais leurs oxides s’y unifient facilement,
furtout parce que trop oxidés pour fe dîffoudre
dans les autres acides, ils cèdent d’abord à celui-
ci l’exbès de leur oxigène. C ’eft pour cela que
l’acide muriatique diffout tous les oxides, les détache
de la furface des vafes, & les enlève fi fouvent
aux autres acides, & furtout à l’acide nitrique
: les muriates métalliques font, ou fixes, ou
fufibles, ou volatils & fublimables.
ni.^L’acide muriatique oxigéné oxide les métaux
fans produire de mouvement ni .d’effervefcence
, parce que Toxigène fe porte feul ici fur
ces corps combuftibles. Il agit facilement fur ceux
des métaux que l’acide muriatique ordinaire n’altère
point, & furtout fur l’ or & le platine. Il fe
forme ainfi des muriates fimples. Lorfqu'on l’ajoute
aux fels métalliques, il les décompofe presque
toujours, & en précipite les oxides furoxi-
génés. Uni lui-même aux oxides, il forme avec
eux des muriates furoxigénés, très-différens des
muriates fimples , & qui n’ont encore été que
peu examinés, quoiqu’on en connoifle déjà quelques
uns de très-remarquables, comme on le dit
aux articles M e r c u r e , É t a i n , P l o m b , & c .
Le gaz acide muriatique oxigéné enflamme &
brûle tout à coup la plupart des métaux caftans
qu’on y jette en poudre ; il acidifie ceux d'entre
eux qui en font fufceptibles.
112. I/acide fluorique agit fur les métaux à
peu près comme le muriatique , excepté qu’il
n'eniève point d’oxigène à leurs oxides comme
le- fait ce dernier.
Le boracique n’a que très -peu d’aétion fur ces
corps , & on ne parvient à l’unir à leurs, oxides
que par des attrapions doubles, ou en décompofant
d’autres diffolutions métalliques par celles des
borates alcalins.
113. Il n’y a pas plus d’union réelle entre les
bafes terreufes ou alcalines & les métaux, qu’il
n’en exilte de la part des acides ; mais ,ces bafes
exercent une aPion, par rapport à ces corps,
qui, fans être auffi forte que celle des acides , a
fon degré particulier d’énergie comme fon importance
parmi les métaux. Ceux qui font acidifiables,
& ceux dont les oxides ont de la tendance pour
fe combiner aux terres & aux alcalis, s’oxident
facilement & promptement lorfqu’on les met en
çontaP avec ces bafes, plus une certaine quantité
d’eau : alors celle-ci cède fon oxigène aux métaux,
les brûle, & s’unit aux bafes, qui, dans ce cas,
agiffent par une attraPion difpofant©. -
114. De là vient qu’il fe dégage fi fouvent du
gaz hydrogène quand on traite les métaux par des
diffolutions alcalines, & furtout par l ’ammoniaque.
On voit enfuite les métaux paffer à l’état
a oxides , & fouvent s’unir aux alcalis, de ma-
Cj i im ie . Tome V .
nière à former des efpèces de fels où ils jouent le
rôle d’acides.
11 y. On obferve fouvent que les diffolutions
alcalines diffolvent les oxides métalliques, ik forment
avec eux des compofés-plus ou moins permanens.
Quelquefois ces alcalis ont la propriété
de défoxider en partie les oxides avant de les dif-
foudre ou de s’y unir. C'eft pour cela qu’ajoutés
à des diffolutions acides métalliques, ils changent
; la couleur des précipités , qu’ils rediffolvent en-
fuite , & qu’on peut en féparer par une nouvelle
addition d’acides.
116. L’ammoniaque a beaucoup plus de puif-
fance pour décompofer les oxides en fe décompofant
elle- même ; c’eft un des moyens dont
M. Berthollet s’eft fervi pour analyfer l’ammoniaque,
en féparant fon hydrogène par l’ oxigène
des oxides, & en mettant fon azote à nu. Quelquefois
même, comme je l’ai découvert, la grande
quantité d’oxigène, qui eft contenue dans certains
oxides, & la facilité qu’il a pour s’en réparer,
en s’unifiant en partie avec l’azote &r l'ammoniaque,
forme de l’acide nitrique, tandis que
l ’autre portion d’oxigène , combinée à l’hydrogène
ammoniacal, forme de l’eau. Ce cas très-remarquable,
opéré par des oxides très-décompo-
fables, eft abfolument l’inverfe de celui où un
métal très-ôxidable, en décompofant tout à la
fois de'l’acide nitrique & de l’eau, en abforbant
tout leur oxigène , en unit les radicaux combuftibles,
l’azote & l’hydrogène, de manière à produire
de l’ammoniaque. .
117. Cette propriété de réduire les oxides , fi
marquée dans l’ammoniaque , & fenfible auffi
dans la potaffe & dans la foude , pourra bien fervir
quelque jour à faire connoître les principes
conftituans des alcalis fixes, comme elle à fervi à
développer ceux de l’alcali volatil; mais les expériences
qu’on a tentées jufqu'ici fur cela, & les
réfultats qu’elles ont fournis, n’ont point encore
fatisfait les chimiftes-, parce qu’elles n’ont point
été laites avec l’exa&itude qu’elles doivent avoir.
On s’ eft trop hâté d’en tirer des inductions fur la
compofition des alcalis fixes.
118. On retrouve la propriété défoxidante dans
les terres alcalines très-fa pi des , la baryte , la
ftrontiane & la chaux. Quand on emploie ces terres
pour décompofer des fels métalliques acides , les
précipités d’oxides métalliques qu’ on en obtient,
prennent une couleur qui annonce une défoxida-
tion commencée, & ils rétrogradent vers l'état
de métaux. C ’eft à cette aôtion qu’eft due la préparation
de i’oxide de cuivre calcaire, connu
fous le nom d©■ c en d r e b le u e , dont on a parlé à
l’article du C u iv r e , & à celui de fa propre dénomination.
119. Il n’eft pas invraifemblable que c’eft à une
a&ion pareille que font dues l’extrême folidité &
l’adhérence intime de molécules que contraéhnt
les terres mêlées avec quelques oxides métalliques,
M