
tie s , 7ƒ. parties d'oxide d’argent , & 2j parties
d’acide muriatique. Beaucoup de métaux, & fur-
tout le bifmuth, l'antimoine, le zinc , l’étain, le
plomb, le fer & le cuivre, décompofent le muriate
d'argent par la fufion > mais on ne pratique pas ces
opérations j parce qu’elles ne donnent quun argent
allié.
Le muriate et argent n’eft utile que dans les laboratoires
de chimie. Ce n’eft que malgré eux que les
orfèvres, les efiàyeurs & les affineurs de métaux
précieux l’obtiennent dans leurs opérations, parce
qu’il y a toujours plus ou moins de perte dans fa
réduction, & parce qu’ils n’ ont pas befoin d’argent
aufli pur que les chimiftes. ( Voye£ l'article
A r g e n t . )
M u r i a t e d ’ a r g e n t n a t i f . L’argent fe trouve
fouvent uni à l’acide muriatique dans les mines.
Ce muriate chargent natif, appelé autrefois mine
d’argent corné, eft de couleursjje corne mollette,
fufible comme la cire, pefant 4,748, d'un gris-
jaunâtre ou verdâtre, devenant violet & brun à
la lumière, offrant un brillant de perle dans les
morceaux les plus purs, & tranflucide dans les
mêmes morceaux. 11 fe fond à la flamme d’une
bougie, & répand des vapeurs muriatiques. Il eft,
ou en criftaux cubiques , ou fans forme régulière.
Il y en a de criftalliié en petits cubes, & des morceaux
en rognons de plufieurs kilogrammes. On le
trouve au Pérou, au Mexique, en Efpagne, en
Sibérie, en Saxe & en France. Il eft fur l’argent
ou l’or natif, fur le quartz, fur le carbonate de
chaux , dans une ochre ferrugineufe. Parmi les
moyens de reconnoître ce fel natif, il faut fur-
tout remarquer fa décompofition par le fer, qui
y fait prefque fur-le-champ paroître l’argent natif,
d’après l ’obfervation de MM. Champeaux & Gil- ;
lel-Laumo«t. M. ICIaproth a trouvé, dans 100
parties de muriate d'argent natif, près de 68 par- i
ties d’argent, 21 d'acide muriatique, 6 d’oxide ;
de fer, & près de 2 d’alumine. ( Koye% l ’article
A r g e n t . )
M u r i a t e d ’ a r s e n i c . On ne forme cette ef-
pèce de fe l, qui eft toujours avec excès d’acide,
qu’en faifant bouillir l’arfenic dans l’acide muriatique,
ou en décompofant le fubiimé corrofif par
ce nierai réduit en poudre dans une cornue. Dans
le premier cas, il fe produit une eflerveicence qui
fournit un gaz hydrogène arfenié ; dans le fécond,
il s’élève, par la diftiîlation , un liquide épais,
lourd, qui fe fige par le refroidiffemenE. Ce dernier
corps falin , qu’on nommoit autrefois beurre
starfenic , eft décompofé par l’eau comme la première
di Ablution ; il eft^précipité très-abondamment
en blanc. Il eft aufli très-âcre, & il cautérlfe
les organes des animaux. ( Voye\ l'article A r s
e n i c . )
M U R IA T E d e B A R Y T E . Le muriate de baryte ou
fe fel formé par la combinaifon fatarée de l ’acide
muriatique & de la baryte, a été^nommé fel marin
a bafe de terre pefante , fel marin pefant, baryte mu-
riatêe ou falée. C’eft Bergman qui l’a le premier
fait connoître d’après Schéèle. On n’a que peu
ajouté depuis à ce que ces célèbres chimiftes en
ont dit, & tous ceux qui l’ont examiné, n’ont
prefque fait que confirmer les faits annoncés par
ces fa vans Suédois.
La forme primitive de ce fel, fuivant M. Haüy,
eft un prifme droit à bafes- carrées : fa molécule
intégrante eft de la même figure. Il a deux variétés
dans la criftallifation : l’une eft le muriate de baryte
fubpyramidal ou en table 5 l’autre eft octogonal ou
formé de deux faces oCtogones, entourées de chaque
côté de huit trapèzes. Sa faveur eft piquante,
auftëre, âcre & comme métallique. C ’eft un des
fels les plus pefans que l’on connoiflfe. On ne l’a
point trouvé dans la nature, quoiqu’il foit permis
de pènfer qu’il y exifte. Bergman allure cependant
1 avoir reconnu dans quelques eaux minérales de
Suède.
Les procédés les plus employés jufqu’ici pour
préparer le muriate de baryte, quLéft très-utile
comme réaClif dans les laboratoires de chimie, fe
réduifent à deux principaux. L’un confifte à dé-
çompofer la diifoludon du fulfure hydrogéné de
baryte, formé par le fulfate natif de cette bafe
chauffe avec le charbon à l’aide de l'acide muriatique.
Le foufre fe précipite 5 le gaz hydrogène
fuliuré fe dégage ; on évapore enfuite la diflolution
jufqu’à légère pellicule à la furface de la liqueur,
& on la lailfe refroidir lentement pour en obtenir
les criftaux. Il arrive fouvent qu’un peu de foufre
relié fufpendu dans la liqueur ou dépofé de l’hydrogène
fulfuFé pendant l’évaporation, s’ intérpofe.
entre les lames cfiftallines de ce fel, & y forme
des taches jaunes qu’on recannoît aifément pour
un corps étranger. Il fuffït, pour le purifier, de le
diffoudre dans l’eau, & de le faire criftallifer.une
fécondé fois, après avoir fait bouillir fa diffolu-
tion, pour bien ralfembler & bien féparer tout le
foufre, & après l’avoir filtrée prefque refroidie.
Quelquefois aufli le fulfate de baryte , contenant
du fer, donne du muriate de ce métal en même
tems que du muriate de baryte. Pour avoir ce dernier
pur , on en fépare le premier en calcinant le
mélange dans un creufet, de forte qu'il ne^refte
que de l’oxide de fer, qui n’’eft pas diffoluble dans
l'eau, tandis que le muriate de baryte, indécom-
pôfable, le diffout facilement dans ce liquide.
L’autre procédé eft pratiqué fur le carbonate de
baryte natif :i\ fufEc de le diffoudre dans l’acide
muriatique, & de faire évaporer la diflolution. Ce
moyen n’eft mis que rarement en ufagë en France,
parce que le' carbonate de baryte n’y a point encore
été trouvé , tandis què le fulfate de baryte y
eft très-abondant. St l’on trouve le premier de ces
Tels, fa diffoiution immédiate dans l ’acide muriatique
fera bien préférable au procédé que l ’on fuit
aujourd'hui. Le
Le muriate de baryte eft peu altérable au feu ; il
décrépite, perd l’eau de fa criftallifation, fe deffè-
che, fe réduit en pouflière, & finit par fe fondre»
mais il faut une très-haute température pour produire
ce dernier effet. Le plus grand feu ne dé-
compofe point ce fel.
Il eft parfaitement inaltérable à l’air » il ne change
ni dans fa tranfparence ni dans 1a dureté » il n'attire
point l’humidité de i’atmofphère, & s’y con-
ferve avec toutes fes propriétés.
Le muriate de baryte eft alfez diffoluble. Cinq a
fix parties d’eau froide fufïïfent pour diffoudre une
partie de ce fel. L’eau bouillante en diflbut un peu
davantage, & en laifle criftallifer la plus grande
partie par le refroidiffement. Il faut cependant
évaporer affez la liqueur, & lui donner une con-
fiftance un peu forte pour en obtenir une criftallifation.
Ce fel eft le moins décompofable de tous les
muriates ; aucun corps combuftible ne l’altère &
n'en change la nature i il ne fert pas même à en accélérer
ni à en activer la combuftion. Il n’y a que les
acides fulfurique & nitrique qui; puiffent le dé-
compofer} le premier , ajouté à la diflolution du
muriate de baryte , en précipite abondamment du
fulfate de baryte, le plus lourd & le moins diffo-
luble de tous les fels. Cette précipitation tft fi
fenfible, que de l’eau qui tient 0,0002 d'acide fulfurique
, donne un précipité très-viiible par une
goutte de diflolution de muriate de baryte, que
même 0,00009 de cet acide, diffous dans l’eau,
fourniffent, en quelques minutes, un nuage très-
évident par l’addition de ce fel. L’acide nitrique
décompofé aufli le muriate de baryte, & forme un
précipité dans la diflolution concentrée de ce fel,
parce que le nitrate de baryte eft moitié moins
diffoluble que ne l'eft le muriate.
. Aucune bafe ne peut décompofer ce fel, parce
que la baryte eft la fubftance qui a le plus d’at-
traCtion pour l ’acide muriatique. On verra par la
fuite, que les bafes alcalines ne, peuvent agir fur ce
fel qu’autant qu’èlles font unies à quelqu'acide,
même foible, qui attire de fon côté l’alcali ba-
rytique.
I en chimie pour reconnoître la préfence & eftimer
I la quantité d’acide fulfurique contenue dans des
eaux ou des liqueurs quelconques, ainfi que des
fulfates qui y font diflous. Quand c’eft de l’acide
nitrique ou de l’acide muriatique qu’on effaye, il
faut prendre garde que l’état concentré de ces
acides & celui de la diflolution du fel ne faflenc
prendre le change, en opérant une précipitation
de nitrate de baryte d’une part, ou de muriate de
baryte de l’autre. On s’aflure de ce fait en étendant
Le muriate de baryte décompofé tous les fulfates
dont les diflolutions donnent, avec la fienne, un
précipité très-abondant de fulfate barytique. Ces
précipitations font fi fenfibles , que la plus petite
quantité d’un des fulfates , diffoute dans des volumes
immenfes d’eau, forme un nuage très-apparent.
Le muriate de baryte , qu’on peut analyfer par la
calcination réunie à la précipitation opéree par
l'acide fulfurique, efteompofé, fur cent parties,
Le muriate de baryte eft
Utiles & les plus certains
ÇaiMiit, Tome V .
un des réaCtifs les plus
qu’on puifle employer
les diflolutions d’une affez grande quantité
d’eau pour djffoudre le nitrate ou le muriate barytique
i le fulfate de baryte eft alors feul précipité.
Le muriate de baryte a été d'abord propofé pat
Cravford, en Angleterre, comme un fondant très-
aCtif dans les maladies fcrophuleufes > il eft aujourd’hui
employé en France avec un fuccès prononcé;
mais il faut qu’il foit bien pur & bien féparé de
toute matière métallique. Comme d’ailleurs les fels
de baryte font des poifons t-rès-aCtifs, il faut mettre
la plus grande prudence dans l’adminiftratioo
médicale de ce fel.
M u r i a t e d e b i s m u t h . Le bifmuth e ft attaqué
par l’acide muriatique bouillant. Cette diflolution
fournit, par l’évaporation, de petites aiguilles
d’un fel déliquefeent. Elle donne aufli, par la distillation
, un muriate de bifmuth épais , qui fe.prend ,
par le refroidiflement, en une efpèce de maffe
concrète qu’on nommoit autrefois beurre de bif*
mutk. Pour obtenir ce fel fous la dernière forme,
on décompofé, par la cornue, du fubiimé corrofif
mêlé de bifmuth en poudre. Le muriate de bifmuth ,•
dans les deux états, e ft décompofable par l’eau,
qui le précipite en poudre blanche très-fine. ( Voyeç
les articles BlSMUTH 6* MERCURE.)
Muriate d e c é r i u m . Le cérium, dont il n'a
été dit que très-peu de chofe jufqu’ici dans ce
Dictionnaire, eft un métal caffant, découvert, en
1804 , par MM. Hifenger & Berzelius, chimiftes
fuédois, dans un prétendu tungftène de baftnaës,
minéral demi-tranfparent, rofé ou couleur de chair,
rayant le verre, faifant foiblement feu avec le
briquet, pefant4 ,y , & devenant jaune par la calcination
, qui lui fait perdre 12 pour 100. Ils l’ont
nommé cérium d’après le nom de Cérès., donné par
M. Piazgi à la nouvelle planète qu’il a découverte.
Je dirai d'abord quelque chofe de la mine de ce
métal nouveau & de fes oxides avant de parler du
muriate de cérium.
La mine, dont j’ai indiqué les principaux caractères,
a été foigneufement analyfée par M. Vau-
quelin. Il a réüfli à en féparer les élémens par l'acide
nitro-muriatique, l’oxalate d’ammoniaque 8c
l’ammoniaque. Il y a trouvé, par ces procédés,
63 centièmes d'oxide de cérium, 17 de ftlice, 3 ou
4 de chaux, 2 d’oxide de fer, & 12 d’eau. C ’eft
donc une , forte d’oxide filicéo-ferrugineux de ce
nouveau métal,