
peu connu ; il perd fa bafe par fa chaleur. On ne
connoît pas encore les combinaifons de l'acide
muqueux avec les autres bafes ; on fait feulement
tjue les mucites de baryte, de chaux & de magné- ;
lie font prefqu’infolubles. Cet acide décompolè le
nitrate 8c le muriatè de chaux, ainli que le muriate
de baryte.
1/acide muqueux n’agit que très-foiblement fur
les métaux ; il paroît former avec leurs oxides des
fels peu folubles. 11 précipite les nitrates d’argent,
de plomb & de mercure.
% Ôn n’en a point encore déterminé la compofi-
«ion & les proportions des principes : on voit feulement
qu’il contient une grande quantité de carbone
, & qu’à mefure qu’il fe forme, par le change*-
ment d’équilibre, des compofans, des gommes qui
en donnent le plus, changement opéré par l ’aftion
de 1 acide nitrique, le relie de ces corps eft fenfi-
blement moins carboné. Nous avons trouvé dans
nos expériences fur cet objet, M. Vauquelin &
moi, que cent parties de gomme donnent 0,14 à
0,26 d’acide muqueux ; que l’acide nitrique ne
change point, la nature de cet acide i qu’on peut
le faire bouillir long-tems avec lui fans qu’il foit
altérés qu’il fe dépofe, après le refroidiflement, •
fous la forme confiante de poudre blanche. Aucun
de nos effaîs ne nous a fait voir, comme l’a cru
M. Hermftadt, que cet acide fût un oxalate de
chaux uni à une matière greffe : toutes nos recherches
nous apprennent, au contraire, que c’eft bien
un acide particulier formé dans le premier tems
de l’aétion de l’acide nitrique fur les matières végétales
fades, gommeufes & mucilagineufes. Il
eft bien évident, d’après cela, que le nom d’acide
fachlaélique ne lui convient pas.
18. Quand 1 acide nitrique , après fa première
réaction fur le muqueux, l’a converti en partie dans
l'acide que je viens de décrire, fi l’on examine la
liqueur, on trouve qu’elle contient un fécond
acide tout différent du premier, d’une forme liquide
épaiffe, très-aigre, très-difialttbfe , que
Schéèle a le premier vu fe former par l'aftion de :
1’aeide nitrique, 8c qu’il a nommé acide malique.
Ce fécond acide, qui tient le milieu, pour l’époque
de fa formation, entre le muqueux & l’oxalique
, n’exifte que lorfqu’on n’a pas fait bouillir
long-tems l’acide nitrique, ou lorfqu’on ne l’a pas
employé, foit en trop grande quantité, foit trop
concentré, dans fon aèlion fur la gomme. On ne
l’obtient certainement qu’après la première effer-
vefcence que j’ai indiquée : il e-xifte aerü dans l’eau-
mère de l’acide oxalique s il fe convertit facilement
ce dernier acide par l’aèbon fuceeflive de l'acide
nitrique. Nous avions d’abord cru , M. Vau-
quelin 8c moi, que cet acide étoit différent du
malique > jê'trte propofois -4e le'normner acide o-xa-
ieux t parce qu’ il précède l’acide oxalique daivs fa
formation, parce qu’il me paroifloit n’en différer
que par m pe» pks de matière combîiftibfe,
•& furtout de car-boae, d iBï ion radical. Vokifes
propriétés caraétériftiques que nous lui avons reconnues.
Sa faveur eft affez analogue à celle du
fuc de citron ; il n’a point de couleur, mais il
devient facilement rouge & brun par les progrès
de l’évaporation. Il fe décompofe 8c fe charbone
aifément par l’adion du feu. Il eft très-diflbluble
dans l’eau, 8c ne peut pas prendre la forme folide
& criftalline. Il fe diffout facilement dans l’alcool,
& ne fe criftallife pas même par l’évaporation de
ce diftolvant volatil. Il précipite l’eau de chaux,
& forme avec elle un fel calcaire, diftoluble dans
un excès de-fon acide; propriété qui le diftinguè
déjà de 1 acide oxalique, dont la combinaifon avec
la chaux ne fe diffout pas dans fon propre acide.
Ce fel terreux fe diflout abondamment dans l’eau
bouillante, forme une diffolution d’un brun-rougeâtre,
qui fe précipite, par le refroidiffement,
fous la forme de flocons auéliles & comme réfi-
neux : ces flocons redeviennent caftans par la def-
ficcation. Il conftitue avec la baryte un fel peu
diftoluble, excepté dans fon propre acide. Ces
fels font décompofés par l’acide fulfurique. L’acide
oxalique même-décompofe aufti le fel calcaire
décrit, preuve que l’acide indiqué eft très-différent
du premier. Un de fes caractères les plus prononcés
& les plus remarquables, c’eft que l’acide nitrique
& l’acide muriatique oxigéné le conver-
tilfent promptement en acide oxalique. Dans cette
converfion il fe dégage du gaz nitreux 8c de l’acide
carbonique : elle a lieu quand on continue à chauffer
l’acide nitrique fur la gomme. On voit bien par*
là que fa formation précédant celle de l’acide oxalique,
& celle-ci ne lui fuccédant que par la fixation
d’une plus grande proportion d’oxigène., il
eft à peu près à l’acide oxalique ce qu’eft le fulfu-
reux au fulfurique , excepté qu’il perd encore une
portion de^ fbn radical. Mais en comparant ces
propriétés à cellesde l’acide malique, nous y ayons
reconnu une identité parfaite avec cet acide.
JM C e y a dé plus fingulier & de plus remarquable
dans la formation des acides muqueux 8c
malique , dans la-gemme traitée par l’acide nitrique,
c’eft leur création prefque fimultanée. I! eft
en effet t-rès-difScüe de concevoir pourquoi ce
corps ne change pas également de nature dans
toute fa maffe j pourquoi «ne partie devient acide
muqueux, & une autre acide malique en mêmetems;
pourquoi il fe partage a-mfi en deux fubltances différentes
, 8c par quel étonnant mécanifme , par
quelle attra&ion compliquée ces deux compofés
fe forment a la fois. Au c^fte, on reconnoît ce
oara&ere de partageait deux âc quelquefois en trois
produits, dans la plupart des matériaux organiques
altérés ou décompofés par quelque réaétif ,
par qaelquecaufê que ce foit. Sur cent parties de
gomme arabique, nous avons communément obtenu
0.24 d’acide malique.
;2ô. Quand, au lieu dîanêrer l’aélion de l’acid®
nitrique après la première effervescence•& à l “é-
poque ou l’-acide malique eft -formé, -on la coutinue
en faifant chauffer 8c en dégageant plus de
gaz nitreux & de gaz acide carbonique, ce dernier
& fécond acide formé paffe à l'état d’acide
oxalique criftallifable, décompofânt tous les fels
calcaires à caufe de fa grande attraction pour la
chaux. Comme ce dernier acide fe trouve tout
formé dans beaucoup de végétaux, comme je le
confidérerai en particulier, dans un des articles
fuivans, parmi les matériaux immédiats des végétaux,
je ne fais que l’indiquer ici. J’ajouterai
feulement à cette indication générale, qu’après
l’avoir fait criftallifer, il refte dans la dernière liqueur,
dansl’efpèce d’eau-mère qui ne crÜtallife
plus, une portion d’acide malique déjà décrit ci-
deffus, mais qu’on peut, en retraitant cette dernière
liqueur par une nouvelle dofe d’acide nitrique,
la changer entièrement en acide oxalique.
21. C ’eft un des faits les plus étonnans parmi ;
les découvertes de la chimie moderne, que la
converfion de la gomme ou du mucilage en cinq
acides différens, fuivant la manière dont on le
traite. En effet, le feu y développe de l’acide pyromuqueux;
l’aClion des acides fulfurique & muriatique
y forme de l’acide acéteux : celle de l'acide
nitrique le change conftamment, en partie en
acide muqueux, 8c enfuite en partie en acide malique
fi on ne pouffe pas fon adlion fortement,
ou en acide oxalique îi on l’augmente. Quoique
des phénomènes analogues fe montrent encore
dans plufieurs autres matériaux immédiats des vé- 1
gétaux dont je parlerai par la fuite, la gomme
qui les préfente le plus conftamment 8c le plus
facilement, annonce, comme on le v o it, dans fa
nature & fa compofition, des mutations que la
doéhine pneumatique feule pourra déterminer ;
car il eft évident, d’après ce que j’ai expofé juf-
qu’ic i, que toutes les caufes de ces changemens :
ne font pas encore exactement trouvées ou appréciées.
22. C ’eft à la même difpofition de changer de
nature & de donner des produits extrêmement
variés qu’eft du encore un effet obfervé par
M. Woulfe, & indiqué dans, le Journal de Phy-
fique 3 1788. Il a découvert qu’en diftiliant des
gommes avec l’alcali fixe on en obtenoit beaucoup
plus d’huile quelorfau’on les chauffoit feules,
8c qu’elles fe bourfouffoient cônfidérablement
dans dette opération. Ce phénomène ne dépend
que de l’attraèlion que l’alcali exerce fur l’acide
pyromuqueux, de la manière dont il le fixe & le
retient, de celle dont il détermine fa décompo-
ficion par un grand feu. Alors le carbone 8c l’oxi-
gène s’uniffent enfemble , 8c l’hydrogène, uni à
unè portion de carbone, forme l’huile qui fe dégage,
tandis que feul il donne beaucoup plus d’eau
& prefque point d 'huile : c’eft ainfi que l’acide acéteux
/ diftillé feul , fe volatilife tout entier , &
donne de l’huile quand on le chauffe uni aux alcalis.
' ;
23. Il n’y a point d’aCtion bien déterminée entre
1 p-.muqueux & les fels. Il eft aifé de fentir qu’en le
chauffant fortement avec des fulfates , fon hydrogène
& fou carbone doivent décomposer çes tels
& les convertir en fulfures ; que les nitrates doivent
auftj le brûler, le détruire complètement, &
n’en offrir, après cette combuftion, que les parties
les plus fixes : qirainfi le nitrate de potaffe
peut être employé pour conncître la terré 8c les
fels fixes contenus dans cette matière. Le muriate
furo5(igéné produit cet effet d’une manière encore
plus hiarquée ; il enflamme le muqueux & le brûle
par la feule prelfion. Un mélange de deux parties
de ce fel & a une partie de gomme en poudre fin«
détone par le choc ? fait autant de bruit, & même
plus que celui des corps combuftibles (impies. Il
eft permisde croire que cette décompontion pourra
fervir quelque jour b déterminer la proportion des
„ premiers principes compofans du muqueux 3 ainfi
que ceux des autres matériaux immédiats des végétaux.
,
24. Les oxides métalliques les plus chargés
d’oxigène 8c les moins adhérens à ce principe ,
peuvent fervir de même à décompofer le muqueux
en le brûlant, comme ceux d’argent 8c de mercure
: on n’a point encore examiné fuffifamment
cette aélion, ni tiré à beaucoup près tout le parti
qu’ils peuvent offrir pour ce genre d’analyfe. Il
en eft de même des diffolutions métalliques : on
a remarqué qu’elles occafionnent un précipité dans
les diffolutions de gommes ; que ce précipité floconneux
8c vifqueux entraîne avec lui les oxides,
8c fe colore de nuances diverfes, fuivant la nature
de ceux-ci j qu’en général ces oxides font
rapprochés de l’état métallique. Mais on n’a point
encore déterminé avec exactitude ce qui fe paffe
dans çes précipitations, quelle efpèce ci'artraéiion
éprouve le muqueux, s’il eft changé en même tems
que précipité, ou fi le changement, en fuppofant
qu’il ait lieu, n’arrive que plus ou moins long-
tems après la précipitation.
25. De tous les phénomènes chimiques que préfente
le muqueux avec les différens agens que je
viens.de faire connoître,. & furtout de l’adtion
comparée du feu 8c des acides, il faut conclure que
ce corps eft une efpèce d’oxide d’hydrogène 8c de
carbone, dans un état de combinaifon triple affez
folide pour n’être détruite que par une adtion vio;
lente, qui refte long-tems dans un état d’équilibre,
qui eft un,des premiers formés par la végétation ,
qui coûte le moins, en quelque forte , à l’organi-
fation végétale, 8c qui fe trouve conféquemment
dans le plus grand nombre des organes des plantes.
Nous avons trouvé, M. Vauquelin âc moi, dans
notre travail fur les matières végétales , que cent
parties de gomme contiennent 23.08 de carbone,
11.^4 d’hydrogène, 8c 63.38 d’oxigène.
26. Ôn diftinguè fpécialement trois efpèces d«
gomme employées dans divers ufages : la gomme
de pays, la gomme arabique 8c la gomme àdra-
gante.