
femble la plus probable, & la plus à l ’abri des
graves & infolubles objections faites aux autres.
Si , à mefure que la fcience fera quelques pas nouveaux
5 on arrivôit à donner une explication plus
heureufe de la formation des météorolites, je ne
ferois pas le dernier à l’adopter.
» Je finirai maintenant cette queftion épineufe
par les paroles avec lefquelles M.Izarn termine un
de fes excellens Mémoires à ce fujet :
De hoc multi multa , omnes aliquid 3 nemo faits,
» G u i d o t t I. »
Mémoire fur des météorolites ou pierres tombées du ciel
à Weflon , dans la province de Connefticut.
Dans une lettre datée de Conneéticut, du 16
décembre 1807,MM. Benjamin, Silliman & James
L. Kingfley ont adreffé à MM. Steellè & Comp*.
le Mémoire fuivant, fur des pierres tombées du
ciel à Wefton, dans la province de ConneCticut.
« Le météore qui tout récemment a été pour
plufieurs un fujet d’alarme > & pour tous un fujet
d’étonnement, a eu lieu d’abord à Wefton , vers
fix heures un quart ou fix heures & demie du
matin 3 le lundi 14 de ce mois. Le tems étoit un
peu fombre î les nuages difféminés en maffes inégales
étoient, les uns opaques & épais, les autres
lumineux & en partie tranfparens, tandis que l’horizon
environnant paroiffoit d’un bleu-azuré. Le
long de la partie au nord de l’horizon § on appert
ce voit un efpace de dix ou de quinze degrés parfaitement
clair. Le jour eommençoit à poindre,
& le ciel n’étoit éclairé que par la lune qui fe
couchoit alors. Le juge Whender, auquel nous
fournies redevables des détails que renferme cette
partie de notre Mémoire, & qui fans doute, dans
ce moment, n’a été influencé ni par la frayeur ni
par l’imagination, traverfoit un enclos joignant fa
maifon, le vifage tourné vers le nord & les yeux
en terre, lorfqu’un éclair, occafîonné par la transition
d’un corps lumineux à travers de la partie
nord du ciel qui étoit fans nuage, vint éclairer
tous les objets environnans, & l’obligea d’y fixer
la vue. Il apperçut à l’inftant un globe de feu qui
paffoit alors derrière le premier nuage, lequel étoit
noir & obfcur, quoiqu’il ne couvrît pas entièrement
le météore.
‘ » On l’appercevoit diftindlement dans cette position
y il reffembloit au foleil lorfqu’il eft enveloppé
de brouillards. Partant du nord, il s’avan-
çoit fur l’horizon dans une direction à peu près
perpendiculaire, inelinoit par un très-petit angle
vers l’oueft, & divifoit un peu du plan d’un grand
cercle par des lignes courbes allez grandes, tantôt
d’un côté de ce plan, tantôt de l’autre , mais fans
jamais décrire un angle de plus de quatre ou cinq
degrés. Son diamètre paroiffoit être dé moitié ou
des deux tiers de celui de la lune dans fon plein.
Certes description parokra fans doute vague j mais il ne fut pas poflible de donner la dimenfion exaâe
de l’angle qu’il décrivoit. Sa progreflion ne fut pas
aufli rapide que celle des météores ordinaires &
des étoiles volantes. Lorfqu’ il paffoit derrière des
nuages moins épais, il paroiffoit plus brillant qu’au-
paravant. Se trouvoit-il dans un horizon pur ? il
en partoit un éclair, non pas aufli fort que ceux
que le tonnerre accompagne, mais tel que ceux
que nous nommons communément éclairs de chaleur.
Sa furface paroiffoit convexe* »3 Dans les efpaces où ce météore n’étoit pas
enveloppé de nuages trop épais, on appercevoic
une queue de forme conique, d’un clair-pâle. Elle
formoit des ondulations, & avoit en longueur dix
ou douze fois le diamètre du météore. Dans un
ciel pur , vers le corps du même météore , une
fcintillation vive, femblable à celle d’un tifon enflammé
fur lequel le vent foufte, fe laiffoit apper-
cevoir. Il difparut environ à quinze degrés au def-
fous du zénith, & au même nombre de degrés à
peu près du couchant du méridien. Il ne s’éclipfa
pas en un inftant, mais il le fit peu à peu, comme
un canon rougi au feu que l’on fait refroidir dar.s
l’eau : ce fut feulement avec plus de rapidité.
m On ne fentit aucune odeur particulière dans
l’atmofphère j. on ne vit pas non plus de maffes
lumineufes fe féparer du corps du météore. Tout
le tems écoulé entre le moment de fon apparition
& celui de fa difparition totale , fut de vingt fécondés
environ.
» Vingt ou quarante fécondés après,, on entendit,
du même côté, trois coups forts & diftinéts,,
femblables à ceux d’un canon de quatre livres de
balle. Ils fe fuccédèrent avec une rapidité telle,
que les trois enfemble ne durèrent pas plus de
trois fécondés. Ces premiers furent rapidement
fuivis de coups moins forts, & fans interruption,
femblables au bruit d’un canon qui roule fur un
plancher ; ils étoient tantôt plus forts & tantôt
plus foibles, & reffembloient au bruit d’un char-
riot qui roule du haut d’une montagne à travers
les pierres & les rochers, ou à celui de décharge
de moufqueterie que les militaires appellent feu
roulant. Ce bruit dura autant de tems que le météore
en avoit mis dans fon apparition, & parut
finir dans la même dire&ion que celui - ci étoit
parti.
» D’autres rapports s’accordent, dans la fubf-
tance, ave6 celui que nous venons d’expofer. Ils
n’offrent d’autres différences que dans l’efpace de
tems j mais cette variation n’eft pas matérielle.
•Quelques-uns ont augmenté le nombre des coups
forts , & fans doute que, chez plufieurs, la
frayeur & l’imagination n;ont pas peu contribué
à agrandir chaque circonftance de ce phénomène.
» La feule chofe à cet égard qui ait quelqu’im-
portance, c’eft ce qu’a dit M. Elle Staples. Selon
lu i, lorfque le météore difparut, on vit dift nfte-
|
ment un globe de feu faire trois bonds, s’éteindre
à chaque bond, & difparoître entièrement avec le
dernier.
as Tels furent les phénomènes qui fe montrèrent
à la fuite de ce météore. Nous ne donnerons pas
la defcription de ceux qu’il a pu préfenter dans
d’autres endroits, laiffant cette tâche aux perfonnes
plus à même que nous de la remplir.
Nous allons entrer ici dans le détail des cir-
conftances qui ont accompagné les explofions, m
l’extinftion apparente de corps lumineux.
« Nous voulons parler de la chute d’une quantité
de maffes dç pierres dans différens endroits.,
& principalement dans les environs de la ville de
Wefton. Ces places, d’après nos recherches, font
au nombre de fix. Les plus éloignées étoient à fix
ou dix milles de diftance l’une de l’autrefur une
ligne un peu différente de celle que le météore a
parcourue. Il eft donc probable que ces maffes
font fucceflivement tombées dans l’ordre fuivant j
favoir : les plus au nord les premières, & les plus
au fud les dernières. Nous ne craignons pas d’af-
furer que les trois principaux endroits où les pierres
font tombées, correfpondent aux trois forts coups
femblables à celui du canon, & aux trois bonds
du météore obfervé par M. Staples. Quelques-
unes de ces circonftances font cçmmunes à tous
les cas. Dans chacun d’eux, en effet, auflitôt que
l’explofion avoit ceffé, autant que l’on pût s’af-
furer de l’inftant de la chute des pierres dans les
différentes places, on obferva dans l’air un bruit
femblable au mugiffement des vagues de la mer ,
ou à celui occafîonné par une liqueur que l’on
verfe fur le feu. Quelques perfonnes le prirent
pour le bruit d’un ouragan ou pour celui d’un
boulet de canon dans toute fa rapidité :tous furent
dans l ’étonnement, & fe crurent menacés d’une
prochaine cataftrophe. On entendoit après cela
dans tous les cas, un bruit fubit & précipité, tel
que celui d’un corps pefant qui frappe la terre
dans fa chute. Toutes ces pierres 3 à l’exception
d’une feule, furent plus ou moins brifées. Les circonftances
les plus importantes de ces cas particuliers
font les fuivantes :
33 i°. La chute la plus au nord eut lieu fur le
territoire de Huntington, non loin de Wefton, à
trente ou quarante verges à l’eft de la grande route;
de Bridgeport à Newton, dans un chemin de tra-
verfe contigu à la maifon de M. Meiwin Burr ,'qui
fe trouvoit fur la grande route, le vifage tourné
vers fa maifon, lorfque la pierre tomba. Le bruit
qu’elle occafionna en fe brifant fur un rocher de
granit fut très-fort. M. Burr étoit tout au plus à
cinquante pieds de cette pierre. Il fe mit auflitôt à
la chercher j mais le jour ne paroiffoit pas encore j
il ne put la trouver qu’au bout d’une demi-heure.
Une partie fut réduite en pouflière, le refte brifé
en petits morceaux jetés à la diftance de vingt ou
trente pieds. Le rocher de granit, à la place du
contaél, avoit la couleur foncée du plomb. Le
morceau le plus grand qui fût refté, n’ excédoit
pas en grofleurun oeuf d’oie. Il étoit encore tiède
lorfque M. Burr le ramaffa. On peut conclure de
toutes les circonftances que nous venons d’expofer,
que cette pierre devoit pefer vingt ou vingt-
cinq livres environ.
, 33 M. Burr eft perfuadé qu’il eft tombé une autre
pierre dans un cnamp voinn 5 il croit aufli qu’une
groffe maffe de pierres eft tombée dans une pièce
de terre à peu de diftance ; mais on n’en a pas
trouvé le moindre veftige. Il eft probable que la
même pierre dont il a décrit la chute, ainfi que
quelques autres maffes qui ont pu être tombées
au moment, font parties du même météore lors
de la première explofion.
331 '1. La chute des mafles tombées à la fécondé
explofion paroît avoir eu principalement lieu dans
le voifinage de M. William Prince à Wefton, environ
à cinq milles au fud de M. Burr. M. Prince
étoit encore couché, ainfi que .toute fa famille,
lorfque, immédiatement après les explofions , ils
entendirent un bruit femblable à celui d’un corps
pefant qui tombe. Les uns & les autres formèrent,
fur la caufe de ce bruit, différentes conjectures
peu fatisfaifantes. Un trou nouvellement fait à
travers le gazon d’une baffe-cour diftante d’environ
vingt-cinq pieds de la maifon, leur fit firrif
plement chercher pourquoi ce trou avoit été creufé
dans un endroit où il n’en exiftoit pas ordinairement.
Cette famille étoit loin de croire à la pofli-
bilité des pierres tombant des nuages. Ils avoienc
bien , il eft vrai, vaguement conjecturé que ce
trou pou voit être l’effet de la foudre \ mais ils
n’auroient pas porté plus loin leur attention fi ,
dans le courant de la journée, ils n’euffent pas
entendu dire qu’il étoit tombé le matin des pierres
dans différens quartiers de la ville. C ’eft alors que,
vers le foir, en examinant ce trou, ils trouvèrent
dans la baffe-cour, enfoncée en terre, une pierre
qui y étoit tombée. Elle fe trouvoit à deux pieds
de la furface du fol. Le trou avoit environ douze
pouces de diamètre > & comme la terre étoit molle
& à peu près fans pierres, la maffe n’avoit prefque
pas fouffert, à l’exception de quelques morceaux
que le choc en avoit détachés. Cette pierre pefoit
environ trente-cinq livres. D’après les defcriptions
qu’on nous en a faites, c’eût été fans doute un
échantillon magnifique, & les favans regretteront
long-tems la perte d’un tréfor aufli rare, qui fut à
l’inftant mis en pièces. Il ne refta de cette fuperbe
maffe qu’un morceau pefant douze livres, acheté
depuis par Ifaac Bronfon de Greenfield, pour l’offrir
à rinftruCtion publique.
33 Six jours après on découvrit unç autre maffe
à un demi - mille nord - oueft de la maifon de
M. Prince. La recherche en fut faite par les voi-
fîns, qui c.royoient l’avoir entendu tomber auprès
de l’endroit où elle étoit alors enterrée. Elle pefoit
de fépt à dix livres. Ce furent Gédéon Hall &
Ifaac Fairçhild qui la trouvèrent : elle étoit en
petits morceaux, étant tombée fur une maffe ronde
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