
fi peu foluble & fi peu fapide auroït qu'elqu’ae-
tion fur l'économie animale. J’en ai fait prendre
de très-petites dofes , depuis quatFe décigrammes
jufqu à-un gramme réduit en poudre., à-plufieurs
chiens: tous'en furent malades,8c éprouvèrent les
accidens que leur auroit>occaiionnés Y o p ium brut
pris à forte dofe, des vertiges,, des vomiffemens
& des convulfions.î la plupart furent ^guéris en
leur faifant avaler de force du vinaigre. Un d’eux,
auquel j’avois donné un peu de réfine contenant
encore du fel., en fut également tourmenté, 8c
rendit le lendemain ie ver folitaire.
« Le hafard a fait découvrir que le vinaigre eft
le contre-poifonde l‘o p ium . La facile folubilite de
ce Tel dans tes acides, folubilité que la réfine &
T huile elle-même partagent, explique maintenant
d’une manière fatisfaifante la raifon de ,-çet effet,
& je -préfume que tous les autres acides le pro-
duiroient également. Il faut donc croire que c eft
comme diffolvant de iprincipes peu folubles , que
les acides remédient aux f uneftes effets de 1 o p iu m ,
& non :pas en fixant une prétendue matière fub-
tile , airifi qu’on l’a encore avancé dernièrement.
« M. Vauquelin, dans fes observations fur les
extraits inférés dans le J o u r n a l d e P h a rm a c i e , en
parlant des propriétés à peu près identiques de
cette farte de médicamens , penfe que ceux d en-
sr’eux qui jouifient de quelques propriétés particulières,
tels que ceux d‘o p ium , de quinquina &
autres , les dowent à des principes inconnus juf-
qu’à préfent. Depuis fon travail, M. Defchamps
le jeune, pharmacien à Lyon, a vérifié fa conjecture
en trouvant dans le quinquina un fel fébrifuge,
& je penfe , d’après les eifais que je viens
de citer, que les propriétés de X o p ium lui viennent
auffi en grande partie de la fubftan.ce faline
qui y-exifte. Ce fe l, à la vérité fous forme concrète,
paroît être un poifon pour les animaux ,
mais il eft probable que, mélangé avec les autres j
principes de Y o p iu m , il a des propriétés différen- \
tes , purfque nous voyons journellement l’extrait ;
d‘ o p iu m , contenant encore de ce fel, produire
des effets oppofés à ceux occafionnés par la feule
fubftance faline. An refte, je fuis loin de croire ;
que les expériences que j’ai faites fur l’aétion me-, ;
dicamenteufe de ce fel, foient fuffifanres.pour la
-bien déterminer. Il eft à defirer qu on les reprenne
.& qu’on les varie en adminiftrant le fel
tantôt puîvérifé , tantôt en diflo'ution dans les
-acides ou dans l’alcool. Ce ne fera qu’a près des
effais multipliés qu’on pourra favoir fi on doit le
lai fier dansl’extrait ou l’en retrancher.
» Actuellement fi l’oo pafie en revue ces différées
procédés employés jufqu’ici pour préparer
l’extrait d ’ o p i u m , on voit que les anciens pharma-
cologiftes, tels que Rouffeau 8c Laivgelot, qui
'confeil’oient de le prépareripar fermentation, n’a-
voient pas tant de tort. Us n’en féparoient pas
par ce moyen les principes nuifibles , mai s au
-moins ils les amenoient à un état de folubilite qui
peut fuffire pour leur ôter leur virulence 8c leur
aétion malfaifante.
» Une expérience réitérée a confirmé la bonté
du procédé de Baumé ; mais on peut le Amplifier
beaucoup. La diffolution à ’ o p ium .d a n s l’eau bouillante
, preferite par ce chimifte, eft abfolument
inutile & même nuifible : on fait entrer ainfi dans
l’extrait la réfine, l’huile & même le fel, dont le
'but de la digeftion eft de le débarraffer.
. sa. Le :procédé de Joffe paroît d’abord un des
meilleurs j mais fi Ton fait attention que, par la
manipulation qu’il recomnfànde, Y o p ium ne fe
trouve en contaét qu’avec une très-petite quantité
du diffolvant, on concevra que la diffolution doit
être très-réfineufe, ,8c en effet Baumé dit avoir
retiré beaucoup de réfine d’un extrait d ’o p iu m
préparé par ce moyen, & même il affure qu’il
contient une portion d’huile.
»3 U me femble que la meilleure manière de préparer
l’extrait d ’ o p ium eft d’en faire la diffolution
à froid dans une grande quantité d’eau : on
n’obtient ainfi que la matière extraétive, chargée
de peu de réfine j & en fuppofant qu’il faille en
retirer le fel qui y.eft diffous , il füffira de redif-
foudre une ou deux fois dans l’eau froide l’extrait
évaporé.
^3 Au refte, on ne pourra indiquer avec préci-
fion le meilleur procédé pour préparer oet extrait
, que lorfqu’on aura déterminé l’avion de
fes différens principes fur l’économie animale. On
doit donc engager les médecins .à faire des effais
comparatifs avec chacun d’eux, & avec des extraits
d ’ o p ium préparés de différentes manières.
L’eflentiel feroit de s’affurer fi .la matière extractive
, entièrement dépouillée de réfine .8c de fel
jouit encore 4 e fa vertu calmante. L’extrait le plus
approprié pour faire ces expériences eft fans contredit
celui qui a été précipité par le carbonate.de
potaffe. L’abfence du fulfate aé chaux 8c l’augmentation
4e la quantité du fulfate de potaffe.,
qui réfultent de l’aétion de ce réaélif, ne peuvent
pas apporter de grands changemens aux propriétés
médicales de la matière extradtive.
• 33 L’huile d ’o p ium elle-même , que l’on a regardée
jufqu’à préfent comme une des fubftances
les plusaangereufes de Y o p iu m , pourroit auffi être
le fujet de.quelques recherches.’Peut-être obtien-
droit-on beaucoup de fuccès de fa diffolution
; dans différens-corps gras, pour l’ufage extérieur. »
! On voit que de tout ce travail, d’ailleurs très-
intéreffant pour l’analyfe chimique comme polir
l’ufage médicinal de Y o p ium , M. Derofne con-
’ d u t , fous ce dernier point de vue, que la meil-
| leure préparation de Y ,op ium eft l ’extrait préparé
| par l’eau froide en grande quantité, 8c que fon ré-
] fuJtat eft le même que celui de Bucquet, dont le
] mémoire n’a pas dû lui être inconnu, quoiqu’il ne
I le cite pas.
OPOBALSAMUM , lune des dénominations
«tu baume de la’Mecque. C’eft une réfine liquide»
épaiffe , d’un jaune léger,, un peu verdâtre, d’une
odeur forte & agréable , d’une faveur âcre & un
peu amère, qui découle de l’efpèce d’amyris,
Uommé gilendenfis oU;opobaIfamwn ..On n en a point
l’examen chimique. Il eft employé enr médecine
comme ftimulant, diurétique & corné tique. ( V o y e%
l e s a r t i c le s Baume & RÉSINE.)
OPOPANAX, nom d’une gomme-réfine, tirée,
d’une plante ombellifère , nommée par Linnams
p a f i in a c a opop.an.ax., 8c qui croît en Italie , dans
quelques départemens méridionaux de la France,
en Turquie, en Perfe, & c. Elle eft en larmes d‘un
jaune foncé en dehors, pâle en dedans, d’une
odeur forte, alliacée & défagréable , d’une faveur
âcre & amère. On dit Y o p o p a n a x compofé d’à peu
près parties égales d’extraéUf & de Eéfine. On s’en
fert en médecine comme d’un médicament fondant.
( f^oye^ l ’ a r t i c le GOMMJSS-RÉSINES. )
OPUNTIA : c’eft le nom. générique de. la raquette
ou de l’efpèce de cierge , ainfi nommé r a q
u e t t e à caufe de fa forme : c a f tu s o p u n t ia ? Linn.
La cochenille croît flir cette plante, ou plutôt
l’habite & s’y fixe. ( V o y ë [ L 'a r tic le C ochenille.)
Je ne parle ici de cette plante remarquable que
pour inviter les chimiftes à en examiner le fuc qui
paroît être Ja fource de la belle couleur rouge de
la cochenille, & à rechercher quel rapport il peut
avoir avec cette belle matière colorante animale.
( V^oye^ l ’ a r t i c le COCHENILLE. )
OR, métal précieux par fes belles propriétés,
dont la découverte fe perd dans la nuit des te ms.
On ne peut douter que fon inaltérabilité, fon in-
deftruéfibilité,.n’aient été appréciées prefqu’auffi-
tôt qu’il a été découvert, & qu’elles ne îoient
promptement devenues l’objet de l ’eftime &: pref-
que du culte général. Auflvla folie qui a pour but
chimérique de le former de toutes pièces, de le
créer comme le fait la nature, eft-eRe une des maladies
qui ont. depuis long tems travaillé l’efpèce
humaine.
Dans la fuite des recherches & des expériences
nombreufes qui ont été faites fur l’or, les longs
Se . pénibles travaux entrepris par les alchimiftes
tiennent le premier rang, & ouvrent pour ainfi
dire la ficène des découvertes chimiques dont il a
été l’objet. Après avoir regardé l’or comme le
plus pue, . le plus parfait, le plus inaltérable, le
plus fimpie d.êSr métaux, après l’avoir décoré du
vain titre de ro i, ils l’ont comparé au foieil, &
ils- l’ont repréfenté par le même emblème. Un
cercle était le figne de fa perfection 8e de fon immutabilité
: c’était pour eux l’extrême r le f u m -
muOT.de la métallifation , l’oeuvre le plus accompli
pacmi les foffdes, 8e peu s’en eft fallu que , dans
leur délire , ils ne l ’aient placé à la tête de la créât
tiqn. Noiu-feulement, fui vaut eux, il ne conte:-
nait riea d’âcre, rien d’étranger à la nature métallique,
mais.il étoit le produit d’une maturation
accomplie, d’une incubation perfectionnée : delà
les lentes expériences auxquelles, ils fournet-
toient les autres métaux pour les mûrir & les per»
feClionner } de, là l’infatigable patience qu ils- ap-
porcoient dans leurs recherches, & les formes
ridicules même qu’ils donnoient à 1-urs inftrumens;.
L’argent, le plus voifin de l ’état d’or, n’a-
v o it , dans leurs hypothétiques opiniqns, qu ut>
dernier degré d’amélioration à fubir, qù une teinture
à acquérir, qu’une forte d’affinage & de fixité
à éprouver; .
Malheureux artifans d’un métier qui n’a jamais
exilté, & dont il eft douteux que l’objet foie jamais
déterminé, quoiqu’ on ne puiffe- pas affurer
qu’il y ait une impoffibilité abfolue de découvrir
fa nature 8c fa eompofition intime, plus les alchi-
; miftes ont travaillé, &: plus ils fembient s être
écartés du but qu’ils vouloient atteindre. Tout a
prouvé jufqu’ici que l’or, comme les autres métaux,
eft. un corps indeftraétible dont on ne peut
fépater aucun principe, qu’on ne peut en aucune
manière décompofer, & qui fe comporte dans
toutes les circonftances des opérations chimiques
comme une matière fimpie ou indécompofable.
Tout en n’ obtenant rien de ce qu’ils recher»
choient, les alchimiftes ont appris à traiter, l’oç
de beaucoup de manières.différentes, à le changer
de forrme& dè propriété, à le rappeler à.fon premier
état, à le,faire fortir auffi pur , auffi brillant
& auffi, întaft des tortures multipliées auxquelles
ils le foumettoienc, & à le faire entrer dans-différentes
compofitioBS curieufes ou utiles.
C eft dans les récits faftueux des alchimiftes que
les. premiers chimiftes fyftématiqués ont puifé les
connoiffances qu’ils-ont commencé à recueillir 8c
à difpofer méthodiquement fur l’o r i is ont égaler
ment profité des,nombreux travaux-des adeptes,
entrepris dans l’intention, toujours trompée 8e toujours
renaiffante jufqu’aux jours de la phyfique expérimentale;,
de. trouver dans ce métal une panacée,
un remède uni ver fel. Toutes les recettes d ’ o r
potable, de teintures. 8c d’élixirs aurifiques, tous
les moyens.prétendus de ledivifer, de l’atténuer,
de le diffoudre, ont été pour les véritables chi-
miftes autant de faits fur fes affinités §c fes c.om»
binaifons. Les travaux plus fenfés des docinwfti-
ques & des métallurgiftes fur l’art d’effayer ,. de
purifier, d’extraire, d’affiner, d’allier, de fondée,
de couler, de forger 8c d’employer l’or de mille
manières differentes, ont fourni beaucoup de détails
utiles aux chimiftes pour compofer Fhiftoire
de ce métal important | enfin, les nombreufes 8c
induftrieufes pratiques de plufieurs arts dans lef-
quels on emploie l’ or pour lui donner cent formes
variées , pour le multiplier en furfaces, pour le
faire briller en bijoux, ont encore Cervi aux auteurs
des Traités de chimie, 8c de cette fource
abondante ont découlé tèns les taies qui condiment
fonhiftoire. particulière.