
en général qu'elles ne Te rencontrent qu'à la fur-
face ou à peu de profondeur. On n'en a point encore
trouvé de foffiles dans l'intérieur du globe. 11 y a quelques pays, l'Inde furtout, où quelques
efpèces de nitrates alcalins & terreux effleunffent
Ipontanément à la furface de la terre. On les extrait
auffi quelquefois des eaux. Les végétaux en
recèlent fouvent de grandes quantités dans leurs
vaiffeaux & dans leurs fluides : on a même penfé
autrefois qu'ils en étoient la fource commune de
unique. Mais l'on fait aujourd'hui que l'acide qui
les conftitue, étant le produit de la combinaifon
de l'azote & d e l’oxigène, fe forme fans ceffe,
& dans tous les cas, où les matières végétales de
animales fe décomposent lentement de fe pourrif-
fent. Telle eft la théorie des nitrières artificielles,
dont on parlera dans l’hiftoire d'une des efpèces
Suivantes, \e nitrate de potaffe.
Comme les efpèces naturelles de nitrates terreux
& alcalins font non-fëulement mêlées plu-
lîeurs enfemble , mais encore avec des fulfates ,
des muriates, dec. , de de plus dépofées dans des .
carbonates terreux , & c ., on eft obligé de les ex- !
traire de ces mélanges, & de les purifier en parti- !
culier. Ce but eft rempli par des leflîves faites i
avec de l’eau, des filtrations , des évaporations,
des ci iftallifations , des diffplutions, qu'on recommence
ou qu'on multiplie en général jufqu’à
ce qu'on ait obtenu les efpèces que l’on veut avoir
dans leur état de pureté & d'ifolement. Souvent
auffi ces efpèces font, ou trop peu abondantes ,
ou trop difficiles à obtenir, pour qu'on les fépare
des mélanges naturels où elles font contenues.
Dans ce cas, comme dans celui où la nature ne
les offre pas , on les fabrique de toutes pièces en
combinant l’acide nitrique avec les bafes particulières
dont on veut obtenir les nitrates. On les frit
purs alors, & il ne faut ordinairement que leur
donner la forme criftalline, pour n'avoir rien à
defirer à cet égard.
Toutes les efpèces de nitrates terreux &.alca-
lins ont des propriétés phyfiques qui font particulières
à chacune d'elles, & qu'on ne peut pas
indiquer dans l ’examen du genre qu'elles compo-
fent : telles font furtout les formes & les faveurs.
On les décrira dans l'hiftoire particulière de chaque
efpèce de nitrate.
La lumière ne leur fait éprouver aucune altération
connue. Quoique les premiers effets du calorique
ne foient pas les mêmes pour toutes les
efpèces, qui diffèrent par leur fufibilité quand
on les poufTe à l’extrême , quand on atteint le
maximum de ces effets , elles fe reffemblent alors
toutes : il h’en eft pas une qui ne foit complètement
décompofée. Toutes donnent d’abord du
gaz oxigène, quelques portions de vapeur ni-
creufe , du gaz azote ou du gaz oxidule d'azote,
& elles fe trouvent enfuite réduites à leurs bafes
pures. Le calorique tend à féparer de à diffoudre
les deux principes de leur acide, en fondaut'cha-
4 cun d’eux en gaz, de en le dégageant de fa com-
| binaifon primitive. Il faut en général une très-
1 haute température pour obtenir cet effet, fur-
tout vers la fin de l’opération : chaque efpèce varie
fous ce rapport} mais il n'en eit pas une qui
n'en foit fufceptible avec plus ou moins de difficulté,
fuivant l'adhérence de la bafe.
Les nitrates n’éprouvent aucune altération de
la part du gaz oxigène de du gaz azote, de n’ab-
forbent rien de leurs bafes } ainfi l'effet que l’air
produit fur quelques-unes de leurs efpèces , n'eft
pas dû à ces fluides élaftiques, mais bien à l'eau
qui y eft diifoute. On remarquera que l'effloref-
cence n'a prefque jamais lieu dans ces fels, & que
c’eft la déliquefcence qui en fait le caractère ordinaire.
Tous les corps combuftibles agilfent, à la chaleur
rouge , d'une manière bien plus rapide fur
les nitrates , qu'ils ne le font fur les fulfates-,
genre placé avant les nitrates dans la méthode
chimique. Il s'y excite alors une combuftion ou
inflammation fi rapide , qu’il y a une détonation
ou une déflagration accompagnée de beaucoup
t de lumière & de calorique dégagés , de une dilatation
qui occafionqe plus ou moins de bruit de
de mouvement de projection. Les phénomènes
qui ont lieu dans cette aétion, caraétérifent d’une
manière fi remarquable ce-genre de fels, qu’ils
ont long-tems fervi exclufivement pour les diftin-
guer, même par leur apparence, de fans examen
ultérieur de ce qui leur arrive de de ce qui arrive
en même tems aux corps combuftibles. Aujourd'hui
l’on a trouvé d’autres fels qui présentent cet effet,
cette inflammation, cette détonation des corps combuftibles
rougis avec eux, dans un degré encore plus
fort que les nitrates. Mais quoiqu'elle foit due à
la même caufe, c'eft-à-dire, au prompt dégagement
de l’oxigène qui, retenant beaucoup de
lumière & de caloritjue dans cette combinai fon,
les laiffe exhaler rapidement en s'uniffanc aux
corps combuftibles, la matière que ce principe
abandonne dans chaque genre de fels étant très-
différente , c'eft dans l’examen des fuites de cette
déflagration ou de l’état des fels qui l’ont produite,
que confifte le véritable caractère de ces
fels. ( Voye[ Muriates oxi.génés & suroxi-
génés.)
L'hydrogène en état de gaz, traverfant dans
un tube de porcelaine rouge un nitrate fondu &
bouillant, produit une détonation plus ou moins
forte » donc le réiultat eft de l'eau. Le carbone,
par la même chaleur, brûle rapidement, & fe
change en acide carbonique ; le phofphore en
acide phofphorique} le foufre en fulfuriquè , de
les métaux en oxides, ou même en acides s'ils en
font fufceptibles. On voit qu’il eft furtout quef-
tion ici des nitrates alcalins de terreux. Ainfi le
réfultat de l'effet général des nitrates fur les corps
combuftibles eft renfermé dans ces quatre points :
ces corps s'enflamment tous} ils brûlent très-
rapidement >
rapidement} ils dégagent, dans un inftant, une
proportion très-grande de calorique de de lumière
de l’oxigène nitrique qu’ils abforbent, de ils fe
trouvent enfuite complètement brûlés ou faturés
du principe de la combuftion. Il n’eft pas difficile
de trouver la caufe de tous ces effets fimul-
tanés, fi l'on fe rappelle ce qui a été dit précédemment
de l’acide nitrique, de la grande proportion
d'oxigène qu'il contient, 8o fur 20 d’azote
} du peu d’adhérence de fes deux principes,
de la proportion confidérable de calorique & de
lumière que l’oxigène y retient, & de l'état plus
voifin de la concrétion ou de la folidité qu’il
prend au,contraire dans toutes les autres matières
combuftibles auxquelles il s'unit. Ofl s'eft affuré
que ce dernier a lieu en faifant des détonations
de nitrates dans le calorimètre : on a mefuré ainfi
la quantité de calorique qui fe dégage pendant la
fixation de l’oxigène nitrique dans divers corps
combuftibles.
Quant à l'effet de ce qu’on nomme la fufîon,
quoiqu’improprement, la déflagration ou la détonation
des nitrates par rapport à eux-mêmes,
il n’eft pas plus difficile à connoitre & à concevoir
que celui qu’éprouvent les corps combuftibles.
Puifque ces fels , chauffés feuls plus ou
moins fortement, montrent la décompofition de
leur acide , & fa féparation en fes deux élémens
gazeux & leurs bafes feulesou ifolées pour réfidus
de cette décompofition, on doit en conclure que
cette décompofition , rendue bien plus rapide &
plus forte par la préfence de l’attraétion des combuftibles
, préfente , comme férié d'effets relatifs
au changement des nitrates, le tranfport de
Jeur oxigène fur les corps combuftibles , le déga- ,
gement de l’azote en gaz libre, la féparation des
bafes falifiables ou leur ifolement. Souvent ces
bafes fe combinent plus ou moins abondamment
avec les produits brûlés ou les nouveaux acides
formés. Dans la détonation par l’hydrogène, les
bafes fe fondent dans l’eau formée lorfqu'elles
font diffolubles. Les réfidus du phofphoie> du
carbone, du foufre, détonés avec les nitrates,
font des phofphates, des carbonates, des fulfates.
Les métaux ainfi brûlés laiflënt une partie des
bafes falines libres, & une autre partie combinée
avec leurs oxides. On fe fert fouvent de cette
belle propriété des nitrates pour obtenir , dans
l’état d’acides ou d'oxides, les fubftances brûlées,
dont on a un befoin fréquent dans les manufactures
&.dans les laboratoires de chimie , comme
on le verra. La même propriété , fi rapidement
comburante, oxidante & acidifiante des nitrates ,
eft employée très-fréquemment en pharmacie.
I Tous les nitrates font diffolubles dans l'eau,
produifent du froid en fe diffolvant, fondent la
glace, quoique faiblement en général} font plus
diffolubles à chaud qu’à froid, & fe, criftallilent
par le refroidiffement. Les efpèces diffèrent les
ânes des autres | feulement à cet égard , par les
Cuim i i. Tome Kn
proportions, d’eau que chacune exige à dlverfes
températures, par leur manière de fe criftallifer,
& par l'eau de criftallifation qu'elles retiennent.
Il n'y a pas de nitrates alcalins de terreux indiffo-
lubles, de par fuite incriftallifables. C'eft ce qui
fait qu'on ne les trouve que rarement purs, ifo-
lés , folides, mais prefque toujours mêlés de dif-
fous, à la furface du globe.
Quoique l’effet des nitrates fur la plupart des
oxides métalliques en général foit peu marqué, il
y a cependant parmi ces oxides deux genres d'action
fur ces fels. Tantôt quelques oxides, parmi
ceux qui ont le plus de tendance pour s'unir aux
bafes falifiables, décompofentlesn/rr^r^àchaud,
de en dégagent l'acide nitrique : tels font ceux
d'étain, de zinc, de manganèfe. Tantôt quelques
autres oxides, ceux furtout qui ne font point faturés
d’oxigène , de qui en font très-avides encore
, chauffés avec les nitrates, en décompofenc
plus ou moins l'acide, le font paffer à l'état d'acide
nitreux ou de gaz nitreux , ou même le ré-
duifent à fon radical azote : on trouve cette propriété
dans les oxides de fer , de furtout dans
ceux qui peuvent devenir acides.
Les nitrates éprouvent des altérations plus ou
moins remarquables par plufieurs acides qui peuvent
alors fervir à les reconnoître de à les carac-
térifer. Les acides carbonique, fulfureux , nitreux
» muriatique oxigéné de fluorique font ab-
folument fans aétion fur ces fels.
L'acide phofphorique décompofe quelques nitrates
à froid , mais feulemerft en partie, de juf-
' qu'à ce qu'il fe foit formé un phofphate acide
avec leurs bafes. A chaud de en devenant vitreux,
cet acide les décompofe complètement, de en
chaffe l'acide nitrique en s’uniffanc aux bafes avec
lefquelles il forme des phofphates fixes de vitri-
fiables.
L’ acide fulfuriquè concentré fépare à froid les
principes des nitrates , dégage l ’acide nitrique en
vapeur blanche, s'unit à leurs bafes , de les
change en fulfate. On fe fert de ce procédé pour
obtenir l’acide de ces fels. Le calorique que l'on
emploie pour cette opération , altère , comme on
le dira plus bas , l’acide nitrique , & le convertit
en partie en acide nitreux.
L’acide nitrique ne change point les nitrates ;
il les précipite feulement de leurs diffolutions
dans l ’eau , à caufe de fa grande attra&ion pour
ce liquide. Tl ne forme point de nitrates acides,
excepté dans les nitrates métalliques.
L’acide muriatique ne change en aucune manière
les nitrates à froid, mais à l’aide de la chaleur
il en altère finguliérement la nature } il en-
leve de l’oxigène à l’acide nitrique , le fait paffer
à l’état d’acide nitreux en devenant lui-même
acide muriatique oxigéné} il fe dégage des vapeurs
jaunes de. rouges dans l ’air} les bafes fe trouvent
enfuite unies à de l’acide muriatique. Voilà
pourquoi on peut faire., en diffolvant des nitrates