
douter qu^i^avoit été obligé de fuppofer plus forte
la quantité de quelques-uns des produits liquides I
qu il a#it: feuls recueillis. On va voir, par l’ex-
pofition d'une analyfe plus récente, qu'il y a encore
d'autres erreurs dans celle de Neumann.
On doit à M. Berthollet une fécondé analyfe
beaucoup plus exade que celle du chimifte allemand,
quoique le chimifte français l'ait publiée
en 1776, dans fes O b fe r v a t io n s f u r P a i r , à une
époque où les procédés d’analyfe étoient infiniment
moins avancés & perfectionnés qu'ils ne le
font aujourd'hui. Deux onces de cheveux ont
donné à M. Berthollet un gros dix-huit grains, ou
près d'un treizième de leur poids de carbonate
ammoniacal j deux gros & demi, ou plus d'un
fîxième de leur poids , d’une eau Tentant très-vivement
les cheveux brûlés, ammoniacale dès le
obferver, dans fa grande phyfiologie, une fineu-
! lière analogie entre les poils & la grailfe, la fitua*
î tion confiante des premiers dans la fécondé , &
les circonftances fréquentes de concrétions graif-
feufes morbifiques ou de ftéatomes remplis de
poils.
commencement de la diftillation j quatre gros,
ou le quart de leur poids, d'une huile très-dififé- ,
rente de celle qu'on obtient des autres fubftances
animales; enfin, il eft refté quatre gros & demi,
ou plus du quart de leur poids, d'un charbon dont
l ’aimant attiroit très-fenfiblement des molécules,
& qu'il n'a pas pu parvenir à calciner. Ce chimifte,
en efiimant à un gros & un quart la portion d'eau,
d huile & de carbonate ammoniacal perdus, ef-
time à deux gros dix-huit grains les fluides élafti-
ques dégagés dont il n'a point indiqué la nature,
& qiù font manifeftement du gaz hydrogène carboné,
mêlé d'acide carbonique.
Dans le récit de cette analyfe, il infifte particuliérement
fur l'huile fournie par les cheveux,
foie en raifon de fa grande quantité, foit à caufé
de fes propriétés très-remarquables, & de fa différence
d'avec toutes les autres huiles obtenues
de diverfes fubftances animales. Cette huile étoit
jaune d'abord , & n’a noirci qu'à la fin de la diflil-
lation t elle n'altéroit pas la couleur du carbonate
ammoniacal ; elle étoit très-diffoluble dans l'alcool
; elle bruloit avec la fcintillation & la vivacité
que tout le monde remarque dans les cheveux
entiers allumés; elle reftoit fous forme concrète
ju'qu au dix-huitième degré du thermomètre de
Reaumur ; elle ne différoit pas beaucoup de la
pefanteur de l'eau chargée de carbonate ammoniacal
obtenue dans cette analyfe ; de forte que,
fluide, elle la furnageoit, concrète, elle fe pré-
cipitoit au fond de ce liquide. Il conclut de ces
obfervations, que les cheveux font furtout composés
d'huile; mais cette conclufion, qu'il pouvoir
admettre encore en 1776, & qui ne peut plus
être regardée comme exade, ne doit plus être
prife que comme une fimple preuve de la grande
difpofition des cheveux à prendre le caraétère huileux
; ce que prouvent en effet leur inflammation
violente , leur fufibilité, leur nature grade, l'.im-
pofiibiüté, non-feulemef t de les diffoudre dans
1 eau, mais même de les mouiller. On remarque
encore que cette opinion du favant chimifte français
eft d'accord avec celle de Haller ^ qui fait -
La quantité de carbonate d'ammoniaque fournie
par le s poils & les cheveux avoit déjà paru fi con-
fidérable à Haller, & avoit tellement frappé ion
attention, qu'il étoit étonné de ce que.J. Godard,
celui qui a décrit le fecret de la préparation des
gouttes anglaifes & du fel volatil acheté par
Charles II, roi d'Angleterre, fe fût fervi de foie
& non pas de cheveux, qui, dit-il, eufTent fourni
plus facilement une abondante quantité de ce fe!.
Cette même abondance faifoit douter à M. Berthollet,
en 1760 , fi l'alcali volatil n'étoit pas tout
formé dans les cheveux; & il eft certain qu'aucune
fubftance animale n'en fournit ni auffi abondamment
ni aufli promptement. 11 eft également
bien remarquable que le charbon en foit fi difficile
à brûler, & qu'il contienne une quantité très-
fenfible de fer attirable à l'aimant. On feroit tenté
de croire, d'après ce fait, que les cheveux renferment
dans leur intérieur la partie colorante du
fang, & que leur charbon, comme celui de cette
couleur, contient du phofphate de fer. Ce charbon
eft dur, brillant, très-adhérent au verre, &
femblable au carbure de fer. On peut penfer que
ce charbon eft aufli chargé de phofphate de chaux ;
car nous avons trouvé ce fel, M. Vauquelin &
moi, dans les crins du cheval & dans les ongles
de plufieurs animaux, & ces parties ont la plus
parfaite analogie, par leur nature & leur.compo-
fition-, avec les cheveux humains. 11 y a encore
un peu de carbonate de chaux dans la cendre ides
cheveux: les noirs paroi fient même en donner
plus que les-blonds.
M. Vauquelin 2 communiqué à 1’Inft.itut, dans les
premiers mois de 1807 (le 3 marsde cette année),
une analyfe nouvelle des cheveux. Comme elle
contient des faits nouveaux & très-remarquables
fur |a nature de ces corps , & comme, elle décide
la queftion relative à la cpmpofition, des cheveux
fauffement regardés jufque-là comme gélatineux
& appartenant manifeftement au mucus animal,
je crois devoir inférer ici ce travail.
« Le but principal que je me fuis propofé en
entreprenant ce travail, dit Mv Vauquelin , étoit
de connoître la nature de la matière animale dont
les cheveux font formés, & de lavoir fi elle avoir
des analogues, dans l'économie animale ; mais pendant
le cours de mes expériences il s-eft préfenté
des phénomènes qui, paroiffant étrangers à la
fubftance principale, m'ont conduit plus loin que
je ne me l'étois prçpofé. Il n’entroit pas d’abord
dans mon plan de rechercher d’où pouvoient
provenir les couleurs variées des cheveux, &
c'eft cependant là .ce qui m'a le plus occupé. Ce
- n'eft qu'en travaillant long-tems fur le même objet,
en obfervant avec foin les phénomènes qui
pe. préfentent, & en méditant fur les eau fes qui
les ont produits, que l'on arrive à des réfultats
fouvent impollibles à prévoir a priori. Cependant
je ne me flatte pas d'avoir pénétré tous les fe-
crets de la nature à cet égard, & je ne propofe
mes idées qu'avec la réferve qu’on doit mettre
dans un genre de recherches aufli difficile. Mais
je donne une defciipuon ex a été de mes expériences
; je les compare, je les difeute, & j'en tire les
conclufions qui me paroiffen.t les plus naturelles.
Je vais rapporter en abrégé les principales de ces
expériences, ainfi que les corollaires que j'en dé-
duiSi
m J'ai fait bouillir pendant plufieurs jours des
cheveux avec de l'eau, fans pouvoir les diffoudre;
cependant l'eau contenoit une petite quantité
de matière animale , que la noix de gale &
d’autres réadifs y démontroient.
» Il eft propable que cette matière, qui donne
à l’eau la propriété de fe pourrir, eft étrangère à
la fubftance même du cheveu. Je conclus de cette
expérience, qu'à la température où l'eau peut
s'élever fous la preflion de l’atmolphère, les cheveux
ne s'y diffolvent pas. ,
33 Je fuis parvenu à les diffoudre fans altération
dans la machine de Papin, en ménageant la chaleur.
Si, dans cette operation, l'on excède un certain
degré de tempétature , la fubftance des cheveux
fe décompofe en tout ou en partie; ce que
démontrent l’ammoniaque, l'acide carbonique,
l'huile empyrtumatique fétide que l'on trouve
dans la diffblution , à laquelle l'huile communique
une couleur jaune-foncée.
Dans l’un ou l’autre cas , il fe développe du gaz
hydrogène fulfuré en grande quantité , lequel agit
fortement fur le cuivre du digefteur qu'il noircit :
on en trouve davantage quand la chaleur a été pins
élevée ; ce qui leinbie annoncer que cette matière
efi.produite pendant l'opération.: .
33 Si l'on a opéré-fur des cheveux noirs, & fi
l’on n'a pas élevé fuffifamment la chaleur pour les
decompofer, il refteune matière noire qui, à ça tue
de fa grande divifion & de la confifiance de la
diffblution, fe dépofe très-lentement. .Cette matière
,eft principalement compofée d’une huile
noire, épaiffe comme un bitume, peu foluble dans
l'alcool & dans les alcalis de fer 6c de foutre,
unis peut être l’un à l’autre. Les*cheveux rouges
laiffent un réfidu rouge-jaunâtre, où l’on trouve
beaucoup d huile, du foufre 6c un peu de fer.
*> Les diffolutions n’ont prefque pas de couleur
lorfqu’elles ont été filtrées :.les; acides concentrés
les troublent ; les acides foibles n'y produifèntpas
de changement : un excès de ces agens rend à la.
liqueur fa tranfparence première. L'infufion de:
noix de gale & l'acide muriatique oxigéné y forment
des précipités abondans. L'argent y noircit ;
l'acétate de plomb en eft précipité en brun. Ces
diffolutions, évaporées avec toutes les précautions
convenables , ne fe font pas prifes en gélée,
& n’ont fourni qu’une matière vifqueufe & collante
, d'où j’ai conclu que la fubftance des che-;
veux n’eft pas de nature gélatineufe.
33 Les acides forment des précipités plus abondans
& plus colorés dans la diffblution des ehe-;
veux opérée à une plus haute température, par
la raifon qu'ils déeompofent un favon ammoniacal,
qui n’a pas lieu dans le premier cas.
33 J'ai diflous aufli des cheveux noirs & des cheveux
rouges , dans de l ’eau contenant feulement
quatre pour cent de potaffe cauftique : il fe dégage,
pendant cette diflolution, de l'hydrofulfure
d'ammoniaque ; ce qui femble annoncer un commencement
de décompofition dans les cheveux
noirs , laiffant un rendu noir , formé d’huile
épaiffe., ■ encore un peu animalifée de fer & de
foufre. Il refte, après la diflolution des cheveux
rouges , une huile jaune , contenant du fouire 6c
un atome de fer.
33 Les acides forment dans ces diffolutions des
précipités blancs , folubles dans un excès de ces
menftrues. Ces précipités étant rediffous dans les
acides , il paroït fur la liqueur, au bout d'un-certain
tems , une huile fous forme de pellicule
irifée.
»3 La diflolution des cheveux dans la potafle
précipite le plomb en noir, à caufe de l’hydro-
fulfure qu’elle contient ; celle des cheveux rouges
paroït en recéler davantage.
33 Qu and elles ont été débarraflees du foufre par
une expofition à l’air , elles n’ont plus qu’une
odeur de favon, à la manière duquel elles tnouf-
fent.
33 Les acides agiffent, chacun à fa manière, fur
les cheveux. L'acide fulfurique & l'acide muriatique
prennent d'abord une très-belle couleur
rofe, 6c les diffolvent enfuite. L’acide nitrique
les jaunit & les dlffout aufli à l'aide d’une chaleur
douce:, la diflolution préfente à fa .{yrtaçe une
huile noire quand ce font des cheveux noirs ., &
une huile rouge lorfque ce font des cheveux rouges
: l'une & l’autre de ces huiles blanchiffent à
la longue, & deviennent concrètes par le refroi-
diffement.
33 C.ette même diflolution, évaporée convenablement
, donne beaucoup d’acide oxalique, &,
l'eau - mère incriftallifable contient la fubftance
amère (formée par l'ad ion de làcide nitrique fur
les matières animales ) , beaucoup de fer & d’acide
fulfurique proveoans du foufre des cheveux.
33 La diflolution des cheveux rouges dans l’acide
nitrique renferme moins de fer, mais plus d’acide
fulfurique,que celle des cheveux, noirs.
33 Le gaz muriatique oxigéné blanchit d’abord
les cheveux, bientôt après les ramollit & les réduit
fous forme de pâte vifqueufe & tranfparente
comme de la thérébentine. Cette matière eft
amère ; elle fe diffout en partie dans l’eau, en partie
dans l'alcool.