
fuie d'ammoniaque & de fa vapeur lorfqu*on les
a réduits en poulfière, un caractère propre à les
faire reconnoïtre 6c à les diftinguer du fulfate de
baryte, avec lequel on les confond quelquefois à
caufe de leur forme. Le carbonate de plomb eft
très-répandu dans les mines de ce métal j il ne
doit cependant être regardé, ainfi que tous les
fels précédens , que comme une mine fçcondaire,
formée par l'altération du fulfure de plomb s &
tranfportée par l'eau qui lui a donné fa forme
criftalline. On le trouve fpécialement en Sibérie ,
en Saxe, en Brilgaw, en Styrie, en Carinthie ,
en Angleterre, 6c furtout en France, à Poul-
laouën , au Huelgoët, à Sainte - Marie - aux-.
Mines, &c.
L'eflai des mines de plomb eft un des plus Amples
& des plus faciles qui exiftent, mais comme
on a dans cette opération le double but de con-
noitre, & le plomb qui y eft contenu, 6c l'argent
que lamine recèle prefque toujours, à caufe du
prix & de l'importance de celui-ci, dans cette
intention, après avoir pilé 6c lavé, ou bien trié
une certaine quantité de la mine, on la grille dans
un têt couvert, pour éviter la perte que fa décrépitation
pourroit entraîner. Ordinairement le
fulfure de plomb perd peu par le grillage. On détermine
au refte ce qui s'en eft volatilifé en le
pefant exa&ement après cette opération, 6c en
comparant fon poids à celui qu'il avoir auparavant
: on le fond enfuite avec deux fois fon poids ;
de flux noir ou de borax, mêlé d'un peu de charbon
& un peu de muriate de foude décrépité.
L'alcali ou flux abforbe le foufre $ le carbone réduit
la portion oxidée du métal 5 le fel marin, en
recouvrant toute la matière, s'oppofe à l’évaporation.
Après la fonte on pèfe le culot de plomb
qui occupe le fond du creufet brafqué. Quand on
en a pris exactement le poids, on le place fur une
coupelle ou petit vafe creux, formé avec une pâte
d'os calcinés ^ preffée dans un moule : on le chauffe
fous une moufle affez fortement pour fublimer,
oxider & vitrifier 1 eplomb} qui, dans ce dernier
état, paffe à travers les pores de la coupelle , &
laiffe fon baflîn ou fa cavité très-nette. L'argent
que contient le plomb, 6c qui n'eft ni volatil , ni
oxidable, ni vitrifiable comme lui, refte fur ce
vaifîeau en un petit bouton métallique rond, brillant
& pur, que l'on pèfe avec des balances très-
exaétes.
L'eflai, tel qu'il vient d'être décrit, eft fort
éloigné d’une opération exaCte , quoique prefque
toujours il fufïïfe pour acquérir les premières notions
qu'on defire fur les mines de plomb , & quoique
ce foit prefque toujours d'après les réfultats
qu'il fournir, qu’on fe conduit dans leur traitement
en grand, ou qu'on entreprend leur exploitation:
il eft néceffaire d’en connoîcre les défauts, puif-
qu'il eft d’ailleurs affez facile d'y fubftituer une
analyfe plus exaCle & plus fûre. Les chimiftes regardent
cette opération comme infideile , parce
, que l'alcali qu’on a coutume d’y employer comme
fondant, forme avec le foufre ou la mine un fulfure
qui diflout une portion de l’oxide de plomb,
& qui prive ainfi celui qui opère d'une partie du
métal qu'il devroit obtenir. L'inconvénient eft
moins grand avec le borax , que j’ai recommandé 5
mais il y a toujours celui de pratiquer l'eflai avec
uhe fubftance chère, qui n'a nul rapport avec les
matières qui peuvent être employées en grand,
& qui peut donner des idées fauffes fur le produit
obtenu : aufli doit-on préférer à cet effai incor-
re<ft par la fufion & la voie fèche, l’analyfe des
mines de plomb par la voie humide.
Bergman a donné, dans fa Dijfertation fur la doci-
mafie humide, des procédés fimples autant qu'exaâs
, pour bien analyfer 6c bien connoître les différentes
efpèces de mines de plomb. S'il fe trouve natif,
il ne s'agit que de conftater fa pureté, ou la nature
& la proportion de fes alliages. Pour cela il
confeille de le diffoudre ^dans l’acide nitrique. Si
le diflolvant prend une couleur verte, cela y indique
la préfence du enivre : alors on emploie le
fe r , qui précipite celui-ci fous forme métallique,
pour en déterminer la quantité. Les fulfures de
plomb doivent être traités par le même acide nitrique
, qui oxide & diflout leur portion métallique
& en fépare le foufre : celui-ci eft recueilli
fur un filtre bien lavé, féché & pefé. On précipite
l’oxide de plomb par le cabonate de foude, & cent
trente-deux parties de ce précipité en indiquent
ou en contiennent cent de plomb. Si le précipité
eft mêlé d’oxide d’argent, l’ammoniaque fert à
diffoudre celui-ci fans toucher au carbonate de
plomb : cent vingt-neuf parties de ce carbonate
d’argent répondent à cent parties de métal. Il faut
remarquer ici qu'il eft fouvent très-difficile de
féparer ainfi l'argent d'avec Je plomb, à caufe de
fa très-petite quantité , 6c que fi l’on veut con-
noïtfe la proportion de ce métal précieux, il eft
indifpenfable d’avoir recours à la voie fèche , à la
réduction & à la coupellation du plomb.
On peut employer l'acide muriatique au lieu
du nitrique pour traiter les fulfures de plomb. Le
muriate de plomb fe dépofe en criftaux qu’on dif-
fout dans l'eau diftillée pour les ifoler du foufre,
& pour en précipiter le plomb par le carbonate
de foude. Si Je fulfure contient de l'antimoine, ce
métal refte en oxide blanc au fond de l'acide nitrique,
ou bien on le précipite par l'eau de la diffo-
lution muriatique du fulfare. Quoiqu'il foit rare,
fuivant Ja remarque de Bergman, qu’il exifte du
fer dans les fulfures de plomb, s'il s'y.en trouve,
on fépare d'abord le plomb 6c l'argent diffous dans
l’acide nitrique par le fer* 6c en tenant compte de
la quantité de ce dernier employée pour cette
précipitation, on reconnoît la proportion de celui
qui exiftoit dans le fulfure en le précipitant par
un prufliate alcalin. Bergman avertit encore que,
s'il y a un peu de gangue dans la mine de plomb
qu'on analyfe, cette gangue eft ou indifloluble
comme
comme de la fîlice, & alors elle refte fans altération
au fond du diflolvant 5 ou diflhluble, & alors
il faut traiter la mine d’abord par l'acide acéceux,
qui diflout la matière; calcaire lorfqu’elle exifte.
On trouve dans l'analyfe des fulfures par la voie
humide, une proportion de plomb toujours plus
grande, quelquefois même de plus d'un quart,
que celle que l’on obtient par la fufion avec les
flux : nouvelle preuve que les alcalis diflolvent &
emportent une partie du plomb.
Quant aux carbonates 6c aux phofphates de
plomb, Bergman fe contente d’indiquer la diflo-
lubilité des premiers par l’acide nitrique, & le
traitement des féconds par le même acide qui les
diflout, la précipitation de l’oxide de plomb par
l'acide fuifurique, 6c l'évaporarion de la liqueur
furnageante, qui laiffe pour réfidu l’acide phof-
phorique. J'ajouterai à ces généralités, qn’on peut
apprécier la quantité d'acide carbonique contenu
dans un carbonate'de plomb, foit en le diftillant
dans une cornue de grès avec l'appareil pneumato-
chimique, foit en recueillant cet acide dans un
appareil convenable, à mefure qu'on diflout h
mine par l’acide nitrique ou par l'acide muriatique.
Les phofphates peuvent erre traités dans une
cornue de terre, après les avoir mêlés avec le cinquième
ou le fixième de leur poids de charbon en
poudre fine. On en obtient alors de l’acide carbonique
& du phofphore : il refte du plomb métallique
dans la cornue. J’ai déjà indique ce procédé
comme pouvant être pratiqué en grand avec
avantage dans les.lieux où les phofphates de plomb
fe trouvent. J’ajouterai ici que cet étabiiffement
feroit peu coûteux pour les poffeffeurs des min .s,
& qu’il mettroitdans le commerce, à un bas prix,
du phofphore qui fe perd actuellement dans le
traitement de ces mines, & qui n'eft encore peu
employé & peu utile que parce que, rare 6c cher
jufqu’ic i, on a peu d’habitude de le traiter, de
s’en fervir, 6c de l’approprier en quelque forte
aux befoins des arts ou de la vie. Il faut toutefois
être prévenu que les carbonates 6c les phofphates
de plomb étant peu abondans en compaiailon des
fulfures, l ’exploitation de ces lèls comme mines
eft beaucoup moins importante que celle des fulfures
de ce métal.'
Bergman n’a rien dit du molybdate de plomb}
parce qu’il n’avoit encore été ni décrit ni connu
à l’époque où il à écrit fa Dijfertation fur lu doci-
mafie humide. M. Klaproth a donné de$ procédés
fort fimples pour analyfer cette mine : l’acide muriatique
décompofe le molybdate', lui enlève
l’oxide de plomb, & en fépare l’acide molybdi-
que fous la forme d’une poudre blanche : celle-ci,
chauffée à la flamme intérieure du chalumeau,
prend une couieur bleue qui le fait facilement 6c
promptement reconnoïtre ; il la prend aufli par le
contàd de l'acide fuifurique chaud. On en apprécie
la quantité lorfqu'en diflolvant le molybdate
dans un acide , l’oxide de plomb refte en diffolu-
Cïjimi£. Tome ÿ .
tîon, & l’acide molybdique s’en fépare en poudre
blanche que l'on lave & que l'on pèfe.
Le chromate de plomb, fi reconnoiffable par fa
couleur rouge-ponceau lorfqu'il eft en malle fo-
lide, & par fon jaune-orangé quand il eft en poudre
, eft très-e-xarmement analyfé d'après les expériences
de M. Vauquelin, -qui l’a découvert par
le carbonate de potafië ou de foude : il refte du
carbonate de plomb en poudre d’un beau rouge
de cinnabre, dont on connoît les proportions des
principes, & la diffolution de chromate alcalin
qui le fumage, eft enfuite précipitée, & donne
facilement la quantité d'acide chromique par l’acide
muriatique.
Le fulfate de plomb eft aifément analyfé 6c dé*
compofé en le chauffant dans un appareil clos
avec du charbon j il donne de l ’acide fulfureux,
du gaz hydrogène fulfuré & du plomb réduit.
Le traitement des mines de plomb en grand eft
un des plus importans travaux métallurgiques qui
exiftent, & un de ceux qui ont le plus grand
comme le plus intime rapport avec les connoif-
farices. & les procédés chimiques exaèis. A Pom-
péan, pour exploiter lamine fulfureufe de plomb
tenant argent, on la pile au bocard, on la lave
avec foin fur des tables, on la porte au fourneau à
manche, 011 on la grille d’ahord .à l'aide d’un feti
doux ; on la fond enfuite en augmentant la chaleur.
On extrait le plomb fondu du fourneau en
ouvrant un trou pratiqué fur a an des côtés de fon
aire, & qu’on a d’abord tenu bouché pendant la
fonte avec de la terre glaife. Par le coulage, le
plomb eft. moulé en premiers faumons, qu'on
nomme plomb d'oeuvré 3 parce qu’il eft deftiné à de
nouvelles opérations pour en féparer l'argent qu'il
contient : cette dernièré partie, la plus importante
du travail, s’exécuté en général de la manière
fuivante. On tranfporte le plomb d'oeuvre dans un
fourneau différent du premier, dont le fond ou
l’aire eft couvert de cendres bien ieflïvées, tami-
fées 6c battues. A l'un des côtés de cette aire font
reçues les tuyères de deux gros foufflets placés
au dehors du fourneau , mus par l’eau , & vis-à-
vis de ces tuyères, à la paroi oppefée du fourneau,
font pratiquées deux rigoles nommées voies
de la litharge. Le plomb chauffé & fondu s’oxide à
fa furface, furtout à l’aide de l’air abondant 6c
comprimé que les foufïhts y verfent : une pairie
de cet oxide s'évapore par de petites cheminées
ouvertes au deffus des voies de la litharge : une
autre portion eft abfo.rbée par le fol pulvérulent
du fourneau $ mais la quantité la plus confidérable
de cet oxide, fortement brûlée & vitrifiée, puis
refroidie 6c conderifée par l'air froid qui la frappe
immédiatement, eft chaffeë par le mouvement
qu’il lui communique vers les voies ouvertes vis-
à-vis les tuyèrès. Ç’eft cette dernière partie qu’on
nomme lith a rg e elle "eft ou en petites écaille s
rougeâtres * biilJantes-vitrifiées, 6c 'alors on l'appelle
litharge marchande, parce qu'elle eft préférée
M m m m