
nouvellement de l’air. Quand on peut pratiquer
une galerie qui du bas d'un puits réponde dans la
plaine , le courant d’air s’ établit aifément par ce
limple artifice. Quand cela n’eft pas poflible , on
creufe un fécond puits qui aboutit à l’extrémité
de la galerie oppotée à celle où ié trouve le premier.
Lorfque l’un de ces puits eft plus bas que
l’autre , la circulation & le renouvellement de
i’air font faciles. Si les deux puits font d’une égale
hauteur, le courant ne pouvant pas s'établir fpon-
tanément , on le détermine en plaçant au haut de
l'un d’eux un fourneau allumé.
6y. Les dangers de l’eau qui inonde les ouvrages
j en arrête l'aélivité & menace les ouvriers,
ne font pas moins néceffaires à prévenir que ceux
de l’air. Si c’eft de l’eau qui fuinte peu à peu à
travers les terres, on lui ménage une iffue dans
la plaine, & dans la rivière la plus voifine ,par
le moyen d’une galerie d’épuîfement. Si elle fe
ramaffe en plus grande quantité , ou s’il n’eft pas
poflible de pratiquer cette galerie, on extrait l’eau
a J’aide de pompes qui Cp meuvent, foit par l’eau
elle-même , foit par l’air, foit par la vapeur d’eau
introduite & condenfée dans dés cylindres de fer.
Ces dernières machines , nommées pompes à feu
ou à vapeur, font aujourd’hui beaucoup plus communes
qu'autrefois. On a bien de la peine à fe
garantir quelquefois des maifes énormes d’eau qui
Font irruption dans,les mines , lorfqu’on arrive ,
en creufant, à un vafte réfervoir fouterrain. Ces
cas font heureufement très-rares: on eft cependant
parvenu à les prévenir par des portes fourdes ,
épaifles & très-mobiles , que les ouvriers font
jouer au moment où ils reconnoiffent , au fon
particulier de la roche , l’arrivée prochaine de
l’eau", & qui, en les féparant ainfi de ce liquide,
leur donne le tems de fuir le danger.
66. Les fluides élaftiques délétères, qui fe dégagent
fi fouvent dans les cavités des mines, &
furtout le gaz acide carbonique, & différentes
efpèces de gaz hydrogènes mixtes plus ou moins
pernicieux, font encore un des ennemis les plus
redoutables des mineurs. Les galeries , les feux ,
les ventilateurs, les inflammations à l’aide de torches
portées de loin dans les parties des fouterrains
méphitifés par les gaz inflammables , & furrout
les divers moyens de faire arriver de l’air fra s ,
font les^feuls remèdes que l’on puifTe oppofer à
çes fléaux des mineurs.
67. Quand la mine qu’on découvre & qu’on
extrait dans la terre à l’aide des pics , des,pioches,
de la poudre , eft fortie des fouterrains & portée
fur le fo l, on ui fait fubir toutes les opérations
mécaniques & chimiques néceflaires pour en fé-
parer le métal. Ces opérations confiftent néceflai-
rement dans le triage, le bocardage , le lavage ,
le grillage, le fondage & l’affinage. Quoique chacune
de ces fix manoeuvres métallurgiques diffère
plus ou moins , fuivant la nature ©t l’efpèc<e do
mines qui en font le fujet, elles font cependant
toutes plus ou moins néceffaires à chaque mine ,
& elles ont toujoursdans quelqu’efpèce qu’on
les confidère , comme dans quelques lieux qu’on
les pratique , & quelques variétés qu’elles offrent
dans leur manipulation, quelque chofe de commun
qui permet qu’on les décrive d’une manière
générale.
68. Le triage confifte dans la féparation que
l’on fa it, après l’extra&ion, des différent morceaux
de mines qui exigent fouvent quelque traitement
différent , ou qui doivent donner des produits
divers, fuivant leur richeffe. & leur nature.
11 n’a guère lieu que dans les mines riches , pré-
cieufes ou d’un grand rapport , comme celles
d’or & d’argent. Il eft confié à un habile ouvrier,
à un homme^ très-exercé dans le travail des mines,
à un des maîtres mineurs,
69. Quand la mine eft tirée, on la fait paffer
au bocard : c’eft un infiniment de broiement, une
efpèce de grand mortier, ou auge alongée dans
laquelle fe meuvent de haut en bas, à l ’aide de
roues ou de mentonnets, des pièces de bois verticales,
terminées par une furface de fer arrondie
comme celle d’ un pilon. L’élévation & l’abaifll-
ment alternatifs de ces efpèçes de pilons, mus par
1 eau j par l’air ou par le feu, concaffent & broient
la mine avec la gangue qui l’accompagne.
70. Du bocard , la mine pilée pafle au lavage ,
qui fe fait par beaucoup de manoeuvres différentes,,
ou à la main dans des fébiles de bois , ou dans
des’auges que traverfe un courant d’eau , ou fur
le bord d’un ruiffeau , ou au fein même de fou
cours, ou fur des tables inclinées , garnies de
drap deftiné à arrêter les fragmens irréguliers &
crochus de la mine. Cette dernière machine n’eft
employée que dans des mines riches &précieufes
par l’abondance de leur métal. Dans tous ces pror
cédés, l’eau agitée entraîne , en s’écoulant , les
pierres .& la gangue, plus légères que la mine ,
qui fe précipite & qui occupe le fond des diverç
uftenfiles à l ’aide defquels on opère le lavage.
7 1* grillage a pour but d’attendrir la mine,
de la divifer , de la réduire en très - petites par-
celles , ou d'en féparer, par la volatilifation à
l’aide du feu, la plus grande partie du minéraii-
fateur qui y mafqué les propriétés du métal. Qa
le pratique par beaucoup de moyens ou de procédés
differens, fuivant le genre de mines, fuir
vaut la force ou retendue qu’on veut lui donner.,
fuivant le degré d’adhérence & la proportion dij
minéralifateur, ioufre ou arfenic , &r quelquefois
tous deux enfemble, qu'on veut feparer. Tantât
c’eft dans l'air , tantôt c’eft dans des fourneaux
& pêle-mêle avec les charbons qu’on grille; quelquefois
ii faut des fourneaux particuliers pour
cette opération 5 dans d’autres cas , elle fe fait
dans ceux qui fervent en fuite à fondre.
72. Le fondage ou l’art de fondre les mine&
''après leur grillage eft la principale & la plus im?
portance opération métallurgique ; toutes les
autres n’en font que le préliminaire & la préparation.
C ’eft vers celle-ci que fe dirige toute l’attention
du mineur} c’eft celle à laquelle tous fes
efforts font appliqués, parce qu’elle fournit le
véritable produit utile , celui qui remplit entièrement
fes vues. Quoiqu’ebe confifte en général à
fondre la mine grillée pour en extraire le métal j
quoique , fous ce point de vue , elle femble pré-
fenter une opération fimple & égale, il n’en eft pas
qui diffère autant, fuivant l’efpèce de métal & de
mine à laquelle on a affaire : auffi les fourneaux
qui y fervent, la nature & la maffe du combuf-
tible qu’on y emploie, fon énergie , fa durée ,
fon adminiftration , l’addition de telle ou telle
matière fondante, le chauffage à nu à travers les
charbons ou dans des creufets j l’époque, le tems
& le mode de couler le métal fondu ; tout, jufqii’à
la forme du métal qui en fort , varie & préfente
à l’obfervateur des différences très-remarquables.
On y reviendra dans l’hiftoire de chaque métal
en particulier.
73. Quand on a fondu la mine, quand on en a
retiré le métal, tout n'eft pas encore fini. Prefque
jamais ce métal n’eft pur 8c feul : ou il eft altéré
par quelques fubftances étrangères encore à fa
nature métallique, ou il contient quelque portion
d’un autre métal qui mafque les propriétés de celui
qu’on veut obtenir pur, ou bien il recèle une,
partie d’un métal plus précieux que toute la maffe ,
& qu’il eft néceffaire d’en extraire, ou enfin c’eft
un alliage, dans de grandes,proportions réciproques,
de plufieurs métaux qu’on doit féparer les
uns des autres. Ces divers objets à remplir, 8c
dont les pratiques doivent varier , comme on le
voit par leur fimple énoncé, appartiennent à la
dernière partie du traitement des mines en grand.
On renferme, on comprend toutes les opérations
qui y font relatives, fous la dénomination générale
à’affinage, parce qu’en effet le but eft toujours
d'obtenir un métal pur. On expoferaà l’article
de chaque métal, ce qu’en fait pour affiner
chaque efpèce.
Des propriétés chimiques des métaux.
74. Tout ce qu'on a dit jufqu’ici des .métaux en
général n’a que des rapports éloignés avec leurs
propriétés chimiques, ou au moins ne peut recevoir
de développemens plus exaéls & offrir à
l’efprit des réfultats plus précis , que par l’étude
de ces dernières propriétés. Il eft donc effentiel
de s’attacher à celles-ci, de bien connoitre ce
qu'elles préfentent de cara&ériftique pour les
fubftances métalliques. Ç ’eft aufli à l’examen de
ces propriétés, que le refte de cet article fera
confacré. On y paffera fucceffivement en revue
leur manière d’être altérés par l’air, leur combi-
naifon avec les corps combuflîbles, leur a#ion
lur l’eau & les oxides en général, celle qu’ils
exercent fur les acides, leurs rapports avec les
bafes falifiables, enfin celui qu’ ils ont avec les
fels. Ces fix divifions comprendront tout ce
qu’on peut favoir fur les compofitions chimiques
des métaux, & l’on verra que le même ordre,
fuivi avec quelque modification pour les efpèces
traitées dans les mots particuliers de cet ouvrage,
rendra leur hiftoire auffi complète qu’exaète.
7 f . L’oxidabilité des métaux par l’air, ou leur
combuftibilité proprement dite , conftitue le caractère
fondamental le plus Taillant, le plus important
des métaux j c’eft en même tems la clef
de tous les phénomènes qu’ils offrent dans leurs
combinaifons. L'oxidabilité de ces corps par l'air
varie non-feulement fuivant leurs efpèces, comme
on le verra dans i’hiftoire de celles-ci j elles varient
encore :
Par la température à laquelle elle s’opère ;
Par la facilité avec laquelle elle s’exécute ;
Par la différence qui naît de la température
même j
Par la proportion de l’oxigène qu’elle exige ;
Par les phénomènes qui l'accompagnent >
Par les attractions diverfes du principe oxidant
par les métaux ;
Par l’état de l'oxigène dans les minéraux oxidés ;
Enfin par les caractères que prennent, à mefure
S qu’ils l’éprouvent, les oxides métalliques.
Réprenons chacun de ces points en particulier.
76. L’oxidabilité par l’air commence , dans
quelques métaux, à la température la plus baffe,
tandis qu’il en eft d'autres qui exigent une énorme
chaleur pour l’éprouver. Le manganèfe, le fe r ,
par exemple , brûlent à toutes les températures ;
l'argent, l’or, le platine, le palladium , &c. au
contraire, ne brûlent que lorfqu’ils font extrê-
ment échauffés : tous les autres métaux tiennent
le milieu entre ces deux extrêmes. C ’eft pour cela
que , voyant autrefois l’oxidation des métaux
comme une efpèce de deftrüCtion, parce qu’en
effet ils perdent leurs propriétés métalliques 8c
• éprouvent un grand déchet pour les arts, les chi-
miftes regardoient l’or & 1 argent comme des
taux indeftruCtibles, 8c le fer, au contraire,
comme le. plus deftruClible des métaux ; mais il
eft évident que ce n'eft qu'une différence fpéci*
fique entr'eux 5 qu’elle n’eft vraiment relative
qu'au t^rns qu’exige proportionnellement l’oxida-
bilité j car il n’eft pas un feul métal qui, expofé
pendant des tems fuffifans à l ’air, ne-fe brûle i
la fin par la feule température de l’atmofphère.
77. La facilité de l ’oxidabilité eft la fuite de la
propriété précédente. Quelques métaux fe brûlent
ou s'oxident fi facilement, qu'il faut les défendre
du conta# de l’air fi on veut conferver leur bril-
, lant & leur folidité : tels font le fer , l’étain , le
' plomb, le cuivre, le manganèfe, qu’on ne défend
bien de leur altérabilité par l’air , qu’en les
couvrant d’un vernis , ou en les enduifant d’une
autre couche ou lame métallique. Il en eft au contraire
qui n’éprouvent prefqu’aucun changement
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