
fe r , lavé & calciné , étoit brun 5 il avoit fenfible-
ment augmenté le poids. La liqueur ammoniacale,
foumife à l'évaporation, dépofa de légères traces
de fer ; mais elle conferva fa couleur bleue tant
qu'il y eut de l'ammoniaque en excès : elle paffa
au vert-pré auffitôt que cet alcali libre fut évaporé.
Cette nuance fe conferva conftamment pendant
l'évaporation, & prit même plus d'intenuté vers
la fin, fans cependant former de dépôt ; ce qui
prouve que le nickel fe trouvoit à l'état de fel
triple dans la combinaifon.
» I.es alcalis fixes cauftiques n’occafionnoient
point de précipitation dans cette liqueur, mais iis
lui faifoient reprendre fa couleur bleue en décom-
pbfant le muriate d'ammoniaque dont la ba-fe redif-
loivoit alors le nickel.
»? Les hydrofulfures y formoient un dépôt noir
fort abondant c’eft de ce moyen qu'on a fait
ufage pour obtenir le nickel à part. L'hÿdrofulfurè
de ce métal, calciné dans un créufet de platine,
laiffa une poudre d'un vert-pré-fo.ncé, qui avoit
toutes les propriétés de.l'oxide de nickel..
; »» Le fer contenu dans Jes -pierres tombées du
ciel eft donc combiné au foufre &: au nickel :
d'où l’on peut préfumer que ces deux fubftances,
qui fe . préfentent toujours, en quantités plus ou
moins confidérables dans l'analyfe des pierr.es en-,
tières , proviennent d'un:pareille combinaifon,
qu'il eft impoffible, quelque.foin que l'apprenne-,
de féparer exaCfcement des parties terreufes^ ’
»» La préfencedu nickel; & du. foufre dans :ce fer
explique pourquoi il eft plus blanc, plus dur, &
moins duCfile que le fer ordinaire. ’.
»» Quoique je n'aie pas èftimé-rigoureufement
les quantités de ces fubftances dans le fer.; je crois
pouvoir affurer que chacune d’elles ners’élève pas
au-delà de cinq à fix pouf cent. Quant aux.pyrites
qui font difféminées çà & là dans.les pierres, elles
font formées4 jcomme l'a dit M. Howard, dé fer,
de foufre & d'une petite quantité de nickel ;
mais je n'ai pu m'affurer par moivmême dans quels
rapports ces trois fubftances font unies, parce que 1
je n’en ai pas eu une quantité fuffifante pour les !
foumettre à une analyfe exacte.
Çonclufîon & réflexions.
»? 11 paroît réfulter de tous les renfeignemens
pris, de tous les procès-verbaux dreffés, & de tous
les témoignages dignes de fo i, i°. que des maffes,
quelquefois- très-confidérables, font tombées à la
fur face de la terre ; 2,0.- que ces maffes, pénétrées
de feu , roulent dans l'atmofphère comme des
globes enflammés qui répandent la lumière & la
chaleur à de .grandes diftances; 39. qu'elles fem-
blent .avoir, reçu un mouvement, parallèle à l’horizon
quoiqu'elles décrivent .véritablement une
courbe.; 4?. qu'elles.tombent.dans un état de mol-
ieffe ou de fuûon pâteufe ; cè ;qu’atteftent leurs
funfaces verniffées, & les empreintes qu'y forment
les corps qu'elles rencontrent à la furfàce de la
terre ; 5®. qu’il en eft tombé en Angleterre, en
Allemagne, en Italie, en France & dans les Indes
orientales ; 6°. que toutes ces pierres fe reffemblent
par leurs cara&ères phyfiques & par leur compo-
fition chimique.
?? Mais d'où viennent ces pierres ? Quelles caufes
ont pu les produire & leur communiquer un mouvement
fi rapide fr, fi fîngulier ? Comment fe fait-il
qu’elles font toujours pénétrées de feu ? C ’eft de
quoi il eft fort difficile, dans ce moment, de donner
des raifons plaufibles.
»» Quelles que foient au refte ces caufes, fi elles
font multiples, elles doivent être de la'même nature,
puifque toutes les pierres tombées en des
pays fi différens fe reffemblent fous tous les rapports.
- »» Seroit-ce à des volcans qu’elles doivent leur
origine ? Mais où font ces volcans ? On ne les
connoît point encore, & jamais on n’a rencontré
de pierres pareilles à celles-ci dans les produits des
volcans connus. L'atmofphère feroit-elle le milieu
où elles fe. formeroient ? Mais comment alors concevoir
que des fubftances auffi pefantes, des terres
& des métaux puffent exifter en affez grande quantité,
& refter affez long-tems fufpendus dans un
fluide auffi léger que l’air? En fuppofant que ces
corps exiftaffent dans l'atmofphère, d'où procé-
deroient-ils originairement, & quel moyen feroit
affez puiflant pour les réunir, & eh former des
maffes auffi volumineufes & auffi pefantes l •
t ,»» L'opinion qui les fait venir de h lune 3 toute
extraordinaire qu'ielle paroiffe, eft peut-être encore
k plus raifonnable ; & s'il eft vrai qu’on n'en puiffe
donner de preuves dire&es, il"ne l'eft pas moins
qu'on ne peut lui oppofer aucun raifonnement
bien, fondé.
I »» Le parti le. plus fage qu'il nous refte donc à
prendre dans cet. état de chofes, c'eft d’avouer
franchement que nous ignorons l'origine de ces
pierres,,& les caufes qui ont pu les produirè.
»■ Nota. Depuis.la leécure de ce Mémoire, M. de
Drëe m'ayant remis un échantillon d'une pierre
tombée, il y a plufieurs.fiècles, à Enfisheim, près
Colmar , & qui pèfe plufieurs quintaux , je l’ai
foumife à l'analyfe par les mêmes moyens , & j'ai
trouvé qu’elle reflembloit parfaitement à toutes
les autres. >»
Relation d'un voyage fait dcCns le département de
VOrne, pour confiater, la réalité d'un météore oh* '
fervé à l'Aigle le 6 floréal an x t , par M. Biot y
lue le 25) mefftdor an xt.
w Le Miniftre de d'intérieur m'ayant invité à
me rendre dans le département de l'Orne pour
prendre des- renfeignemens exa&s fur le météore
qui a paru aux environs de l'Aigle le 6 floréal
dernier, je me fuis empreffé de remplir fesintentions,
&r.je vais rendre compte à la claffe, des
obfervations que j’ai recueillies. Je defire que
l ’importanc|
l’Importance du fujet faffe excufer 1a multiplicité
des détails dans lefquels je va s entrer.
»»Depuis que l'attention des favans s'eft dirigée
vers l’examen des maffes minérales que l'on dit
être tombées de l'atmofphère, toutes les reffour-
ces de la critique Sc de l'expérience ont été employées
pour conftater cet étonnant phénomène,
te jeter quelque lumière fur fa caufe. En même
tems que l'analyfe chimique déterminoit les élé-
mens de ces maffes, les feparoit des produits naturels
jufqu’à'préfent connus , & découvtoit dans
leur identité parfaite la preuve ou du moins la
grande probabilité d'une origine commune, on
recueilloit tous les récits , qui pouvoient avoir
quelques rapports au même fait : on confultoit les
écrits des Anciens, dont l'autorité a été trop fou-
vent fufpeéfée*, & que l’on reconnoît de plus en
plus pour des témoins fidèles, à mefure que l’oc-
cafion fe préfente de vérifier leurs obfervations.
Pour compléter ces recherches & achever de
faire fentir toute leur importance , des hypothè-
fes ingénieufes ont été imaginées de manière à
fatisfaire, d'après les lois de la phyfique, atix phénomènes
jufqù'alors obiervés. Enfin, lés favans de
toutes les claffes, de tous les pays, ont réuni leurs
efforts fur cette grande qutftion, guidés , non par
une rivalité jaloufe, mais par le noble amour de
la vérité.
»»Sans doute ce concours unanime fera remarqué
dans l’hiftoire des lciences ; il offre à la fois
le réfultat & la preuve de leurs progrès. C ’eft un
grand pas de fait dans l'étude de la Nature, que
de favoir examiner un phénomène dont on ne voit
encore aucune explication complète, & cette
forte de courage n'appartient qu'aux hommes les
plus éclairés. Nous devons donc remercier notre
confrère Piétet, qui nous a donné le premier cet
exemple dans la queftion aéhielle, en nous communiquant
les recherches des chimiftes anglais;
recherches qu'une décifion précipitée auroit pu
frire traiter de chimériques, mais qui furent dif-
cutées dans le fein de la claffe avec cet empreffe-
ment réfervé , par lequel on évite également d'écarter
les vérités nouvelles & d’accueillir les erreurs.
Qu'importent en effet les préjugés de ceux
a qui tout manque pour fe former une opinion ?
Toujours, dans les queftions douteufes, l’ignorant
croit, le demi-favant décide, l’homme inf-
truit examine; il n’a pas la témérité de pofer des
bornes à la puiffance de la Nature. Suivons donc
avec zèle, & fans que rien nous arrête, le phénomène
qui nous occupe maintenant ; & s’il arrive
enfin, comme je 1 efpère , que nous réuffif-
fions à le mettre hors de doute , n'oublions pas
que c’eft l’envie de tout expliquer qui l’a fait rejeter
fi long-tems.
w De toutes les probabilités recueillies jufqu’à
préfent fur la chute des maffes météoriques , la
plus forte réfulte de l'accord oui exifte entre
1 identité de leur compofition & l’identité d’ori-
Cuimie. Tome V\
gins que les témoignages leur attribuent exclufi-
vement. Cet accord, déjà vérifié par un grand
nombre d'obfervations, donne à la probabilité
dont il s’agit une valeur très-approenante de la
certitude , & qui n'eft nullement infirmée par les
objections que l’on a tirées du peu de lumières
des témoins; car, en raifon même de ce peu de
lumières, les témoignages devroient, fi le fait
étoit faux, s’appliquer à des fubftances diverfes,
à des circonftancés diffemblables ; &: dans un fujet
de cette nature, où l'intérêt particulier n’entie
pour rien , la chance du concours des témoins eft
unique, tandis que celle de leur divergence eft
infiniment multipliée.
»» Cependant il étoit fort à defîrer que le phénomène
fût une fois conftaté d'une manière irré-
cufable, & que toutes fes particularités fuffenc
recueillies avec fidélité, autant pour achever d’établir
la certitude morale de fon exiftence, que
pour connoître exactement les circonftances qui
le caraCtérifent,_& qui font également néceffuires
pour remonter, s'il eft poffible, jufqu'à fa caufe,
ou du moins pour empêcher que l'on ne s'égare
en la cherchant.
»» Convaincu de cette vérité, j’ai fenti que
1 exactitude & la fidélité la plus fcrupuleufe pouvoient
feules rendre utile aux fciences la miffion
dont j’étois chargé. Je me fuis confidéré comme
un témoin étranger à tout fyftème; & pour ue
rien halarder de ce qui pourroit ôter quelque confiance
aux faits que je vais rapporter, je me bornerai
, dans ce Mémoire, à les expofer tels que je
les ai recueillis, & en développant les conféquen-
ces immédiates qui réfultent de leurs rapports, je
m'abftiendrai même d’examiner en quoi elles fe
rapprochent ou s’écartent des hypothèfes que
l ’on a imaginées.
>» Avant de commencer ma recherche, je crus
néceftaire de claffer méthodiquement les faits fur
lefquels je devois principalement diriger mes obfervations;
en conféquence, je les réunis dans le
tableau fuivant :
i De l’exiftence des pierres météori-
( ques entre les mains des habitans
1 du pays ; ,
phyfiques, )Des traces ou des débris qui au-
tirés.. .\ roient été laiffés ou occafionnés
j par le météore ;
/Des circonftances minéralogiques
V. & géologiques C du cc pays.
c
/'Dix témoignage des perfonnes qui
l ont vu & entendu le météore ;
iD u témoignage des perfonnes qui
I ont entendu le météore fans l’a-
moraux, J voir vu ;
tirés.. -\Du témoignage des perfonnes qui,
J étant fur les lieux, ont cherche &
I recueilli des renfeignemens iur
f l'exiftence du météore & fur fes
\ effets.