
gène entre Toxine du muriate de mercure corrofif
& les trois quarts de Ton poids de mercure , une
fois terminé, établit un équilibre permanent. Le
mélange a déjà perdu Ton âcreté & fa diffolubi-
litéj mais il n’y a pas encore une combination
bien intime entre les deux portions d’oxide &
celle de l’acide : la chaleur achève l’union réciproque
qui fe trouve complète après une fubli-
mation j toutes les fubliraations qu’on ajoute à
celle-ci, & à plus forte raifon les nouvelles triturations
avec du mercure, font inutiles, & le
lavage avec l ’eau chaude fuffit parfaitement pour
enlever la petite proportion de muriate corroiîf
qui peut y relier encore ; un peu de muriate d’ammoniaque
ajouté à cette leftive aflure encore la
réparation du corroiîf par la tendance qu’il a pour
s’y unir en fel triple, tandis qu’il n’exerceroit pas
la même aCtion fur le muriate de mercure doux.
99. Il eft facile de concevoir pourquoi le
muriate de mercure oxigéné, uni par ce procédé
aux t^ois quarts de mercure, perd fa propriété
corroiîve, puifqu’on a tant de preuves qùe l’oxi-
gène, diminué & partagé fur une plus grande
uantité de mercure auquel il tient davantage »
iminue beaucoup la faveur & l’âcreté de ce
compofé. 11 n'eft pas moins facile de fentîr que
comme la différence de ces deux fels dépend en
grande partie de la quantité de l’oxigène moins
grande & plus adhérente, ainfi que de la proportion
moindre de l’acide muriatique dans le fécond
que dans le premier , toutes les fois qu’on
combinera L’acide muriatique avec le mercure peu
©xidé, & qu’il formera dans cette combinaifon
un fel infoluble , on obtiendra du muriate de
mercure doux. Auffi Lémery avoit-il dit que le
précipité blanc ordinaire, formé par le mélange
d'une diffolution de muriate de foude avec une
diffolution de nitrate de mercure, n’avoit befoin
que d’être fublimé pour êrre du mercure doux }
auffi Neumann avoit il reconnu une parfaite
refîemblance entre ces deux corps. C ’eft fur cette
identité que Schéele s’eft fondé en donnant un
procédé pour préparer par la voie humide le mu-
tiate de mercure doux. H confeille de. difloudre du
mercure dans fon poids d’acide nitrique à l’aide
d’une légère chaleur > de faire, d’un autre côté,
une folution d'un peu plus de la moitié de la
dofe du mercure de muriate de foudë dans trente-
deux fois fon poids d'eau bouillante} de mêler
les deux liqueurs chaudes, de remuer continuellement
le mélange, de biffer dépofer le précipité,
de décanter la liqueur claire qui le fumage, de
Lédulcorer avec de l’eau chaude jufqu’à ce que
çelle-ci forte fans faveur, de jeter le tout fur un
filtre, & de faire féqher à- une douce chaleur. Ce
muriate de mercure eft auffi doux & auffi pur que
celui qui eft préparé par h trituration , l’extinction
& la fublimation : ce procédé eft (impie, facile
& .fûr} il n’a aucun des inconvéniens de ce
dijflfer* & il lui eft beaucoup préférable.
100. Les propriétés du muriate de mercure doux-
font effentiellement différentes de celles du muriate
de mercure corrofif. Il n’ a que très-peu de
faveur, & il n’agit fous forme folide que comme
un purgatif léger, tandis que celui-ci eft un poi-
fon de la plus violente énergie. Il pèfe 12.553 »
fuivant Mufchenbroëck, qui l’a vu diminuer de
pefanteur fpécifique à mefure qu’on le fubli-<
moit; il noircit par une Longue expofition à la
lumière } il edi lumineux & phofphorique quand
on le frotte dans I’obfcurité j il eft plus difficile à
volatilifer & à fublimer que le muriate de mercure
oxigénéj auffi celui-ci s’élève-t-il avant lui lorf-
qu’il y eft mêlé, & le trouve-t-on au deffus dans
les appareils fublimatoires. Sublimé lentement &
avec précaution, il fournit des criftaux en prif—
mes tétraèdres, terminés par des pyramides à quatre
faces î quelquefois ce font deux pyramides
quadrangulaires, unies bafe à bafe en un oCtaèdre
très-alongé& très-aigu. Il eft fi peu foluble, que,
fuivant les effais de Rouelle, faits en 1754» il faut
1152 parties d’eau bouillante pour Le diffbudre..
Cette diffolution verdit le ficop de violette, fe
trouble légèrement par les alcalis fixes, devient
opaline, fans rien précipiter de fenfible par ram-*
moniaque j il prend une couleur brune par le contact
de l’eau ae chaux, de l’ammoniaque & des
alcalis fixes. Il ne s'unit point au muriate d’an-
moniaque, qui fert à en féparer le muriate furoxi-
géné auquel ce dernier fel s’unit fi facilement. Il
ne peut ni abforber plus de mercure quil n’en contient,
ni êtré dans un état moyen entre le fieiv
& celui de muriate mercuriel oxigéné, état que
quelques auteurs ont admis gratuitement & fans
preuves} de même il ne peut s’unir avec ce dernier,
qu'on en fépare aifément par la volatilifu-
tion : l'acide nitrique le change, à l’aide de la
chaleur, en fublimé corrofif, en oxigénant l’oxide
de mercure dont il enlève une portion. Calciné
avec fon poids de muriate de foude & le double
de fulfate de-fer, il éprouve auffi cette conver-
fion : l’acide muriatique oxigéné la lui fait éprou-,
ver tout à coup & même à froid. Cent parties de
mercure doux font formées de 11.6 d’acide muriatique
, 4.5 d'oxigène , 83 de mercure, 0.9 perte
& eau.
Nous avons vu qu’à une température quelconque,
l’acide muriatique n’attaque point le mercure,
& qu’à toutes, au contraire, il s’unit facilement
avec fes oxides, & forme avec le premier du mercure
doux, & avec le fécond du fublimé corrofif..
Quoique ce réfultat nous indique fuffifamment la
nature ou la compofition de ces fels, beaucoup
de chimiftes cependant, tout en admettant que
le mercure doux foit une combinaifon d’ acide muriatique
& de mercure foiblement. oxidé, regardent
le fublimé corfofif comme du muriate furoxi-
géné de mercure. Mais quelques réflexions fuffifent
pour détruire cette erreur, qui s’eft accréditée avec
le teins, & qui a paffé dans les Lyres élémentaires.
En effet, tous les acides peuvent fe combiner noti-
feuiement avec l'oxide noir, mais encore avec
l'oxide rouge : il feroit bien étonnant que 1 acide
muriatique fût le fettl qui ne jouît pas de cette
propriété. D'ailleurs, fi le fublimé corrofif etoit
véritablement un muriate furoxigéné de mercure,
décompofé par l'acide fulfurique, il fe dégage-
roit beaucoup d'acide muriatique oxigéné & de-
compofé par la potafie ; il fe fonneroit un muriate
furoxigéné alcalin. O r , on n'obtient dans
le premier cas que de l’acide muriatique , & dans
je fécond, que du muriate de potafie : concluons
donc que- le fublimé corrofif eft au mercure doux
ce que le fulfate & le nitrate de mercure tres-
oxidés font aux fulfate & nitrate de mcrcurejieu
oxidés. On pourroit néanmoins faire une objection
contre ce raifonnemenr j on pourroit due
que le fublimé corrofif contient le mercure oxide
en noir feulement, St qu'en le traitant par 1 a-
cide fulfurique & la potafie , cet oxide devenant
noir , il ne peut en réfulrer ni muriate furoxigéné
de potafie, ni dégagement d'acide muriatique
oxigéné. Mais cette objeâàon n'eft que fpe-
cieufe, & difpavoît devant l'expérience i}ui de-
montre i'exiftence d'un muriate furoxigéné de
mercure t bien différent du fublimé corrofif. C eft
de ce muriate furoxigéné de mercure que nous
allons maintenant parler. M. Chenevix a déjà fait
mention de ce fel dans le Journal de pkyfique, mef-
fidor an 10, page 11$, tome LV. Quoique notre
travail fur le mercure fût terminé bien avant cette
époque , xomme il n'étoit pas public quand celui
'de M. Chenevix a paru, nous ne réclamons point
la priorité : nous ferons feulement obferver que
M. Chenevix a moins étudié que nous ce fe l,
ainfi que les circonftances de fa formation. Ce
chimifte regarde comme très-probable que le
réfidu brun qu’on obtient en traitant l'oxide
rouge de mercure par l’acide muriatique oxigene,
eft un oxide particulier > nous , nous démontrons
que c’eft un muriate de mercure txhs-oùàé avec
excès d’oxide. De plus, il paroîtque M. Che-
cevix n’a point obtennu pur le muriate furoxigéné
de mercure, car il ne dit rien de h déliquescence
qu’il éprouve à l’air, & du pétillement qu’il produit
lorfqu’on le mêle avec l’acide fulfurique. Probablement
que celui lut lequel il a fait fes effais,
étoit encore mêlé de beaucoup de fublimé corrofif.
L ’aCtion de l’acide muriatique oxigéné fur le
mercure & fur fon oxide noir a été décrite avec
foin par plufieurs chimiftes. Le mercure fe change
en mercure doux, & bientôt en fublimé corrofif.
Celle de l’acide muriatique oxigéné fur i’oxide
rouge, beaucoup pies compliquée & plus difficile
à apprécier, n'a point, à beaucoup près , été
aufli bien obfervée. Nous l’avons fuivie d:<ns tous
les points, 8c ce font les réfultats nouveaux qit*elle
nous a offeits que nous allons préfenter.
L’acide muriafque oxigéné, agité avec l’oxide
rouge de mercure, eft fur-le-champ abforbe : fonr
odeur difparoît tout à coup j 1 oxide change de
couleurs il devient en quelques heures brun-ma-
ron , 8c. , dans l’efpace de quelques jours, puce
& prefque noir en renouvelant l'acide. Alors in-
fipide, fans aCtion comme auparavant fur la teinture
de tourne fol, il donne a la diftillation du.
fublimé corrofif, & pour réfi iu , de l’oxide rouge
de mercure y il fe diffout entièrement dans les acides
fulfurique, nitrique & muriatique : on peut donc
le regarder, ou comme un mélange de mercure:
doux 8c d'oxide furoxigéné, ou com.me un nouveau
fe l, du muriate de mercure oxigéné avec excès
d’oxide. Dans ces deux hypothèfes on explique
également bien tous ces phénomènes ; mais la pre-
; mière, qui admet la théorie, n’eft point d accord
avec l’expérience, 8c on verra bientôt que cet
oxide ne devient noi^ que parce qu il ne fe combine
point avec affez d’acide muriatiqtfe pour former
du fublimé corrofif. La liqueur qui le fumage*
donne, par une première évaporation, de belles
aiguilles crîftallines, qu’on reconnott aifement
pour être d-u fublimé corrofif : une fécondé &T
même une troifième évaporation donne encore des
criftaux dont les formes font aflez irrégulières y.
mais, à cette époque, l’eau mère refufe ordinairement
de criftallifer} elle fe prend en rnafle
firupeufe qui attire fortement l’humidité de 1 air,
& dégage beaucoup d’acide muriatique oxigéné
par l ’acide fulfurique} elle n'eft donc prefque formée
que de muriate furoxigéné de mercure, qui ,
outre les caractères que je viens de citer, en préfente
plufieurs autres non moins remarquables.
La faveur de ce nouveau fel eft plus iorte , plus
âcre, & fon aétion fur l’ économie animale fans
doute plus grande que celles du fubhmé corrdfif t
fa diffolution , élevée à la température de4o à jf>
degrés , répand une odeur fi nauféabonde, qu on
ne peut la fupporter. Chauffée plus fortement,
elle fe defleche, & bientôt éprouve une décom-
pofition, d’ou réfuîte du mercure doux & du gas
oxigène. Il parott donc que le muriate furoxigéné
de mercure ne contient point affez d’acide muriatique
pour faturer tout fçn oxide r cet oxidô
fe réduit en partie , & de là la formation du
muriate de mercure peu oxidé. Cette explication
eft d’autant plus naturelle 8c plus certaine, qu’or*
produit les mêmes phénomènes en expofant de
fuite à une forte chaleur un mélange intime de
fublimé corrofif 8r d’oxide rouge de mercure. A
la vérité , en ménageant le feu, on parvient à
féparer Le fublimé qui fe vcl.itilife d’abord , de
l’oxide rouge qui refte au fond de la cornue ;
mads je ne doute pas qu’en diftillant doucement
le muriate furoxigéné de mercure, on n’ obtrenne
des réfultats femblables.
Le muriate furoxigéné de mercure ayant une
fi foible atttaCtion pour l’oxigène, qu’il fe décom-
pofe même fpontanément, furtout quand on L’ex-
pofe à la lumière, nous devions p-refumer qu’il