îprendre fucce Hivernent pour l’objet de leurs recherches.
Il n’en eft pas un , depuis un fîècle, qui
un des métaux les plus brillans & les plus éclatans
que l’on connoifïe 5 ■ il fait un très-beau miroir
quand fa furface eft bien nette. Sa couleur eft
aufiî belle que celle de l’argent, auquel- il a été
compare dans tous les tems. Après le platine St
l’o r , il paffe pour le corps le plus lourd que l’on
connoiffe. Sa pefanteur fpécifique eft de 15.568,
\ eau étant 1.000. M. Guyton met cependant avant
lui le tungftène, auquel il attribue une pefanteur
égalé à i7.600. Mufchenbroëck a donné pour celle
du mercure, depuis 13.500 jufqu'à 14.110, fuivant
fes divers degrés de pureté. Auflî les auteurs
avoient-ils grand foin de remarquer autrefois que
tous les corps les plus lourds nageoient à fa fur-
face , 8c que l’or feul s’y enfonçoit il faut y
ajouter aujourd’hui le platine 8c le tungftène.
10. La divifîbilité de ce métal liquide en une
immenfe quantité de gouttelettes par la preflion,
a frappé fes phyfîciens qui s’en font occupés en
particulier. Boyle, après l’avoir extrêmement di-
vifé par la diftillation en le recevant dans un vaftô
chapiteau de verre dont il tapifïoit la furface interne
n’ait travaillé fur les combinaifons du mercure , 8c
il faudroit les citer tous, les uns après les autres,
pour offrir ici le tableau des auteurs qui ont traité
de ce métal. Parmi ces hommes habiles, il faut
cependant diftinguer Boerhaave, qui a joint à la
fagacité du phyficien exercé l’infatigable patience
du chimifte, & à qui l’on doit une fuite de belles
expériences & de grands réfultats fur le mercure.
Depuis le profeffeur de Leyde jufqu’à Bergman,
qui a écrit une differtation intéreüante fur le fu-
blimé corrofif, la plupart des chimiites ont ajouté
chacun quelques faits à la fomme de ceux que
Boerhaave avoit recueillis ou découverts.
8. L’application de la théorie pneumatique a
lié tous les faits connus fur les propriétés chimiques
du mercure,* elle en a fait trouver une fuite
affez nombreufe de nouveaux ; elle a fait concevoir
un grand nombre de faits qui n’avoient pu
encore être expliqués avant elle } elle en a tiré de
l’oubli plufieurs qui étoient négligés ou comme
abandonnés 3 elle a diffipé tout ce qui reftoit obf-
cur ou indéterminé, ou incertain dans l’énoncé de
fes propriétés j elle a conduit les chimiftes français
à plufieurs découvertes capitales, telles que
la différence de la plupart des fels métalliques ou
mercuriels entr’eux , l’état comparé des différens
oxides de mercure, l’aCtion de chaque oxide fur ce
métal ou fes oxides, la formation de plufieurs fels
triples, la caufe de l’énergie 6c de la caufticité
même des oxides ou des fels mercuriels, la réduction
fpontanée de ces oxides, leur décompofition
par quelques métaux, la nature & les caractères
de plufieurs précipités , l’état divers de certaines
de fes difïolutions, l’extinction du mercure dans
une foule de fubftances , qu’on avoit toujours regardée
comme une fimple divifion, & qui eft une
Véritable oxidation, &c. 8cc. Par l ’enfemble de
ces découvertes, ainfi que par la réunion, le rapprochement,
& en quelque forte le renouvellement
de tous les anciens réfultats des expériences
tentées avant la naiffance de la doctrine pneumatique
, l’hiftoire du mercure n’eft pas feulement devenue
beaucoup plus exaCte 8c beaucoup plus
claire qu’elle ne l’étoit auparavant} elle a de plus
acquis une méthode, une marche régulière & fyf-
tématique qui la rend comme le précis de toutes
les bafès de cette doCtrine, ainfi que je l’ai déjà
Fait obferver pour plufieurs corps aufli importans
que celui-ci. Cette dernière confidération me fait
üh devoir de décrire avec beaucoup de foin, &
avec toute l ’étendue, tous les détails convena- jj
blés, les propriétés du mercure, qui d’ailleurs eft :
une des matières métalliques les plus utiles à la |
médecine, aux arts 8c à toutes tes branches de
connoiffances dont le perfectionnement accélère
celui de la raifon humaine.
9. Le mercure, métal toujours fluide quand il eft
pur à la furface & dans l’intérieur du globe , eft.
d’une innombrable quantité de gouttelettes,
les a reconnues pour autant de petites fphères
ou de miroirs, qui, réunis fur le verre, lui donnaient
une couleur blanche très-éclatante. La manière
dont il paffe par la preflion à travers les pores
des peaux apprêtées, 8c fon écoulement en pluie
d’argent , prouvent encore fon extrême divifibi-
lité, comme le font également les maux que fa
vapeur produit chez les hommes qui y font quelque
tems expofés. Liebknecht rapporte qu'ayant
frappé un globule de mercure de fix ligues de diamètre,
il l’a divifé en gouttelettes fi fines, que le
microfcope lui en a fait appercevoir 100,000,000.
Aufli les phyfîciens le donnent-ils comme un exemple
de la divifîbilité de la matière.
11. Il n’eft pas furprenant qu’un métal toujours
fluide, d’une grande pefanteur, d'un brillant
parfait, d’une fingulière volatilité en même
tems,'fi utile dans une foule d’arts, fi remarquable
& fi différent de tous les autres métaux dans
fes combinaifons & fes propriétés chimiques, ait
été regardé comme un corps indépendant en quelque
forte, comme une*matière hors de rang, &
même comme une efpèce de principe qui pouvoit
communiquer à d’autres corps une partiè de fes
propriétés caractériftiques. C’étoit l’eau qui nè
mouille point , aqua non madefaciens martus , de
quelques auteurs } l’argent mobile, argentum mobile
> de quelques Anciens, mots qui ont été
vraiment traduits dans cette expreflion française
dé vif-argent. C’étoit un agent puiffant de la nature,
comme il paroiffoit être un agent fi important
de l’art.
12. Cependant on a trop compté dans les idées
fingulières & dans les prétentions exagérées des
alcnimittes fur la fluidité du mercure, comme fur
une propriété indélébile. Boerhaave difoit encore ,
dans fes Elément de chimie, que le mercure ne pouvoit
être folîdifié par aucun froid, quoiqu'il.?.admît
une copdenfation à tàs de fon volume primitif,
ce qui ne peut pas avoir lieu dans fa véritable congélation.
Cette affenion de Boerhaave & des autres
phyfîciens qui font fuivi, a été reconnue faufle
en iyro: cette année, les académiciens de Feterf-
bourg , profitant d'un froid naturel exceffif pour
quelques expériences fur fes effets , l’augmentèrent
encore par le. mélange de neige & d acide
nitreux fumant. Le thermomètre à mercure dont ils
fe fervoient, defçendit à 2.13 degrés de la graduation
de Delisle,,répondant a 46 — P de 1 échelle
de Réaumur. Comme le mercure ne defçendit p.us
& parut ftationnaire, ces favans caffèrent la boule
de verre de leur infiniment, & y trouvèrent le
mercure gelé, formant un corps folide qui fë.laïf-
foit étendre,par le marteau. Ils découvrirent donc
que le mercure pouvoit devenir folide, 8c qu il
jouiffoit dans cet état d’un certain degré de ductilité}
ils remarquèrent qu’à chaque coup de mar-
teau, la preflion, refoulant le calorique dans 1 intérieur
du. métal, le fondoit, 8c qu'il couloit en
globules.
13. Cette première expérience n’a été en
quelque forte, qu’un éveil dortne aux phyfîciens
fur une propriété inconnue , 8c même refufée
j.ufque-là au mercure ,• elle a ete enfui te repetee
un.grand nombre de fois, & eft devenue dans
les derniers tems une expérience aufli facile &
aufli fimple que la plupart de celles que l’on Fait
en chimie. Pal las a fait congeler le mercure en
1772, à Krasnejark, par.un froid naturel de^55
degrés & demi,de la graduation de Fahrenheit:
il a, obfervé qu’il reffembloit alors à de l’étain
mou, qu’on pouvoit l'aplatir, qu'il fe rompoit.
facilement, & que fes morceaux rapprochés fe
colloient ou fe foudoient, comme cela a lieu dans
tous les autres métaux rampllis > mais il eft clair
qu’il n’a point obtenu une véritable folidifica-
tion.ou concrétion complète , puifque le mercure
étoit encore mou & à demi congelé feulement.
En 1775 , M. Hudchius a obfervé la même congélation
à Albapifprt, 8c M. Blcker à Rotterdam
, en '1776 , au degré j 6 au defîous de ©.
En 1783, on eft parvenu, en Angleterre, à opérer
la congélation du mercure à un froid moindre 3
& M. Cayendish a prouvé que 31.5 — : © du thermomètre
de Réaumur étoit Le .véritable degré ou
elle.avoit lieu. ,, ,
14. Dans l’enceinte de l’École polytechnique , . 8c prefqu’aux premiers jours de fon jnftallation,
le 18 nivofe l’an 3e. de la république (5 jan-
" vier ,1795) 3 on a fait l’expérience de la congér
lation du mercure dans des mélanges.refroidiffans
dé glacé & de muriate de.foudo, de.glace &
d’açide nitrique. L’atmofphère étant à 9 — 0,
un thermomètre alcoolique :eft defcendu, par le
refroidiffement de ces mélanges fe fervaht réciproquement
de bains, à 31 — o. Le mercur'e bien
pur,, qui étoit plongé dans ce froid de 31 — c .
8c qui étoit renfermé dans des boules de verre
mince , a paffé à l’état folide. Au moment ou fa
congélation a eu lieu, celui qui tenoit le tube
de verre dans fa main a fenti une petite fecouffe
produite par une retraite fubite du métal folidifié,
efpèce de phénomène qu’on éprouve aulfi très-
fenfiblement lorfque le phofphore fe fige. On a
obfervé, dans le mercure, une criftallifation mani-
fefte en très - petits ' oétaèdres. Pelletier ayant
mis ce mercure concret dans le creux de fa main ,
a éprouvé une douleur qu’ il a comparée à- une
brûlure. Lé lieu de la peau, occupé pendant un
certain tems par ce corps, offroit une tache blanche
qui eft devenue rouge, & eft reliée bien
vifible plusieurs 'jours après Inexpérience. Ce mer*
cure, battu fur un tas d’acier & avec un marteau
refroidi à — 17, s’eft fortement aplati, a préfenté
une ductilité affez prononcée. .
15. Les phyficier.s de l’Ecole polytechnique
ont voulu favoir encore quel^ étoit le rapport
de capacité du mercure folide à celle du mercure
liquide, & combien il abforboit de calorique
pour fe liquéfier» ce qu’ils ont fait, autant que
cela leur a été poflible , en mêlant dans un charbon
creux du mercure folide à 3 1— o avec du
mercure liquide à 8 _■ +- o. Le réfultat de température
qu’ils ont obtenu les a portée à conclure,
lîqon avec exactitude, au moins d’une manièrç
rapprochée, que le mercure, folide.abforboit, pour
fe fondre, une quantité’ de calorique, qui, fi.elle
étoit portée fur la même proportion de mercure
fondant,, éleveroit fa température de près de 69
degrés, c’eft à-dire , l’échaufferoit jufqu’à près
de 38 -H o de Réaumur j qu’il étoit conféquem-
ment beaucoup moins dilatable par une même
dofe de calorique dans- fon état fol?de que dans
fon état liquide.
16- Ce réfultat, qui n’eft encore rigoureux
que dans fa généralité , eft d’accord avec une
propriété fingulière qu’on a obfer-vée un grand
nombre de fois dans le mercure : c ’eft que ce
métal, au moment où il fe gèle, fe contrade
fubitement d’une quantité confidérable 5 ce qui
eft la caufe de l’efpèce de fecouffe ou de com-
! motion qu’on éprouve en tenant les vafes où fe
fait cette congélation. Ce . phénomène a même
trompé plufieurs obfervateurs , q u i, obfervanjt
la.folidification du mercure y ont jugé de l’abaif-
fement de température à laquelle elle avoir lieu-,
en prenant pour mefure de, cet abaiffement le
point où ce métal étoit defcendu dans le thermomètre
au moment même de fa congélation ;
point qui donne de plus que lé produit de la
| congélation l’effet de fon refferrement fubic ou-
1 de fa contraClion inftantanée.
j 1.7. On a conclu de l'aplatiffement que le mer-
! cure.folidifié à 3.1 -—.o éprouve parla percuflion
I du marteau , que ce métal jouiffoit d’un certain
■ degré de ductilité, 8c c’eft pour cela que je l’ai
; placé avec le zinc dans la troifième. divifion des