
portion de carbone 6c d'hydrogène qui peuvent
.former immédiatement de l'acide carbonique > &
de l'eau qui fe met en diffolittion dans cet acide ;
mais fi la température-eft très-élevée, d’un côté
le charbon tend à donner plus d'hydrogène, d'un
autre côté le métal ne cède que trop peu d’oxigène
pour compléter les deux combinaifons qui
pourvoient fe former : alors fe produit cette com-
binaifon ternaire que j’ai appelée hydrogène oxi-
carburé : de là vient que , félon l'opinion de
Cruicshank, plus les métaux exigent de chaleur
dans les réductions, plus il fe produit de ce gaz ;
mais ceux qui font très-réduClibles donnent plus
facilement les premières portions de leur oxigène
que les dernières ; de forte que, comme l’ont ob-
fervé Prieftley & Voodhoufe, on retire au commencement
de la réduction de ces métaux par le
charbon, beaucoup d'acide carbonique, & peu de
gaz oxi-carburé : la proportion de celui-ci va en
augmentant, & fur la fin c'eft prefque lui feul
qu'on obtient.
» Les oxides ont plus ou moins la propriété de
Te combiner avec les alcalis î elle paroît en général
s’accroître à mefure que l'oxidation eft plus
avancées de forte que l'aClion des alcalis peut
empêcher le dégagement de l’oxigène, qui feroic
produit par la chaleur, 6c quelle favorife mani-
reftement les progrès de l’oxidation avec quel-
cpies métaux , particuliérement avec l'étain.
** Si quelques oxides , tels que Xoxide de fer ,
paroilfoient fe refufer à cette combinaifon, on
eft fondé à conjecturer que cette différence ne
dépend que de la force de cohéfion qui appartient
à Y oxide ,• car lorfquè le fer eft très-oxidé, il entre
plus facilement en vitrification avec les terres alcalines
, que lorfqu’il l’eft peu.
*» Ceux des oxides qui , par leurs difpofitions
naturelles, peuvent recevoir, une grande proportion
d'oxigène, paffent enfin à l’état décidément
acide, & forment des acides particuliers.
*> C ’eft l’arfenic qui poffède cette propriété au
plus haut degré : cent parties de métal fe combinent
d'abord , félon l'évaluation de Prouft ( î) ,
avec trente-trois parties d’oxigène. Dans cet état,
il a des propriétés analogues à celles des métaux
très-oxitiés : il fe diffout allez facilement dans les
alcalis, 6c très peu dans les acides 5 il a acquis une
.fixité plus grande que celle qui lui eft naturelle ;
mais il fe trouve fur les limites de la proportion
d'osigèpe qu’il peut recevoir par le Jecours de la
chaleur; cependantil en prend une plus grande proportion
lorfqu’on le traite avec des fubftances qui
contiennent l’oxigène condenfé, & qui le retiennent
foiblement, telles que l'acide nitrique ou les nitrates:
en devenant acide par cette nouvelle proportion
d'oxigène, il acquiert beaucoup plus de
fixité ; de forte que les proportions dont il eft.
compofé produifent une plus grande condenfation
mutuelle que dans Y oxide. Si l'on détruit l'effet
de cette condenfation par la chaleur, la portion
d’oxigène qui la rendoit fixe , fe dégage en
gaz i il reparte à 1 ■ état A'oxide, & la volatilité qu'il
acquiert, le fait échapper à l’aCtion de la chaleur
qui tend à dégager le refte de fon oxigène.
M Cet acide fixe parte facilement à l'état folide,
& fans doute on pourroit le faire criftallifer : il
tient de cette difpofitiôh à la folidité , la propriété
de former des fels acidulés avec les bafes
alcalines qui en ont moins, comme on le voit dans
le fel dont la découverte eft due à Macquer, 6s
de produire des fels infolubles avec les bafes alcalines
terreufes.
» Uoxide d'arfenic acquiert, en partant S l'état
d’acide, vingt parties pondérales d'oxigène qui
s’ajoutent aux trente-trois qu’il avoir déjà i de
forte que cent parties du métal produifent cent
cinquante-trois d’acide : c’eft à peu près la quantité
d'oxigène que prend le fer lorfqu’il parte à
l’état de la plus grande oxidation ; mais une même
quantité d’oxigène produit avec ces deux métaux
un effet différent, qui dépend de l’affinité que
l’un 6c l'autre ont pour l’oxigène. Le fer très-
oxidé n’a point fenfiblement de propriétés acides
, 6c l ’acide arfenique en a de très-énergiques :
le fer, par l’aCtion plus forte qu’il exerce, fature
les propriétés de l'oxigène avec lequel il peut fe
combiner, & les rend latentes pour la plus grande
partie. L'arfenic produit le même effet fur les
trente-trois parties avec lefquelles ii fe combine
d’abord} mais il conferve beaucoup de fes propriétés
naturelles dans les vingt parties qui font
ajoutées.
» L'oxide d'arfenic peut être comparé au foufre
& au phofphore oxigéné, & encore mieux au gaz
nitreux qui, n’ayant aucune propriété acide, acquiert
l'acidité par l'oxi gène qui fe combine avec lui.
» M. Fourcroy a défigné Y oxide d'arfenic par la
dénomination à!acide arfenieux , en le comparant
à Yacide fulfureux & à Yacide phofphoreux, dans
leur rapport avec l'acide fulfurique & le phofpho-
rique} mais l'oxide d’arfenic n'exerce pas fur les
alcalis une aétion plus forte que les autres oxides ,
& même plufieurs ont en cela une fupériorité fur
lui. Les acides, il eft vrai, fe combinent foiblement
avec lui ; mais il eft à cet égard dans le cas
des métaux très-oxides, 6e l'acide muriatique agit
également lur lui plus que les autres : il me paroît
donc qu'il conferve beaucoup plus d’analogie avec
les autres oxides, qu'avec les acides fulfureux &
phofphoreux, 6c qu'on indique beaucoup mieux
fes propriétés en le claffant parmi les oxides que
parmi les acides , fans parler de l'inconvénient de
faire des innovations inutiles dans une nomenclature
dont M. Fourcroy a été un fi utile coopérateur.
Cependant on peut conferver fon analogie
avec l'acide fulfureux lorfqu’il fe combi ne avec
les alcalis, parce qu’alors il remplit les fondions
j i ) Journal de Phyfique, tome L I . d'un acide.
» L’acide tungftique a une acidité peu marquée, ■ 6c il paroît différer peu des oxides proprement dits,
qui peuvent abandonner une partie de leuroxigène.
» L’acide molybdique a une acidité plus prononcée
, mais il ne retient que foiblement la partie
d'oxigène à laquelle il doit les propriétés
acides; de forte qu’il reprend facilement l'état
d'oxide par l’aéfcion des fubftances inflammables, 6c alors il parte du blanc à la couleur bleue.
33 L'acide chromique , dont la découverte importante
ert due à Vauquelin, paroît avoir également
des propriétés décidément acides, autant
que les expériences que l’on a pu faire fur les petites
quantités qu’on en a obtenues, permettent
de le conclure.
» L’acide chromique eft remarquable par la couleur
rouge qu'il a dans cet état, 6c qu’il communique
au plomb rouge de Sibérie & au rubis fpi-
nelie. Dans l’état d1oxide il a d’autres couleursqui
paroirtent varier félon l'état d'oxidation; c’eft ainfi
qu’il donne une couleur verte à l’émeraude.
53 II me paroît réfulter des obfervations précédentes
, i°. que les métaux, ainfi que les autres
fubftances qui forçnent des combinaifons , prennent
une proportion d’oxigène qui n'eft pas léule-
ment en rapport avec leur affinité , mais avec toutes
les conditions qui font favorables au contraire
à fon aClion fur l’oxigène;
33 20. Que celle de ces conditions qui a le plus
d’influence fur les différens degrés d'oxidation
d’un même métal, c’eft la température ; mais
il y, a certain terme de température, qui eft le
plus convenable par l’effet qu’il produit fur la
force de cohéfion du métal, fans trop accroître l’é-
iafticité de l'oxigène } en forte qu'un degré inferieur
lâiffe trop dominer la réfiftance de la cohéfion
, & qu'un degré plus élevé donne trop d’énergie
à l'élafticité, & dégage une partie de l'oxi-
gène qui avoir pu fe combiner a une température
inférieure;.
»3 30. Que la volatilité d’un métal qui s’oxide lui
donne un degré fixe d’oxidation ;
33 4°. Que dans fes effets favorables à l’oxida-
tion, la chaleur n’agit que comme force oppofée
à la cohéfion , puifque lorfque l’on enlève cet
obftacle par d’autres moyens, l'oxidation a lieu
fans élévation de température ;
50. Que lorfque la chaleur ceffe de produire
l'oxidation à caufe de fon intenfité , on peut obtenir
d'autres degrés d'oxidation par le moyen de
l’oxigène condenfé & des circonftances qui favo-
rifent fa combinaifon ;
»3 6°. Que les oxides montrent dans leur aCtion
réciproque avec les autres corps tous les effets de
l’affinité réfultantè ;
»» 70. Que dans ces effets on retrouve les propriétés
de l’oxigène , d'autant plus que l'oxidation eft
dus avancée , & qu'enfin lorfque les qualités de
. ’oxide lui permettent de fe combiner avec une proportion
d'oxigène, fupérieure à celle qui lui donne
les propriétés communes aux oxides, il acquiert
celles qui caraétérifent les acides. 33 -
(Extrait de U Statique chimique de M. Ber-
thollet, tom. ll,p a g . $6l.)
O xides n on m é ta l l iq ue s . Outre les oxides
métalliques. & Y oxide d'hydrogène qui conftitue
l'eau, l'azote, le phofphore & le foufre offrent à
l’obfervateur, lorfqu'on commence à les brûler
ou lorfqu'on les combine avec une petite proportion
d'oxigène, des efpèces d'oxides qui précèdent
leur convetfion en acides. C'eft.ainfi que,
fuivant la remarque de M. Humboldt, le phofphore
n'enlève point tout l’oxigène à l’a ir , 6c
retient dans le gaz azote, qui s'en fature, line
petite portion de gaz oxigène avec laquelle il
conftitue un oxide gazeux d’azote & de phofphore,
ou un azoture de phofphore oxidé. Quant
aux différens oxides fous forme diverfifiée , quelques
uns ont déjà été indiqués dans les articles qui
les concernent. Voxide d’azote fera plus particuliérement
examiné à fon article particulier; on
reconnoîrra que le gaz nitreux, fi fouvent fourni
par la partielle décompofition de cet acide, eft up
véritable oxide d’ azote. Par rapport aux oxides dè
phofphore 6c de foufre, je ferai remarquer, à l’article
Phosphore , que, biûié lentement par l’air
de l'eau, ce corps combuftible forme une pouf-
fière blanche, fragile, détachée du phofphore folide
& tranfparent placé au deflous d’elle ; c ’eft
Yoxide blanc de phofphore. Lorfqu’on le brûle
fortement ou par fa combullion rapide, une portion
refte en poudre ou écailles rouges ; c’eft l'oxide de
phofphore rouge, très-voifin de l’état d'acide.
Il en eft de même du foufre. Quand on l’a chauffé
ou fondu quelque tems avec le comaCt de l'air, il
devient rouge ou brun, & il eft alors dans l’état
A*oxide de foufre. II n’eft pas douteux que le phofphore
6c le foufre, dans ces états à’oxides, n'aient
des propriétés différentes de ces corps combufti-
bles purs, & qu'ils ne méritent beaucoup d'attention
de la part des chimiftes.
Il eft très-remarquable que l’hydrogène ne puifle
jamais être uni à l'état d’oxidation moindre que
celle qui fait l’eau ; & comme l’eau elle-même
n'eft pas encore connue comme pouvant abforber
une nouvelle proportion d'oxigène, il faut en
conclure, dans l’état aCtuel de nos connoiffances
(avril 1807), que ces deux corps, l’hydrogène
& l’oxigène, ne peuvent s’unir que dans une proportion
donnée.
On a cru qu’il en étoit de même du carbone ,
dont on n’admettoit pas ou dont on ne connoif-
foit pas A*oxide il y a quelques années. Mais fur
plus de trente corps combuftibles, foit acidifia-
bles, foit Amplement oxidables, il n’y a que ces
deux feuls, l’hydrogène & le carbone , qu'on ait
cru être dans ce cas. Encore eft-il permis de croire,
avec quelques chimiftes modernes, que le carbone
, dans l'état de charbon commun 6s n«ir#