
noient. Il eft préfumable qu’ils différoient peu
des .méthodes affez fimples pratiquées aujourd’hui.
Tel étoit l’ état de la métallurgie chez les Anciens.
Toutes les mines exploitées, tous les ateliers
ou fe traitoienjt les métaux, fe trouvoient
alors à l'occident de l ’Afie & au midi de l’Europe.
Si nous.fuivons Fhiftoire de cet art dans le
fnoyen-âge, nous verrons découvrir les tréfors
minéraux de la Germanie & des régions du nord,
aujourd’hui, en ce genre, les plus riches de
l'Europe: déferts glacés, âpres climats, où Tacite
( i) doutoit même que l’or & l ’argent piaffent
s élaborer & fe mûrir. Nous trouverons le travail
de ces métaux précieux, & même des pyrites
cuivreufes, naturaiifé dans la Scandinavie, depuis
les premiers fiècles de 1ère vulgaire. Nous
verrons s’élever les ateliers de Schaunitz, dans
Je tems de la république des Huns, au huitième
fiècle ( i) j les mines du Hartz, découvertes dans
Je dixième (en 070), & l ’empereur Othon Ièr.
faire venir des fondeurs de la Franconie (3) pour
ynaturalifer les procédés fui vis encore aujourd’hui
à Rammelsberg j bientôt après de nouvelles
mines de cuivre furent-exploitées en Suède ( Gar-
penberg, &c. dans le douzième fiècle), en Norvège
( dans le quatorzième ) 5 des mines de fer,
dans les Pays-Bas ( avant le quatorzième liè>
cle ) (4); de cuivre & d’argent, à Freyberg en
Saxe ( dans le quinzième fiècle) ; de mercure, à
Ydria (en 1497) } de calamine, à Limbourg j de
cuivre, dans la Heffe (en 1599 ) } d’étain , dans
la Saxe, &c. , & de divers métaux, dans le
nord de FAngteterre & TÉcoffe (5). Alors les
foùverains, riches de tant de découvertes, accordèrent
plufieurs privilèges à Fart des mines,
& concoururent de tout leur pouvoir à fon perfectionnement.
La bulle d’o r, par laquelle l ’em-
ereur Charles IV céda, dans le quatorzième
ècle (6) le droit régalien aux princes de l’Empire,
dut imprimer une nouvelle activité aa mouvement
général qui portoiç les fpécuiations du
côté de la métallurgie. Les fonderies de la Bohême
, du Tirol, de la Franconie, fournirent
des ouvriers & des procédés à celles du nord de
l’Allemagne5 ces premières méthodes furent modifiées
par les lieux, la différence des minerais,
& diverfes raifons d’économie & de commerce
(7).
f i;) Tac. de Mor. German, chap. 5.
fa) Jars., Voyages met.
(3) « paroi croie par-la que les mines du margraviat de
Bayfeüfh ( à Wûïifiedël & Nayra) oïit Une origine bien
antérieure, j ce qui s'açcorderpic allez ereflive de la civilifarion, du fud au n.oavrdec. la marche pro-
Ap£.f )J a'Rrse.fcript de Guillaume , -comte‘de Tfamar, -de (5) Jars, &c. ^ j Jars., tooi. XI, pag. o6©;
■ (y) Idem.
La découverte du Nouveau-Monde , Ta conquête
du Pérou , les immenfes tréfors du Po-
tofe, produifirent, en Europe, une révolution
dans la métallurgie. Beaucoup de minerais d’or de
l’Efpagne , exploités & fondus jadis parles Carthaginois
, enfuice par les Romains, enfin par les
Modernes, furent abandonnés } la valeur de For
baiffa ; & cette caufe, étendant fes effets fur toute 1 Europe , fit Amplifier & améliorer plufieurs procédés
déjà connus, & en fit introduire de nou- '
veaux ( l’amalgamation ). Enfin dans le fiècle dernier
, un peuple aétif & induftrieux ( les Anglais)
fuppléa a la rareté de fon bois par l’emploi des
combuftibles foffiles , & de là naquirent de nou«
veaux fourneaux & de nouveaux procédés, qui
forment une dernière époque très-importante
dans 1 hiftoire de la métallurgie.
Ce fut dans le feizième & au commencement
du dix-feptième fiècle, que les premiers ouvrages
ex profejfo fur cette matière , parurent & répandirent
de naiffantes lumières fur un art jufqu alors
fi obfcur. Agricola , Libarius , Ercker, laiffèrent
entrevoir les myfteres de la liquation y & dans un
tems plus moderne , Schlaiter , qui fie le premier
Traité complet en cette partie } de Born, qui
tranfporta en Hongrie Futile & importante méthode
de Y amalgamation, fuivie depuis deux fiècles
au Pérou ( voye£ Or ) j Cramer, qui perfectionna
le procédé d’enlever Fargent au cuivre,
par les attractions du foufre & du plomb réunis
(voyeç Argent , Monnoie de billon, •&£.)}
Gellert, auteur du traitement ingénieux uficé
dans -la principale fonderie de là Saxe ( voye^
ARGENT ) } Réaumur.s Swedenberg , Riumann ,
Courtivron, tous hiftoriens du plus utile des métaux
( voyc[ Fe r ) ;} Jars enfin, qui apprit à la
France les fec,rets des fabriques étrangèrestous
ont raifemblé une foule de matériaux qu’il ne
refte.plus qu’à coordonner 8c mettre en oeuvre.
Tel eft aujourd’hui l’état de cet- a r t, où la
théorie n’a encore porté que de foibles & incertaines
lumières} art important pour la profpé-
rité commerciale des États, trop négligé en
France, cultivé avec avantage dans les régioixs
étrangères 8c feptentrionales , & dont nous avons
effayé d’efquiffer rapidement l’hiftoire.
( CALMBLET yéléve ingénieur des mines.') :
MÉTAUX, i. J’ai pour but, dans cet article,,
de faire connoître dans leurs caractères généraux
les fuMances méTàlliques, ou ces corps brillanslï
utiles dans la fociéfé, qui influent tant fur la prospérité
publique & particulière, foit par leurs.pro-
priétés réelles, foit par l’idée qu’on s’en eft formée
parmi Tes hommes} qui, en rendant de grands
fervices à l’humanité, lui ont attiré de grands
malheurs ; qui annoncent d'une part l ’induit rie des
peuples 8c tiennent à la perfectibilité de.la raifon
humaine, tandis que de l’autre, témoins,&.prefque
auteurs de fa dépravation, il« deviennent-fi.fouvent
la mefure de tous les maux qui affligent les |
nations. 11 n’y a pas de productions de la nature
qui excitent autant d’intérêt pour leur étude , 8c
qui aient donné lieu à autant de découvertes} il
n'y en a donc pas qui doivent être traitées avec
plus de détail & plus de foin.
2. Les ufages multipliés auxquels fervent les
métaux ne font point la feule raifon qui exige
qu’on décrive ces corps avec beaucoup d’exaCti>-
tudé, & qu’on les étudie dans le plus grand détail
: Fimmenfe influence qu’ont eue fur la marche
de la chimie les découvertes qui leur font relatives,
furtout dans les tems modernes, & le per*-
FeCTicnnement qu’elles ont apporté à la raifon humaine
, en font aujourd’hui une loi à ceux qui
cultivent la philofophie naturelle} leurs propriétés
font liées à la bouffble, à l’imprimerie , à la navigation
, à Faftronomie, 8c a toutes les fciences
qui honorent le plus le génie de l’homme. Aucun
art d’ailleurs ne peut fe paffer de métaux y ils font
Je premier mobile 8c les premiers inftrumens de la
plupart des ateliers. Il n’eft prefque pas une feule
circonftance de la vie où ils ne nous rendent de
continuels fervices, ou dans laquelle ils ne la menacent
fans ceffe : ce font des amis qui nous fervent
& qu’ il faut toujours avoir à fes côtés, ou
des ennemis dont nous fommes forcés de nous
Tervir, 8c qu’il nous importe conféquemment de
Lavoir apprivoifer , quelquefois même enchaîner.
La médecine, qui a cherché partout des armes
contre nos maux, & à laquelle il ferait peut-être
dangereux de ravir les douces illufions dont elle
entoure les malades qu’elle ne peut guérir, a puifé
•dans, les fubftances métalliques une foule de remèdes
qui ne peuvent jamais être indifférens, & dont
la chimie la plus fublime a fouvent de la peine ,
ou à déterminer la nature, ou à diriger l’aaivité',
ou à régler la puiffance, fuivant le voeu du médecin
éclairé.
Hifioire des découvertes faites fur les métaux.
m Quoiqu’il y ait lieu de croire que le hafard
de quelques circonftances naturelles , >de quelques
incendies fpontanés, a montré les métaux pour la
première fois à-la fociété, il eft aifé de concevoir
que les hommes ont dû faire des progrès rapides
dans le traitement de ces matières : auffi le berceau
de la chimie , prefque contemporain , fous
ce point de vue, des premiers tems de la civiüfa-
-tion, en remontant jufqu’aux âges héroïques ,
fabuleux, & même aux premiers hommes, fe
•trouve-t-il entouré de forgerons, de fondeurs. Le '
foc de la charrue eft fur la même ligne du tems,
que la groftière figure des dieux empreinte fur le
métaly mais malgré cette haute antiquité des arts
métalliques où les hiftoriens de la fcience ont
voulu fixer l’origine de la chimie , les anciens
peuples n’avoient que peu de connoiifances réelles
fui les propriétés, des métaux.
Le fe r , le cuivre , For & Fargent ont été ma-
nifeftement les premiers connus & employés. L é-
tain & le plomb ont dû fuivrs de près, s’ils n’ ont
point été trouvés en même tuns ou antérieurement.
L’art de les fondre, de les couler , de les
forger, de Us allier même , n’a pas tardé à être
inventé} mais les véritables propriétés chimiques
ont été long-tems cachées dans le le in de la nature
,. & les découvertes en ce genre fe font fuc-
cédées avec la plus grande lenteur. Les Grecs &
les Romains ne connoiflbient que fept métaux. Il
paroît que quelques-uns de ceux qu’on a nommés
depuis demi-métaux, ne leur ont été connus que
fous des noms particuliers & avec des idées étrangères
à celles de la métal licite proprement dite ;
& cela eft d’autant plus naturel, que la ductilité,
la propriété la plus utile aux hommes, & dont ils
ont fu le plus tôt tirer parti, devoir fe lier toujours
pour eux avec l’idée des métaux , puifqu’en-
core aujour J’hui, malgré les immenfes lumières
répandues fur les corps métalliq nés non duétiles ,
malgré même les nombreux ufages auxquels la
plupart font deftinés, le plus grand nombre des
hommes ne regarde comme métaux que ceux qui
peuvent fe forger, s’aplatir, fe tirer, &c.
4, Les folies & les chimères des akhimiftes &
des adeptes, maladie de Fefprit humain qu’il eft
fi difficile de trouver les moyens d’extirper complètement
de l ’état focial, & dont il refte encore
quelques germes , quoiqu’heureufement épars 8c
peu contagieux, ont été cependant la fource d’où
font forties toutes les connoiifances chimiques fur
les métaux. L ’infatigable patience de ces hommes,
les expériences innombrables qu’ils ont faites ,
l’ heureufe loi qu’ils s’étoient impofée de décrire
avec autant de foin celles qui ne leur avoient
point donné leur chimérique réfultat, qu’ils met-
toient d’attention à cacher celles qu’ils afluroient
leur avoir réufli, ont élevé peu à peu lé monument
que la fcience a commencé à poiféder dès le milieu
du dix-feptième fiècle, 8c qui s’eft bientôt
agrandi par les travaux des chimiftes, dont la méthode
, la fagefle & la raifon ont fu dtfpofer avec
art tous les matériaux informes, amaffés à fi grands
frais par tous les laborieux chercheurs delà pierre
phiiofophale St de la médecine univerfelle.
j\ Après les recherches folles , mais pleines d e
faits finguliers, des Geber, des Mori-en, des Arnaud
de Villeneuve, des Raymond-Lulle, des
Bernard Treyifan, des Agrippa , des Ifaac Hollandais,
des Bafile Valentin, des Philalètes, des
Morhof, des Sèndigove, des d’Efpagnet & de
tant d’autres fous trop célèbres , on vit d’un côté
les Libavius , les Dornoeus, les Hannemans, les
Gerhard, les Caffius, les Wedel, les Orfchall &
plufieurs autres hommes de eet ordre, s’occuper
à tirer des perles de ce fumier, féparer les faits
utiles des afîertions ridicules les expériences pré-
cifes des opérations myftiques, faire ainfi un triage
avantageux à Fan, & s’ils n’étoiem pus dépouilles
j