
où on les diftille. Voilà pourquoi il vaut mieux
les préparer par la diftillation dans des cornues
de verre , que par la limple calcination dans des
creufets.
Quoiqu'ils n’aient encore été que peu examinés
, les obfervations faites fur plufieurs nitrates
calcinés, 8c manifeftement paffés à l’état de nitrites
y me fuffiront peur en décrire l’hiftoire générique.
Ils font plus ou moins criftaili fables, d’une
faveur fraîche comme les nitrates, mais plus âcre
& manifeftement nitreufe quand on les tient quelque
tems dans la bouche. Traités par le feu , les
lins fe décompofent complètement en gaz oxigène
& en gaz azote ( le fécond eft plus abondant que
dans la décompofition des nitrates ) i les autres
laiifent aller leur acide nitreux , & donnent, dès
la première impreffion du calorique, une vapeur
rouge , qui les fait facilement diftinguer des nitrates
traités de la même manière.
Ils n’abforbent que très-difficilement l'oxigène
gazeux, un peu mieux que celui qui eft liquide,
encore ne fe convertiffent-ils en nitrates qu’avec
beaucoup de peine 8c de tems. Il paroît que dans
tous les cas de nitrification naturelle , il fe forme
des nitrites avant les nitrates, 8c que ceux-ci ne
font parfaits au’après un tems plus ou moins long
d’expofition à l’air. C'eft un fait qu’ il eft très-important
de vérifier fur l’état des fels qui compofent les
nitritres artificielles ou naturelles au commencement
de la formation du nitre dans ces fubftances.
Ôn voit que, fous ce point de vue, les nitrites
diffèrent beaucoup des fulfites qui abforbenc bien
plus rapidement l’oxigène.
En général les nitrites terreux & alcalins pa-
roilîent être déliquefeens.
Ils fervent moins à la combuftidrr que les nitrates
y à raifon de la moindre proportion d’oxi-
gène qu’ils contiennent, & de la plus grande
quantité d’azote qui s’en dégage par l’a&ion du
calorique ; auffi ne préfentent-ils qu'une foible détonation
avec les corps combuftibles.
, Les nitrites font très-diffolubles, donnent du
froid pendant leur diffolution , fe diffolvent plus
à chaud qu’à froid, & fe criftallifènt par le refroi-
diffement. Us agiffent fur les oxides métalliques de
la même manière que les nitrates, 8c ne présentent
point de différence fenfible fous ce rapport.
Prefque tous les acides , même le nitrique , excepté
le carbonique, décompofent les nitrites, 8c en
çhaffent l’acide nitreux.Ceux qui font concentrés,
8c furtout le fulfurique, en dégagent fur-le-champ
une vapeur rouge confidérable 8c très-épaiffe: l’acide
nitrique concentré produit le même effet} ce
qui prouve une différence bien réelle entre les
nitrites 8c les nitrates. L’acide muriatique, quand
on s’en fert pour féparer l’acide nitreux, ne paffe
point à 1 état oxigéné, 8c l’acide muriatique oxi-
géné ne les change point en nitrates comme il
change les fulfites en fulfates , parce que, quoique
décompofé par le gaz nitreux , on fait qu’il
ne I eft pas par cet oxide faturant l’acide nitrique :
cette a&iôn bien diftin&e des acides fur les nitrites,
comparée à celle qu’ ils exercent fur les nitrates
, fuffiroit feulé pour leur fervir de caractères
génériques.
Les bafes falifiables fe comportent diverfement
avec les nitrites , fuivant leurs efpèceé, 8c cela eft
relatif à la différence d’attradion qu’elles exercent
comparativement fur l'acide nitreux : il faut
cependant ajouter que la filice & l’alumine favo-
nfent encore plus la décompofition des nitrites,
8c le dégagement de leur acide, qu’elles ne le font
pour les nitrates , en raifon de la forte attradion
qu elles exercent fur leurs bafes moins adhérentes
8c un peu plus à nu.
On n’a point apprécié l’adion des nitrites fur
les fulfates, les fulfites 8c lés nitrates. 11 y a fans
doute beaucoup d’unions triples ou de décompo?
fîtions par attrapions doubles, entre tous ces fels,
elles n’ont point été appréciées. Les nitrites ne font
encore d’aucun ufage.
Quant au nombre 8c à la difpofitiondes efpèces
qui compofent le genre des nitrites terreux 8c alcalins,
le peu de notions exades qu'on a encore
fur leurs propriétés, ne permet pas de donner une
méthode auffi fure que pour la plupart des autres
genres. On le contentera donc en invoquant, avec
Bergman, l’analogie , de les placer dans le même
ordre que les nitrates y excepté pour le nitrite
d*yttria abfolument inconnu encore.
i°. Nitrite de baryte-,
2°. Nitrite de potàlïe j
3°. Nitrite de foude î
4°. Nitrite de ftrontiane 5
S°. Nitrite de chaux 5
6®. Nitrite d’ammoniaque ;
7°. Nitrite de magnéfiej
8°. Nitrite ammoniaco-magnéfien 5 9°• Nitrite de glucine ;
ic°. Nitrite d’alumine }
1 i° . Nitrite de zircone.
N i t r i t e d ’ a l u m i n e . Peut-être ce fel n’exjfte-
t-il que difficilement 8c dans des cas rares, puif-
l'opération néceffaire pour le former , c’eft-
à-dire, la chaleur, appliquée au nitrate d’alumine ,
en dégage l’acide nitrique fans décompofition. Il
fe pourroit que la diffolution du nitrate d’alumine,
dans laquelle l’acide eft fi peu adhérent 8c toujours
en excès, fût fufceptible d’abforber du gaz
nitreux , 8c de paffer à l’état de nitrite. Cela n’a
point été tenté.
N i t r i t e d ’ a m m o n i a q u e . Quoique je compte
le nitrite d3ammoniaque parmi les efpèces de ce
genre , comme on ne peut le préparer qu’en
chauffant le nitrate de cette bafe, il doit être ou
difficile à obtenir avant la décompofition de ce
fel, ou même non fufceptible d'être obtenu par
cette voie , fi à la température néceffaire à cette
fabrication , il eft entièrement décompofable.
C ’eft un fait à vérifier.
N i t r i t e a m m o n i a c o - m a g n é s i e n . Il en eft
de cette efpèce comme du nitrite d’ammoniaque ;
c’eft par fimple analogie que je l’admets, parce
que tous les fels magnéfiens 8c ammoniacaux ont
la propriété de s’unir en fels triples» Mais comme
on ne peut le préparer qu’en chauffant le nitrate
ammoniaco-magnéfien, il eft poflible que la portion
de nitrate d’ammoniaque qui y eft contenue,
fe décompofé au feu avant qu’il y ait formation
de nitrite à double bafe.
N i t r i t e d e b a r y t e . On n’a point encore
examiné ce fel : on fait feulement que lorfqu'on
décompofé dans une cornue de grès ou de porcelaine,
le nitrate de baryte, comme on le fait pour
obtenir cette terre bien pure 8c bien cauftique , fi
l’on arrête l ’opération après avoir extrait environ
le tiers du gaz oxigène que ce fel peut fournir, ce
qui refte alors donne des vapeurs très-rouges par
1 acide fulfurique concentré} il paroît alors être à
l’état de nitrite de baryte. Au refte , on n’a point
reconnu les caractères diftinCtifs de cette efpèce.
N i t r i t e d e c h a u x . Q u o iq u ’ o n n’ a i t pas e x a m
in é le nitrite de chaux , p lu fieu r s fa it s q u i ap p a r t
ie n n e n t à l ’ h i fto ir e d u n it ra te d e c e t t e b a fe , p e u v
e n t fe r v i r à e n fa ir e ç o n n o i t r e q u e lq u e s p ro p r ié t
é s .
Quand on a chauffé ce fel jufqu’à ce qu’il ait
donné quelques bulles de gaz oxigène, il refte de
véritable nitrite calcaire , qui verdit les couleurs
bleues, 8c qui donne une forte vapeur rouge par
le concaCt des acides ; il parefft même que c’eft
dans cet état qu’il forme le phofphore de Baudouin
ou de Balduinus, c’eft-à-dire, qu’après cette
Calcination 8c cette demi-décompontion , il eft
lumineux pendant quelque tems dans l’obfcuricé.
C ’eft une expérience à vérifier, comme toutes
celles qui regardent la formation 8c les caractères
des nitrites.
N i t r i t e d e g l u c in e . Il y a lieu de croire que
le nitrate de glucine , facilement décompofable
par le feu , doit paffer à l’état de nitrite de glucine
avant fa décompofition totale. Mais il n’y a encore
aucune obfervation faite fur ce point} ce qui eft
moins remarquable encore que pour la plupart des
autres fels, puifqu’on ne connoît les compofés fa-
lins de la glucine que depuis très-peu de tems.
N i t r i t e d e m a g n é s i e . On ne connoîtpas non
plus le nitrite de magnifie , quoiqu’il paroiffe très-
facile à faire, puifque le nitrate de cette bafe fe
décompofé très-vite, 8c donne, après avoir été
chauffé, des vapeurs rouges par l’addition des autres
acides..
On voit par les détails, ainfi que par les articles
précédens, que prefque tout ce qui regarde
lès diverfesefpèces de nitrites terreux 8c alcalins,
eft encore un fujét de recherches à faire.
N i t r i t e d e p o t a s s e . C ’eft cette efpèce qui
eft la mieux connue encore, ou plutôt la moins
inconnue. Lorfqu’on a fait bouillir quelque tems,
dans un creufet ou dans une cornue, du nitre ou
nitrate de potafle , le réfidu eft déliquefeent 8c
âcre } il verdit les couleurs bleues végétales, attire
l’humidité de l’air, ne détonne plus que foi-
blement avec les corps combuftibles, donne des
vapeurs rouges , épaiffes par le contait de l’acide
fulfurique concentré, ou même de l'acide nitrique
, de l’acide muriatique , de l’acide phofpho-
rique 8c de l’acide fluorique. C’eft pour cela que
fi l’on diftille du nitre fondu avec de l’acide fuiru-
rique, on obtient pour produit un acide plus ou
moins rouge. On voit encore que fi , dans la préparation
du criftal minéral des pharmacies, ojî
tient le nitre un peu trop long-tems fondu, on
doit convertir une partie de ce fel en nitrite. Au
refte, on ne connoît ni la forme particulière, ni
la diffolubilité, ni les attra&ions , ni la proportion
des principes de ce fel. On ne fait pas même
s’il n’eft pas variable dans fa compofition } je l ’ai
le premier rangé parmi les fels , ainfi que les autres
efpèces de nitrites, dans mon fyitème des
connoifiances chimiques.
Le nitrite de potajfe ne peut encore être d’au*
cun ufage, à moins qu'on ne regarde comme tel
fa propriété de donner de l’acide nitreux par la
diftillation avec l’acide fulfurique.
N i t r i t e d e s o u d e . Il e ft encore plus inconnu
que les nitrites de baryte 8c de potaffe, quoique
l'on fâche qu'il exifte , comme eux , après la dé-
compofition partielle du nitrate de foude par le
feu. On ne lui a point encore trouvé d’autres
propriétés que celles qui ont été indiquées dans
l’hiftoife du genre.
N i t r i t e d e s t r o n t i a n e . O n n ’a p o in t e x a m
in é c e fe l } ma is o n fa it q u ’ il e x if te lo r fq u ’ o n à
d é c om p o fé à m o it ié p a r le fe u le n i t ra t e d e f t ro n t
ia n e , 8c q u ’ à c e t t e é p o q u e , en le t r a i ta n t pa r le s
a c id e s , o n e n d é g a g e u n e v a p e u r r u t ila n t e t r è s *
é p a iffe 8c t r è s -a b o n d a n te .
N i t r i t e d ’ y t t r i a . On ignore abfolument
l'exiftence 8c les propriétés du nitrite d*yttria.
N i t r i t e d e z i r c o n e . Il eft encore difficile
de concevoir la préparation du nitrite de çircone
par le procédé de la décompofirion du nitrite à
l’aide du feu, puifque la feule ébullition conti-
tinuée. quelque tems fuffit pour précipiter la zircone
dé fa diffolution. Mais le peu d’attraéfion
de cette bafe pour l ’acide nitrique permet de
croire que le gaz nitreux qu’on y ajouteroit, pourroit
s’y unir, changer fon acide en 2cide nitreux,