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A la fin »Je réfidu fec eft blanc comme de la craië.
C'eft de l'acide molybdiqüe mêlé d'acide fulfurique;
l'acide nitrique a brûlé le foufre & acidifié
le molybdène en y portant fin oxigène & en fedé-
compolant. On lave le réfidu fec avec de l'eau
chaude, & on obtient ainfi l’acide molybdiqüe \
pur ôc concret. L’eau du lavage enlève un peu de
cet acide avec le fulfurique j Ôc quand on l'évapore
fortement elle prend une couleur bleue qui annonce
la décompofition de cet acide ôc ion paf-
fage à l’état métallique.
21. Dans le troiiieme procédé, on diftille du
fulfure de molybdène avec de l’acide arfenique. 11
n’y a aucune aélion entre ces deux corps tant
qu'il y a de l'eau dans l'acide; mais quand l'eau a
faflfe, & en augmentant le feu, il fe fubiime de
arfenic &. du fulfure d’arfenic ; il paffe de l’acide
fulfureux, & il rèfte dans la'cornue de l'acide mo-
lybdique concret. Cependant cet acide n’eft pas
pur ; il eft mêlé d'arfenic & de fulfure d’arfenic.
22. Le quatrième procédé eft le plus expéditif
de tous, ôc mériteroit la préférence fur tous les
autres s'il donnoit l'acide pur. Il eft le produit de
la détonation du nitre avec le fulfure de molyb- \
dene. On projette dans un creufet trois parties de
nitrate de potafle Ôc une partie de fuifure de molybdène
bien pulvérilés .& bien mêlés enfemblë
auparavant. Après la détonation on a une maiTe
rougeâtre, compofée d'oxide de fer, de fuitare
de potafle Ôc de molybdate de potafle. En la lef-
fivant dans l'eau, les deux Tels fe difioivent, Ôc
l'oxide de feu refte. On évapore la diffolution pour
obtenir le fuifate de potafle, Ôc on verfe , dans là
liqueur qui refuie de criltaliifer Ôc qu’on éiend
d'un peu d'eau, de l’acide fulfurique jufqu'à ce
qu'il ne produife plus de précipitation feuftble. Il
faut obferver cependant que cet acide ne décoin-
pofe pas complètement le molybdate de potafle,
Ôc que l'acide qui fe précipite eft du molybdate
acidulé de poçaife. dont les propriété^ diffèrent
efTe-ntiéikment de celles de l'acide molybdiqüe
pur. Je n'ai même décrit ce procédé que pour
faire connoître ici ce réfultat particulier, ôc i'exif-
tence de cet acidulé rrmlybdique. On doit en con- 1
dure que le véritable ôc le feul moyen d'avoir de
l'acide molybdiqüe pur confiite dans le fécond
procédé, ou le traitement du fulfure du molybdène
par l'acide nitrique.
23. L'acide molybdiqüe préparé par les opérations
indiquées , furtout par le fécond procédé ,
eft en poudre blanche, d'une faveur aigre & métallique;
fa pefanteur / fui van t Bergman, eft de
3,400. •
24. Chauffé dans une grande cornue de verre,
il donne, à un grand feu, un peu d'acide fulfureux;
ce qui prouve qu’on ne l'en prive qu'avec
la plus grande difficulté; mais il n'éprouve d’autre
altération qu un commencement de fufion.
Dans un creufet bien fermé, il fe fond à un grand >
feu, il s'attache aux parois du yafe comme un en- i
MOL
duit vitreux, & il fe criftallife en rayons qui partent
du centre par le refroidiffement. Si l’on découvre
le creufet au moment où l’acidè eft fondu,
il s'élève en fumée blanche par le conta&de l'air,
ôc cette vapeur s’attache en écailles brillantes,
d'ün jaune-doré fur les corps froids. Cette fumée
difparoît, Ôc la volatiiifation ceffe au moment où
l'on referme l’appareil: d’où il fuit que le contact
de l’air en eft la caufe immédiate ; aufli n’a-
t-on point de fublimé, fui varit' Sehéèie , dans le
creufet qui fert de couvercle. Il paroît, ou qu’il
n’a point été affez chauffé, ou que, dans l’expérience
de Pelletier, il pafîbit un peu d’air au feiri
de l’appareil ; auifi Ion fulfure de molybdène a-1 il
véritablement brûlé ôc s’eft-il acidifié. •
2 j. La plupart des corps combuftibles décom-
poiént l'acide molybdiqüe. Le carbone le réduit,
à l’aide du fèu, en une pouflière noire qui fe rapproche
de l'état métallique, & à qui il ne manque
que l’agrégation par la fufion pour être de véritable
molyodene. En le chauffant avec trois parties
de foufre, il fe dégage de l’acide fulfureux ,
ôc il fe forme du fulfure de molybdène. Piufieurs
métaux chauffés avec cet acide le réduifent de
même, s'oxident en partie Ôc fe combinent d'ailleurs
en alliages avec le molybdène.
16. L'eau chaude le diffout facilement ; une
partie de cet acide en exige environ 5.00 pour
fe difîbudre : cette diffolution eft très-acide &
âpre; elle rougit le rournefoi, précipite les ful-
fures alcalins Ôc décompofe le fa von. Après fa fufion
on le diffout de même ; ce qui eft différent
de l'acide tunftique. La diftolution d'acide molyb
clique devient bkue lorfqu'on y tient du fer ou
de l'étain plongés ; elle fait effervefcence avec les
carbonates alcalins y èlîe précipite ies diffolutions
de nitrate & de muriate de baryte. L'acide mo-
lybdique devient bien plus difloluble avec une
petite portion d’alcali, en formant du molybdate
acidulé.
27. L'acide fulfurique concentré diffout beaucoup
d'acide molybdiqüe à l'aide de la chaleur ;
il devient violet ôc bleu en refroidiffant. L'acide
muriatique en diffout autii une grande quantité
par l'ébullition : en diftdlant à ficcité, une partie
de l’acide fe fubiime en bleu ôc en blanc : le ré-
fidu eft gris & déliquefcent-comme le fubiime. On
voit le même phénomène jufque dans la fumée
du molybdène, formée au chalumeau, pinique la
flamme intérieure de celui-ci colore cette fumée
en bleu. L'acide nitrique ne touche pas à l'acidé
molybdiqüe.
2 8 . -L’acide molybdiqüe s'unit facilement avec
les bafes alcalines Ôc terreufes; il forme des Tels
peu folubles avec ces dernières , bien diffoîubles
& criftallifables avec les alcalis. Sehéèie n’a pref-
que rien dit des propriétés des molybdates alcalins
ôc terreux , qui font prelqu’entiérement inconnus
encore. Le molybdate calcaire n’eft p.-s jauni par
l'acide nitrique,; le molybdate de baryte eft un
peu
M O l M O R
MOLYBDIQÜE, nqm donné à l’acide formé
par la combuftibri complète du molybdène. ( Eoyc^
les articles ACIDES ô* MOLYBDÈNE.)
peu foluble dans l'ean ; le molybdate ammoniacal
eft décompofable par le feu. Il y a un molybdate
acidulé de potafle , & Sehéèie, fans le défigner
par un nom particulier, indique cependant fes caractères
différens de ceux de l'acide molybdiqüe
pur. Je le diftingùerai ici à caufe de fes différen-
' ces même, ôc parce qu'on l'obtient fouvent au
lie ci de cet acide pur.
2$L On obtient le molybdate acidulé de potafle,
foit en précipitant le produit de la détonation du
nitre ôc du fulfure de molybdène par l'acide fulfurique
, foit en uniffant directement l’acide molyb-
dique avec un peu de pbtaffe, comme pour le
rendre plus difloluble. Ce fel donne de petits cri fits
ux irréguliers par le refroidiffement de faffiflôlution
MORDANS. Pour traiter cet objet, qui a de
grands rapports avec les faits les^ plus importais
de la chimie , quoiqu’il ferftble n'appartenir qu à
l'art de la teinture , j'emprunterai du livre de
MM. Berthollet, intitulé Elémens de Cari de lu
teinture, fécondé édition, chapitre II du premier
volume, chapitré confacré à l ’hittoire de ces
réaCtifs : c'eft le Traité le plus complet & le plus
favant fur cette matière. On y trouvera des ap-
! plications utiles Ôc nombreufes des plus grands
1 phénomènes de la fcience à un art dont les pvin-
■ cipès & les procédés offrent, fous beaucoup de
fiat urée bouillante : l'acidé', qui1 y eft en Bt , .
■ "grand excès, n'eft plus dépendant volatil à, feu ou- rapports, les élémens de la chimie,
vert, comme lorfqu’il eft feul. Le molybdate ad- j « On donne le nom de.»2!or^/i-r^dffentjes
dule de potafle eft beaucoup plus difloluble que
l’acide molybdiqüe , puifqu'il n'exige que quatre
parties d'eau bouillante 3 il eft aufli plus fufible.
On le décompofe en jetant, dans fa diAblution
chaude Ôc. concentrée, un peu d’acide nitrique
qui retient fori alcali & précipite l’acide molybdi-
que en petits criftaûx.' Le même acidulé ne de-
cbmpofe pas le fulfat-e de potafle à l’aide du feu,
comme le fait cet acide pur.
30.’L'acide molybdiqüe, chauffé fortement avec
la plupart des fuifates, ôc fpécialement avec celui
de potafle , en dé g âge un peu d’acide fulfurique
parce qu’il forme daris ce cas du raolybdate aci--
dule; aufli l’acide fulfurique ne décorppofe-t-il le
‘ molybdate dé potafle que jüfqu'aû point de prq-
; du ire le mêmeacidulé, comme je l’ai déjà fait
remarquer : il décompofe également les nitrates,
& en dégage de l'acide nitreux par h chaleur. Les
muriates font aufli decompofés j & il fe fubiime
une portion de 1 acide molybdiqüe blanc, jaune
ou violet, qui attire l’humidité, fè'réïout en liqueur
à l’ait , & dévient blëü fur les métaux. Cés.
deux décompofitions des nitrates Si des muriates,.
l’acidé nitreux qui fe dégàge'des'p'refîiiers^ l’état:
déliquefeent d'une partie dé l'acide riVoJÿbdiqûey
femblênt annoncer qu’il peut fe fürcharger d’oxi-
gène ôc être modifié par cette furoxigénation ;
cependant il paroît furoxigéner l'acide muriatique
qu’on diftille fur lu i, puifqu'il devient bleu par
fon aélion. Des expériences ultérieures 'font né-
ceflaires fur ce point.
31. L’acide molÿbdique n’eft encore d’aucun
ufage ; il n'a encore; été .qu'un objet de recherteurs,
aux fubftances qui fervent d’intermède entre
les parties colorantes & les étoffes que Ion
teint, foit pour faciliter leur combinaifon, foie
pour la modifier en même tems.
' : »Lés mbrdan's méritent la plus grande attention,
car c’eft par eux qu’on varie principalement
les couleurs, qu’on leur donné plus d’ éclat,qu on
les fixe1 fur lès;étoffes' ôc qu’on lés rend plus durables.
’ 1 ‘
Üii mordant n’eft pas toujours un agent fim-
ple ; mais, daris le mélange dont il eft cqmpôfé,
1 fl fe forme-quelquefois des combinaifbiis diverfes ;
! de fôrte que les fubftàncés qu’on a employées ,
\ n’a giflent pas immédiatement, mais par les cofn-
biriaifons qui en font lé réfultat.
" » Quelquefbis on mêle le 'mordant aux parties
colôrantës ; dffutres fois on en imprègne l ’étoffe
avant de la foümettre au bain de teintùrëé Daris
d’autres circonftancés on réunit ces deux moyens :
on teint fucceflivement avec des liqueurs qui contiennent
différentes fubftances, dont les dernières
ne peuvent agir que fur les parties dont l ’étoffe fe
trouve imprégnée par l’opération précédente : une
diftolution qui doit céder fâ bafe à l’étoffe, a be-
foiri de la chaleiir ; une autre exige que l ’opération
foit faite à froid. Le mordant fe trouve fou-
vent être un oxide : alors fes propriétés peuvent,
non-feulement changer' félon fon état aétuel, mais
encore félon l’àâion des fubftances avec lefquellés
il fe trouve, & même félon lés circonftancés de
l’opération. C’eft par la détermination de toutes
ces conditions, que la chimie peut furtout diriger
l’art'de la teinturë, établir fes procédés d’une
che,s & de clirivofité pour les chimiftes. L’exemple maniéré confiante,'en élaguer ce qui eft inutile
deTàcide tunftique , dont M. Guyton a déjà re- ou nuifible, ôc tranfporter dans un genre de tein-
* ’ ' " ' ’ ' 1 ‘ 1 ture cé qui eft efficace dans un autre.
» Il y a des fubftances colorantes, fur tefquelles
les acides & lés alcalis ne paroiffent avoir qu'une
connu une propriété utile pour la teinture , doit
engager les chimiftes à s’occuper fous ce^point de )
vue de l’acide molybdiqüe;
MOLYBDES, ancienne dénomination'dès fiels J
foible aftion, mais qui peuvent fe diffoudre dans
l’eau & fe combiner immédiatement avec les étofformés
par l’acide molybdiqüeon les nomme | fesi : telles font piufieurs couleurs fauves , tirées
aujourd’hui molybdates. ( Eoyè[ ce mot.') J des bois & des racines, ôc le brou de noix. Ces
Ciii'MJE, Tome y . ............... Q