
peut charger ainfi à froid le mercure de toute la
quantité d’or à laquelle il eft fuiceptible de s’unir.
Vallerius a remarqué qu’une partie d’or avoit la
propriété d’épailfir dix parties de mercure. Quand
on augmente la proportion de l’or, l’amalgame
prend de la folidité. En faifant l’opération en.grand,
comme elle fe fait dans les ateliers des doreurs, on
favorife la combinaifon du mercure & de l’or par
l’a&ion d'un feu doux. Cette amalgame fs^u-rée
d’or eft d’un jaune plus ou moins intenfe ; elle eft
fufible à une chaleur légère, fe criftallife, par le
refroidifiement, en feuillets ou en prifmes qua-
drangulaires, ou en dendrites compolées de petits
oélaèdres : une grande chaleur la décompofe &
e.n dégage le mercure, mais on n’en extrait les
dernières portions qu’avec difficulté. Aucun métal
ne fépare l’or du mercure , & il paroît que l’or
peut au contraire enlever le mercure aux autres
métaux.
Quoique l’or foit, comme je l’ai fait voir, très-
difficile à oxider par l’air aidé de l’a&ion du feu,
les alchimiftes avoient annoncé depuis iong-tems
qu’on pouvoit le calciner par le moyen du mercure.
Baumé dit avoir réuffi dans cette expérience : elle
confifte à mettre du mercure tenant un quarante-
huitième de fon poids d'or dans un matras à fond
plat, dont le col foit tiré à la lampe & cafle dans
fon extrémité, capillaire j à placer ce vafe fur un
bain de fable, & à le chauffer comme on fait le
mercure feul quand on veut le changer en oxide
rouge qu’on nommoit autrefois précipité^ per fe 3
c’eft-à-dire, à le tenir légèrement & continuelle^
ment bouillant pendant plufieurs jours de fuite :
on obtient, d’après le chimifte cité , les deux oxides
de mercure & d’or à la fois, dans un efpace
de tems même plus court que celui qui eft nécef-
faire à l’oxidation du mercure feul. Ce phénomène,
s’il eft confirmé par de nouvelle s recherches
, prouvera que la divifion de l’or opérée par
le mercure favorife finguliérement fa combinaifon
avec l ’oxigène, & que même, unis enfemble, ces
deux métaux accélèrent réciproquement leur propre
oxidation.
L’amalgame d’or eft fpécialement employée pour
la dorure en or moulu fur l’argent , le cuivre &
même le fer.
L’or s’allie aifément au zinc par la fufion : il
réfulte de cette union un alliage plus pâle que
l’or, peu malléable , fouvent même entièrement
caftant fi la proportion du zinc eft un peu confi
dérable. Cet alliage, fait i parties égales des deux
métaux, d’une pefanteur fpéc fique au deflus de
la moyenne , donne un métal très-ai,gre, d’un grain
fin & ferré, très-dur, fufceptible d’un beau poli,
peu altérable par l’air, 8c qui, à raifon de ces
propriétés, a été recommandé par Heliot pour la
fabrication des miroirs de télefcope. Si on unit
une partie d’or à dix parties de zinc, & qu’on fafte
enflammer cet alliage fondu dans un creufet, Je
zinc fublimé dans Tair entraîne avec lui l’o r, fuivaut
la remarque des anciens chimiftes, remarque
qu’ils ont également appliquée à l’antimoine : voilà
pourquoi ils ont confeillé de ne pas chauffer trop
violemment l ’antimoine aurifère, pour n’en pas
perdre fenfiblemer.t. L’or allié de zinc eft facilement
féparé par tous les acides qui diffolvent avec
effervefcence le dernier de ces métaux fans tou-»
cher au premier. Cependant les dernières portions
de zinc font défendues de l’aétion des acides par
l’or.* voilà pourquoi il faut joindre l’aétion du nitre
à celle des acides. On a obfervé que le zinc ne
pafle pas facilement à la coupelle, & s’élève plu»
tôt au deflus de l’or en champignon oxide quand
on veut l’entraîner par le plomb. C’eft dans ce cas
qu’on a confeillé le bifmuth j mais illie réuflit pas
non plus complètement.
L’orfe combine très-facilement & très-promp-r
tement par la fufion avec l’étain. Cet alliage eft
redouté de tous les ouvriers qui travaillent l’or,
parce qu’il ôte toute fa duélilité : on craint même
pour l’ or la fimple vapeur de l’étain fondu, qu’on
aftîire être également capable de rendre l’or caftant*
Cet alliage eft en effet fi fragile, qu’on peut le
réduire en poudre dans un mortier. Suivant Vallerius
, cette poudre, chauffée avec le contaû de
l’air, noircit 8c blanchit enfuite} elle ne devient
ni jaune ni rouge ; on n’ y apperçoit point de molécules
d’or avec les plus fortes loupes : même
après avoir pouffé l’oxidation fort loin, le mercure
ne peut pas non plus en féparer l’or. Quand
on vitrifie cet oxide mixte, on a un verre jaune :
il s’en fépare en même tems une portion de métal.
compofé d’étain 8c d’or, indiqué par Brandt.
Le même alliage eft moins denfe que lés deux
métaux ne l’indiquent au calcul, félon les efiaisrde
Kraft. Tous ces faits , même la fragilité de l’or allié
d’étain, méritent d’être vus & confirmés par de
nouvelles expériences.
Quelque foin qu’on apporte à éviter d’allier l’or
avec l’étain, cet alliage fe rencontre fouvent chez
les orfèvres, en raifon des bijoux Coudés à l’étàin ,
qui, quoique grattés avant de les mettre en fonte,
en retiennent toujours affez pour ôter la ductilité1
à des mafles mêmes confidérables d’or. Cet or,
altéré par l’étain, eft très-difficile à purifier & à
: rendre bien duéiile. L’étain ne pafle point à la-
coupellation avec le plomb ni même avec le bif-
murh $ le nitre', le borax , & même le muriate
oxigéné de mercure qu’on emploie fi fouvent dans;
cette intention , ne réuffiflënt pas toujours à l’affiner.
S’il s’adoucit par ces divers moyens. il con-v
ferve encore Couvent le défaut de fe fendre & de fe ■
gercer fous le marteau. Le foufre peut fervir à faire
cette réparation. On peut aufli employer l’acide
muriatique, qui diffout l’étain quand il eft dans;
une proportion un peu forte.
•Le plomb, qui s’unit facilement à l’or par la fufion,
ne lui ôte pas autant de fa du&ilité que l’ étain
, quoiqu’il lui en fafle perdre Tenfiblement: fa.
couleur eft fort altérée , & devient terne. Juncker
affure qu’en fondant du plomb dans un vafe à o.u- i
verture étroite, fur laquelle on place de l’or ex- I
ofé à la vapeur du premier métal, pendant une j
eure, la pièce d’or devient friable. L alliage de j
l’or avec le plomb eft un de ceux qu’on purifie 8c j
u’on décompofe avec le plus de facilite, a caufe j
e l’oxidabilité 8c de la vitrification fi facHes du J
plomb. Il luffic de le tenir long-tems en fufion 8c j
rouge avec le contaét de l’air , furtout dans un j
vafe poreux & capable d’abforber l’oxide de plomb j
vitrifié , pour priver entièrement l'or du nie- j
lange de ce métal. C ’eft auffi ce qu'on fait.lorf-
qu’on coupelle de l'or : cette coupellation, qui
reflemble beaucoup à celle de l’argent, ne pré-
fente qu’une différence, c’eft qu'elle peut, qu elle
doit même être faite à un feu plus fort, parce que
le plomb abandonne plus lentement l’or qui en retient
fortement les dernières portions, 8c parce
que l ’or, qui réfifte beaucoup plus au feu, eft moins
iujet à éprouver du déchet , que l’argent.
Le fer s'allie aifément à l'or, & forme avec lui
une malle dure & fragile. Lewis a trouvé quelques
uns de Tes alliages fi durs , qu’il a dit qu’on
pouvoit en faire des rafoîrs. Parties égaies de fer
& d‘or donnent une mafia grifè > quatre parties de
fer & une dVr forment un alliage qui a prefque la
couleur de l’argent. Gellert a obfervé que cet alliage
a une pefanteur fpécifique moins grande que
la Tomme des denfités refpe&ives des deux métaux
ne l’indique. L’or fondu adhère très-aifément au
fer : aufli a-t-on propofé de Couder les petites pièces
d’acier avec de l’or, 8c a-t-on remarqué que
cette foudure étoit très^ préférable à celle du cuivre
L’or,altéré par le fer, eft très-difficile à purifier:
il n'y a que le bifmuth qui puifte l’entraîner
étendre & divifer Tor allié du cuivre, &pour bien
féparer ce dernier. Le plomb, chauffé fortement
dans la coupelle . s’oxide, fe vitrifie , fe volatilife
en partie, favorife Toxidation du cuivre, fe combine
par ia coupellation : le plomb ne peut pas fervir à
emporter le fer. Le fulfure d’antimoine eft furtout
bien approprié à cette réparation, à caufe de la
grande aitrad-iondu fer pour le foufre.
. -Le cuivre fe combine intimement & facilement
avec l’or par la fufion.-Cer alliage eft un des plus
ufités . parce que c’eft celui de tous qui donne le
plus de ferroeté ou de dureté à l’or, trop mou par
lui-même pour être employé feul & pur aux: di-
verfes fabrications^ auxquelles on le deftine, &
encore paree qu’au lieu d’aiffoiblir-ou de voiler la
couleur de l’or, il.l’augmente & la rehaufle très-
feniîbkment. MuTchenbroëck a* fait une-fui te de
recherches intéreffantes fur les -alliages de! l ’or
du cuivre. Suivaiït l,ui ,ilapraportiôn qoi-donoe#
g 1-or laiplasfgrânde’ fermeté fans diminuer fenfibk*
ment la duétilké, c’eft. celle d’une partie de cuiVre
fur fept d'or.,Get alliage elhplus fufible que l’or/
auffiTtn-il fpécialement à Couder les pièce^de ce
dernier métal les unes; avec les autres. Quand on
Veut pur ifier L a r l e Téparer-erwiévément du cûi-;
vre qu’il cont i ent ! l e ttM itepar 1 a Coupe 11 atiori
avec le plomb a^ealidvoif uni: préaiablem^ivt àVei?
trois parriesidJfa»gent.ÿcè qu’on n o m m e i f "
lion, L’àdditiian deccemétal eft indifpenfable pour3
avec lui, & pafle dans les pores de la coupelle
qui abforbe facilement ce verre de plomb
chargé de cuivre. On fépare enfuite l’argent de
l'or par le départ. (Voye\ ce mot. ) On fe fert aufli
quelquefois du nitre , qu'on jette fur le métal allié
en fufion ; mais ce procédé n’extrait que très-difficilement
tout le cuivre qui fe trouve uni à l’or.
Briffon a trouvé qu'il y avoit pénétration réciproque
dans l’alliage d’or & de cuivre, & que la pefanteur
fpécifique de ce mélange étoit plus grande
que la fortune des pefanteurs fpécifiques des deux
métaux féparés. Ainfi l’or, au titre de Paris, c’eft»
à-dire, contenant une partie de cuivre fur onze
i parties d’ô r , donne pour pefanteur fpécifique
17,486 , tandis que s’il n’y avoit point de pénétration
entre ces deux métaux, elle devroit être
feulement de 17,1 ƒ 3 à peu prèsj ce qui fait une
augmentation de denfite d’environ un cinquante^
unième.'
L’argent s'allie biên à l ’or. Homberg a remarqué
que quand on fond parties égales de ces deux
métaux dans un creufet , ils fe féparent facilement*
quoique Tor, qui gagne le fond , retienne cepen-
danf environ un feptième de fon poids d’argenr*
Jufti a prétendu qu’on pouvoit féparer ces deux
métaux par la feulé fufion long-tems continuée;
mais ce procédé ne mérite pas à beaucoup près
l’éloge que fort auteur lui a donné. L’or retient
toujours de l’argent , & l’argent un peu d’or; de
forte que Ton peut dire que ces deux métaux fe fé- _
parent en deux alliages différens , l’inférieur qui
eft de l’-or argentifère, & le fupérieur qui eft de
l’argent aurifère. Quand on agite bien ces deux
métaux fondus, il fe forme un alliage homogène,
Targent affoiblit beaucoup couvre même tout-
à-fait la couleur de l’or. Gellert a obfervé qued'alliage
de Tor & de Targent n’épfouvoit qu'une légère
augmentation de pefanteur fpécifique. Muf-
cbenbroeck a trouvé qu'une partie d’argent don-
noit à deu? parties d’or la plus grande confiftance
ou fermeté poffible. Quant à h couleur, il eft
bien remarquable qu’un vingtième d’argent apporte
uif grand changement dafts l’or, le blanchit
d’une manière très-frappahte. Il faut encore
obfervé r’: que V addition -de l’ argent donne de 11
roideut* / de Télafticreé & de la dureté à Tor. On
fait avec cet alliage de Tor jaühe , des ors pâles 8c de-Tor vert pour les bijoux. L ’orfèvrerie & les.
monnoies employoient autrefois ce même alliage
beaucoup plus qu’aujourd’hui j il fbrt encore pour
fouder Yor 8c pour les plaques à émaillée* & il fe
fenebnere fréquemment dans Targent 8c Tor du
comffvètèèi qu'il faut affiner. Toutes les dorures &
tout'ce que , dans les ateliers* on appelle le doré,
fètit (ieSallidgeS d’or 8rd‘argent dont il eft né ce f-
fâire:de ponnoîtré exa&ement les proportions, &
O o i