
mêler imprudemment ce g a z , que l’on croiroit
être entièrement décompofé, avec une quantité
donnée dJaiv vital. ■
» La facilité avec laquelle l’eau s’étoit biffée.
déçompofer par le phofphore aidé de la chaux ,
me fit fbupçonner que le même effet pourroit bien
auffi avoir lieu à la température dans laquelle nous
vivons. Je fis en conféquence un nouveau mélange
de chaux éteinte à l'air, & de phofphore ; je l’in-
troduifis dans un flacon plein d’eau , que je renverrai
dans une jarre également pleine de ce liquide
après l'avoir fuffifamment débouchée pour que
l’eau feule pût s’en écouler à ,me.fure que fa décomposition
fourniroit du gaz hydrogène. Deux
jours entiers fe font écoulés fans aucune apparence
de production gazeufe; mais le troifïème jour j'ob-
fervai qu’il s’étoit déjà formé une. foule de petites
bulles qui étoient comme détenues dans la vifco-
lité du mélange, mais qui, par l’agitation, vinrent
toutes fe raffembler à la partie fupérieure du flacon
, où elles ne formoient plus qu’une feule maffe
de gaz parfaitement homogène. Cette petite maffe
s’accrut beaucoup par la fuite, de forte qu’après
dix jours j’obtins affez de cette émanation aéri-
•de combuftion fpontanée. Je penfai, d’après cela , que ce qui
rëflôit dans le flacon étoit dans le même état, c’eft-a-dire ,
ü il n’étoit que du gaz hydrogène pur ; mais je fus bien vîte
étroropé lorfqu’ayant fait palTer cette portion reliante dans
une cloche qui contenoit de l’air vital, il fe fit tout à coup
une explofîon terrible qui me frappa d’étonnement, fans me
faire heureufement aucune bleflure. Le récipient, qui avoir
plus d’un pied de haut, fut brifé en plufieurs éclats, & la
boîte à cuivre dont il étoit furmonté, fut lancée avec une
telle force à la voûte de la paillalfe fous laquelle je faifois ce
mélange, qu’elle fe trouva avoir perdu entièrement là fa
forme : c.et accidentauquel je n’avois garde de m’attendre,
St dont M. Brongniard, démonllrateur de chimie, chez lequel
je travaiHois alors, fut aufli témoin, me fit faire quelques
réflexions fur le phénomène qui venoit de fe paflèr. Je
reconnus bientôt que fi les premières bulles que j’avois fou-
mifes à l’épreuve ne s’étoient point du tout enflammées ,
ç’eft que d’une part le phofphore les avoir déjà abandonnées,
6c que dé l’autre l’air atmofphérique n’étoit pas à beaucoup
près aufli propre à les. faire brûler, que l'était l’air vital lui-
même. Ces premières bulles ainfi décompqfées avoient donc
pafle les premières , comme étant plus légères, au lieu que
çelles qui tenoient encore du phofphore en diflblution
étoient refiées au fond du flacon, comme étant lés plus,
lourdes, et n’avoient pafle fous la cloche qu’après avoir
entièrement renverfé le flacon; auffi n’eft-ce que fur la fin,
& après le paflage d’une certaine quantité de gaz hydrogène
pur, qu’il s’efl introduit deux ou trois bulles de gaz hydrogène
phofphoré , qui ont feules fuffi pour allumer le mélange
6c faire détonner les deux gaz." J’obferverai ici que cette dé-
tonnation n’a pas également lieu avec le gaz hydrogène,
phofphoré ; j’ai fait plufieurs fois de ces mélanges dans de
jufles proportions, & à des dofes beaucoup plus grandes,
fans avoir jamais éprouvé la moindre explofiqn. Je ferois.
donc tenté de croire que le phofphore diflous dans le gaz
hydrogène prive entièrement ce dernier de la propriété qu’il
a de détonner feul lorfqu’on le combine à l’air vital j c’eft
du moins ce que j’ai cru avpir obfer-vé .dans les norabreufes
expérience^ que j’ai été dans le cas. de faire i’ur ces deux
efpèçes 4e fluides élaflioues.
forme pour la foumettre auffnôt à l'expérience*
& reconnoître fa propriété combuftible fans être,
cependant fpontanée, comme cela a lieu pour le
gaz hydrogène phofphoré. Cette différence vient
fans doute de ce que la température naturelle n'tft
jamais affez élevée, iurtout dans l'hiver, pour
écarter les molécules du phofphore au point de
les rendre folubles dans le gaz hydrogène , effet
qui a conftamment lieu toutes les fois qu’on emploie
l'aêtion du calorique pour fe procurer le gaz
hydrogène phofphoré.
« Après avoir déterminé, à deux températures
différentes, quelle pouvoir être l’aétion de la chaux
mouillée fur le phofphore, j’ai,cru devoir pouffer
mes recherches plus loin, & tâcher de découvrir
cette même adhon dans les oxides métalliques.
J’ai fait en conféquence deux mélanges féparés >
dans l’un étoit un gros d’oxide blanc de zinc, &
dans l’autre même quantité d’oxide noir de fer.
Tous deux contenoient des dofes très-égales de
phofphore & d’eau, & tous deux ont été placés,
dans le même tems, dans des cornues de verre,
avec les précautions que j'ai déjà indiquées, fur
un même bain de fable. Après un tems affez long,
& à l’aide d’une forte chaleur, j’ai obtenu de
chacun de ces mélanges du gaz hydrogène phofphoré,
mais dans des proportions différentes & à
des tems fort inégaux, c’eft-à-dire, que le premier,
ou celui qui contenoit l’oxide de zinc, en
a fourni plus tôt, & dans une quantité plus grande
que cèlui qui avoit été fait avec l’oxide noir de
Fer ; ce qui me paroît tenir à la plus forte attraction
qu’a l’oxide de zinc pour l’acide phofpho-
rique, attraêlion que l’on doit regarder comme
une affinité difpofante, & qui, étant plus grande
que celle de l’Oxide de fer pour le même acide ,
do‘it auffi fojliciter plus puilïàmment la déçompo-
fition de l ’eau en faveur du phofphore par la forte
tendance qu’il a pour s’unir avec cette fubftance
une fois oxigénée. C’eft encore à raifon de cette
même force, dont il eft effentiel de tenir compte
dans le plus grand nombre des opérations de la
chimie, que la chaux, qui, dans l’ordre des fubf-
tances alcalines, terreufes ou métalliques, tient
le premier rang par rapport aux attractions électives
de l’acide phofphorique., eft auffi celle de
toutes que l ’on doit employer avec le plus de
fuccès pour fe procurer abondamment du gaz hydrogène
phofphoré. J’obferverai ici que ce moyen,
qije].qu’avantageu,x qu’il puifle paroitre d’ailleurs,
pour certaines opérations de-la chimie, ne m’eût
point feul déterminé à publier les obfervations
dont je viens de rendre compte, fi je n’avois penfé
que cette publicité pût fervir un jour à l’avancement
de la fcience, & li le defir impatient de
contribuer à fes progrès ne m’eût encouragé dans
ce premier effai. »
'Ph osph ure de c o eAl t . Pelletier eft le fètiî
çhimifte qui ait traité de l’ union du cobalt avec
le phofphore. En projetant, fuivant lui, fur du
cobalt en petits fragmens rougis dans un creufet
des moreeaux^de phofphore, le métal entre furie
champ en füfion j il retient un quinzième de
fon poids, de phofphore, & il préfente fur fa fur-
face une croûte d'oxide d’un rofé-violet. On obtient
le même phofphure de cobalt en faifant fondre,
dans un creufet, un mélange de parties égales
d’acide phofphorique vitreux & de cobalt, mêlés
avec un huitième de leur poids de pouffière de
charbon. A mefure que l’acide paffe à l’état de
phofphore, il s’unit au cobalt qui fe fond, & l’on
a un culot de phofphure de cobalt recouvert d’un
verre d'un très-beau bleu. Le phofphure de cobalt,
préparé par l’un ou l’autre de ces procédés, eft
exactement le même compofé : c’eft: un corps de
couleur métallique éclatante , plus blanche que
celle du cobalt, tirant fur le bleu, fragile & légèrement
aiguillé dans fa caffure. Plus caffant que Je
cobalt, le phofphuie perd fon brillant à l’air. Fondu
pendant quelque tems au chalumeau, le phofphore
fe dégage , & vient btûler à la furface : à la fin il
refte t*.n globule vitreux d’un bleu-foncé, provenant
de la prompte oxidation du cobalt qui a lieu
pendant la combuftion du phofphore.
Phosphure de c u iv r e . Le phofphore s’unit
aifément au cuivre. Cette combinaifon eft la plus
connue parmi celles des métaux, parce que c’eft
celle qu’on obtient le plus fréquemment en raifon
de l’habitude où l’on eft d’évaporer l’acide phofphorique
provenant de la décompofition des os;
dans des vaiffeaux de cuivre. La furface de ces
vafes fe diffout en partie dans l’acide, & le phof-
phate de cuivre qui en réfulte , étant décompofé
par le charbon en même tems que l’acide phofphorique
qu’on convertit ainfi en phofphore, donné
naiffance à du phofphure de cuivre qu’on trouvé
prefque toujours fous la forme de globules caftans j
ou quelquefois en maffes affez confiderables, dans
le réfidu de la diftiilation du phofphore. Pelle-;
tier, qui a confirmé cette obfervation que j’avois;
faite, avant lui, a de plus obtenu un femblable
phofphure en chauffant, dans un creufet, parties
égales de cuivre en. copeaux,.& d’acide phofphorique
vitreux, avec un feizième du total de charbon
en poudre., rMargraff avoit eù ce produit en
diftillaiit un oxide de ce métal, avec ,du phofphore;
Pelletier a découvert qu’on peut auffi préparer ce
compofé en fondant parties égales de cuivre eri
copeaux & de verre phofphorique , & furtexuten
jetant du phofphore fur du cuivre rougi dans un
creufet. Le métal , dans, ce dernier procédés fe
; fond auffitôt qu’il touche le phofphore;, & ilab-
forbe à peu près un fixiëme de fon poids de phoff
phare;1 < 1 Le phofphure de cuivre; formé dans les différens
cas cités ic i, eft d’un gris-blanchâtre: & mécallir
que , irifé, grenu, d’un tiffu ferré & dur à la lime;
1 eft lumineux dans, l’obfcuiité lorfqu’on,le lime.
I! eft plus fufible que le cuivre, quoiqu'il ne coule
point à la flamme d'une bougie, comme l’avoit dit
Margraff. Expofé au feu fous une moufle ou traité
au chalumeau , il fe fond & fe bourfoufle en devenant
lumineux. Le phofphore vient bientôt brûler
à la furface avec éclat &. déflagration ; le cuivre
refte enfuite en forme de feorie uoirâtre , en retenant
une petite portion du phofphore. A l’air il
change.de couleur, perd fon brillant, noircit, fe
divife à la furface , & fe couvre d’une efpèce d’ef-
florefçence formée par du phofphate cuivreux.
Cependant lorfqu’il a été-bien fondu en globules
d’un volume au deffus de celui des pois, il refte
plufieurs années fans altération, fi on le tient dans
un endroit fec. On hâte fa combuftion & fa décompofition
lorfqu’on le divife en petits fragmens,
& lorfqu’on le mouille.
Il eft poffible, il eft même vraifemblable que le
phofphure de cuivre exifte dans la nature, & qu'on
le reconnoîtra dans quelque mine de cuivre qui
n’a point encore été analyfée, & qu’on a rapportée
jufqu’i ci à des fulfures de cuivre natifs, ou.à
d’autres efpèces dont il y a lieu de croire qu’elle
fe rapproche par la forme.
Phosphure d’étain. Le phofphore fe combine
facilement avec l’étain, comme Pelletier l’a
vérifié par des expériences bien faites. Du phofphore
jeté fur de l’étain fondu , s’y unit fur-le-
champ j le métal retient un fixième ou un cinquième
de fon poids du phofphore. Le compofé
qui en réfulte eft d’un blanc d’argent j il eft fuf-
ceptible d’être entamé par le couteau; il criftallife
par le refroidiffement ; il a un tiffu lamelleux t le
marteau l'aplatit d’abord, & le fepare bientôt en
lames ou en feuillets. La lime l’entame comme du
plomb; fa limaille., jetée fur des charbons ardèns,
brûle en répandant l’odeur & la flamme du phofphore.
Au.chalumeau, le phofphore brûle, & le
culot qui refte eft recouvert d’un verre tranfpa-
rerit. Margraff avoir obtenu cé phofphure fans en
décrire exaêfement les propriétés ; il en avait
connu l’état lamel'leux & la. fragilité, &’ l avoit
comparé au zinc. .Peilètier , en diftiliant ce compofé
avec du muriate oxigénë de mercure ou du
fublimé corrolif en a obtenu du muriate d’étain
fumant, du mercure coulant ou gaz hydrogène
-phofphuré y qui- a-détoné en fortant de la cornue.
! Le réfidu étoit en malle bouæfouflée, brûlant fur
,, des charbons comme du phofphore , & qu’il a
regardée comme usa ph&fpkure d3étain.
Phosphure" de f e r . Pelle t ie r a obtenu le phof-
ph'ure de fer par plufieurs procédés. En fondant
parties égales de fer en copeaux & de verre d’acide,
phofphorique avec un douzième du total de
charbon en poudre, il à eu un phofphure de fer
t rès-aigre, blanc & d’un tiffu grenu’, ferré, attira-
:ble à l’aimant, criftallifé dans quelques points en
prifmes rhomboïdaux. C'eft ce corps que Berg-
R x r x