
faits que les autres. Tout le monde corvnoît la
faveur du cuivre,' du fer, de 1 étain , du plomb.
Les médecins obfervent avec foin celle du zinc ,
du mercure„ de l’antimoine, dé l’arfenic, du bif-
muth, & ils fa vent qu’c lie accompagne & défigne
même les propriétés actives de ces ^métaux fur l’économie
animale. Quoique cette faveur foie réellement
particulière à chaque métal, elle a néanmoins
dans tous un caractère général qui la fait
nommer faveur métallique. C ’eft une efpèce d’â-
creté'âpre, de ftypticité légère, plus ou moins
prononcée, mais toujours défagréabîe, qui excite
le crachotement & qui annonce un caractère délétère.
Cette propriété s’exalte encore dans pîufieurs-
combinaifons, & furtout dans les diftolutions &
dans les fels métalliques, comme on le verra plus
bas.
De tkift oire naturelle des métaux,
38. La nature préfente les fubftanc.es métalliques
à la furface ou dans l’intérieur du globe ;
elles y font, ou feules, ou combinées a^ec differentes
matières : ces dernières combinaifons fe
nomment mines ou minerais. Placées en couches
plus ou moins continues entre des lits de pierres
& de fels terreux , elles forment ce qu’on nomme
des filons. La partie qui les recouvre eft appelée
toit / celle qui les fupporte, fol; Tenfemble de
ces pierres ou ériftaux qui accompagnent les mines,
conftitue leur gangue.
39. Les filons font diftingués en filons riches
& pauvres „ capitaux ou veinules , filons de vrai
cours bu filons rebelles. On conçoit par le feul
énoncé les filons riches & pauvres ; les capitaux
font en grandës ma {Tes, qui valent la peine d’être
exploitées y les veinules ne font que des filets
qui s’éparpillent , fe difperfent & ne méritent
pas l’exploitation : 011 ne lesTuit quelquefois que
pour trouver le filon capital auquel elles aboutillent.
On nomme filons de vrai cours ceux qui
fui vent une même direction', &' qu’on pourfuit
ailément, 8c rebellés ceux qui fe détournent,
font interrompus , & femblent fe perdre dans
leur continuité.
_ 4°- Le nom de mines fuppofe des métaux combinés
avec quelque fubftance étrangère^qui mafque
leurs propriétés, & qu’on a nommée minéralifir
teur. Par la même raifon , les métaux dans cet
état font minéralifés. Souvent il y a deux ou plu-
fteurs métaux unis en même tems aa mëineVviné-
ralifateUr j fouvent suffi un feul métal êft combiné
à la fois à pîufieurs minéralifateurs ; &> le plus
fouvent encore , il y a dans T s-mines, tout en-
femble, pîufieurs métaux & pîufieurs minéralïfa-
teurs.
41. Les-métaux'8c leurs mines fe trouvent-ordi-
nairemènt dans dès montagnes ahtiqûes & primitives
de-granit f de gneiîT, de quartz , entre
les lits defquéls'lëitrs filons’ Ritvent, ou-u-ne diiec- ■
tion horizontale , ou une direéfion oblique 8c inclinée.
Cette dernière eft la plus fréquente : en
forte que prefque toujours la tête du filon fort
de terre à la iurface du mont, 8c donne aiufi.
un indice certain de fa 'préfence. Le prétendu
mauvais état des arbres, la féchereffe 8c le peu
de viguvur dts plantes, les fables arides 8c fecs,
ne font que de faux indices des mines. Les prétendues
inclinaifons 8c rotations des branches d’arbres
foutenues fur les doigts , & qu’on nomme
baguettes divinatoires, font des tours d’adrefie de
fripons & de charlatans, comme les tremblemens,
les convulfions, les mal-aifes fimulés par certains
hommes qui fe jouent ainlï 8c profitent de la crédulité
humaine. Les fables colorés & métallifèrés,
les fragmens de minerais arrachés aux montagnes,
écroulés dans les plainesj les eaux chargées de
quelques fels métalliques, la fonde enfin, font les
feuls indices certains , 8c qui méritent toute la
confiance de ceux qui recherchent les mines.
42. Outre les mines-de première formation cachées
dans le fèin des montagnes, & qui, les tra-
verfant en filons, femblent y avoir été coulées
d’un feul jet dans le tems même dé la formation
de ces montagnes, .on trouve quelques minerais
dépofés en couches .fecondaires, en , dépôts , en
ftalaélites, en incruftations, en criftaux, dans des
montagnes ou terrains modernes, en rempli fiant
des fentes , des cavités fouterraines. Celles-ci font
manifeftement dues au travail des eaux & à un
tranfpôrt de matières altérées , changées , dif-
foutes, modifiées dans leur palfage. On ne con-
nbît pas auffi bien l’origine des premières ou des
mines primitives , quoiqu’on l’attribue auffi à
l’eau.
.43. Les nombreufes découvertes qu’on a faites
depuis un demi-fiècle fur la nature des mines,
8c furtout les analyfes les plus modernes qui en
ont beaucoup éclairci 8c fimplifié la connoifiahae ,
fur laquelle il y avoit encore un grand nombre
d’erreurs 8c d’hypothèfes avant les derniers travaux
de* Bergman, de MM. Kiaproth 8c Vau-
quelin, permettent aujourd'hui de ciafter ces produirons
naturelles, ou de réduire les divers états
des fofliles a cinq clafies j -Lavoir :
a. Les métaux natifs j
b. Les métaux alliés entr’euxî
c. Les métaux unis aux corps combuftibles,}
'd. Les métaux oxides,
e. Enfin les oxides métalliques combinés avec
les acides.
44. On nommoit autrefois ridiculement métaux
vierges ce-que J’on défigne plus exactement aujourd’hui
par le nom de métaux na'jfs. Cette première
claffe renferme les fubftances métalliques qui fè
trouvent dans la terre avec toutes leurs .propriétés
caraiëriftiquès , le brillant, la couleur , la forme,
la pefanteur, la duétilité, &c. On rencontre fou-
vent-dans cet ét-at, le platine, l’o r, l’argent, le
■ cuivre , te -mercure , de bifmuth , l’antimoine ,
l’arfenic, r a r em en t le fer, plus ra r em en t e n c o r e
l’étain , le plomb, le zinc, &c. On rapporte a
cette clafie ceux qui ne font alliés, dans leur état
natif, qu’à de petites quantités d autres métaux
qui en aleèrent peu ou point fenfiblement les propriétés.
4y. Les métaux alliés entr’eux, fans autre côm-
binaifon & fans union avec des corps combuftibles,
font beaucoup plus rares dans la nature,
qu’on ne pourroit le croire : on rencontre feulement
dans cet état, l’or 8c l’argent, l’or & le
cuivre, le mercure & l’argent.
46. Les combinaifons naturelles des métaux avec
des corps combuftibles font, au contraire , beaucoup
plus nombreufes & plus multipliées : on di-
roit même que c’eft dans cet état, furtout dans
celui de fulfures métalliques, que la nature les
a créées. Ce font ces compofés fulfureux qui forment
les filons de minerais ou ces mafles continues
dont les montagnes font fillonéesj ce font
ceux que les hommes exploitent le plus fouvent,
& d’où fis tirent la plus grande quantité des métaux
qui leur fervent : tels font furtout le plomb,
le cuivre, [’argent, le zinc, le mercure, l’antimoine
, 8cc. Il n’eft pas invraifemblable que
d’autres corps combuftibles, le carbone, le phof-
phore furtout, puiftent être rencontrés comme
minéralifateurs des fubftances métalliques.
47. Les oxides métalliques font aufli très-abondamment
répandus fur le globe : on ne les trouve
jamais cependant en auffi grandes maffies que les
fulfures. On les a long-tems pris pour de pré
tendues terres de métaux , parce qu’ils en ont
l’apparence. Us font le produit des filons primitifs
pénétrés, enlevés, tranfportés & altérés par
les eaux : on les rencontre dans des montagnes
de fécondé formation. Ils font ordinairement riches
en métauxr, & faciles à traiter.. On trouve
fpécialement dahs cet état le cuivre, le fer, le
plomb, le zinc, l’antimoine, tous les métaux
caftans j & il n’y a guère que le platine, l’or,
l'argent & pîufieurs des métaux accompagnant le
platine, qui ne préfentent point cètte forme dans
la nature.
48. Enfin les combinaifons falines métalliques,
ou les compofés formés d’oxides métalliques unis
aux acides à radicaux fimples, forment encore,
finon Jes minerais les .plus abondans, au moins
ceux que la nature préfente le plus fréquemment
dans les états les plus variés. On trouve des ful-
fates & des carbonates natifs de cuivre , de fer,
dé plomb, de zinc, des muriates de la plupart de
ces métaux & du mercure,, des phofphates de
plomb & de fer, des arfeniates, des moîybdaies,
des tunftates & dés chromâtes métalliques également
natifs y ces quatre derniers font fpécia-
lement formés par les acides des métaux caftans.
Tantôt ils font en couches, en dépôts, en fta-
la&ites, en incruftations j tantôt ils font criftal-
lifés dans des cavités fouterraines : fouvent ils
font diflous dans les eaux ; mais jamais on ne les
rencontre en maftes comme les fulfures.
49. La valeur des métaux dans le commerce ,
& Je profit qu’ils rapportent à ceux qui les pof-
fèdent , proportionné au rang qu’ils occupent
dans l’eftime des hommes, ont fait fouvent donner
aux mines des noms qui ne repréfentent que
très-in fidèlement ieur véritable nature : c’eft ainfi
qu’on nomme mines d'or 8i mines d'argent, quelquefois
mines de cuivre, celles qui , appartenant
réellement à d’autres métaux par la proportion
qu’elles en contiennent, donnent cependant a fiez
d’o r , d’argent ou de cuivre, pour couvrir avec
avantage les frais d’exploitation.
yo. Cette manière de faire a jeté beaucoup de
trouble &r de confufion dans la minéralogie ; &
quoique pîufieurs auteurs aient adopté à cet égard
la nomenclature des mineurs, qui ne confidèrent
que le produit précieux & non les proportions
de tous les compofans , il eft évident que les mi-
néralogiftes doivent fùivre la route contraire, 8c
rapporter chaque mine au métal qui y eft contenu
le plus abondamment j car il eft très-fréquent
que des minerais renferment de trois à cinq-
ou fix métaux différens, unis à un ou à pîufieurs
minéralifateurs tout à la fois.
y 1. Il y a donc trois manières de diftinguer
& de clafîer les mines métalliques. L’une, &
c’eft celle des mineurs > n’a égard qu’au métal
précieux qu’on peut en retirer.: ce n’eft point
une méthode, mais un fimple langage d’ouvriers,
qui exprime le_but de leurs travaux , ou la fin
vers laquelle ils tendent j il ne peut que nuire
à la fcience, quand on veut l’y appliquer. L’autre
confifte à rapporter chaque mine au métal
dont elle eft le plus chargée, & conféquemment
à fuivre, pour leur claffification & leur diftnbu-
tion, la férié même des métaux : on doit faire
ufage de celle-là dans t'hiftoire de chaque métal.
La troifième, en confidérant les mines prefque
abftraéiivement des métaux auxquels elles pour-
roient fie rapporter, 8c en ne les envifageant que
comme .des compofés naturels , les difpofe ou les
ordonne éntr’eux fuivant le nombre & la proportion
de leurs principes. Cette méthode générale
& vraiment minéralogique peut fervir à ciafter
régulièrement les productions minérales de la nature
: on ne pourroit cependant en préfenter encore
qu’une efquifîè très-imparfaite dans l’état
aétuel de la fcience.
De l'art d'ejjayer les mines, ou de la docimafic.
52. C ’eft par les travaux fucceflifs dans l’art
d’eflayer les mines, ou dans l’analyfe de* combinaifons
naturelles des métaux avec les différentes
fubftances qui les minéralifent, que Ton eft parvenu
à diftinguer ces compofés, à les ciafter & à 4es rapporter aux métaux auxquels Chacun d’eux
appartient : fans cet ar t, aucune propriété phy