
tion j mais cela prouve qu’elle eft très-foible, 8î \
qu’elle exige une très-petite quantité d’oxigène
pour être entretenue.
Il y a lieu de croire que tous les fulfates ter-
yeux préfenteroient le même caractère fi on les
traitoit comme celai de baryte. On a déjà ob-
tenu un réfultat prefque femblable avec le ful-
fate de chaux : celui dé? ftrontiane doit fe rapprocher
du fulfate de baryte, quoique cela n’ait
point été vérifié par une expérience pofitive. On
ne peut mécornoître ici une analogie avec le
phofphore produit par la calcination de l’alun
mêlé d’une matière végétale qui fe charbonne
par l’aélion du feu : tous deux font des fulfures
terreux carbures j tous deux contiennent du fou-
fre & du carbone très-divifés, dans un état de
fulfures à bafçs terre u fes.
Le muriaite fiirfaturé de chaux , produit de la
décompofition du muriate d’ammonioque par la
chaux mife en excès, après avoir éprouvé p.ar une
forte chaleur, une fufion & une ciiftaililation rapides,
préfente, lor-fqu’on le tire de la cornue de
grès ou il s’eft formé , des maffes feuilletées,
ayant l ’apparence lamelleufe & gypfeufe, très-
fragiles, s’exfoliant à l’air humide , & joui(Tant
d’une propriété phofpharefcente très-marquée,
foi.t lorfqu’on les frotte l’un contre l’autre ou
contre des corps durs, foit lorfqu’on les chauffé
fortement. C ’eft une combinaifon faline, préparée
à deffein pour offrir une phofphorefeence ,* &r
quoique, parmi ces deux élémens, ia chaux foit par
elle -même douée de çette propriété, elle eft ici
nouvelle & différente de celle de la chaux feule.
On ignore fa caufe : on croit feulement qu’elle
n’eft pas due à une combuftion, parce qu’on n’y
connoît pas de matière combuftible.
On prépare plufieurs combinaifons particulières
du phofphore lui même pour varier fa puif-
fance & fa qualité lumineufe, & pour la diftribuer
fur de? furfaces plus ou moins grandes. Telles font
fes diffolutions dans les huiles dont on frotte les
corps & même la peau humaine qu’on veut illuminer
dans la nuit : fa difiblution dans l’alcool,
qui donné de belles traînées de lumière lorfqfon
la verfe dans l’ean ; celle par l’é th e rq u i répand
dansTair, en s’évaporant, d-$ lueurs brillantes.
Ici c’eft une combuftion véritable qui Ce fait fans
chaleur fenfible, & feulement avec une lumière
plus ou moins grande A quon croit être fépayée
de l’oxigène atmofphérique à mefure qu’il fe
fixe dans le phofphore pour former l ’acide phof-
phoreux, produit bien çonniaffe cette efpèçe de
combuftion. C ’eft la fource principale de la plus
forte & de la plus vive phçfphorefcence , celle à
bquelle on compare toutes k$ autres, quoique la
caufe de celles-ci paroiffele plus fouvent très-différente.
VIIIe. Genre. Phofphorefeence des animaux vivons.
La propriété phofphon'que dans les animaux
vivans eft un phénomène auffi fingulier, auffi curieux
qu’il eft encore peu connu. Une première
obfervation fur ce phénomène commencera par
exciter fans doute l’attention des phyficiens & des
naturaliftes 5 c’eft qu’on ne le trouvé ni chez
l’homme, ni chez les mammifères , ni chez les
oifeaux & les reptiles. Je ne connois aucun fait
bien avéré, qui prouve fon exiftence dans le corps
de J’homme vivant. Dufourni le naturalifte m’a
rapporté, à la vérité, qu’après un exercice violent
, dans une faifon chaude , ilavoir rendu de
l’urine lumineufe ou brillante d’étincelles j il at-
tribuoit ce phénomène à du phofphore exiftànt
comme à nu dans fon urine , par un mouvement
accéléré, & par l’exaltation de .tout le fyftème organique
de fon corps. Mais cette obfervation
unique ne pourra devenir un fait phyfiologique
que Iorfque plufieurs autres obfervations analogues
pourront y être rapportées.
Si les animaux à fang chaud né préfentent aucune
propriété phofphorefcente. , plufieurs ordres
, parmi les animaux à fang froid , en préfentent
une fi remarquable & li fréquente, qu’on eft
porté à l’attribuer à une caufe générale ék identique
dans çes êtres. Il y a plufieurs poifions lumineux
dans toute leur furface ou dans quelques
endroits de leurs corps : on voit beaucoup d’in-
fedes phofphoriques, comme la fem.elle aptère du
lampyris terreftris , les fcolopen<iyes, le luçiola du
Piémont & d’Italie , les hémiptères , nommées
fulgor.es , porte-lanternes, infedes gigantcfques de
Cayenne, de Surinam, de la Chine. Çes animaux,
& furtout les derniers, font fi lumineux, qu’ils
fiiffifent, à ce qu’on affure, pour éclairer une
chambre allez grande. On fufpend ces derniers,
comme des lanternes, dans les appat'temens &
en nombre fuififant pour éclairer au degré que
l’on fouhaite. En fuppofant que , comme le dijent
beaucoup de perfonnes, cet ufage prétendu foit
inventé à plaifir, puifque le nom dé porte-lanternes
, donné depuis long-temç à çes isleétes , fem-
ble indiquer je contraire de cette affection, il y a
affez de faits connus fur la phQfphorefc.ence d'un
grand nombre d’efpèces d’animaux parmi les in-
(edes & les vers furtout, pour qu’on lente l’avantage
de l’obferver avec intérêt., & d’en étudier
la caufe avec ardeur. Quand il n’y auroit que
la phofphorefeence de la mer, due à ces myriades
de petits vers décrits par plufieurs naturaliftes,
ces traînées de lumière ou d’étincelles qui accompagnent
& deffinent le fillage des vaiueaux , Sç
que les marins ont observées dans les mers du
midi comme dans celles du nord , ce phénomène
mériterpic feu] toute l’attention des phyfi,ciens.
O.n ignore encore la véritable caufe de laphofphor
refçençe des animaux vivans : on ne fait pas fi elle eft
la même dans les infedes terreftres & dans les, vers
marins.. Pour arriver à la folution de ce problème,
il n’y a d’autre route à tenir »qu’à étudier chacun
4ft$ êtres phQfphoriques en particulier. Je vais
ftpofer Ici cequeje fais ou ce qlfil y a de moins
inconnu pour ceux des infedes terreftres, où l’on
a commencé à étudier par l’expérience la propriété
phofphorefeence : ce font les femelles du lanzpy-
rls ifetrtina optera de Geoffroi , & le luciola. La
première, connue fous le nom de ver luifant, garnit,
dans les nuits chaudes de l’été,les buiffbns &
les haies de nos campagnes: on lesapperçoit quelquefois
par milliers briller, comme autant de petites
étoiles, furies feuilles de ces buiffons. Cet
infede fans ailes, dont les trois derniers anneaux
fonr jaunes dans le jour, préfentent, pendant la
nuit fur ces anneaux, un point lumineux, d’un
blanc-jaune permanent, qu’on apperçoit d’affez
loin , & qui paroît'deftiné à guider le mâle ailé
dans la faifon des amours, & à l’appeler Vers la
femelle aptère privée des moyens de fe tranfpor-
ter dans l’efpace ; c’eft un flambeau que la nature
allume pour favorifer l’accouplement entre des
individus qui n’auroient pas pu fe rapprocher fans
cet ingénieux artifice. On ne prend guère le mâle
qu’en tenant dans la main quelques femelles de
ces infedes pendant la nuit : il eft manifeftement
attiré par celles-ci. Leur flambeau brille de tout
fon éclat pendant la durée des amours j il s’affoi-
blitvers la fin, & il s’éteint lorfque le voeu de la
nature eft rempli. En obfervant de près les anneaux
phofphoriques du ver luifant, on apperçoit
que le point brillant fiége furtout dans la fente
qui fépare les anneaux, & qu’il a une communication
avec l’intérieur du corps : on remarque
aufli une forte de mouvement alternatif, qui augmente
& diminue alternativement la phofphoref-
cencei & l’on eft porté à croire qu’ il dépend du
phénomène de la refpiration, & comme on a vu
cette lumière s’étendre dans le gaz oxigène , &
diminuer dans les gaz afphix-ians , on en a conclu
qu’elle étoit due à du véritable phofphore qui
brûle en petite quantité à la furface de l’infede.
Cependant ce n’eft prefqu’encore là qu’une opinion
hypothétique, puifqu’elle n’a pas été adoptée
généralement, & puifque les faits fur lefquels on
l’appuie, ne font pas d’une évidence à l’abri de
tout reproche. Il faudra donc encore reprendre
ces expériences, les varier de beaucoup de minières,
& furrout les diriger vers les moyens de
reconnoître matériellement le phofphore , ce que
l ’on eft fort loin d’avoir fait jufqu’à préfent.
A la vérité, l’efpèce de lampyre , nommée lu-
ciola'en Italie, paroît être plus favorable à l’opinion
énoncée fur la préfence du phofphore, que
la ferm lie du ver luifant indigène dans nos climats.
La lumière qui brille fur fes derniers anneaux
eft plus éclatante dans le luciola : l’infede
coléoptère qui la porte luit en volant dans les
campagnes, remplit l’air des forêts & des bocages
d'étincelles qui paroiffent & difparorffent à chaque
inftant, fait voir & cache alternativement
fon étincelle y. fuivant un mouvement qui montre
ou qui ferme le petit réfervoir de la matière lu-
'mîneufe. Quelques naturaliftes 8r phyficiens italiens,
après avoir répété les expériences citées
plus haut , ont affuré que les phénomènes de
cette phofphorefeence font fembiables à ceux d’une
combuftion par rapport aux gaz qui l'entretiennent
ou qui la font ceffer. Dès que l’animal s’af-
foiblit & perd de fa force vitale, fa phofpho'ref-
cence diminue en même proportion ; elle s’éteint
avec la vie. Si c’eft du vrai phofphore qui brûle
ainfi, il paroît qu’il eft fucceflivement apporté
par un mouvement très- lent, mais continuel vers
les apneaux lumineux. Je recommanderai aux
chimiftes & aux naturaliftes qui vivent fous le
* beau ciel de l’Italie, de fuivre avec foin les expériences
déjà commencées fur la phofphorefeence
de cet infeéte , & de rechercher fpécialement
s’il contient immédiatement, dans fa compofitiott
chimique, le phofphore prefqu’à nu , comme?
nous l’avons trouvé, M. Vauquelin & moi, dans
la laite des poiffons. J’adrefferai la même recommandation
à ceux des naturaliftes voyageurs qui
féjourneront dans les pays de l’Afrique , de l’Afie
ou de I Amérique, dans lefquels fe rencontrent les
gros infeéfces hémiptères, nommés porte-lanternes à,
caufe de leur qualité lumineufe. Ceux-ci, en rai-
fon de leur volume, offriront des moyens bien
plus favorables à fes recherches, que les infeéfces
de nos climats. Une defeription détaillée de l’organe
lumineux, des obfervations variées & bien
faites fur la phofphorefeence, & un examen chimique
affez détaillé & affez exaét pour appeler la confiance,
pourront éclairer convenablement cette
partie auffi obfcure que neuve encore de l’hif-
roire naturelle.
Etiattendant qu’on fe livre à ces recherches,
je vais donner un précis de ce qui a été fait fur la
propriété phofphorique du ver luifant. M. Forf-
ter annonça d’abord que fa lumière étoit tellement
augmentée dans le gaz oxigène, qu'on pouvoir
y 1 i ie. M. Beckterhiem , eu répétant ces expériences,
a trouvé de plus, i°. que les lampyres
vivent long-tems dans le vide & dans divers gaz
non acides ; z°. qu’ils ne changent pas leurs caractères
j 5C>. que leur lumière n’augmente dans aucun
gaz ; 4°. qu’elle eft due' à de petits corps, lumineux
que l’infeéte peut couvrir d’une membrane
j y®, qu’ôn peut enlever ces corps fans nuire
à l ’infeéfe, & qu’ils font plus lumineux & plus
long-tems lumineux dans le gaz oxigène, que
dans d’autres gaz. M. Carradori, phyfîci n italien
, a fait une fuite de recherches fur le lampyre
italique ( luciola):. Suivant lui , cet infe&e peut
augmenter ou diminuer fa propriété phofphorique,
& la faire briller dans divers points de fon
abdomen , qui, déchiré ou coupé, ne perd pas fa
lumière. Dans une portion de cet abdomen coupé
la phofphorefeence varie s’augmente , diminue,
s’éreint & reparoît fuivant l’aéîtion irritante de
l’air. La compreffion même légère détruit la propriété
lumineufe des lampyres. En exprimant de
Q q q z