
fe renouvelle lentement par des ouvertures latérales
j en plaçant le pkofphore fur un entonnoir
fupporté par un flacon , l'acide , qui fe forme 8c
qui fe diffout peu à peo par l’eau atmofphérique
qu’il attire, fe raffemble dans le flacon ; c’eft de
l’acide phofphoreux, différent de celui qui eft obtenu
par la combuftion rtfpide du phofphore fondu
dans le gaz oxigène.
Comme, dans l’expérience précédente, le pkof
j>kore brûle aux dépens du gaz oxigène contenu
dans l’air commun» comme il en abfoibe entièrement
l’oxigène » il eft évident qu’on peut fe fer-
vir aveù avantage de cette efpèce de combuftion
pour analyfer l'air & pour en faire un procédé
eudiométrique. Pour cela on introduit dans un
tube bouché à une de fes extrémités , 8c fou tenu
ar l’autre qui eft évafée fiir la planche d’une cuve
ydropneumatique » une mefure ex3<5te & bien
connue de l’air qu'on veut analyfer : on y porte
un bâton de pkofpkôre adapté à l'extrémité d’une
lige de verre ; on1 l’-y faille jufqu’à ce qu’on ne
voie plus de vapeür blanche autour pendant le
joifr, ou de luVnière pendant la nuit : alors on retire
ou l’on defcend 1 q pkofphore 3 8c l’on mefure
par îa-dtnïinmion obtenue la quantité de gaz oxigène
difparu : le réfidu n’eft en effet que du gaz
azote. M. Humboldt aflure cependant qu'il y
refte ©,oz à 0,03 de gaz oxigène uni au gaz azote
phofphuré, & que ce moyén d’indiquer la proportion
d’fexigène atmofphérique n’eft pas affez
éxadt-poûr l’eudioméerie.
• t a manière dont brûle le pkofphore dans Pair
atmof|?héfiq:ue3 tandis qu’il ne brûle & qu’il nè
répan*f aucune lumière-dans le gaz oxigène, froid,
tient à-ce qu’il fe diffout d'abord , quoiqu’en très-
petite’quantité, dans le gaz azote , à ce que
cet état de diffolutiqn favorifefa combinaifon avec
l’bxigèrie. On expliquera plus bas, avec plus de
détail , ce phénomène remarquable'. 0
Puifiquelepkofpkore brûle lentement; mais conP
tatùment, en répandant de la lumière dans l’air at-
inofphérique à toutes, les ’températures qui exif-
tent dans nos climats j il en réflilte qu’il eft im-
poflible de conferver ee corps combuftible dans
des vafes ordinaires ou en partie pleins d’air »
Comme on le fait pour tous lès autres; corps : aüfli
a-t-on foin de le tenir fous de5 î’èau bouillie, &
encore s’altère-t-ii toujours à fa fùrface par le peu
d’air qtle cette eau abforbe terfqu*on débouche
le vafè ; il perd au bout de qnélque téms- fa demi-
tranfparence j il devient d’abord blahc^y opaque &
comme farineux, & l’eau -pteftd les cara&ères
d’acide phofphoreux.’' La. fur face dù-phofpkore ai n fi
altérée forme ce qu’otf nomme de Voxide dephof-
pkore : cfefti un c«nàméncèment de combinaifon
âvecToxigènë, qtii;t*n,eft pas affez abondant pour
le porter à1 l’éraj^d’a'eidei * ' 1: ' -:
' Si la -refdpërature’ du '■ pkèfphbrè^ expofé -à Pâ't-
mofphère bû dan's-une quantité d’àir cotnnntft', eft
élevée jufqt^au- defkisde 40 degrés &vmême- ua
peu plus bas , la combuftion lente qu*il éprouvoit
déjà fait bientôt place à une combuftion rapide,
à une déflagration accompagnée de fcintiJlation,
de fufïon complète & de bouillonnement du phof
pkore, d’unè vive lumière, d’une ardente chaleur; 8c au lieu d’acide phofphoreux , on obtient de
l’ acide phofphorique. comme dans le gaz oxjgène
chaud. Cette combuftion rapide dans l'air ne diffère
même de celle qui a lieu dans le gaz oxigène,
que par moins de lumière &c de force , 8c parce
qu’elle biffe toujours pour réfidu gazeux, après
l’abforption complète de {’oxigène, le gaz azote
atmofphérique tenant du pkofphore endiffolution :
aufli M. Séguin l’ a-t-il propofée comme procédé
eudiométrique. On prend pour cela un tube de
verre dilaté vers le bas; on le remplit de mercure,
& on le pofe fur la rablette de la cuve hydragyro-
pneumatique; on y introduit un morceau de pkofphore
bien fec , qui s’élève vers le haut. On a
foin d’en mettre plus qu’ il n’en faut pour le volume
d’air qu’on veut effayer. On fond le pkofphore
en promenant autour & au dehors duiond
du tube un charbon allumé; on y fait paffer l’air
qu’on veut analyfer eudiométriquement, en une
quantité bien connue; la combuftion du pkofphore
a lieu fur-le-champ: on calcule, d’après le réfidu
aériforme- refroidi, la proportion refpeétive de
gaz oxigène & de gaz azote contenus dans l’air
effayé; Si, comme l’afïure M. Humboldt, il refte
conftamment deux ou trois centièmes de gaz oxigène
mêlé au réfidu de gaz azote phofphuré, ce
moyen eudiométrique ne mérite pas toute la
confiance qu’on lui avoir accordée.
Comme toutes les fois que 1 q phofpkore atteint
dans l’air une température de quelques degrés,
fnpérieure à celle du corps humain, il s’enflamme,
& met le feu à tous les corps qui en font fufcep-
tibles; comme il acquiert, dans. Cette rapide combuftion
, une chaleur très-forte & qui brûle vivement
les organes les plus folides, les frotte-
mens brufques, les. friéHons même affez douces,
mais continuées: quelque tems, pouvant le porter
à cette température, il eft très-effentiel de prendre
beaucoup de précautions en travaillant fur ce
corps, dont un grand nombre de chimiftes ont déjà
été les viéfcimes. C ’eft une fubftance qu’ il faut écarter
foigneufement de la plupart des ufages économiques
y ou qu’on ne doit confier qu’à, des hommes
prüdèns 8c attentif«, parce qu’elle menace
toujours cbs. dangers du feu ou de brûlures, extrêmement
graves ceux qui l’emploient fréquemment.
II. paroît étonnant, au premier afpeéi: , qu’un
corps auffi combuftibie 8c autïi inflammable que
{^pkofphore ne brûle, dans .le gaz oxigène que
îbrfqu’ ii -'eft bieméchauffe,: oxn qu'if ne puiffe; y
éprouver îqu’une çornbuftiom rapide ; ni;préfe®£er
jamais la1''Combuftion lente , tandis. qu’il éprouve
cetteMfernière:, miêmevà des- températures voifines
de te glace dans -Pair-' commun- Oh a. découvert
la caufe de ce phénomène fingulier en apparence,
en examinant les effets du gaz azote fur le phof
phore. Celui-ci s’y diffout avec facilité, s’y réfout
en vapeur, fature le gaz azote fans y biûler, fans
y répandre de la lumière; & dès qu’on mêle ce
gaz azote phofphuré avec du gaz oxigène, même
à une température baffe, on apperçoitla lumière,
& il y a combuftion lente. C’eft pour cela qu’en
ajoutant du gaz oxigène au gaz atmofphérique ,
réfidu de l’analyfe de l’air par le pkofphore, de
quelque manière que cette analyfe ait été faite,
on fait briller le mélange de ces deux gaz d’une
lumière très-fenfible. Ainfi le pkofphore ne peut
brûler lentement 8c paffer à l’état d’acide phofphoreux
dans le gaz oxigène , qu’après avoir été
diffous dans un autre gaz , ou qu’autant que le
gaz oxigène eft mêlé d’un aurre fluide élaftique
qui peut diffoudre d’abord le pkofphore. Ainfi
dans l’air de l’atmofphère , où l’on plonge ce
corps combuftible , il commence par fe diffoudre
dans le gaz azote , & il ne fe brûle, en abforbant
l'oxigène, qu’à mefure que fa diffolution eft opé^
rée dans le premier.
L’hydrogène & le phofpkore ont de l’attraéiion
l’un pour l'autre. Quand on laiffe du phofpkore
plongé dans du gaz hydrogène , il fe diffout une
petite portion du premier dans le fécond , qui en
contrarie une odeur particulière , & la propriété
de répandre de la lumière lorfqu’on le mêle en-
fuite avec le gaz oxigène. Cependant ce n’eft p^s
là l’aétion la plus forte que ces deux corps puif-
fent exercer l’un fur l’autre , ni la combinaifon la
plus intime qu’ils puiffent contra&er entr’eux. On
peut par un moyen qui eft décrit à l’article Gaz h y drogène
phosphuré, diffoudre une bien plus
grande proportion de phofphore dans le gaz hydrogène,
qu’on ne le fait par le fimple conraèt annoncé.
On obtient alors le gaz hydrogène phofphuré,
découvert il y a douze ans par M. Gimgembre,
& qui, à une odeur alliacée fétide , à une pe-
fanteur fpécifique. bien plus confidérable que celle
du gaz hydrogène, réunit la propriété aufti re*
marquable que caraétériftique de s'allumer par le
feul contad du gaz oxigène ou de l’air commun,
& de brûler avec une flatpme blanche très-brif-
tante. Il en a été parlé au mot G az hydro-
cène phosphuré.
On ne eonnoit point encore de combinaifon directe
entre le carbone 8c le pkofphore 3^ quoiqu’il
fpit vraifemblableqifelle exifte: on fait feulement
que ces deux corps combuftibles font fouvent unis
enfemble & avec l’hydrogène & l’azote dans les
fubftances végétales & animales;
Le pkofphore s’unit au foufre , & forme par la
fufion un compofé qui refte liquide à quelques
degrés au deffous de o lorfque la proportion des
deux corps eft à peu près égale/ Ce compofé eft
d apparence huileufe : il décompofe très-facilement
l’eau ; il exhale une odeur fétide & alliacée.
Le phofpkore fe combine avec les métaux par li
fufion, 8c forme des phofpluires méfalliques brtl-
I ians, grenus.ou làmelleux Ôc caffans. Ces phofphu-
* res retiennent long-cems le phofphore fans qu’ il
} fe brûle. Ils font très-fufibles. ( V'oyei les articles
I Phosphures/ ) <
Les acides fuiftfrique & nitrique font décom«-
pofés à chaud par le phofphore, qui leur enlève
l’oxigène, & qui fe convertit en acide phofphorique.
L'acide nitreux, le gaz nitreux , l’acide
muriatique oxigène gazeux , enflamment plus ou
moins rapidement, & acidifient le phofphore.
Ce corps combuftible s’ unit aux huiles 8c à
l ’alcool par une chaleur douce. L'alcool phofphuré
tres-fétide eft décompofé par l’eau , qui en
précipite 1 e phofphore en poudre blanche.
Le phofphore n’eft encore deftiné qu’à des ufa*
ges très-bornés. On l’emploie rarement en méde*
cine, & peu d’expériences exa&es ont encore
affuré fes propriétés ; il fembîe même, d'après
quelques obfervations, qu’il eft un poifon pour
les animaux : on ne doit donc en tenter l’ufage
dans l’homme, qu’avec une grande prudence. Dans
les arts» il ne fert qu’à bien peu de procédés , & il
eft toujours à craindre dans les befoins de la vie.
En phyfique, il n’efrprefqu’encore qu’un objet
de curiofité.
C ’eft en chimie qu’il a déjà rendu & qu’il peut
rendre encore de plus grands fervices. Ses attractions
électives pour l’oxigène 8c pour différent
autres corps en font un réaétif très-précieux. On
fent aujourd’hui qu°à peine on a commencé à examiner
fes propriétés & fes combinaifons. Tout
annonce que Jorfqu’on faura le préparer plus faci-
ment qu’on ne l’a fait jüfqu’ic i, lorfqu’on l’extraira
en plus grande quantité & à moins de frais
de fes compofés, qu’on n'a pu le faire encore ;
lorfqu’enfin on le poffédera en maffes plus confi-
dérables , il deviendra nn des inftrumens les plus
précieux d'analyfe & de fynthèfe , comme le
: prouveront d’ailleurs les détails qui feront expo-
fés dans un grand nombre d'articles, ou qui l’ont
déjà été , & où fon aélion fur beaucoup de-corps
fera ou a été décrite 8c expliquée.
Phosphore d’A ngleterre oudeKunckel.
C ’eft le nom qu'on a donné pendant quelque tems
au phofphore , parce que c’eft en Angleterre, 8c
par Kunckel, que l’art de l ’extraire a été d’abord
trouvé.
Phosphore ’de Baudouin. On a nommé
ainfi le nitrate de chaux calcitié, qui eft en effet
légèrement lumineux dans i’obfcurité , parce que
c’eft Baudouin ou Balduinus qui a découvert cette
i propriété; Il y a une grande différence entre ce
| corps phofphorefcent 8c le phofpkore proprement
I dit.
î Phosphore de Bologne. C'eft encore par
abus 'que l’on a nomnré ainfi le Calfate de baryte