
tion du calcul & de la géométriè à la phyfîqlie.
Plufi eurs favans ont fait les premiers pas dans cetïe I
" carrière ; mais il eft à croire qu’on y rencontrera
de grandes difficultés. Peut-être la chimie n’eft-
elle point encore allez avancée pour être foumife
au calcul, peut-être même ne le fera-t-elle jamais
allez ; & quoique, depuis le renouvellement des
fciences, des hommes de génie aient porte les
mathématiques à un point de perleélion auquel
on ne foupçonnoit pas même autrefois qu’on pût
atteindre , les problèmes que les phénomènes chimiques
offi iroient aux géomètres, pourroient être
tellement compliqués, qu’ils feroient au deflus de
tous les efforts humains (i).
Quoi qu’il en foit, il eft bien certain qu’on a
fait, dans ces derniers fiècîes, la plus heureufe
iapplication de la théorie de la pefanteur univer-
felle au fyftème du monde, & que cette théorie
donne l’explication la plus fatisfaifante de tous les
phénomènes céleftes. Il n’eft pas moins vrai que fi
cette gravitation univerTelle des aftres, fi heureu-
fement obfervée & fi bien calculée, eft une propriété
effentielléde la matière en général, comme,
tout porte à le croire , Ton effet ne doit point le
bo.rnef aux corps d’une très-grande maffe , & fé- ;
parés les uns des autres par des diftances immen-
fès; mais qu’il doit nécelfairement avoir lieu aufii
entre les plus petits atomes de matière , à des diftances
infiniment petites, & par conféquent dans
les combinaifons & dijfoîûiîons chimiques. En effet ,
iquoiquè nous ne puiffion's connoître au jufte, ni
les volumes, ni les malfes, ni les formes, ni les
diftances des parties intégrantes & constituantes des
<corps, nous les voyons agir les unes fur les autres,
s'unir entr’elles ou fe féparer, adhérer les unes
aux autres avec plus ou moins de force ou refufer
de fe joindre, & on ne peut guère fe refufer à
çroire qué ces differens phénomènes ne font que ;
les effets d’ühe même force , telle, par exemple, .
que la gravitation réciproque de ces petits corps ;
les uns fur les autres, laquelle fe trouve modifiée, j
;de beaucoup de manières différentes, par leur ;
grandenr, leur detfité, leur figure, l’étendue, ï
l ’intimité de leur conta#, ou la diftauce plus ou
moins petite à laquelle ils peuvent s’approcher.
Il eft vrai qu'a l’aide du téîefcope & autres
inftrumens, les aftronomes ont découvert la grandeur
, la diftance & les mouvemens des corps
céleftes , & qu’en appliquant le calcul & la géo-
métrie à ces conndiffahces/on eft parvenu à ap-
percevoir la gravitation des aftres, & même à
déterminer la loi qu’elle fuit > tandis qu’au contraire
le microfcope des phyficiens s’eft trouvé
fans .effet pour leur faire-appercevoir les parties
élémentaires &. primitives des corps , & que , '
' (fj Les -beaux travaux de M. de Laplace fur l’adhéfion,
les vues’profondes expolees dans la' Statique chimique: de
M . Berthoilct, ouvrentTur cecobjet une vafte carrière, qüi
fera fans douce féconde en découvertes pour nos fuçççffèurs.
lorfque les géomètres ont effayé d’appliquer la
théorie de la gravitation univerfelle-aux phénomènes
des corps terreftres , ils ont trouvé que
cette gravitation ne fuivoit point le rapport in-
yerfe du carré de la diftance quand cette diftance
étoit très*petite : il paroît même que , foit par le
défaut d’un affez grand nombre de phénomènes
connus, foit parce que les plus habile s. géomètres
ne fe font que peu occupés de cet objet, on n’a
point encore bien déterminé quelle eft la loi que
fuit la gravitation dans les petites diftances. Mais,
quoiqu’on ne puilfe peut-etre point arriver à une
précifion entière à cet égard, ne feroit-il pas à
fouhaiter qu’ on effayâc du moins d’en approcher
indireélement, & d'après des fuppofitions ? Cela
paroît d’autant plus facile, qu’il ne s’agit point
ici d’obferver ni de calculer les viteffes, les teins ,
les efpaces parcourus, ni de déterminer des révolutions
périodiques; car les mouvemens des parties
élémentaires des corps, quoique fans doute
très-réguliers & affujettis toujours aux mêmes
lois, ne peuvent être apperçus qu’en gros. & par
les effets qui en réfuitent. Ils fe font dans des inf-
tans invifibles ; ilsfie font point conftans /mais au
contraire perpétuellement variables, fuivant les
circonftances qui les déterminent. Il paroît donc
qu’on ne peut guère confidérer ces objets qu’en
général, ou plutôt, pour ainfi dixe, d’une manière
affez. vague. Mais en s’en tenant là , je demande
aux favans en état de décider ces queftions,, fi,en
fuppofant d’abord les plus petits atomes de matière
animés de la même force'qui fait graviter les
grandes maffes ou les corps céleftes les uns fur les
autres , on ne peut point, vu la petiteffe pxefquè
infinie de ces molécules élémentaires, & la ffff-
tance infiniment petite à laquelle elles peuvent
s’approcher entr’elles, confidérer comme nulle
leur pefanteur vers.le centre de la Terre. Il .paroît
clair que, dans ;ce cas, l’effet de leur pefanteur,
qui ne celle point d’ avoir lieu pour cela, doit être
de les faire .tendre les unes vers-les autres j elles
font pour ainfi dire de petits mondes.à part, ou,
libres d’obéir à la tendance qui les porte les unes
vers les autres, elles réagilïent réciproquement
entr’elles, fans être troublées par les grands contrepoids
qui tiennent tout l'Univers en équilibre. En
fecond lieu, la diftance entre ces molécules des
corps étant infiniment petite ou nulle, ne peut-on
point lui fubftituer le conta# ? Et dans ce cas, la
force avec laquelle ces molécules tendroient les
unes vers les autres ou adhéreroient, entr’elles,
ne feroit-eile point en raifon compofée de leur
denfité & de leur conta#? Il fuivroit de là que
les corps dont les molécules primitives intégrantes
auroient la plus grande denfité, &. feroient en
même tems d’üne figure propre *à avoir .entr’elles
le conta# le plus étendu & le plus immédiat, feroient
les plus durs de tous les corps., pu ceux
dont l’agrégation feroit la plus ferme, telle qu’on
conçoit,, par exemple, celle des pierres vitrifiablés
; 8c qu’au contraire les corps dont les molécules
primitives intégrantes auroient la moindre
denfité , & une figure telle qu’elles ne pourroient
avoir entr’elles que le moindre conta# poffible,
feroient les moins, durs de tous les corps, ou
plutôt feroient fluides : tels paroiftent être le feu
pur & les autres fubftances elTentiellement fluides
s’il y. en a.
En troifième lieu, fi on fe repréfente des fubftances
dont les molécules primitives intégrantes
aient une très-grande denfité, mais ne puiffent
avoir eritr’elles que de très-petits conta#s, foit
que cela dépende de leur figure ou bien de l’in-
terpofition de quelqu’autre fubftance avec les parties
de laquelle elles ne puiffent avoir non plus
que de très-petits contaos , il eft évident que la
force avec laquelle ces molécules tendent à s’unir,
ne fera point latisfaite} qu’elles feront par conféquent
dans un tiifus ou effort continuel, & , s’il
çft permis de le dire, dans un état violent j en
forte que, dès qu’elles auront à leur portée quelqu’autre
fubftance fur les parties de laquelle elles
pourront exercer la tendance qu’elles ont à s’unir,
c’eft-à-diré,, avec lefquelles, elles pourront avoir
un plus grand conta#, elles s’y uniront en effet
avec une a#ivité & une impétuofité proportionnées
à ce qui leur refte de tendance à l’union ou
de pefanteur non facisfaite.; tels paroilfent être les
acides minéraux, Sa. en générai tous les cauftiques
eu diffolvans chimiques ,, dont il eft impoffible de
concevoir l’a#ion, à moins qu’on ne fuppofe que
la force avec laquelle leurs parties, intégrantes
tendent à s’unir aux parties du corps qu ils diiTol-
vent., ne furpaffe! de beaucoup la force qui tient ces. dernières uniqs jentr’elles. ( Koye^ 1‘ article
C a u s t ic it é .)
Il fuit de là que, fi les parties du corps.diffous
ont affez de -denfité ou peuvent avoir affez de
conta# avec ies: parties du diffo|v?n.t' pour que
l’a#ivité; de ces ;dernières foit entièrement Tarif-
faite par. leur union mutuelle , le diffolvant fera,
après cette union, dans un état do repos qu’on
peut comparer à l’équilibre, & qu’il, n’aura plus
aucune a#ion diffolvante : ceft là ce qu’on appelle
, en chimie, Y état ou le point de fatùration,
bien entendu qu’il faut auffi, pour que la fatura-
tion-foit parfaite, que chacune des parties; intégrantes
du diffolvant ait trouvé fà partie intégrante
du corps diflous pour épuifer fur elle toute fon
activité ( i) . ,
, -Si au contraire les parties du corps diffous n’ont
point affez de denfité, & ne peuvent avoir affez
de conta#, avec les parties du diffolvant, pour
■ OXQueJflUes .phy(îoi;en,s c.o,mmen<;ei^t à douter qu’il y
ait iin point de' fatùration bien ‘déterminé' dans" les 'coitit
binaifons ehi^iqués, St de limités dans Ta: prôpdrtàio 'pne iriféecri p;rqoüqeu el ’,a fcfbinttiïtmé eir oaf ip Toaidn-t
cmhÇimt iqduaen sd el aJ:}d*!o. £Btçrinn'neo ldUet . la) ;fatùration. fVoyt-^ la Statique
fatisfaire entièrement à ;toute. là tendance de ces
dernières, il eft évident qu’il ne réfultera d’ une
pareille combinaifon qu'une fatùration imparfaite
du diffolvant, & qu’il lui reliera encore de la force
pour agir fur d’autres corps : c’eft ce qu’on remarque
dans les Tels neutres déüquefcens & autres
combinaifons de cette nature.
.Quatrièmement, on voit par tout ce qui vient
d’être dit, que la force qu» fait tendre les unes
vers les autres les parties intégrantes & confti-
tuantes des corps, quoiqu’infiniment fupérieure à
leur pefanteur vers le centre de la Terre , eft néanmoins
finie ; qu’elle doit érre très-variable dans
fes effets, & même devenir nulle dans certaines
circonftances. Il femble que, de même que l’adhérence
des parties intégrantes d'un corps qui
cède à l’a#ion d’un diffolvant doiit être.réputée
nulle, en comparaifon de là force qui les fait
tendre vers.les parties de ce diffolvant, en force
qu’après la diffolution elles ne peuvent plus être
unies entr’elles , mais feulement aux parties du
diffolvant i il femble, dis-je , qu’on peut concevoir
auffi que la force qui unit les uns aux autres
les principes d’un compofé, doit devenir nulle
quand, d'une part, la tendance des parties de ces
principes-n’eft point entièrement épuifée par leur
union/ & que, d’une autre part, on applique à ce
compofé un autre corps, avec les parties duquel
celles d’un desprincipes du compofé peuvent con-
tra#er une union infiniment fupérieure à celle
qu’elles avoiqnt ayeç les parties,,de l’autre principe
du compofév-ITeft clair que, dans ce cas, il
doicy avoir défunion des principes du compofé ;
j
que l’un de ces principes.doit former un nouveau
compofé avec, la nouvelle fubftance; qu’on lui a
appliquée, & que les molécules de l'autre, devenues
libres, ne tenant plus à rien, doivent exercer
leur tendance les unes fur les. autres, fe réunir par
çopféquent entr’elles, 8ç former de petits agrégés
qui, à mefure; qu’ils parviennent à fine.certaine,
maffe / ne'peuvént plus obéir qu’a la pefanteur. qui
les fait tëridr'é:vers le centré dé la térre. C’eft ainfi
qu’on peut- concevoir la maniérq âoo't fe font ies
précipitations.
Ceci deviendra plus clair par un exernple : choi-
ftflons un compofé tel (jue : celui qui réfulte de
l'union dé l'acide nitreux avec l'argent. L'expérience
prbû^e ^ue , lorfq'u'oti applique du cuivre
à ce compofé j l'acide, nitreux quitta l'açgept pour
fg combiner,avec le cuivre., avec iequel il forme
un nouveau compofé, &'.q,ue l'flrgent ainfi féparé
de cet acide par la préfence & le Contait du cuivre,
ft'a plus aucune adhérence avët l’âcide, fe r-unit
en molécules plus greffes, dont la maffe eft affez.
çonfidérable pour qu'elles ries puiffent plus obéir
à d'autres ; tendances qu'à la ptfiinteur.- générale
qu'ont-tous les corps d’une-'éertame maffe vers lé
centre de la Terré : il arrive dé. là qu'on voit en
effet leS molécules d'argent tomber au fond du
vàfè dans lequel on fait cette opération. Je dis