apparens j 8c li la méthode naturelle a dû le guider
pour le choix des matières qu'il examine, il eft
bientôt obligé de la facrifier entièrement à fes
travaux > il cherche 8c trouve.des réfultats abfoin
ment différens , en quelque manière oppofés à
ceux du naturalifte. En foumettant les corps à
l'analyfe, il découvre quelle eft leur nature intime
; il détermine quel eft l'ordre de leur fimpli-
cité ou de leur compofition ; il fait tout à coup
varier lés propriétés qui en formoient les caractères
fenfibles ou apparens > il étudie les attractions
auxquelles obéiiîent les principes conftituans des
corps î & j toujours occupés de molécules fi fines
& fi déliées qu'elles cefient d'être vifibles, il s'écarte
entièrement du naturalifte , qui en obferve
feulement l'agrégation régulière ou organique
dans les corps doués de leur forme -, de leur étendue
, & de toutes les propriétés qui dépendent de
la perfection comme de la permanence de leur
compofition ou de leur ftruCture.
Ce n'a donc jamais été que pour fe faire entendre
relativement aux corps dont il avoit à parler,
que le chimifte a fuivi les diftinCtions méthodiques
des natuvaliftesj 8c tant que fa fcience peu avancée
ne lui a pas permis de fe former, une marche
particulière, il n'avoit en effet rien de mieux à
faire pour ne pas fubftituer des.fables ou des romans
aux faits qui lui manquoient encore. Mais
•déformais fes pas ne feront plus liés aufli étroitement
à ceux des méthodiftes en hiftoire naturelle.
Parvenue, par fes dernières découvertes fur les
élémens primitifs , au point de pouvoir claffer les
corps d'après leur nature intime ou le nombre &
la proportion de leurs principes conftituans, la
chimie s'eft frayée une route nouvelle-, 8c fa méthode
t enfin indépendante , doit devenir tôt ou
tard la bouffole de plufieurs branches de l'hiftoire
naturelle, plutôt que de continuer à en paroître
un fimple acceffoire, comme elle avoit paru l’être
depuis fi long-rems.
En' comparant, fous ce nouveau rapport de
compofition intime, tous les corps de la nature
les uns aux autres , avec l'intention d'en faire une
claffification chimique, j'ai trouvé qu'ils pôuvoient
être partagés en huit claffes générales , relativement
à la différence même de leurs principes conftituans.
Dans la première claffe j’ài placé les corps fimples
ou an moins indécompofés jufqu'à préfent, ;
& qui fe comportent dans nos expériences comme i
des matières nmples : ce font en grande partie les
élémens conftituans de tous les autres corps. En :
confidérant les fubftancés qui appartiennent à cette ;
claffe, on voit qu’elles font toutes relatives à la
combuftion, les unes comme produits, les autres
comme conditions, la plupart comme fujets de
ce grand phénomène.
Auffi l’ordre que j'ai adopté conduit très-naturellement
& très - méthodiquement d'une claffe à
l'autre, puif-4ue la fécondé claffe comprend, les
corps brûlés ou ceux de la première, unis par la
combuftion à une des matières placées également
dans la première claffe. Ces corps brûlés ou ces
efpèces de compofés binaires qui forment la fécondé
claffe, & qui fe reflèmblent tous par leur
nature de combultibles plus ou moins faturés d’un
même principe, font les oxides & les acides à radicaux
fimples ou indécompofés, qu'on nommoit
autrefois acides minéraux ; ils exiftent dans la nature
comme dans l'art.
Dans la troifième claffe de corps chimiques, &c
à la fuite des acides, je range, comme matières
qui font éminemment fufceptibles de fe combiner
avec ces derniers, & qu'il eft par conféquent in-
difpenfable de rapprocher d'eux, les fubftancés
terreufes 8c alcalines, que je nomme avec. La voilier
bafes fali fables y à caufe de la propriété qu elles
ont de former les fels avec les acides > corps pref-
que tous indécompofés jufqu’ic i , & fe comportant
dans les opérations cnimiques comme des
matières fimples,,quoique beaucoup d'apperçus
annoncent qu’ils ne font pas tels : léur place dans
ma méthode eft comme néceffairement déterminée
entre les acides 8c les fels.
La quatrième claffe renferme les fels ou les
compofés chimiques des acides 8c des bafés falifia-
bies $ elle eft extrêmement enrichie par les nom-
breufes découvertes faites depuis trente-cinq ans.
Les corps falins forment aujourd'hui un des ordres
les plus importans , les plus chargés en efpèces,
les plus connus , & qu'il eft le plus utile de bien
étudier, comme on le verra bientôt.
A la cinquième appartiennent, dans ma méthode,
les vingt-une fubftancés métalliques connues aujourd'hui,
8c qui, quoiqu'indiquées & tenant né-
ceffairement une place dans la première claffe,
comme corps fimples ou indécompofés, ont cependant
une fi grande importance par leurs belles
propriétés, par les produits nombreux qu'iis four-
niffent aux arts, par leurs -grands ufages dans la
fociété, enfin par Pimmenfe influence que leur
examen chimique a eue fur les progrès 8c fur la
dernière'révolution de la fcience, qu’il eft impof-
fible de leur refufer un rang féparé 8c diilingué
dans l’étu-ie des productions de la nature. •
Je compofe ma fixième claffe de corps, difpo-
fés d’après leurs propriétés chimiques ou leur ordre
de compofition, de tous ceux qu’on nomme
fojftles ou minéraux. Pour bien concevoir ma ma-'
nière de procéder par rapport à cette fixième
claffe, je dois faire obferver que la plus grande
partie des matières rangées dans les cinq claffes
précédentes font ordinairement regardées comme
des minéraux , 8c placées comme tels dans les di-
vifions minéralogiques. Mais, outre que plufieurs
d’entr'elles exiftent dans l'atmofphère ou dans les
eaux, qui conftituent par leur malle un quatrième
règne vraiment diftinct de ce^qu'on a nommé le
régne minéral, la pluparten formant en effet portion
des couches du globe , y font fouvent impures
,& tellement mélangées ou compliquées dans
leur mélange, que les chimiftes ne peuvent pas
les traiter dans leur état naturel, &. que:, pour en
bien déterminer les propriétés caraCtenltiques, il
faut qu’ils les purifient, qu'ils les travaillent de
manière à leur donner une forme, un état véritablement
différens de ceux qu’ils avoient dans la
nature. D’un autre côté , les foflîles ou les minéraux
qui comprennent fpécialement les pierres 8c
les mines, 8c qu'on exploite de cent façons diver-
fes pour les arts, fans être le plus fouvent, les
unes ou les autres, des matières comprifes dans
les cinq claffes précédentes, au moins dans leur
état de pureté, doivent être néanmoins confide-
rées comme des compofés ou des mélanges de ces
matières, 8c méritent d’être étudiées en particulier
comme des productions utiles. Voilà pourquoi
j'en ai fait une claffe à part. Cependant leur étude
approfondie 8c leur hiftoire détaillée forment une
des applications fpéciales de la chimie , qu on
nomme minéralogie ,• 8c fous ce point de vue elles
n’appartiennent que d’une manière générale a la
théorie chimique. ,
La feptième claffe des corps confideres par leur
nature intime , contient les compofés organiques
végétaux, d'un ordre de compofition plus avancée
que les foffiles. Les matériaux des plantes doivent
être traités en chimie Ibus le titre de compofés
végétaux \ beaucoup plutôt que fous celui de régné
végétal y dénomination par laquelle^ on a coutume
d'embraffer l’étude ou la defeription des plantes
obfervées avec tous leurs organes & tout eur
appareil de ftruCture, fans détruire leur tiffu, fans
altérer leur compofition.
Enfin, la huitième claffe eft deftinée aux compofés
organiques animaux : ce font, dans 1 ordre
des confidérations chimiques, les êtres les çlus
compliqués dans leur compofition, ceux qui doivent
être les plus difficiles à cçnnojtre dans le
nombre 8c la proportion de leurs principes conftituans
, ceux conféquemment qu'il faut étudier les
derniers, & pour l’examen defquels la connoif-
fance de tous les autres eft néceffâire.
Ainfi, voilà toutes les productions naturelles
partagées en huit grandes familles chimiques, dif-
pofées dans Tordre de leur compofition ou de leur
nature intime , depuis celles qui fembient etre
formées de l'agrégation des premiers principes
ifolés, puifqu'eîles ne fé laiffent pas décompofer,
jufqu’ à celles qui en contiennent le plus dans leur
compofition. Elles font placées dans une férié qui,
tout en les féparant méthodiquement, les lie cependant
les unes aux autres, 8c conduit peu a peu
celui qui en étudie les propriétés, des plus fimples
8c des plus faciles à déterminer de ces productions,
jufqu'à celles qu’il eft le plus difficile de
connoître. Cette méthode n’eft ni faCtice ni arbitraire
dans fa marche générale > elle eft fondée fur
les réfultats généraux de toutes lès expériences
de la chimie > elle ne peut jamais varier que pour
quelques corps en particulier, dans le cas où des
découvertes feroient trouver parmi les fubftancés
réputées fimples des matières compofées, ou parmi
celles-ci des matières plus compliquées dans leur
compofition, qu’on ne les auroit crues jufque-là.
C'eft enfin une méthode qui, fortant de 1 enfemble
de toutes les connoiffances chimiques, & deftinée
à en réunir le fyftème en un feu) faifeeau, peut
laiffer dans Tefprit des idées comparées , exactes
8c pofitives fur la nature de tous les corps.
MICA. C ’eft le nom d’une pierre ou d’un com-
pofé terreux naturel, qui brille affez pour avoir
tiré fa dénomination de fon brûlant meme, qui
imite celui des métaux. Cette pierre lamelleufe ,
divifible en lames flexibles & élaftiques, pefant
de 2 , 6 à 2,934, très-facile à rayer, fe déchirant
| plutôt que de fe brifer, ayant une pouffière blanche
& onCtueufe , a pour forme primitive un
prifme droit à bafes rhombes, dont les angles font
de 60 8c de 120 degrés, qui fe divife dans le feus
parallèle aux bafes.
. ..Le mica eft fufible au chalumeau en une efpece
d’émail blanc, gris, verdâtre ou noirâtre ■
derniers font, apres la fufion, tres-fenfibles a 1 aimant.
M. Vauquelin y a trouvé par l’analyfe yo
centièmes de filice, 35 d alumine, 1,33 de chaux,
1,36 de magnéfie, 8c 7 centièmes de fer 5 il a eu
y 2. de perte, dans laquelle il feroit permis .de
foupçonner la préfence de la potaffe ou de la
On trouve des micas en prifme droit rhomboi-
dal très-court, en prifme hexaèdre régulier, en
lames hexagones, en lames rectangles, en feuilles,
en James, en écailles irrégulières, en couches ou
calottes hémifphériques, en filamens 8c en pouffière
: ce dernier, ou fable dore qu on met fur
l’écriture , a. été nommé or de chat ou argent de
c/wr, fuivant fa couleur. .
Le mica varie par cette dernière propriété : il
y en a de jaune-doré, de blanc-argentin, de verdâtre,
de rougeâtre, de jaunâtre, de brun 8c de
noir on en rencontre de tranlparent, de tranflu-
cide 8c d’opaque. . .
Le mica exifte dans les montagnes primitives 8c
fait partie des roches , où il eft criftallifé confu-
fément. On le trouve difféminé dans les terrains
fecondaires 8c parmi les débris des rochers, &
fpécialement dans les fables qui appartiennent aux
couches entraînées par les eaux > il fait une des
parties conftituantes des granits. Les grandes larmes
hexagones de mica qu on conferve dans les
cabinets , prouvent qu'il y a des criftaux très-volumineux
de cette pierre » furtout en Ruffie & en
Mofcovie. . „ ,
Le mica prend par le frottement Téleclricité
vitrée. ' _ . r
On le fubftitue au verre en Sibéiie 5 il a été
furtout employé avec avantage dans les yaiffeaux,
parce qu'il réfifte à la commotion produite par les