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les quatre métaux qui contaminent le plus habituellement
les mines de nickel & de cobalt. Leur
réparation doit donc être l'objet du travail , mais
elle n’eft point auffi laborieufe qu'on l’a crue juf-
qu'ici.
» Soit, par exemple, une ample diffolution de
l'un ou l'autre de ces minéraux calcinés d’abord
& vitriolifés par des réfidus d’éther. Commençons
par le fer. D'abord , il eft rare qu’à la fin des
euraétions fon oxide ne fe trouve pas au maximum
, d’autant mieux que la calcination a dû l’y
conduire, & dans cet état on fait qu’ il eft bien
moins attiré par les acides, que tout autre oxide.
On ajoute en conféquetice de la potaffe par parties}
cela précipite le fer en blanc-jaunâtre ou en
arfenite, que l’on fépare en filtrant. On répète s'il
s’en préfente encore, & l’on tâtone à la fin l'état
des diftolutions par l ’ammoniaque ou par un pruf-
fîate, qui indiquent promptement fi elles retiennent
encore du fer.
M Le fer éliminé, il n’y a plus qu’à fe débar-
ralfer du cuivre, qui ne s’y trouve ordinairement
qu’en petite quantité, & de l’arfenicqui y abonde,
tant en oxide qu'en acide. Le bifmuthj s'il y eft ,
s'en ira tomber -avec eux. Tout cela eft l’affaire
d’ une même opération. Il ne s’agit donc que de
paffer dans la diffolution un courant d'hydrogène
lulfuré plus ou moins long-tems, félon la quantité
des liqueurs, félon l’indication qu’en donne l'épreuve
qui fuit.
» On en filtre une cuillerée, que l ’on jette dans
un verre d’eau hydrofulfurée. Ce mélange, s’il ne
retient plus d’arfenic, ne jaunit plus. On achève
de filtrer : on laiffe difiiper l’hydrogène fulfuré,
& r on procède aux cviftallifations. Les deux ful-
fates, devenus potaffés par la marche du travail,
criflallifent en effet avec b plus grande facilité.
On les réitère comme je l’ai dit, & l’on voit
enfin celui de nickel s’embellir à chaque récolte.
Quant aux dernières, celles qu’on tire des eaux-
mères, & par conféquent les plus chargées de
cobalt, on les jette dans une médiocre quantité
d’eau froide, qui les dégorge de fulfate de cobalt
fans diffoudre fenfiblement de celui de nickel% &
fans incommoder beaucoup.
» Toutes ces criftallifations exigent une bafline
d’argent fin fi l’on veut travailler rondement &
fans malencontre.
», Telle'eft la méthode dont j’ai fait ufage. Un
travail femblable fur quelques onces de mine pour-
roit n’être pas auffi heureux peut-être} mais fur
quelques livres il eft fur, & il ne faut pas moins
que cela fi l’on veut avoir un peu de nickel & de
cobalt, autrement ce ne fera pas avec de l ’ammoniaque
& des hydrofulfures que l’on pourra
compter fur quelques onces de métal. Quel laboratoire
auroit affez d’ammoniaque pour y fuffire ?
Dans les travaux de l’analyfe , comme en toute
autre chofe, on ne doit pas perdre de vue l’économie
, la feule qui puiffe donner au chimifte les I
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moyens de multiplier d’utiles recherches. Tout
ceci n’eft, comme on v o it, qu'un réiumé des
mêmes moyens que j’ai donnés dans le Journal de
Phyfique3 tome LV1J, page 169. Si le précipité du
fulfate diffous dans l'ammoniaque abandonne ce
diffolvant fans qu’on y-trouve à la fin du cobalt,
on peut être fur de fa pureté. Tel eft celui qui a
fervi de bafe aux faits que je réunis aujourd’hui.
» C a r b o n a t e d e n i c k e l . Cent parties chauffées
dans une retorte donnent de cinquante-quatre
à cinquante-cinq d’oxide gris-verdâtre , que
l’acide muriatique diffout avec chaleur, mais fans
donner de gaz oxigène. Si on en fait la calcination
dans un creufet fermé, l’oxide paffe au noir, &
donne alors du gaz oxigéné avec l’acide marin.
Ainfî le nickel, qui ne peut fe furoxider aux dépens
de l'acide nitrique, y parvient en agiffant
fur l’atmofphère, qui n’y met pas autant a’obf-
tacle.
» L'oxide mineur de nickel verdit à l’air, & fe
change peu à peu en carbonate.
» H y d r a t e d e n i c k e l . TousIesfelsdenickel,
le carbonate même, jetés dans la potaffe bouillante,
s’y changent en un hydrate vert plus foncé ,
plus vif que le carbonate. L’ébullition n’en altère
ni la teinte ni la nature. La potaffe qui, aidée de
la chaleur, diffout de l’oxide de cobalt, ne prend
ni oxide ni hydrate de nickel. 11 fe diffout fans la
plus légère effervefcence, & n’annonce, dans fes
diftolutions , aucun refte des acides qui l’avoient
occupé auparavant.
» L’oxide de nickel n’exifte , dans les combinai-
fons falines, qu’a l’état d’hydrate ; mais il ne perd
point cet.état en les abandonnant, comme cela
arrive à celui de cobalt, qui permet qu’ on l'ap-
perçoive, au moins un moment, dans fon état
d’oxide avant de paffer à celui d'hydrate. On fe
rappellera que les fels du cobalt, traités avec la
potaffe à chaud, donnent un oxide bleu, qui paffe
enfuite au rofe de \'hydrate.
» L’hydrate chauffé perd de l’eau, & fe réduit à
de l’oxide gris.
» O x i d e d e n i c k e l au maximum. L’acide muriatique
oxigéné n’élève pas auffi facilement au
maximum l’oxhle gris du nickel, que celui du cobalt
, mais il parvient plus tôt fi on lui préfente du
carbonate ou de l’ hydrate.
» L’oxide majeur du nickel eft d’un puce-foncé,
tirant au violet tant qu’il eft fufpendu dans l’eau}
mais vu en maffe'leche, il eft fort noir & fa caf-
fure vitreufe. Il ne paroït pas que cet oxide fe-foit
offert jufqu’ici dans les mines connues de ce métal
: j’ignore à combien fe monte fa fécondé oxi-
dation , & ne fais pas non plus s’il perd cet excès
à une température un peu forte } je le préfume,
attendu la facilité avec laquelle il revient au minimum
quand on le tient fous i-ammoniaque j ce
qui n’arrive pas à celui de cobalt.
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» Cet oxide, gardé dans l’ammoniaque, donne
des bulles, redevient oxide gris, & fe diffout dans
l’ammoniaque, qui nê paroît pas d’ailleurs en
prendre autant que d’oxide de cobalt.
»Jeté dans l’acide muriatique à 15 degrés (pèfe-
,liqueur Baumé), s’y diffout avec une vive effervefcence
, & donne du gaz affez abondamment.
La diffolution eft d’un jaune-verdâtre ; elle crif-
tallife à mefure qu’elle refroidit, mais d’ailleurs
aucun changement dé couleur comme avec le
cobalt.
» Les acides nitrique & fulfurique, autant que
je me le rappelle, fe comportent avec lui comme’
avec l'oxide noir de cobalt.
» Les oxides de nickel fe traitent comme celui
de cobalt, & l'on retire une éponge métallique
, extrêmement âttirable. Sa fonte s’obtient affez
facilement, bien different en cela du cobalt, que
je n’ai encore obtenu qu’en groffe grenaille*. Le
nickel que j’ai réduit, & en affez grande quantité,
s’aplatit un peu, s’émiette & fe divife. Je me
propofe de le refondre aux fourneaux de porcelaine.
» Ce métal a pris une furcharge de foufre de
46 à 47 fur cent > mais il me refte encore des
doutes fur ce point. Beaucoup d’ardeurs lumi-
neufes dans le moment de la fulguration.
» A r s e n i t e e t a r s e n i a t e . Ils s’ obtiennent
par les mêmes moyens que ceux de cobalr. Ils
ont une belle couleur vert-pomme, demi-tranfpa-
rente, fans la plus légère différence.
» U arfenite chauffée dans le tube perd, avec
l’eau, fa couleur. Elle devient noirâtre, tachée de
Koxide blanc, & revient au vert-olive. Une chaleur
rouge ne fuffic pas pour lui enlever tout l’ar-
fenic} il faut pour cela achever de la chauffer fur
un charbon.
» Chauffé par-deffous dans la cuiller de platine,
l’arfenic fe diflîpe promptement. Il refte un oxide
verdâtre-clair, duquel la flamme fumeufe ne dégage
plus rien. C’eft l’oxide au minimum.
» L’arfeniate chauffé dans le tube perd auffi fa
belle couleur avec l’eau. Il devient un moment j
hyacinthe & tranfparent} mais, par une chaleur j
rouge , il paffe au jaune-clair, & refte inaltérable. !,
Ainfi les arfenites & les arfeniates peuvent auffi être j
hydrés & anhydres.
» Dans la cuiller, \'arfeniate blanchit, rougit fans
fe fondre ni lâcher la moindre fumée arfenicale. Il
faut la flamme obfcure pour le décompofer. On
pourra donc reconnoître au chalumeau Y arfeniate
& 1 'arfenite. » i
* NIHIL ALBUM. C ’eft l’un des anciens noms de ‘
l ’oxide de zin c, obtenu pendant l’ inflammation & .
la volatilifation de ce métal chauffe & rougi dans
un creufet déeouvett. Cet oxide, qui fe formé j
dans l’air & dans la vapeur même du zinc , eft en
petits flocons blancs très-légers, qui fembloient .
autorifer ce tte dénomination par leur fingulière
ténuité. ( Voye% C article Z lN C .)
NITRATES. Les nitrates font des combinai-
fons falines formées par l’acide nitrique & les ba-
fes. On les nommoit autrefois Amplement ni très,
parce que la plus importante efpèce de ce genre,
celle qui fert aux plus grands ufages , porto;t
primordialement le nom de nitre ou de falpêtre. Ce
dernier mot exprimoit l’origine commune des
principales efpèces de ces fels , qu’on retiroic
fpécialement de la leflîve des pierres ou platras,
& qui fe forment dans ces corps. Mais le nombre
de ces efpèces, qui s'eft multiplié à mefure que
lès découvertes fe font accumulées , & l’exif-
terice de plufieurs dans des lieux fort différens des
pierres & des décombres de bâtimens, exigeoient
d’autres dénominations, & les principes de h
nomenclature les ont fournies.
La doctrine pneumatique a répandu la plus vive
lumière fur la nature & les propriétés des nitrates
, tandis que les théories qui l’avoient précédée,
ne propofoient que des hypothèfes plus ou moins
erronées fur ces fels. On vouloit, du tems de -
Stahl, & long-tems encore après lu i, que l’origine
du nitre & des fels analogues fût due à l'acide
du vitriol, comme on l'appeloit, & qu’ils
fuffent formés par ce dernier acide, uni à je ne
fais quel produit de la putréfiélion , puis fixé par
les bafes alcalines &terreufes. L'inflammation produite
dans les corps combuftibles parle nitre, principale
efpèce de ce genre, l’un des plus beaux &
des plus étonnans phénomènes delà chimie , ainfî
que la détonation qu’il fait naître , avoient également
été l’objet d’hypothèfes & de fuppofitions
plus éloignées les unes que les autres de la vérité.
Les découvertes de Prieftley, deLavoifier, de
MM. Cavendish & Berthollet, ont rallié tous
ces beaux phénomènes à la théorie générale de la
fcience moderne. La nature bien connue de l’acide
nitrique , de fes principes , de fa décompo-
fition , a diflipé les anciens preftiges , & rendu
très-fimple l’ explication de tous les effets des nitrates.
Jamais la phyfique n’a poffédé de plus grands
moyens de déterminer les caufes des phénomènes,
que ceux qui font aujourd'hui en notre puiffance
pour bien connoître les propriétés de ces fels. Il
ne refte plus aucune obfcurité dans la doctrine
pneumatique appliquée à ces compofés , comme
on va le prouver par le tableau des propriétés génériques
des nitrates, furtout des terreux & alcalins.
Prefque toutes les efpèces terreufes & alcalines
de ce genre de fels exiftentdans la nature. On les
trouve deux ou trois à la fois fur les murs des
vieilles maifons, des bâtimens anciens, dans quelques
terreaux des végétaux, dans le fol des caves,
des écuries , des étables, des granges, des celliers
, des latrines} quelquefois même dans les
dépôts calcaires & marneux naturels. On obferve