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ment fous les pieds des habirans de quelque pays pyrites aurifères ? M. Balbo parle à la vérité du
mue j uts particules ae cette iuoitance qui a
forme 1 objet Ur l'avidite & binfirumerit de toutes
les pallions les plus violentes des humains ?
Pourquoi n y auroit-il pas de l’or répandu lur toute
la fui race de la terre, à des profondeurs différentes
de dans des couches variables ? M. Balbo,
que j'ai cite fi louvent , nous apprend que la couche
de terrain aurifère de l'Orco pa'roîr avoir une
largeur de deux ou trois milles. J'ai mer ois mieux
dire que la val.’ée où bon pèche de 1 or j lur les
bords de l'Orco , eft de cette largeur. Qui faura
nous indiquer fi cette couche ne s'étend pas j lus
loin ? fi elle ne court pas feus des collines ou*des
terrains plus élevés ? fi elle ne difparoîr pas à caufe
de quelqu’inclinaifon accidente’le dans la couche ,
comme on en voit fi fouvent fout près des montagnes
? Il en eft de même de la longueur de la
couche , que M. Balbo a fixée de dix à douze
milles j c'eft à peu près l’étendue du cours de la
rivière dans la plaine. On pourioit fuppofer que la
même couche continuât atiffi plus haut fous les
collines & même fous la charpente des montagnes.
« Et ces paillettes d'o# que bon trouve dans les
terres labourables, dans la terre des jardins , ne
feroient-elles pas de ces mêmes particules entraînées
dans la végétation par les plantes nées dans
les parages & dans les couches aurifères, & rendues
par la décompofitioh de ces plantes à la terre
végétale? 11 vaudroit même la peine d'examiner à
ce fujet pourquoi l’incinération du bois de la vigne
3 comme M. Sage l'a obfervé , donne en dernier
réfultat de l'or dans une proportion plus forte
que les autres végétaux. Pourroit-on par hafard
retirer ce même principe, au moins en partie , de
la belle couleur de pourpre dont la liqueur de
Bacchus eft douée , & que l ’or oxidé nous préfente
dans le précipité de Caffius?
» Et le platine que nous recevons de l'Amérique,
en grains , & que nous n’avons jamais vu qu'en
forme de gros fable , & dont nous ne connoiffons
pas les mines , ne feroit-il pas difféminé de même
dans des couches platinofères, & mis à fon tour à
découvert par le cours des rivières , en Amérique.,
comme les paillettes d’or le font dans nos
couches aurifères en Europe ?
y Je veux bien me permettre avant de finir, de
présenter encore une queftion à ce fujet. Pourquoi
les rivières , qui coulent fur la rive gauche du
P ô , depuis les Alpes cottiennes jufqu'à la Lombardie,
depuis la Stura jufqu’au Tefin , font-elles
prefque toutes aurifères , pendant que , fur la
droite du Pô, il n'y en a que très-peu où l’on pêche
de ces paillettes précieufes ? Pourquoi ne fe
trouve-t-il plus de rivières aurifères depuis le
Tefin jufqu a l’embouchure du P ô , quoique les
ri\ ièr'es qui coulent dans la même direction du
Te lin, & fe rendent des Alpes dans le Pô, paf-
fent par des montagnes à mines, où les pyrites
fpnt très-abondantes, & où l’on trouve même des
. 1 anaro comme d une rivière aurifère, mais il re-
! connaît aufii que nos naturaiiftes modernes n'ont
| pas trouvé de l'or dans ce fk-uve, & le témoignage
j d'Agricola & de Volaterran dont il s 'ippufe , ne
! fuftit pas à éloigner toutes fortes de doute s d e . cette
j affertion. Il n'y a pas de bêtife , en fait d'hiftoire na-
| turelle, que Volaterran n'ait débitée j & Agricola,
| dont le témoignage vaudroit quelque choie, n'a pas
j bien connu le loi & l’ory&ologie de 1 ir ibe. Il y
[ a à la vérité deux ou trois ruiifèaux aurifères qui
j le déchargent dans la Bormida, il v en a peut-être
; quelqu'autre au deftus 5 r cependant cela eft bien
peu de choie en comparaifon des grandes & nom-
i breules rivières aurifères qui le déchargent dans
| le lit du Pô , fur la gauche.
“ Dans l'hypothèfe d'un lit ou d'une couche
: aurifère continue, qui court fous cette région à
differentes profond urs, on pourroit fuppofer que
la Doire, qui baigne les murs de Turin, & la
Stura, ne charient point d'or, parce que leur
cours n’a pas encore atteint la couche aurifère qui
petit-etre eft plus baffe. En effet, cette couche
reparoic du côté de la Savoie, le long du cours de
bArve. On feroit même fondé à croire que ce foit
par la même caufe que , fur la droite du P ô , les
fables des rivières ne font pas tous riches de
paillettes d'or, & qu'on n’en trouve pas au d e filous
des ruiffeaux fufmentionnés qui fe déchargent
dans la Bormida, quand on ne préféreroit pas
de croire que la couche aurifère de ce côté-là eût
été entièrement emportée ; ce qui auroit un motif
de^ crédibilité de plus , s’il étoit exactement vrai
qu'on eût trouvé autrefois de l'or dans le Tanaro ,
& qu'on n'en trouvât plus à préfent : c'eft ce que
j'aime mieux croire par rapport auPô & auxrivières
qui y vont aboutir , depuis le cours duTefin jufqu'à
fon embouchure. Comme la plaine que le Pô
arrofe, eft beaucoup plus baffe en comparaifon de
toutes les autres régions de l’Italie feptentrionale,
& qu’elle n’eft pour ainfi dire qu'une grande vallée
de la même rivière, on peut fuppofer qiie, dans
cet endroit, la couche aurifère a été entièrement
emportée par les eaux 5 ce qui rendroit raifon du
défaut de l'or dans les rivières qui courent à peu
près dans la même direction. »3
ORPIMENT , combinaifon naturelle ou artificielle
de foutre & d?arfenic. Quelques chimiftes
croient que le métal y eft à l'état métallique 5 d'autres
affurent qu'il y eft contenu à l’état d'oxide.
Cette queftion, qui n'a point été traitée fuffifam-
menc à l'article de 1'Arsenic , fera repréfentée à
celui de Réalgar , autre combinaifon de l'arfe-
nic fulfure, qui diffère de l'orpiment, & par fa
couleur rouge, & par la proportion de fes principes.
( Voyei les articles ARSENIC, RÉALGAR &
Sulfures d ’arsenic.)
ORPIN. Quoique le nom d'orpin foit regardé
par beaucoup de p.erfonnes comme fynonyme
^'orpiment, il éft cependant plus fouvent employé
pour défigner ce minerai natif dans les arts
où il eft employé, & furtout en peinture. ( Voye1
les articles ARSENIC, ORPIMENT & RÉALGAR.)
ORSEILLE. Vorfeille eft une préparation d'un
lichen dont on fait une pâte, 8e qu on emploie
dans la peinture; Comme aucun chimifte n a traite
avec plus de foin de l'hiftoire & des propriétés de
ce corps, que M. Berthollet, je «soulignerai ici le
chapitre qui fait partie de fes Elémens de teinture.
c.< Vorfeille dont on fe fert en teinture , dit
M. Berthollet, eft fous la forme d'une pâte d’un
rouge-violet. On en dvftingue principalement deux
efpèces, Vorfeille d’herbe ou des Canaries, & 1 or?
feille de terre ou d'Auvergne , qu'on nomme auffi
P b elle. La première eft beaucoup plus eftimée: elle
fe prépare avec une efpèce de lichen ( lichen roc-
cella ) , qui croît fur les rochers voifins de la mer,
aux Canaries & au Cap-Ve rd 3 la fécondé efpèce
fé prépare avec un lichen ( lichen parellus ) qui
croit fur les rochers d'Auvergne.
« Micheli, cité par Heliot, dit a ne les ouvriers
qui préparent Vorfeille à Florence, réduifent la
plante en poudre fine qu'ils paffent travers un
tamis j qu'ils l'arrofent enfuite légèrement de
vieille urine ; qu’ ils remuent une fois par jour le
mélange en y ajoutant à chaque fois une certaine
proportion de fou de en poudre, jufqu'à ce que la
matière ait pris une couleur colombine : alors on
la met dans un tonneau de bois, & on y ajoute
de l’urine , ou de l’eau de chaux , ou de la difi
folution de gypfe , jufqu'à ce que la furface en
foit recouverte, 8c on la conferve en cet état.
Dans une defeription que l'on trouve dans l’ouvrage
de Pfiêtho, l’on ajoute dans cette préparation
du fel ammoniac, du felgemme & du fal-
pêtre > mais Heliot s'eft convaincu par l'expérience,
que la chaux & l’urine étoient les feu}s
ingrédiens nécefiaires j qu’il falloit remuer fréquemment
le mélange en ajoutant de nouvelles
dofes de chaux & d’urine. Il eft bon de laiffer
évaporer à la fin l’alcali volatil qui s’eft formé,
pour'que Vorfeille prenne une odeur de violette
que bon trouve dans celle qui eft bien préparée 5
cependant, pour la conferver long-terns, il faut
avoir foin de la tenir humeétée d’urine.
Kalm dit dans un Appendice à la fuite d’un Mémoire
de Linnæus , qui eft dans les Mémoires de
Stockholm de BBgj , que, dans quelques parties
de la Suède , on fe fert, pour teindre en rouge ,
de deux lichens qu’il décrit, 8r l’on dit dans les
mêmes Mémoires de 1744, qu’il fe trouve également
en Suède une efpèce de lichen ( lichen fo~
haceus , umbilicatus , fubtîts lacunofus. Linn. Flor.
fuec. ) , laquelle étant préparée avec de burine ,
teint la laine & la foie en rouge & violet beaux &
durables. ' ' .
• »U y a plufieurs autres efpèces de moufles &
de lichens qui pourroient peut-être fervir en teinture
fi elles étoient préparées comme Vorfeille.
Hebot donne ce moyen de découvrir fi elles pof-
fèdent cette propriété : on met un peu de ces
plantes dans un vâifleau de verre -, on humeéte
d’ammoniaque & de partie égale d’eau de chaux ÿ
on ajoute un peu de muriate d’ammoniaque ou fel
ammoniac > enfuite on bouche le petit vaiffeau ;
après trois ou quatre jours, fi la plante eft de nature
à donner du rouge, le peu de liqueur qui
c oulera en inclinant le Vaiffeau qu’on a ouvert, fera
teint d'un rouge-cramoifi, & la plante elle-même
prendra cette couleur. Si la liqueur ou la plante ne
prend point cette couleur, on ne peut en rien ef-
pérer, & il eft inutile de tenter fa préparation en
grand } cependant Lewis dit qu'il a éprouvé de
cette manière un grand nombre defèiouffes, & que
la plupart lui ont donné, une couleur jaune ou
brune-rougeâtre, mais qu'il n’a obtenu que d un
petit nombre une liqueurd'un rouge-foncé, qui ne
comrnuniquoit au drap qu’un rouge-jaunâtre (1 ).
» Vorfeille. préparée donne très-promptement
fa couleur à l’eau , à l’ammoniaque & à l'alcool.
C ’eft de fa diffolution par l'alcool qu’on fe fert
pour les thermomètres à L’efprit de vin } & lorsque
ces thermomètres font bien privés d'air , la
liqueur perd fa couleur dans quelques années ,
comme l’a obfervé Noilet (1). Le contaèl de -bair
rétablit la couleur, qui fe détruit de nouveau dans
le vide par le laps de tems. L’infufion aqueufe
perd fa couleur par la privation de l’air dans peu
de jours , phénomène fingulier, & qui mérite des
obfervations nouvelles.
» L’infufion à'or feille eft d'un cramoifi qui tire
fur le violet 3 les acides lui donnent une couleur
rouge : comme elle contient de l’ammoniaque
qui a déjà modifié fa couleur naturelle , les alcalis
fixes y produilent peu de changement, feulement
ils la foncent un peu & la rendent plus violette.
L’alun y forme un précipité d'un rouge-brun j la
liqueur qui fumage, conferve une couleur rouge-
jaunâtre 3 la diffolution, un précipité rougeâtre qui
fe dépofe très-lentement ; la liqueur qui fumage
retient une foible couleur rouge. Les autres feis
métalliques produifent des précipités qui n'offrent
rien de remarquable.
33 La diffolution aqueufe de V or f i l l e , appliquée
au marbre froid , le pénètre & lui communique
une belle couleur violette ou bleue, tirant fur le
pourpre, qui réfiftebeaucoup plus Iong-tems à l’air,
que les couleurs de Vorfeille , appliquées à d’autres
fubftances. Dufay dit qu’il a vu du marbre
teint de cette couleur, l'avoir confervée au bouc
de deux ans fans altération.
33 Pour teindre avec Vorfeille, on délaie dans
un bain d'eau , lorfqu elle commence à devenir
tiède, la quantité tiorfeille qu’on juge néceffaire,
félon la quantité de laine ou d'étoffe qu’on a à * 2
fO The chemical Works o f Caspard Newman.
(2) Mémoires de L‘Académie, 174a