
le mercure. Je l*ai propofé, en 1781, comme un
fondant très-aôif dans les engorgemens lymphatiques
, & furtout dans les affections fcrophuleu-
fes. De nombreufes obfervations ont confirmé ma
première affertion & mes premières vues fur ce
remède.
Le muriate calcaire eft bien difloluble dans l*al-
cool ; il paroît qu'il eft en grande partie la fource
des vertus médicinales de plufieurs eaux minéra-
les , comme celle de Balaruc , de la Mothe, &c.
M u r i a t e d e c h r o m e . On ne connoît pas le
muriate de chrôme : on fait que ce métal eft inattaquable,
par l'acide muriatique, lorfqu’ il eft dans
fon état métallique, mais que fon oxide vert y eft
difloluble. C’eft cette diiTolution qu’il faudra examiner
pour connoïtre les propriétés du muriate de
chrome. L’acide muriatique, diftillé fur l’acide chrô-
mique , pafle à l ’état oxigéné, & devient capable
de difloudre l’or. ( Voye{ l'article C h r o m e dans
le Supplément. )
M u r i a t e d e c o b a l t . Le cobalt n’eft attaquab
le , par l’acide muriatique, qu'à l’aide de la chaleur
i il s’y diflout alors avec une légère effervef-
cence. Jeté en poudre dans le gaz acide muriatique
oxigéné, il brûle avec flamme, & donne des
étincelles blanches très-brillantes.
L’oxide de cobalt gris-foncé, noirâtre, rofe ou
bleu, plus ou moins oxidé & plus ou moins pur,
fe diflout très-facilement dans l’acide muriatique,
& on le fépare très-bien du foufre par cet acide, i
Sa diflolution eft alors rofée, ou brune, ou rouge-
foncée : elle donne , par une forte évaporation ,
de petites aiguilles déliquefcentes; elle a furtout
la propriété très-rem rq îable de prendre une belle
couleur verte par la a a eur ; elle conftitue l’encre
de fympathie la plus célèbre. ( Voye% les articles
C o b a l t & E n c r e d e s y m p a t h i e . )
M u r i a t e d e c o l o m b i u m . Le colombium ,
nom tiré de celui de Ch. Colomb, & qu’on ne
doit pas par conféquent écrire columbium, eft un
métal acidifiable, découvert en 1802 par M. Hat-
chet. 11 a été trouvé dans un minéral du Mufée.
britannique, envoyé à Hans-Sloane par M. Win-
throp de Maffachufet. Ce minéral, lourd, d’un gris-
noir, afîez femblable au chrômate de fer de Sibérie
, n’eft que très-foiblement attaqué par les acides
; il l’eft très-bien,par les alcalis fixes à l’aide
de la fufion , & ces bafes fe trouvent faturées par,
l’acide colombique qui eft uni au 1er dans le minéral.
Celui-ci contient plus des trois quarts de
fon poids d’oxide acidifié. Lorfqu’on l’a précipité,
par l’acide nitrique; de fa diflolution alcaline, il
eft en poudre blanche foluble dans l’acide muriatique
bouillant. Les alcalis en précipitent l’acide
métallique en flocons blants; le prufliate de po-
tafle y forme un précipité vert-oli>e; la noix de
galle un de couleur orange-foncée > le zinc un précipité
blanc. Le précipité par les alcalis rougit le
papier bleu ; il forme, avec le phofphate d’ammoniaque,
un verre d’un bleu-pourpre. On n'a
pas encore pu réuflir à en obtenir la réduction en
métal. ( Voye[ £article COLOMBIUM dans le Supplément.)
M u r i a t e d e c u i v r e . Le cuivre & fes divers
oxides font attaquables & bien dilfolubles par l’acide
muriatique. Cette diflolution diffère de toutes
les autres par une belle & brillante couleur verte,
qui imite l’herbe des prés la plus riche. Ôn en
obtient, par une évaporation & un refroidifle-
ment bien ménagés, des criftaux prifmatiques carrés,
alongés, d’un muriate de la plus belle couleur
verte.Ce feî très-âcre, très-fufible, très-déliquef-
cent, peu décompofable par la chaleur, contient
le cuivre le plus oxidé poflible. Il n’eft pas employé.
Suivant M. Prouft , quand on diftillé ce fel, on
en dégage , par un grand feu, une portion de l’a cide
qui pafle à l ’ état oxigéné. Son oxide perd une
portion a’oxigène ; il pafle de 0,2y à 0,17 d’oxi-
dation ; il forme un muriate blanc de cuivre dès-,
différent du premier. Ces expériences intéreflantes
femblent prquver, contre la propre opinion de
l ’auteur, qu’il y a différens degrés d’oxidation du
cuivre. ( V’oyei l'article CuiyRE. )
M u r i a t e d e c u i v r e a m m o n i a c a l . Il y a
une combinaifon faline triple entre l’acide muriatique
, l’oxide de cuivre & l’ammoniaque. On l’obtient
en précipitant & en rediflolvant le muriate
de cuivre par l’ammoniaque. Il eft d’un bleu de fa-
phir très-riche ; il devient vert à l’air lorfqu’ii fe
deffèche. Il paroît fufceptible de donner des crif;
taux. Les alcalis fixes le décompofënt. (Quelques
médecins emploient ce fel dans plufieurs affe&iôrs
nerveufes, & furtout dans la difphagie fpafmo-
dique.
Ce qu’on nommoit autrefois ens yeneris ou fleurs
ammoniacales cuivreufes , eft une efpècè de muriate
de cuivre ammoniacal, puifqu’il rèfiflte de la f f iw
mation du muriate ammoniacal avec un oxide dé*'
cuivre. I f a une couleur verté-pâlè , & il n’eft 1
employé que parmi les remèdes externes.
M u r i a t e d e c u i v r e n a t i f . Dombeya rapporté
le premier, du Pérou un fable vert retiré
d’üne petite rivière dans la province de Lipès,
que j’ai reconnu, en 1785, pour être du muriatej
de cuivre mêlé de fable fi’liceux. Je donnerai ici le
Mémoire contenant l’ahaîyfe de ce minéral, inféré
dans le volume de l’Académie des fciences
de 1786. J’y laiflerai la nomenclature de ce tems;
Examen d'un fable vert cuivreux du Pérou , pan
MM. le duc de la Rochefoucauld, Baume & Fourcroy
, lu le z6 avril 1706.
M. Dombey ayant fait préfènt à l’Académie,
d’un fable vert trouvé au Pérou, elle notis a char
ges d’en faire l’analyfe. Les expériences que nous
avons faites fur ce fable nous ayant préfenté quelques
faits intéreflans, nous avons cru pouvoir en
faire l’objet d’un Mémoire pour cette féance, &
efpérer que le public entendroit avec plaifir ce
premier détail fur le produit d’un voyage qui a
droit à fon intérêt & à fa reconnoiflance.
M. Dombey, parti par ordre du Roi en 1776,
eft revenu fur la fin de l’année dernière, après
avoir parcouru le Pérou & le Chili avec un zèle
que ni les fatigues, ni l’intempérie du climat, ni
les obftacles moraux, plus infurmontables quelquefois
que les obftacles phyfiques, n’ont pu ralentir.
Au péril de fa fanté, qui en eft très-altérée,
au péril même de fa v ie , il a raflemblé une im-
menfe collection de plantes-, dont une grande
partie font nouvelles, & que les foins de M. Lhé-
ritier, qui fait allier l’étude des fciences aux fonctions
importantes de la magiftrature, feront con-
noitré au public. Indépendamment de ce précieux i
recueil, M. Dombey a rapporté des morceaux cu-
^rieuxpour lès autres parties de l’hiftoire naturelle,
pour les antiquités péruviennes, &un grand norm
bre d’obfervations, dont il eft à defiref que les dé-
tails, écrits par lui-même, jettent du jour fur ces
contrées peu connues. Audi défintéreffé que bon
obfeîvateur, la fortune confidérable que la pro-
fefîion de médecin lui procuroit, il l’a employée
toute entière à ces acquisitions , dont une moitié
feulement arrivée en France, a excité l ’admiration
de tous les favans. 1 : H
L état de la fanté de M. Dombey exigeant une
vie libre •& du repos, il a négligé le foin de fa
fortune, peut-être même celui dé fa gloire, en
quittant Ja capitale pour fe retirer dans fa province,
ou il compte exercer là médecine pour les
pauvres feulement. C’eft là que, dans le filence ,
il préparera fans doute une relation de fes voya-
£,es* ?ul ^era reçue du public avec intérêt, &
c eft là qu’il recevra les juftes récompenfes que le
Gouvernement deftine à; fes utiles travaux.
Après cet hommage dû à M. Dombey, nous
allons rendre compte delà fubftance fingulière qui
fait 1 objet de ce Mémoire 5- il feroit important
d en connoïtre l’hiftoire naturelle ; mais M. Dombey
ne] a pas ramaffée lui-même, il l’ a achetée d’un
Indien aux mines de Copiapu, & tout ce qu’il a
pu apprendre de cet Indien & de fon curé, c’eft
qu’ elle fe trouve dans une petite rivière de ia
province de Lipès, deux cents lieues plus loin'
ftue Gopiapu ; que cette rivière fe perd dans les
fables du défert a Alacama, qui fépare le Pérou du
Chili, & que ce fable vert y eft peu abondant.
En l examinant a la vue fimple, il paroît com-
pofe de deux matières différentes, toutes* deux
fort tenues, l’une d?un beàu v e rt, qui eft la plus
abondante; l’autre grife, & ces deux matières
femblent tendre à fè féparer lorfqu’on les agite.
L oeil armé d’une loupe apperçoit la partie verte j,
comme tranfparente, & découvre dans'la portion
grife de petits criftaux de quartz, dés fragmens
(emblables au feldfpath, & des molécules rougeâtres,
d’apparences diverfesj mais le microf-
cope ne préfente cette partie grife que comme
quartzeufe ; la verte paroît tranfparente, quelques
fragmens font criftallifés en prifmes , & tous ont
dans leur milieu des veines noirâtres qui y forment
des efpèces d’herborifation.
Nous avons tenté, mais inutilement, de féparer
par le lavage les différentes matières que ce
fable contient : le barreau aimanté n’en a rien enlevé
non plus.
Il étoit afifez naturel d’imaginer, à la première
infpeétion, que la partie verte feroit de la malachite
, & nous avons en conséquence réfolu da
comparer ces deux fubftances, entre lefquelle*
nous n’ avons pas tardé à reconnoïtre des différences
notables.
La malachite réduite en poudre', 8c vue au
même microfcope, étoit à la vérité tranfparente
comme le fable vert, mais moins veinée & d’une
couleur plus claire.
Jeté au milieu d’un brafier, Je fable vert produit
une flamme verte & bleue très-brillant j , 8c
qui dure long-tems; celle de la malachite feu-,
lement verte & dure peu la mal.a.chite d’ailleur*
a be.foin d’une .chaleur plus forte pour, s’enflammer.
Le fable vert, mis darft un creufet au fourneau
de fufion , a fondu dans une demi-heure, fans addition,
en une fritte vitreufe d’un'brun-fo.'ugèa-
t r e ,;crifta!lifée en lames appliquées les unes fur
les autres.
: Mais avec un 'mélange d^alcalj fixe & d'é poix-
réfihè, deux onces de fable vert nous ont donné,
un culot de beau cuivre pefant fept gros vingt-
quatre grains; & dans une féconde expériencè ,
une once de fable vert a fourni trois gros cinquante
quatre grains , mais les feoriés en réte-
noierit une partie difficile à apprécier.
Une once de malachite avec le même flux, a
donné quatre gros vingtquatie grains dfe cuivre ;
ainfi cette fubftance paroîtroit contenir uné plus
grante quantité de métal; mais comme le'fable
vert eft mêlé de parties étrangères & métalliques,
il paroît que s’il étoit réduit à fa portion verte
feulement, le produit métallique feroit à peu près
. égal des deux côtés.
La malachite avoir déjà été examinée avec l’ap-
pareil pneumato-chimique, par M. l’abbé Fon-
tana j mais quoique le nom de ce favant, jufte-
ment célèbre, nous répondît de Texaditude de
fes réfultats, nous n’avons pas négligé de faire
comparativement lanaiyfe des deux fubftances,
pour obtenir leurs produits aériformes.
Nous avons mis deux onces de malachite réduite
en poudre, dans une cornue de Verre lutée au fourneau
de reverbère; au bec de la cornue étoit
adapté un petit ballon tubulé , d’où partoic un