
fion entr’eîles. Cette altération du mercure eft principalement
l'effet d'une trop forte agitation 5 c’eft
une des raifons pour lesquelles l'amalgamation fe
fait mieux dans des tonneaux horizontaux & mobiles
autour de leur axe , que dans des tonneaux
verticaux immobiles, dans lefquels la bouillie minérale
eft agitée par un jeu de pilons. Cette efpèce
d’écume de mercure fe produit aufli lorfque la vi-
teffe des tonneaux eft trop grande , comme lorsqu'ils
font vingt-quatre, vingt-cinq tours dans une
minute 5 elle fe produit encore facilement dans
des tonneaux où les tourillons ne feroient pas fur
la direction de l'axe , & qui par conféquent éprou-
veroient un mouvement de culbute à chaque tour
ainfi que l'a obfervé Gellert. L'addition de plaques
de fer ne remédie point à cet accident ; mais le
frottement, la chaleur, la lumière, le délaiement
de la bouillie minérale, fuffifent pour rapprocher
les molécules de mercure , ainfi que nous le verrons
plus bas.
4-. Séparation du mercure d'avec le minerai dans
les tonneaux. Lorfque l'efTai a indiqué que les mi-
nerais ont cédé leur argent au mercure, & que par !
conféquent l'amalgamation eft finie_,_on opéte mécaniquement
la [épuration du mercure tenant argent}
d'avec la bouillie minéiale. A cet effet, on arrête
les tonneaux, on les ouvre & on les remplit entièrement
d’eau. (Pendant la durée de l'amalgamation,
ils ne font guère remplis que jufqu’aux
deux tiers de leur capacité, ) Les tonneaux étant
pleins on les rebouche & les remet en mouvement
, mais on les fait aller lentement, de manière
à ce qu'ils ne faffent que'de fix à huit tours
par minute. Le mercure, avec l'argent dont il s'eft
chargé, gagne alors la partie inférieure du tonneau,
en vertu de fa grande pefanteur fpécifique,
s'y ramaffe & s'y maintient pendant la rotation
lente des tonneaux, & fe fépare ainfi du minerai.
Au bout d’une heure ou d'une heure un quart
cette féparation eft entièrement effectuée.
y. Vidange, des tonneaux. On a ici deux opérations
à diftinguer, la- fortie du mercure tenant argent
, & celle du réfidu minéral.* ‘ ; ;
Lorfque l'on juge que le mercure eft bien féparé
du minerai, on arrête le tonneau que l'on veut
vider, on ouvre le petit trou qui eft au milieu du
bondon, on y introduit un petit robinet garni du
tuyau de peau, & que l'on aftujettit bien (à l'aide
de l'étrier). Cela fait, on met fur le tuyau h ( fig. A), ,
l’entonnoir de boisV fig. 4 ; on tourne brufquemént
le tonneau de manière à ce que l’orifice fait en
bas, & que le tuyau du robinet entre exactement
dans l’éntonnoir 5 alors on ouvre le robinet, & le
mercure ( qui occupe le fond ) chargé de l'argent,
fort j il gagne la rigole i , qui le conduit dans la
chambre de. Vamalgame.
Dès que le mercure a fini de couler, & que le
réfidu minéral fe préfente, on ferme le robinet,
on retourne le tonneau en mettant l'orifice en
h.ant> on le débouche entièrement '& oh le rcn- 1
verfe peu à peu, de manière à ce que les réfidus
fortent & tombent dans l’auge qui eft au deffousj
lormu il eft prèfqu’entiérement renverféon tient
un balai devant l’orifice , afin que les plaques de
fer qui font dedans ne fortent point. 11 y a une auge
fous chacune des quatre rangées de tonneaux, &
chaque auge incline de les deux extrémités vers
le milieu : là il y a un trou auquel eft adapté un
tuyau vertical, qui va aboutir au delïus d’une cuve
qui eft au rez de chauffée. Les réfidus tombent par
ce tuyau dans la cuve j s’ils font trop épais, &
qu ils ne coulent pas dans l’auge, on y fait entrer
un courant d eau qui les entraîne. Lorfque les tonneaux
font vidés, on lave & on nétoie bien les auges.
Les planchers & l’extérieur des tonneaux font
également lavés & nétoyés avec foin, & toutes
les eaux de ces lavages font conduites dans les
cuves inférieures, afin qu’il ne fe perde ni une
parcelle de mercure ni une parcelle d’argent.
On commence à remplir les tonneaux entre fix
& fept heures du matin j à huit heures on y a déjà
mis le minerai & l’eau, & le mercure y eft ordinairement
à dix heures : l’on prend les échantillons
à effayer le lendemain vers quatre heures du matin,
bc l ’on vide les tonneaux vers fix heures.
. Les ouvriers chargés du travail de l’amalgama-
tion font, i°. deux amalgameurs : leur journée
commence à quatre heures du matin, & finira
quatre-heures du foir > chacun foigne dix tonneaux}
ils font payés à raifon de 1,17 fr. par jour.
^•Quatre aide-amalgameurs : il y en a deux attachés
à chaque amalgameur, & de ces deux, l’un
fert le jour, & l’autre la nuit} chacun a 1 fr.
3°. Deux garçons qui aident les amalgameurs, &
reçoivent 67 centimes par jour.
Nous ferons obferver combien peu il faut d’ouvriers
pour ce travail : ainfi, en moins de deux
heures de tems, quatre ouvriers fuffifent pour
mettre dans les tonneaux deux cents quintaux de
minerai, cent quintaux de mercure, foixante quintaux
d’eau, & c ., tant la difpofition de Tufine eft
bien entendue.
En 1802 , où l’on a amalgamé 57685) quintaux de
minerai ainfi que nous l’avons dit, les frais d’amalgamation
ou main-d’oeuvre fe montent à 22,61 fr.}
ce qui par cent quintaux revient à 3,02 fr.
Cette même année on a confommé foixànte-
dix quintaux & demi de plaques de fer } ce qui ,
par cent quintaux de minerai amalgamé, équivaut
à 12,2 liv; (le quintal de cent livres.)
Le mercure confumé s’eft élevé à 2174 quin-
taux. Ainfi, par cent quintaux de minerai, la quantité
de mercure fera de 3,77 liv. Par quintal de.
minerai elle fera de 0,603 onces. Cent quintaux
de minerai font cent dix quintaux de compofition,
lefquels ex ig en t moitié de leur poids de mercure:
il s enfuit que par quintal de mercure employé 011
a un déchet de 0,33 onces ou un tiers d’ once. En
répartiffant Je déchet de mer cm e fur le nombre
de marcs d’argent retirés du minerai amalgamé,,
on
on trouve que par marc le déchet eft de 1 ,; onces.
Un fi petit déchet prouve une très-bonne difpofition
dans les travaux d’amalgamation, & beaucoup
de foins dans l’exécution de fes travaux.
III. Des travaux fubféquens a Vamalgamation.
Nous avons vu qu’on retiroit des tonneaux
d’amalgamation deux efpèces de produits, favoir :
le mercure tenant argent, & les réfidus ou minerais
dépouillés de leur argent. Les travaux que fubiffent
jenfuite chacun de ces produits, font l’objet de
cette feélion qui fe foudivife naturellement en
deux articles, celui concernant le mercure, & celui
qui a pour objet les réfidus.
1°, Travaux relatifs à l'argent contenu dans
le mercure.
Les travaux dont il va être ici queftion ont pour
objet la féparation de l'argent d'avec les autres
fubftances avec lefquelles il eft combiné. Ces fubft
tances font le mercure, & quelques autres métaux
qui font avec lui dans l’amalgame. Cette dernière
féparation fe fait par l'affinage ordinaire. Quant à
celle du mercure, il faut obferver que l’argent fe
trouve d’une double manière dans ce fluide métallique.
D'abord, il eft chimiquement combine avec
cinq fois fon poids de mercure, & forme ainfi l’amalgame.
Cet amalgame eft lui-même mécaniquement
mêlé avec le refte du mercure : ainfi il faut
commèncer par féparer l’amalgame du mercure, &
puis extraire l’argent de l'amalgame.
I . Séparation mécanique de l'amalgame d'avec
le mercure.
Le mercure chargé d'argent qui fort des ton- <
neaux , eft conduit, avons-nous d it , par des
rigoles qui font fous le plancher de la falle d'amalgamation.
Ces rigol s ou tuyaux abouriffent dans
une chambre qui eft au rez de chauffée , & que
l’on nomme chambre et amalgame. Dans celle-ci il
y a quatre auges de pierre, donc chacune peut
contenir cent vingt quintaux de mercure. Ces auges
font, de deux en deux, en amphithéâtre les unes
fur les autres. Au deffus des deux fupérieures
règne une couliffe dans laquelle on met un ou
plufieurs châffis, que l’on peut pouffer d'un côté
ou d’autre. Ces châffis , ou plutôt ces planches,
font percés d'un trou qui a près de deux décimètres
de diamètre. Dans ce trou on fait entrer
un fac de coutil d’environ fix décimètres de long,
& dont le bord fupérieur eft fixé à un cercle de
fer ayant deux décimètres~& demi de diamètre,
& qui par conféquent retient le fac au deffus du
trou qui n’a que deux décimètres. On place un fac
fous chacun aes deux tuyaux ( les deux rigoles qui
reçoivent le mercure des dix tonneaux mus par le
même arbre, fe réunifient dans le même tuyau),
& à l’aide d’une fonnette on avertit les amalga-
meufs que tout eft difpofé, & qu’ ils peuvent
commencer à vider les tonneaux. On vide d’abord
Ch im ie . Tome V .
le premier tonneau de chaque dizaine , pu's le
fécond, &c. La première dizaine fournit au fac
qui eft fur la première auge, & l’ autre dizaine à
celui qui eft fur la fécondé. L e mercure pur coule
à travers les pores du fac , & l’amalgame refte
dedans. Lorfque les cinq premiers tonneaux de
chaque dizaine ont vidé leur mercure , on pouffe
à côté les deux facs qui ont reçu leur amalgame,
& on leur en fubftitue deux autres, de forte que
les vingt tonneaux rempliffent quatre facs. Ou
laiffe tes facs s'égoutter , & le mercure en fortir
par fou propre poids. Lorfqu'il n en fort plus, ou
enlève les facs, on les tord fortement, & on les
preffe contre une planche placée en travers fur les
auges, pour exprimer tout le mercure libre qui
peut fe trouver dans l’amalgame. Autrefois on fe
fervoit d'une preffe pour cet objet s mais aâuelle-
ment on a reconnu qu’une petite^ force fuffifoie
pour bien féparer le mercure de l’amalgame, Se
qu’une preffe étoit inutile pour cet effet.
Les vingt tonneaux livrent ordinairement de
trois à trois quintaux trois quarts d’un amalgame
compofé d’une partie d’argent, communément à
750 ou 820 millièmes, 8r cinq parties de mercure.
Des tonneaux contenant la même quantité de minerai
& de compofition, ayant le même contenu
en argent & traités de la même manière, donnent
fouvent une quantité d’amalgame différente s ce
qui vient des autres métaux, tels que le cuivre,
le zinc , le bifmuth, l’antimoine, le cobalt, le
nikel, le fer 8r l’arfenic, qui entrent avec l’argent
dans l’amalgame. Aufli lorfqu’un minerai fournit
beaucoup d’amalgame, l’argent qu’on en retire eft
un argent fort impur. Nous reviendrons fur cet
objet.
Le mercure qui eft paffé à travers le fac ( ou filtre
de coutil ) a entraîné avec lui quelque peu d’amalgame
, tant par un effet de fon affinité avec
cette fubftance, qu'à caufe de la fineffe des particules
de cette dernière s mais cette quantité eft
fort petite, car le quintal de mercure ne contient
pas plus d’une once, & au plus d’une once Se
demie d’argent. Ce même mercure , qu'on peut
regarder comme une eau-mère , paffé à travers la
peau la plus fine, retient encore de trois quarts
à une once d’argent. Au refte, ce contenu en
argent n’eft nullement perdu, car le mercure eft
de fuite repaffé dans les tonneaux pour une nouvelle
amalgamation. Dès qu’il a fini de couler dans
une auge, on le puife 8c on le met dans de petits
vaiffeaux de bois contenant un quart de quintal chacun
, & on l’élève à l’aide du petit cabeftan , ainfi
que nous l’avons déj à dit. Quatre heures après être
forti des tonneaux , le mercure y eft déjà remis.
2. Diflillation de C amalgame, ou féparation chimique
de l ’argent d’ avec le mercure.
Cette féparation eft fondée fur la différence de
volatilité des deux principes conftituans de i’anial- ,
game. Ainfi on emploie le feu comme le moyen