
faturation : un acide petit avoir perdu fes propriétés
, & être neutralité par une bafe faisable*
fans être pour cela faturé de cette bafe , & il peut
en prendre une quantité fort fupérieure à celle
qui eft néceffaire pour le neutralifer.
C ’èft à ce phénomène que fe rattachoit l’ancienne
dénomination de f i l neutre.
On a fait des tables pour déterminer la quantité
de chaque acide & de chaque alcali nécef-
faire pour fe neutralifer réciproquement , mais
elles n’ont point encore affez de précilion 6c de
certitude pour pouvoir être régardées comme des
faits démontrés, ( Voyelles articles S e l s & S a t
u r a t i o n . )
NEUTRE, On nommoit autrefois f i l neutre
toute combinaifon faline où l'acide & l’alcali qui
la forment, ont perdu complètement par leur
union les propriétés qui les caraCtérifent.' Cette
expreflion n’eft plus guère employée depuis qu’en
obfervant avec plus de foin les propriétés des Tels ,
on a reconnu que beaucoup de ces corps confer-
voient fouvent quelques-uns des caractères de
leurs matières conftituantes. ( Voyei L'article
S e l s . )
NICKEL. C ’eft Hierne qui , dans un ouvrage
fur l ’art de découvrir les métaux, publié en 1694,
aparlépour la première fois de la mine particulière
qui contient le nickel 3 & qu’on a nommée kup^
fernickel, comme qui diroit faux cuivre. Heockel
l’a regardée comme une efpèce de cobalt ou.d’arfenic
mêlé de cuivre. Cramer l’a rapportée de
même aux mines cuivreufes & arfenicales, quoiqu’
il n’ait pas pu en retirer du cuivre $ ce qui eft
aufli avoué par Hençkel.
L'opinion qui rangeoit le kupfernickel dans les
mines de cuivre, fut généralement adoptée juf-
qu’au milieu du dix-huitième fïècle. En 1751 &
1754, Cronftedt, célèbre minéralogifte fuédois,
le premier qui conçut l’utile projet de ranger les ;
foflîles d'après leur nature chimique, fit voir, j
dans les Mémoires de VAcadémie de Stockholm, i
qu’on pouvoit retirer de cette mine un métal !
nouveau, tout différent de ceux qui étoient çon- j
nus , & qu’il nomma nickel. Ce fentiment devint ,
bientôt celui de la plupart des minéralogiftes,
quoique quelques-uns, & furtout MM. Monnet
& Sage , aient .continué à foutenir, mais fans expériences
décifives , que le nickel étoit un cobalt
.dllié d’arfenic, de fer & de cuivre.
Bergman a effayé de faire ceffer les difparates
ce ces opinions diverfes par un examen approfondi
du nickelÿ il a donné une Differtation fur
ce métal, au mois de juillet 177 S 3 fous forme de
thèfe , foutenue à Upfal par M. Arwidfon fon
élève. Il s’y eft occupé Cpécialement de.déterminer
fî le nickel étoit véritablement un métal particulier
5 il y a déployé toutes les reffources de
l’ar t, & toute l’habileté d’un grand maître. Le J
réfultat général de ce beau travail eft que le nickel,
qui ne contient pas un atome de cuivre, eft ordinairement
allié de cobalt, d’arfenic 8c de fer,
qu’on ne peut en féparer qu’avec la plus grande
peine, mais que, malgré l’impoflibilité de le> purifier
complètement, il a .tant de propriétés différentes
de celles de tous ces métaux , & fes propriétés
vont tellement en augmentant à mefure
qu’on le purifie 3 qu’il eft impollîble de ne pas le
regarder comme une efpèce--de métal bien difr
tinCte & déterminée.
Cependant l’extraâion du nickel de fes mines ,
& la purification de ce métal, ont préfenté tant
de difficultés aux chimiftes qui fe font occupés
de ce travail dépuis Bergman , qu’il a été publié
plufieurs Differtations, dont il eft néceffaire de
faire connoïtre ici le réfultat. MM. Prouft, Thénard
& Richçer de Berlip ont entrepris des recherches
étendues fur cet objet, & nous offrirons
fucceflivement les découvertes qui leur font
dues.
Le nickel bien pur & obtenu fondu en un feul
; culot par M. Richter, eft d’une couleur qui tient
le milieu entre l’argent 6c l’étain. Il eft très-duc-*
tile & inaltérable à l’air. Sa couleur, indiquée
autrefois comme rougeâtre, 6c fon tiffu lamel-,
leux annoncent qu’il n’eft pas pur. Sa pefanteur
fpécifique s’approchoit beaucoup de 9,000 , fui-
vant Bergman : M. Guyton ne lui avoir donné
que 7,8075 M. Richter lui attribue 8,279 quand
il eft. fondu, & 8,666 quand il eft forgé. On peut
l’étendre en plaques d’un dixième de pouce d’é-
paiffeur. Il eft aufli difficile à fondre que le man-
ganèfe ; il ne s’oxide pas en le chauffant avec le
contaCt de l’air 5 il eft attirable à l’aimant, 6c fuf
ceptible de prendre la polarité magnétique. L’àr-
fenic lui ôte cette propriété, 6c le.cuivre ne la
diminue prefque pas. C ’eft en expofant l’oxide
de nickel pur dans des creufets réfraCtaires , au
feu d’un fourneau de porcelaine^ que M. Richter
a obtenu le culot métallique qui lui a préfenté.
toutes les propriétés indiquées ici. M. Guy ton
les avoir aufli appréciéës prefqu’aufli exactement,
affez long-,tems avant le travail de M. Richter.
Il exifte trois mines de nickel, bien diftinCtes &
bien faciles à reconnoître.
La première efpèce'eft le fulfure de nickel. C’eft
la plus abondante & la plus facile à diftinguer :
on l'a npmrnée kupfernickel depuis Hierne,' qui l’a
le premier décrite. Ce fulfure eft d’une couleur
jaune-rougeâtre., peu brillante, analogue à celle-
du cuivre -terni , avec lequel i’afpeCt porte toujours
à le confondre. Sa caffure çft raboteufe,
inégale, & fon tiffu compofé de grains fins 6c
ferrés : il perd facilement fon brillant à l’air , devient
terne , brunâtre , & fe couvre à la longue
de taches verdâtres j il forme un filon dans la
terre. Qn n’a point encore analyfé exactement
cette mine : on fait cependant qu’elle contient du
foufre, du niçkel.y de l’arfenic , du cobalt & du
fer. Le fulfure de nickel exifte en Suède, en Saxe,
en France, &c. Il n’eft pas, à beaucoup près3
aufii rare que le prétendoit Bergman, puifque j’en
ai trouvé, il y a quelques années, en tonneaux,
chez plufieurs droguiftes de Paris. Il paroït être
plus arfeniqué que fulfuré.
La deuxième efpèce eft le nickel ferré. Je donne
ce nom à une mine que le baron de Born a décrite
dans fon catalogue du cabinet de mademoifeile de
Raab, fous la dénomination de nickel allié au fer
fans arfenic ni cobalt, 6c qu’il dit avoir été trouvée
à Joachimflhal en Bohême: il a un tiffu feuilleté,
& eft formé de lames rhomboïdales entaf-
fées 5 fa caffure fraîche eft d’un jaune-pâle , qui
noircit par le contaCt de l’air.
La troifième efpèce eft l’oxide de nickel natif.
Il eft d’une couleur verte-claire, & agréable, ou
verdâtre. On le trouve communément à la furface
du fulfure de nickel, qu'il recouvre quelquefois de
toutes parts comme un enduit fuperficiel : on ne
le connoît ni ifolé, ni folide, ni fous une forme
régulière. Il eft vraifemblable qu’il contient de
l’acide carbonique, d’après les propriétés que
Cronftedt lui a reconnues. C’eft cet oxide qui colore
la prafe d’après l’analyfe que M. Klaproth
en a faite. Il eft fouvent mêlé ou comme interrompu
d'une pouflîère ou d’une efflorefcence blanchâtre.
M. Kirwan en foupçonne l ’exiftence dans
quelquesefpèces d’ardoifes & de pierres de corne,
parce que ces pierres colorent l’acide nitrique en
beau vert.
Outre ces trois efpèces, Bergman annonce qu’ il
n’eft pas rare de trouver le nickel natif, ou avec
très-peu de fou Ire , mais combiné avec 1e fe r , le
cobalt 8c l’arfenic, 6c qu’il exiffe aufli minéralifé
par l’acide fulfurique.Rinman dit également qu’on
a trouvé du nickel natif dans la Heffe ; il eft lourd,
rouge-foncé, formant des efpèces d’excroiflances
quand on le chauffe, foluble dans les acides qui
prennent une belle couleur verte. II faut compter
auffi le fpeijf, forte de produit des fourneauxj
parmi les matériaux d’où l’on peut extraire le nickel.
On le regarde comme un alliage de cobalt &
de bifmuth à l’aide du nickeL
On réduit la mine de nickel à la manière de
Cronftedt, en commençant par la griller pour lui
enlever, le foufre 6c l’arfenic ; ce qui lui fait perdre
le tiers ou la moitié de fon poids : on la trouve
enfuite d’autant plus verte , qu’elle eft plus riche
en nickel : on obferve quelquefois pendant le grillage,
6c Iorfqu’on la lailïe fans l’agiter, qu’il fe
forme à fa furface des végétations verdâtres, co-
ralliformes, dures 6c fonorés quand on les frappe.
On mêle la mine grillée avec deux parties de flux
noir, on la met dans un creufet, on la couvre de
Huiriate de foude, & on chauffe à la forge de j
manière à obtenir la fufîon. L’appareil refroidi, I
on trouve des fcories brunes, noirâtres ou bleues, j
un culot métallique, faifant depuis le dixième juf- |
f l j a U moitié de la mina crue- j
Mais ce premier métal, malgré le fort grillage
fupporté par fa mine, eft bien loin d’être pur 5
c’eft encore un alliage de nickel, de cobalt, d’arfenic,
de cuivre & furtout de fer, qui eft attirable
à l’aimant. C ’eft même à la proportion di-
verfe de ces métaux, que \t nickel doit fes variétés
de poids, de grain en mie ou en lames, de couleur
qui tire au rouge ou au jaune. Le métal obtenu
par Cronftedt en 17^0 étoit bien éloigné
d’être pur : il le décrivoit à facettes, & Bergman
a eu occafion d’en examiner une portion fondue
par ce minéralogifte, qui s’eft trouvée dans la col-
leélion faite 6c laiffée 'par Swab à l’Académie
d’Upfal. Rien n’égale les foins, la patience , la
fagacité que Bergman a mis à purifier le nickel ;
6c rien ne prouve mieux eh même tems la difficulté
prefqu’infurmontable d’obtenir le nickel ifolé, que
le réfultatqu’a obtenu, par fes nombreux 6c infatigables
effais, cet illuftre chimifte fur le métal extrait
par Cronftedt lui:même5 il lui a fait éprouver fix
grillages & fcorifications fucceflîves, qui ont duré
depuis dix jufqu’à quatorze heures chacune 5 il le
réduifoit à chaque fois avec des flux. En le traitant
ainfi, il s’en exhaloit des vapeurs d’arfenic 6c
une vapeur blanche fans odeur d’ail : la poudre de
charbon, ajoutée dans fes opérations, facilitoit
le dégagement de l’arfenic 5 cependant après les
fix grillages 6c réductions graduées, le nickel, fort
diminué de poids, fentoit encore l’arfenic en le
chauffant, & étoit attirable. Bergman le fit griller
une feptième fois à un feu violent pendant quatorze
heures, en y ajoutant de la poudre detmar-
bon, fans qu’il s’élevât cette fois de partie arfe-
nicale, 6c fans qu’il perdît de fon poids. L’oxide
ainfi obtenu avoit une couleur jaune-rougeâtre,
avec peu de traces de couleur verte. Par la réduction,
il obtint, fous des fcories très-ferrugineu-
fes, un très-petit globule encore attirable. à l’aimant.
Le traitement par le foufre, qui avoit paru à
Bergman avoir une grande attraction pour le nickel,
& qu’ il avoit erpéré pouvoir s’emparer de
celui-ci en fe parant le fer, n’a pas eu cependant
un fuccès plus heureux que le procédé précédent.
En fondant le métal obtenu par Cronftedt,; avec
le foufre & un peu de borax, il eut une maffe
rouge , tirant au jaune , qui, de 800 parties du
métal , prit un poids de., 1,700. Il fcorifîa la
moitié de cette ma fie jufqu’à faire paroître les
végétations que l’oxide de nickel a coutume de
donner 5 il eut 8)2 parties de cet oxide, qui , fondu
avec l’autre moitié non fcoriftëe, donna du fulfure
de nickel d’un blanc-jaunâtre, pefant 1,102 :
il y a eu ici près de 600 parties de perdues. Ce
fulfure , grillé pendant quatre heures, fe couvrir
de végétation : l’addition du charbon en fit diffi-
per l’arfenic 5 il obtint un oxide d’un vert-clair,
pefant 1,038 , qui donna par la réduction $94 parties
d’ un métal très-attirable à l’aimant, demi-
duCtile 6c tiès--réfractaire* Celui-çi, refondu avec