
qu’un Dictionnaire complet de chimie doit pré-
fenter tous les mots qui ont trait même à l'hif-
toire des erreurs de la feience.: ( Voye^ les mots
A lchimie 6’ Métaux. )
MÉTALLURGIE. Art de fondre & de travail*-
1er en grand les fubftances métalliques.
Les métaux, enfouis dans leurs mines , font
combinés à différeras principes qui en altèrent &
en mafquent les propriétés. Souvent ils font plus
ou moins oxides, & unis à l’acide carbonique}
d’autrefois ils font alliés entr’eux, ou combinés
à des combuftibles, particuliérement au foufre}
prefque toujours enfin ils -font mélangés de parties
terreufes, & quelquefois même unis intimé-
ment avec elles, comme dans certaines mines de
fer.
L’objet de la métallurgie eft de dépouiller les
métaux de tous ces principes étrangers , & de
les amener à l’état de pureté, ou du moins à un
état donné d’alliage ou de combinaifon. On parvient
en général à ce but : -
r?."En défoxidant : l’agent employé alors eft
le ch a rb o n & quelquefois un métal très-avide
d’oxigène. ( (Voye^ Fusion 6* Métal de, cloche
s.)
- 2^..En enlevant le foufre combiné : on grille
pour cela les mines par line chaleur, douce , qui
diffipe. enTumée ou en gaz ce principe volatil.
( Voye^ Grillage; )
c 3°. En féparant les uns des autres les métaux
alliés. Ces réparations font fondées fur la différence
des propriétés de ces ;corps, comme la
plus ou moins grande tendance à la volatijifation,,
Grillage) , à la fufion (voyeç Liquation
) ÿià l'oxidation (voyeç A ffinage 6* Méta
l de; cloches ) , à la fulfurifation (voyeç
Matte ) , à la liquéfaction par le mercure ( voye%
A m algama tion).
- 4°. Enfin, en vitrifiant ou liquéfiant les terres
mélangées ou combinées, & formant des fcories
fluides &~légères que les métaux fondus traver-
fent, & au deflous desquels ils fe réuniffenti
( Voye^ Scories. ).
• Toutes ces opérations.} qui confiituent la pr.a-
tique^de la métallurgie, & qui ne varient pour
ainfi. dire que par leur forme & dans les minerais
qui y font fournis, s’exécutent dans des fourneaux.
d’afpeCts très variés , & qu’on peut .divifer
en deux grandes claflfes '. fourneaux de grillage &
fourneaux de._fufion. ( V^oye^ FougNE/.ux. )
iLa théorie de l’art eft très-compliquée} elle
repofé fur la doctrine des affinités chimiques,,qui
fe modifient en grand par. l'aCtion des malles
très-influentes dans les phénomènes métallurgiques.
Tout ici doit être fubordouné à une c.Ofi-
fidération principale., l’économie;} &fnons a jouterons'que,
fi les procédés de cet art varient entr’eux
dans les diverfes contrées,, quoiqu’étant
appliqués aux mêmes, combinaiions, il ne faut .pas
| fe hâter de les condamner} pour donner exclulî*
vement à l’un d’eux la préférence : mille raifons
locales^ la nature de la gangue% l’abondance ou
la rareté du combuftible, les mélanges preferits
par l’économie, tout afligne à chacun un degré
de valeur relative, qui ne permet de comparaifon
qu’autanr qu’on a fait entrer en confidération toutes
ces caufes.
- Les métaux connus font au nombre de vingt-
fix , en y comprenant ceux qui ont été récent
ment découverts dans le minerai de platine. Beaucoup
de ces corps ne font que du reffort de la
chimie : ceux dont s’occupe la métallurgie , ou
qui fontufuels & travaillés en grands} font : l'or,
l argent, le cuivre, le fer 3 le plomb, L'étain, le mer.
cure , le cobalt, l*antimoine & le bifmuth, auxquels
il faut joindre quelques alliages, tels que l'acier 3
le laiton, le bronze ou métal de cloches 3~&c. V’oyeç
tous ces motsi en obfervant qu’en métallurgie un
minéral fe rapporte , non pas au métal dominant
ou caraélériftique, mais au métal le plus précieux
ou le plus cher.
L.’art de la métallurgie eft très-ancien, par cela
même qu’il eft très-utile. Son origine , racontée
diverfenient dans les traditions,des anciens peuples,
eft prefque dans toutes obfciircie; par les
fiétions & les fables. On en nomme pour auteurs,
tantôt Prométhée ( Efchil. in Prometh. ) | tantôt
Vulcain, ( Homère, Hérodote, Diodore, &c.)}.
mais le témoignage le plus authentique eft celui de
Moïfe ( i) , qui indique Tubalcain3 fils de Lamech &
de Sella , comme le premier forge ur des injlrumens) de
fer & d’airain. Long-tems après, & lorfque, le
peuple hébreu, échappé de l’Égypte, fe fut répandu
dans le défert, l’or des bijoux des ifemmes
ifraélites fut fondu par Aaron en cette idole fa-
meufe que Moïfe fit difibudre enfuite dans un liquide
probablement alcalin.(.2)................ -,
C ’étoit aux Égyptiens que ce peuple devoit
fans doute .alors fes connoiffances chimiques &
métallurgiques. Vulcain leur avoit appris à forger
les. armes de fer.} mais ce qui eft plus certain, &
d’un tems bien poftérieur, c ’eft ce que rapporte
Diodore (3) fur le travail des mines d’or de la
haute Égypte. L’or paroït être un des métaux les
plus anciennement découverts ; il eft le feul en
effet que la nature offre fouvent dans l’état de
pureté.
O r .
Les Phéniciens, long-tems avant l’arrivée dans
la Grèce des colonies égyptiennes > a voient établi
des fonderies dans l 'île de Thafos , pour purifier
l’or de fes mines (4), ainfi qu’au mont Pân-
(0 Genèfe, chàp, 4, verf. 22.
(i) Exode , chap. 32 , verf. £ fifcaôi. ’
(3) Diodori Siculi hifloria, lib-. !
(4) Herddot. lib.' d , cap. 4 6 .& fa » ThucycL lib. 1 >
cap. 100 } Plutarch, in Cimon.
gée dans la Macédoine, où des mines d’or furent f
exploitées dans les tems les plus anciens (0>|
abandonnées enfuite, puis reprifes par Philippe , I
à qui elles rapportoient annuellement plus de mille |
talens. ( y,400,000 liv. ) (2). Sur le mont Ber-
mius , dans fa Grande-Phrygie , Midas fit recueillir
& fondre des minerais d’or : le Paétole
dans fes ondes en rouloit des paillettes détachées
des mêmes montagnes, & l’or de la Colchide
donna lieu à l’expédition des Argonautes. La plupart
de ces mines confîftoient en fragmens d’or
natif, que l’on fondoit dans des fourneaux fermés,
en les mélangeant avec divers ingrédiens (3)”.
Argent.
L’argent paroït être à peu près dé même antiquité
que l’or. Dès le tems de la guerre de T roie,
& même auparavant, les Athéniens exploitoienc
les fameufes mines d’argent de Laurium (4). Ces
mines étoient de l ’elpèce appelée aujourd’hui par
les métallurgiftes , mines d'argent maigres ou fans
plomb. * 1 Elles étoient mélangées d’un fable rouge
Sc brillant, dont on tira pour la première fois,
en 405 avant Jéfus-Chrift, le cinnâbre ou mercure
iulfuré artificiel: (y).
Cuivre.
Le cuivre ou 1 'as des Latins eft un des trois
premiers métaux découverts ou mis en. ufage !
par les hommes : quelques-uns prétendent même
qu’il fut le. premier. Dans l’île d’Eubée on le tra-
vailloit depuis un tems immémorial, & les habi-
tans.fe vantoient même d’en avoir découvert t’ u-
fage (6). 11 (uppléa d’abord au fe r , rare encore
& peu connu. On en faîfoit des charrues, des
épées , des fers de lance, & il conftituoit en gé-
nëral les armes des Égyptiens , des Grecs & des
Romains. On avoit même trouvé le moyen de le
durcir , & de l’amener prefqu’ à l’état de l’acier ,
à l’aide de la trempe & du marteau (7) , peut-être
d’ un alliage d’étain ou d’arfenic , ainfi que fem-
ble le prouver le minerai de métal que l’on trouve
dans les tombeaux. Enfin l’alliage de Corinthe,
fi fameux chez les Anciens, ëtoit compofé de
cuivre uni à certaines proportions d’or 8ç d’argent
(8);
Ci) Thucyd. lib. 4, cap. io 5; Ariftotel. tom. I s Strab.
lib. 7. -
- ;(a) Diod . Sic. / / i.16 .
(3) Diod.' ïhucy.d. Ariûo t. S t ra b ,, ut fuprà.
(4) ,Xeooph. Hat. redit. Y itru v . lib. 7 , Cap.y.
(5) Theoph. ,de. Làpid. §. i,ô4 > Plin. lib. 33, cap. 7;
'Corjiiii fa f t l àttïci, tom. /// . 1 ' (0) Strab. ‘lib. 10 ; E-uftath. Comment, in îîiad, lib. 3.
- > 0 ) Caylus ap. Coûrtivron, pag. i 55 , in -f0:
- (8) .Z . aitn. Flor,. hiJi^
F e r . 1
Le fer fut généralement connu plus tard que
les métaux précédées. Quelques peuples feulement,
tels que les Égyptiens, les Crétois ( Dio-
dore.) , paroiffent l’avoir employé dans desfiècles
très-reculés. Les Daétyles de l’ Ida^ les Gyclopes
de Sicile , les Chalybes des rives du Pont-Euxin ,
furent célèbres par 1 ur habileté à travailler ce
métal, ou plutôt l’acier , premier produit qu’on
obtint de fes mines. Sa découverte forme la plus
grande époque de la métallurgie , & les hiftoriens
confondent même avec elle l’origine de çet art (1).
Les minerais de fer fpéculaires, ou ayant l’éclac
métallique , enfuite les- minerais fpathiques , furent
les premiers & les plus communément exploités
dans l’ antiquité. Ce font en effet les plus
faciles à fondre. La Noricie (Ovid. Metam. lib.
14, fcc.), i’ï-le d’Elbe (. llva infula, Virg. Énéide ) ,
étoient déjà fameufes chez les Romains par leurs
mines de fer, & les fourneaux alors employés
avoient beaucoup de reffemblance avec nos fourneaux
à la catalane.
Plomb.,
Il eft peu fait mention du plomb dans les auteurs
anciens, & l’origine de fon travail métallurgique
eft incertaine. Ses ufages font d’ailleurs
plus reftreints que ceux des métaux précédens 5
auffi eft-il préfumable qu’il n’a été généralement
connu qu’après eux. Quelques préparations de
plomb, comme le blanc de cérufe, étoient employées
chez les Grecs (2). Les Romains s’en
| fervoient, entr’ autres ufages, à couvrir les édifices
& à couler des balles pour les frondes. Ils
en tiroientbeaucoup delà Bretagne( Angleterre).
On a même découvert dans le Yorckshire des
^ lames de.ee métal, dont l’infeription porte le nom
de l’empereur Domitien, & fur le revers le mot
Brigantium (3). On croit qu’elles proviennent du
tribut que les mines de cette province payoient
en nature au file. Au refte, on n’a aucun détail
fur fon travail métallurgique.
É ta in .
L’étain, dont les mines ont toujours été fort
ràrès, ferme la lifte des métaux connus des Anciens.
Il fut un des premiers objets du commerce
marîrirné des Gaulois & des Carthaginois. Ces
peuplesalloient le chercher en Angleterre, & ca-
choient avec foin la route qu’ils tenoient. Ou
ignore par quels procédés les infutaires Fobte-
Genèfe ,, Efcliyl. Herodot. Héfiad. Horner. Sec. in
lac. citât.
■ (2) Xenophon, Memor. lib. S.
. (3) Valmont de Bomare , Diüiotmairt d’Hifioire tuttu•-
relie , torn. IJC.