
petits grains, comme l'acier, & en ayant la couleur.
Le p lom b a de plus, comme la plupart des
autres métaux, fi l'on en excepte l'or & le platine,
la propriété de féparer le foufre de l'antimoine,
& de décompofer Ton fiiihire : l’antimoine
qu’on obtient ainfi retient un peu de p lom b .
Le mercure s'unit au p lom b avec beaucoup de
facilité , & dans toutes fortes de proportions. Le
feul broiement du .mercure avec le p lom b en limaille
fine fnffit pour combiner ces deux corps.
On y réuflit encore bien mieux en verfant le mercure
chauffé dans du p lom b fondu. On obtient
ainfi une amalgame qui varie en folidite, luivant la
proportion des deux métaux alliés. Elle eft blanche
, s'altère par le contaél de l'air, donne des
crifiaux par un refroidiffement bien ménagé, perd
le mercure à un grand feu, & laiffe léparer une
pouilière noirâtre d e p lom b quand on la broie dans
l ’eau > elle a de plus la fingulière propriété de devenir
très-liquide lorfqu’on la triture avec l’amalgame
de bifmuth. Ce phénomène bien connu de
Baume l'a engagé à faire des recherches fur la fo-
phiftication du mercure. Après avoir fondu dans
un vafe de fer parties égales de p lom b &c de bifmuth,
on y ajoute du mercure coulant & chaud
en quantité fufïifante pour égaler la moitié de
toute la maffe : on agite ce mélange jufqu'à ce
qu'il foit refroidi j on obtient par-|à line amalgame
fluide qui ne fe fige point à l’air 6c par le repos,
qui pafle prefque toute entière par la peau de
chamois, comme le fait le mercure feul. Une partie
du bifmuth s'en fépare en poudre grife à k
furface du mercure ; mais le p lom b y refte intimement
combiné. Le phénomène de cette.liquidité
n'eft pas aulfi difficile à concevoir que Baumé l’a
cru : il dépend de ce que, dans leur combinaifon
réciproque, le p l o m b , le bifmuth & le mercure
acquièrent une plus grande capacité pour le calorique,
qu'ils n'en avoient féparément ou unis deux à deux , abforbent conféquemment plus de ce
principe, & relient ainfi dans un état de liquidité
qu'ils n’auroient point pris dans leur ifolement.
Cette fophillication du mercure eft reconnoiffa-
•fcle , parce que cet alliage eft fpécifiquement plus
•léger que le mercure, parce que,placé fur une
affiette de faïence ou de porcelaine que l'on penche
pour le faire couler, chaque globule de mercure
laiffe après lui un fil en s'àplatiffant, au lieu
de tombeT arrondi ou fphérique. En chaffant le
rnercure de cette, amalgame par l'aétion du feu, le
p l o m b , que ce métal abandonne-, refte en oxide
jaunâtre , qui ne peut plus être uni au métal liquide.
Beaucoup de ohimiltes allèrent que le mercure
expofé dans un nouet de linfce à la vapeur du
p lom b fondu devient folide ou fe fige : les plus
■ exaéls ont feulement obfervé qu'il y perdoit une
partie de fa liquidité*
I.e .p lom b s'allie très-bien avec le tellure, &
-donne un alliage caffant & très-fufible. On trouve
•fouvent ces deux métaux unis enrr'eux & avec
| plufieurs autres, tels que le fe r , le cuivre , l’antimoine,
l’or b c l'argent dans les mines ne Tfan-
filvanie.
Waîlerius a décrit les propriétés de l’alliage du
p lom b avec le zinc à parties égales. Suivant lui,
cet alliage eft plus dur que le p l o m b , plus blanc,
& fenfiblemenc malléable. Le p lom b eft rendu volatil
par le zinc quand on unit dix ou douze parties
de ce dernier avec une partie du premier\
mais fi le zinc eft moins abondant, il fe fépare du
p lo m b , Gellert a indiqué l'alliage du p lom b & du
zinc comme fpécifiquement plus pefant que la
moyenne des deux pefanteurs des métaux réunis
ne le donne par le calcul. Mufchenbroëck, d’après
plufieurs effais d’aliiage du p lom b avec.le zinc, a
vu que le métal qui en réfuitoit, avoit une très-
forte ténacité & la plus grande dureté poflible
lorfqu'il uniffoit huit parties du premier avec une
du fécond. Les expériences de Baumé femblenc
démentir tous les faits annonces par ces auteurs,
puifque , fuivant cet artiife , parties égales .de
zinc & de p lom b fondues dans un Creufet ne fe
font point unies : le p lom b étoit au deffus du zinc
fans avoir éprouve aucun changement.il dit avoir
eu le même refultat en fondant deux parties d$
p lom b avec une partie de zinc.
L e p lo m b s'unit à l'étain dans toutes les proportions.
Mufchenbroëck, qui a fait beaucoup d'expériences
fur ce genre d’alliage dans un grand
nombre de proportions différentes | a remarqué
que le p lom b augmentoit beaucoup la fermeté ou
la dureté de l’étain ; qu’ua métal formé de trois
ou quatre parties d'étain & d’une partie de p lom b
avoit deux fois plus de dureté que l’étain pur, &
que la meilleure proportion pour porter le plus
loin poflible la ténacité de l'étain étoit de ,trois
parties de ce dernier fur une de p lom b . C'eft ainfi,
iuivant lui, que le p lom b q_j fert à tranfportc-r le
thé de la Chine en Europe contient un peu fi’ é -
tain qui le dijrcit > .mais il faut obferver qu’il entre
du zinc ou du bifmuth dans cet alliage chinois.
Un quart d'étain allié au p lom b empêche celui-ci
de fe vitrifier & de pénétrer la coupelle, fuivanc
Juncker : cet alliage , traité par la coupellation,
fe bourfoufle, s'élève en végétation, rougit vivement,
s'enflamme, & laifie bientôt fur la coupelle
un oxide dur & grenu qui eft très-difficile à
fondre. Deux parties de p lom b & une partie d’étain
forment un alliage :plus fufibie que les deux
métaux ne le font féparément : c’elt la fou du r e
c om m u n e , la fo u d u r e d e s p lom b ie r s .
L'alliage du p lom b & de l'étain étant très-fou-
vent employé dans les befoins de la v ie , & le
premier de et s métaux donnant à cet alliage des
propriétés dangertufes dans l'ufage des vaiffeaux
qui fervent à la cuifine ,à la pharmacie, il eft très-
important d’avoir des moyens de le reconnoître,
& de pouvoir s’affûter des proportions refpec-
tives de l’étain 6c du p l o m b } ce dernier furcout
allant trop fou vent au-delà de la quantité, permife
par de fages ordonnances de police. Les potier«
detain ont plufieurs procédés pour reconnoître
cette efpèce de titre de l’étain, & conféquem-
pient la quantité de p lom b qu’il contient : Couvent
ils s’en rapportent à la firoplë infpeéïion : la .couleur,
la pefanteur & le cri de ce métal plié fuffifem
à ces hommes exercés pour voir & juger l’étain
dans fes divers alliages. Ils pratiquent aulli deux
-efpèces d’effais : l'un , nommé ef fa i à L a p i e r r t , fe
fait en coulant l'étain fondu -dans une cavité hé-
rnifphérique, terminée par une vigole & creufée
fur une pierre de tonnerre , efpèce de carbonate
de chaux dur & à grain fin. Les phénomènes que
■ fétain préfente en fe refioidiifant, la couleur, la
rondeur, la dépreflion de -fa partie moyenne, le
cri que fait entendre la queue de iVffai pliée à
plufieprs reprifes, font autant-de iignes que faifit
-Je potier d’étain intelligent, &c qui, .à la faveur
d’une longue obfervation, lui font connoïtre affez
exactement le titrédu métal qu’il traite. Cet effa!
eft toutefois beaucoup moins exaét .& moins fur
que celui qu’on nomme M(fai b la b a l le ou a la m é d
a ille , qui, pratiqué dans les dépattemens, tandis
que le précédent l’eft à Paris, peut bien annoncer
dans ceux qui l’emploient, un.peu moins
d’habileté ou d’habitude que l’effai .à la pierre ,
mais a au moins l’avantage dé leur donner une
connoiffance plus certaine que ne le peut taire-ce
dernier. Ceteffai à la balîe corififte à coulerletaMi
dont onverit apprécier la qualité , dans un moule
qui lui donne la -forme d’une balle ou d’une psèce
aplatie, femblable à-une médaille. On compare.en-
fuite la pefanteur de cet échantillon moulé a un
pareil volume d’étain fin coulé .dans Je même
1 moule. Plus■ l’étain quion examine a de poids au
deffus'de celui de l’étalon , & plus il eft allié-de
p lo m b . Il eft évident qffil vaudroit .bien mieux
prendre la pefanteur fpecifique exactement ;& a la
manière de$:phyficiens que même , avec cette
précaution,, on n’auroit qu’une notion générale
& ’imparfaite de la pureté ou de T impureté .de
l ’étain , fans pouvoir rien déterminer iur fa nature
&r fon alliage, parce que plufieuis caufes
étrangères à la proportion des deux métaux peuvent
influer fur la pefanteur fpécifique de l'ai -
liage. |
Il n’y a qu’une analyfe chimiquequi puiffe faire
acquérir une connoiffance pofitive-fur. les proportions
d’un a liage de p lom b & d.’étain. Bayen de
Char lard ont- donné un procédé.1 auflibonqu il eft
facile à pratiquer : pour taire cette analyfe.
Ils ont propofé de traiter cent parties d'un
étain fufpeét par près de trois cents parties d a-
cide nitrique bien pur, de laver i'oxide d'étain
qui en provient avec plus de trente fois fon poids
•d’eau diftiliée, & d evaporer celle*ci mêlée à l’acide
nitrique, décanté •'d'abord de défi us l’ oxide.
Cette liqueur fourni; du nitrate .d e p lom b , fi ce
métal -étoit-'contenu dans l’étain examiné : on.cal-
1 ciue-ce f è l &• on'compte l’oxide .d e .p lo m b , pefé
pour la quantité de ce métal exiftant dans l'alliage
, en en défalquant quelques ccnnèmes , fix
à huit au plus, pour la quantité d’oxigène que le
p lom b a abforbée de l’acide nitrique. Ayant employé
ce très-bon moyen fur diverles .efpec.es d'étain
ouvragé, ils ont reconnu que celui qui paflfe
pour le meilleur t e qui eft vendu le plus cher,
contient environ o ,io de p lom b ; que 1 étain commun
en contient o,zy. Cette .dernière quantité
■ plomb dans l ’étain doit faire courir les plus grands
dangers à ce^x qui ufent des ulfenfiles de ce me -
.ta), 6c elle fe -rencontre ma:foeureu.femen.t dans
les vafes les.plus habituellement employés , telles
que Les mefur.es de liquides , (urto.ut celles ;à vin.
Cet objet mérite l’attention des Gouvernemens
•éciairés.
Le plus fingulier & Le plus remarquable peut-
être de to.us les .alliages dont le p lom b tait partie ,
c'eft celui qu’on a nommé depuis loi\g-tems a l l ia g e
f u f i b i e , à caufe de fon étonnante -fufibiljté. En
.-fondant enfemble huit /parues de bifmuth , cinq
parties de p lom b .& trois d’étain , cet alliage ,
ctmime l'a découvert Darcet .père., a la^roptiete
de fe fondre ou plutôt de.refte r. liquide à la température
,d.e l'eau bouillante, de manière .que ,
: plongé .dans ce liquide à degrésde Réaum.ur, jl
coule au fond du vafe qui le contient. Çet .alliage
crifiallife p.ar un refooidiflèment lent, .& peut devenir
extrêmement utile dans jes arts.
L e ip J om b ne. peut pas .s'allier au for, & ils fe
tiennent féparés, en rai fon de Leur pefanteur, .par
la foûon ; iLs’allje ai terne nt au cuiyre , & ildonne
un métal .aigre,, caffant,, furtout à chaud.. Un là-
brique c e t alliage .au quart du cuivre pour les gros
cacadtères d'imprimerie.
L e p lom b s'unit-bien à l’argent , dont il facilita
la fution. L'alliage eft moins doux ;&: moins fonore
que 1'ar.gent : on s’c;n fert pour |a coupellation,.^
on l'obtiencdans la liquation.
L ’or s’alite facilement au p l o m b , qui le ternir^:
.diminue la ductilité. Cet alliage .eft purifié ,pac
une fufion longue, q u i, à l'aide du contact de
lkir , oxide & fçorifie 1 e p lom b .
On combine aifément, par la fofion, Je -p lom b
avec le. platine brut ; il en réfulte un metal.aigre,
tirant fur le pourpre, .ftrié , grenu caffant. La
coupelladon de .cet alliage exige un 1 très-grand
feu,-.beaucoup de tems,redonne du platine malléable
, mais trop (ber & ;en trop:neticequ.antite *
d'après les recherches de Levis ,.de Macquer ,
Baumé -,&de M. Guyton de M or veau.
. L’eau n’a,point d!aélion immédiate fur 1 e - p lo m b ,
qui n’en fépare point l'oxigèpe & qui ne la de-
compofe pas j mais pour peu qu'elle (bit.,aérée ou
que les. deux corps fuient.en même tems expofés
à l’air, le p lom b s'oxide promptement & fac-ile-
•.ment^.En agitant, ce métal dans un peud'-eau avec
le comtaét de.l’air, comme lia fait M. Luzuriaga
dans: fes expériences fur cet objet, il fe couvre
. bientôt d.'une.croûte blanche,ou d.'un.QXide. Votli