
de Pruffe provenant du fer qui faifoit partie du
prujjïate de potajfe, M. Prouft, en décompofant de
cette manière cent parties de prujfiate , en a obtenu
trente-cinq de bleu de Pruffe.
Pour compléter la décompofîtion du prujjïate
triple de potajfe par les acides , il faut entretenir la
chaleur de l'ébullition pendant une demi-heure ,
afin que le gaz foit totalement dégagé. Le prujjïate
de fer qui fe fépare à mefure que la décompofi-
tion a lieu , foit par l'acide fulfurique étendu
d'eau, foit même par l’acide dû vinaigre, eft blancj
ce qui confirme l’exiftence de l'oxide de fer au
minimum dans le prujjïate triple de potajfe.
Le prujfiate triple de potajfe, outre fa permanence,
fon indeftru&ibilité par la chaleur, fa propriété
de criftallifer, fa faculté de n’exifter qu'en fel triple
a deux bafes , fe diftingue encore par la propriété
de donner du bleu de Pruffe avec toutes les
diffolutions de fer, quel que foit leur état, quoique
néanmoins la formation de ce fel foit beaucoup
plus prompte avec les diffolutions de fer au
maximum, qu’avec celles qui ne contiennent ce
métal qu'au minimum d’oxidation. „
C ’eft donc le fel triple de potaffe à la formation
duquel les fabricans de bleu de Pruffe doivent fur-
tout s’attacher dans la préparation de leurs leffi-
ves , & le moyen d'y parvenir eft d'y ajouter du
fulfate de fer au minimum.
P r u s s i a t e d e r h o d i u m . Il ne paroît pas
qu'il exifte un prujfiate de rhodium , car les prujfia-
tes alcalins ne font éprouver aucune altération fen-
fîbîe aux diffolutions de ce métal.
P r u s s i a t e d e s o u d e . La foude fe combine
avec l’acide pruffique, & forme un prujjïate qui,
d’après les expériences de M. Berthollet, ne diffère
pas fenfiblement par fes propriétés du pruf-
Jîate de potaffe, fî ce n'eft, dit ce chimifte, qu'il
»e fe criftallife pas de la même manière. Il n’eft pas
d’ufage, & comme non employé il n’eft pas connu.
P r u s s i a t e d e t e l l u r e . M. Klaproth, auquel
ôn doit la découverte du tellure, s’eft affuré que
les diffolutions de ce métal ne font point précipitées
par les prufjiates alcalins. Il paroît donc vrai-
femblable qu’il n’exifte point de prujjïate de tellure,
ou bien ce prujfiate 3 s’ilexiftoit, feroit très-fo-
luble & fans couleur.
P r u s s i a t e d e t i t a n e . Le célèbre chimifte de
Berlin, M. Kiaproth, à qui l’on doit la découverte
de ce métal, a le premier annoncé que les
diffolutions de titane étoient précipitées en vert
par la diffolution de prujjïate triple de potaffe. Mais
M. Vauquelin a conftaté, par des expériences
poftérieures au travail de M. Klaproth, que le
précipité devoit fa couleur verte au fer mêlé avec
le titane. Lorfque les diffolutions de titane font
privées de fer , le prujfiate de potafl’e y forme un
précipité jaune-orangé, femblable à celui qui j
eft occafionné par la noix de gale. On conçoit que
le mélange de ce précipité jaune du titane avec le
bleu-de Pruffe fourni par le fer dans les diffolutions
de titane impur, doit produire un précipité
vert, réfultantdes deux couleurs.
P r u s s i a t e d ’ u r a n e . Dans fes dernieres recherches
fur les prujjiates, M. Prouft a diftingue
deuxprujjiates d*urane,, i°. celui qui eft formé par
le prujfiate fimple de potaffe dans les diffolutions
de ce métal, qui eft fimple dans fa compofîtion ,
& dont la couleur eft blanche-jaunâtre j 2° le pruf-
Jiate d’urane ferrugineux ou à double bafe. (Voye^
l'article qui fuit immédiatement. )
P r u s s i a t e d ’ u r a n e f e r r u g i n e u x . Si, au
lieu de prujfiate fimple de potaffe , on emploie le
prujjïate triple de cet alcali pour précipiter les
diliolutions d’urahe, on obtient un prujjïate triple
de ce métal, contenant l'oxide de fer au minimum
, élément du prujjïate triple de potaffe. Ce
prujfiate d'urane triple a une couleur rouge de
fang.
P r u s s i a t e d e z i n c . Lorfque les diffolutions
du zinc font exemptes de fer & parfaitement pures
, ;le prujfiate triple de potaffe y fait naître un
précipité blanc j mais lorfqu’elles contiennent de
l’ôxide de fer, le précipité eft bleuâtre ou prend
bientôt cette couleur à caufe du bleu de Pruffe
qui s’y forme au même moment que le prujjïate de
çinc. Ce prujfiate de %inc J quoiqu’ incolore , n’en
renferme pas moins, à ce qu’il paroît, l’oxide de
fer au minimum, élément du prujfiate triple de potaffe
j car on en obtient de l’oxide de fer par la
calcination i mais.cet oxide n’influe pas fur la couleur
du prujfiate blanc de zinc , cgmme le fait
l’oxide de fer qui eft tenu en diffolution avec le
zinc.
PULVÉRISATION. C’eft une opération par
laquelle on réduit toutes les fubftances dures &
caftantes en poudre. On la fait dans un vafe conique
de bois dur, de fer fondu & tourné, d’argent
ou de cuivre , ou de marbre & de pierre,
qu’on nomme mortier, dans lequel on frappe ou
l'on broie avec un pilon de même matière.
Le choix du mortier doit être fait fuivant la
dureté ou la réfiftance de la matière à pulvérifer. Il
faut auffi confidérer, dans cette opération, la nature
de la fubftance à broyer, comparée à celle
du mortier & du pilon. Par exemple, lorfqu'on
doit pulvérifer un fel ou une matière âcre , il ne
faut pas le faire dans un mortier de métal très-
altérable, comme le fer i & furtout nuifible.
Comme le cuivre.
La même obfervation doit furtout être appliquée
à la pulvérifation faite pour préparer des ali-
rnens ou des médicamens.
Sous
Sous le rapport chimique, elle intéreffe le fuc- ,
cès des opérations , puifque les matières à pulvé- 1
rifer doivent être plus ou moins impures, fuivant
l’aétion qu’elles peuvent exercer fur le mortier, ou
que la matière de celui-ci peut exercer fur elle. ;
C’eft pour cela que , dans l’analyfe des pierres
dures, les chimiltes les plus habiles, qui s’en font
occupés, ont porté la précaution jufqu’à faire
un examen préliminaire du mortier & du pilon de
filex gris qu’on a coutume de choifir pour broyer
les pierres avant de les fojimettre à l’analyfe.
Il y a très-^peu de détails ou de préceptes à
donner fur la pulvérifation, en ce qui concerne
le manuel même de l’opération. Quelques heuies j
ou quelques jours de manipulation en apprennent
plus que le difcours le plus étendu & le plus foi- :
gneux ne pourroit le faire. L’ art de frapper , de
contondre, de rouler le pilon , de le promener lé-,
gérement ou de l’appuyer fortement, d’en modifier
l'impulfion, la preffion , les coups , la force ,
le fimple mouvement circulaire fuivant les matières
à piler., leur réfiftance, leurtiffu Ou leur grain,
& toutes les précautions qui accompagnent &
conftituerit cet ar t, font fi fimples & fi faciles à
concevoir , que la feule pratique fuffit pour l’apprendre
promptement à celui qui doit l’exécuter.
Les détails donnés à cet égard par quelques auteurs
de Manuels,d’opérations, & furtout ceux
u’on trouve dans les Etémens de Pharmacie de
aumé, font plus relatifs à la diverfité des matiè-
fes minérales , végétales & animales qu’on doit
pulvérifer, qu’à l’art en générai : autant ils peuvent
être utiles dans les ouvrages dont j'ai parlé ,
autant ils feroient déplacés dans celui ci. La dif-
tinélionde deux genres de pulvérifation , l’une par
contufion & l’autre par trituration ou broiement,
diftinétion fur laquelle on a le plus infifté dans les
Manuels, mérite à peine d’être expo(ée,en raifon
de fa fimplicité. Celie des inftrumens comparés aux
objets à pulvérifer eft bien plus importante , &
c’eft la. feule fur laquelle j’ ai cru qu'il étoit effen-
iiel d’infifter un moment. JVoye\ d’ailleurs les mots
MoRfiF.R, P o r p h y r e & P o r p h y r i s a t i o n . )
PURIFICATION. On nomme ainfî en chimie
toute opération qui a pour but d’amener une fubftance
quelconque à l’état de pureté. Elle çonfifte
le plus fouvent dans l’enlèvement & la fépara-
tion, à l’aide du feu ou des réa&ifs, de toutes
les fubilances étrangères, mêlées , foit par la nature
, foit par l’art, à celles que l’on veut obtenir
feules ou pures, afin qu'elles ne portent, dans les
opérations chimiques, que les affinités où attractions
qui leur font propres, afin qu’on en recon-
noiffe les véritables propriétés, & qu’on ne puiffe
pas les attribuer à d’autres corps qui leur feroient
mêlés. Sous ce rapport,l’art de purifier les corps
eft, de tous ceux qui appartiennent à. la chimie,
le plus important, celui fans lequel la fcience
n’offriroit que. des erreurs ou des,.inexactitudes ,
Chimie. Tome V.
celui enfin dont le perfectionnement tient entièrement
aux progrès de la fcience fur lefquels il
influe. C’eft ainfi que les époques des grandes découvertes
en chimie font prefque toutes marquées
par les progrès les plus éclatans dans 1 art de purifier
les corps, puifque cts découvertes font ordinairement
reconnoitre que ces corps que 1 on
a cru purs jufque-là, ne le font véritablement pas,
&puifqu'ellesfourniffent ordinairement les moyens
d’obtenir cette pureté jufqu’alors méconnue.
On n’a point, ordinairement coufidéré lapurifica-
tion3 en chimie, comme je viens de la préfenter >
mais on l’a feulement préfentée comme une opération
ancillaire, qui confiftoic, (oit dans un triage
fimple, foit dans des leflives plus ou moins exactes
, & quelquefois dans des fulions, des criftalli-
fations & quelques fublimations ou rectifications.
On iesavoitétendues, ces purifications, jufqu’à des
féparations de quelques corps diffolubles dans certains
acides, d’avec d’autres corps qui n’y étoient
pas diffolubles, comme à l’opération du départ.
Mais pour peu qu’on rffléchiffe à l'importance
d’employer en chimie des matières pures, on re-
connoîrra facilement que cette opération em-
braffe la généralité de tous les corps, & que ce
feroit la borner étrangement que de la réduire à.
deux ou trois principales purifications , comme
femble l’avoir fait Macquer dans fon Dictionnaire
de Chimie, lorfqu’après avoir tracé quelques préceptes
généraux dans un article préliminaire, il
donne dans les deux feuls qui lui fuccèdent, la
purification de l’argent par le nitre, & celle de l’or
par l’antimoine. Sans doute ce célèbre chimifte
étoit trop profond & trop favant pour borner i
ces deux opérations tout ce qui pouvoit, même
de fon tems, être relatif à la purification des corps.
Mais on voit dans l’expofé de ces deux feuls articles
, l’influence de l’habitude & des idées communes
fur un auffi bon efprit. L’intérêt qu’on por-
toit à ces deux métaux précieux, & l’efpèce d’attention
privilégiée qu’on y avoit attachée pref-
qu’exclufivement & depuis un tems très-long , en
chimie , femble avoir exigé de lui qu’il ait traité
ces deux opérations en particulier. 11 pouvoit,
auffi utilement pour la, fcience, parler fucceffive-
ment de la purification de l’air, de celle de l’eau ,
des terres , du foufte , du phofphore, du mercure
& d’une autre férié de corps très-employés
& très-utiles dans les opérations chimiques. Pour
mieux dire encore 5c pour embraffer toute la
fcience dans un fyftème général,, on devroit, à
cet article des P u r i f i c a t i o n s , traiter des
moyens d’amener à leur état de pureté^, non-
feulement les corps dont je viens de parler, mais
encore les acides, les alcalis, les fels, les fulfu-
res métalliques, les métaux, &c. j alors cet article
P u r i f i c a t i o n deviendroit une forte de,
Manuel de chimie-pratique , contenant le détail
des opérations néceffaires pour préparer les réac-
i tifs les plus utiles ou les agens les plus nécef-
Bb b b b