
cft une forted’ oxide de carbone 5 car on verra par
la fuite que, dans beaucoup de combinaifons naturelles
où il n'eft point oxidé en particulier, il
rfa pas de couleur noire, 8c qu'il ne prend cette
couleur que lorfqu’en l’ifolant on commence à le
brûler.
Un dernier genre d*oari<fe.r dont je dirai un feul
mot ic i, éft celui que je nomme oxides compofés,
compliqués, ou oxides radicaux binaires. Ce font
des compofés ternaires d'hydrogène , de carbone
& d’oxigène, où ce dernier, uni à la fois aux deux
premiers, n*eft pas en proportion fuffifante pour
«tarer en particulier l’un & l'autre > ils font aci-
difiables par une accumulation d’oxigène: on les
trouve dans les végétaux, dont ils repréfentent ou
conftiruent les matériaux immédiats.
Il réfulte de ces confidérations générales, qu'il
y a quatre genres très-d fférens d’o x id e s qu'on
peut diftinguer & cara&érifer de la manière fui-
vante : t °. Oxides binaires primitifs, fufceptibles
d'une feule proportion 8c faturés dans leurs principes
dès leur première combinaifon : il n’y a que
l’eau ou l’oxide d’hydrogène dans ce genre. 2°. Oxides
binaires variables : tels font la plupart des oxides
métalliques, qui peuvent différer fuivant la
dofe d’oxigène, ou être dans differens états d’oxi-
dation. $°. Oxides binaires acid'ifables : ce font ceux
ui, par une nouvelle addition d'oxigène, paffent
e l'état d'oxides à l'état d’acides. Trois métaux,
le phofphore, le foufre 8c l’azote, font dans ce cas.
40. Oxides ternaires. Je comprends dans ce genre j
l'hydrogène carboné ou le carbone hydrogéné,
l’un & l’autre oxigénés. ( Voye[ les articles O x I-
D E S , O x i d e s s im p l e s , O x i d e s c o m p o s é s . )
O x i d e s s im p l e s . Je nomme fouyent ainfi,
pour me faire bien entendre dans les démonftra-
tions de chimie, les oxides qui n’ont pour radical
u'un feul corps combuftible fimple : tels font ceux
e l’hydrogène, de l'azote, du carbone, du foufre
, du phofphore & des métaux. Ils font, ou
fixés à une feule proportion, ou fufceptibles de
plufieurs degrés d’oxidarion, ou acidifiables par
une oxigénation continuée. ( Voye^ les articles
O x id e s , O x i d e s m é t a l l i q u e s , O x i d e s n o n
M É T A L L IQ U E S .)
O x i d e s c o m p o s e s . J oppofe aux oxides pré-
eédens, 8c.je range fous ce rapport dans un fécond
genre les oxides dont les radicaux font compofés
de deux ou dq plufieurs corps combuftibles Amples
combinés enfemble à J’oxigène : tels font
beaucoup de compofés végétaux 8c animaux, par
exemple, le muqueux, le fucre, la fécule amylacée
, l'albumine, le fang, &c. Ils font en général
plus variables dans Ja proportion de leurs principes,
8c par coBféquent plusdécompofables que les
oxides Amples. ( V~0yeç les articles O x ;D E S VÉGÉT
A U X & O x i d e s a n i m a u x . )
O xides végétaux. T ous les compofés régé*
taux qui ne font ni acides, & par conféquent oxigénés
au maximum, ni éminemment combuftibles
& inflammables, & par conféquent tiès-hydrogénés
, font plus ou moins rapproches de la nature
d oxides. Tels font les mucilages, les gommes, îes
extraits, lu fucre, le corpsligneux, le tannin, 8cc.
Tl n'eft pas poflible même de les rapporter à un
autre genre de compofitions lorfqu'on veut coordonner
entr’eux les matériaux dts plantes, & les
difpofer en genres d'après leur ordre de compofî-
tion & les principes qui y dominent.
Ces oxides végétaux font form.is de carbone ,
d hydrogène & d’oxigène. ï.a proportion variée
de ces trois principes établit les différences qui
diftinguent chacun d’eux. En iJg décompofant
tout-à-fait, ils fe réduifent en eau, en acide carbonique
& en charbon hydrogéné. En y ajoutant
de l'oxigène , ils s’acidifient. ( Voyei ® articles
A n a l y s e v é g é t a l e 6* C o m p o s é s v é g é t a u x .)
O x id e s a n i m a u x . Il en eft des compofés animaux
comme des compofés végétaux. Si l’on veut
comparer & difpofer méthodiquement entr'elles
les diverfes combinaifons qui conftiruent les premiers
, on reconnoîtra que plufieurs de ces compofés
repréfentent en effet de véritables oxides
ou des matières qu’on ‘ne peut confîdérer que
comme des oxides. L'albumine, la gélatine, la
fibrine, l’efpèce de mucilage qui n'eft pas encore
bien connu , & qui, vifqueux d'abord 8c comme
glaireux, forme, par fa folidification, le riffu des
poils, des ongles, de la corne , paroiffent être de
véritables oxides animaux. Ceux-ci font plus compliqués
dans leur compofition que les oxides yégé-
taux. Leur radical eft triple, & fe compole d'hydrogène
, d’azote & de carbone unis tous enfemble
à I oxigène. Ils donnent de l’ammoniaque par la
chaleur 8c la putréfaction. On les convertit en
partie en acide pruffique par La combuftion ou la
calcination.
O x i d e s d ' a n t i m o i n e . Depuis la rédaction
de l'article An t im o i n e , faite en 1791 , on a fait
plufieurs découvertes importantes fur l’oxide dô
ce métal. C ’eft furtout à un travail de M. Thénard
, que l’on doit la plupart de ces découvertes :
pour les faire connoître , je donnerai ici l’extrait
du Mémoire de ce chimifte , préfenté avec beaucoup
de clarté par M. Guyton , à la première
claffe de l’Inflitiit, le 16 brumaire an 8.
e« A mefîire que la chimie avance dans la nou*»
velle route ou l’a conduite la méthode des fciences
exactes, il fe prëfente une foule de queftions qui
ne pouvoient naître lorfqu'on expliquoit arbitrairement
les changemens de propriétés les plus ma-
nifeftes par la préfence ou l'abfence d’une fubf-
tance impondérable, 8c qui forcent de remanier
les matières memes qui ont été l’objet du travail
le plus afiidu des anciens chimiftes.
M Le Mémoire fur les oxides d‘antimoine 8c fes
combinaifons, qui a été préfenté à la cl aile le 11
du mois dernier , par M. Thénard , & dont elle
nous a chargés, M. Déyeux & moi, ,‘de lui rendre
compte , en fournit un exemple frappant. II
eft peu de fubftances fur lefquelhs on ait autant
multiplié les recherches, & épuifé pour ainfi dire
les moyens de l'art, que fur l’antimoine. Tourmenté
long-tems par les adeptes, fes vertus mé-
dicamentenfes l’ont enfuite introduit dans la pharmacie
fous une infinité de formes & de dénominations
différentes j les plus grands chimiftes ont
porté une application particulière à déterminer la
nature de ces compofitions, & les procédés pour
en rendre les pré; arations uniformes} cependant
la conciufion du Mémoire de M. Thénard eft
que plufieurs de ces préparations les plus ufuelles,
telles que l'antimoine diaphorétiqtie , le kermès,
le foufie doré, le tartre émétique, & c . , étoient
fondées fur des principes erronés, que l ’on ne
connoiffoit point leurs vraies parties conftituantes,
pas même la quantité & le degré d’oxidation du
métal qu’elles contenoient.
»» Il ne feroit pas poffible d’examiner en particulier
chacune d^s nombreufes expériences auxquelles
il a dû fe livrer pour atteindre fon but j il
fwffira, pour mettre la claffe en état d’apprécier
l ’importance de ce travail 8c la confiance qu’il
mérite, de lui en préfenter les réfultats , & Ja
manière dont il a opéré dans les cas où il a fenti
la néceffité d’appuyer (es calculs fur des données
plus rigoureufes que celles qui étoient communément
admifes.
» L’auteur traite , dans la première partie , des
divers oxides d'antimoine, dans lefquels il recon-
noît fix degrés différens d’oxidation.
« Le premier eft noir} il contient 0,02 d’oxigène.
» C ’eft en cet état que l’antimoine eft précipité
de fes diffolutions par le fer & le zinc ; il mani-
fefte une propriété pyrophorique en s'enflammant
par la feule deflîccation à une douce chaleur : porté
au maximum d'oxidation par l'acide nirro-muria-
tique, il produit en effet deux pour cent d’oxide
de moins que le métal.
» Le fécond eft brun-marron> il tient o, 16 d’oxigène.
* On l’obtient en chauffant en vaiffeaux clos
des oxides blancs, c’eft-à-dire , plus avancés,, &
qui changent dé couleur en perdant une partie de
leur oxigène. C'eft à ce degré qu'il devient partie
conftituante du verre d’antimoine , ou oxide ful-
fure vitreux, ainfi que de Y oxide d? antimoine hy-
dro-fulfuré tenant foufre , connu fous le nom de
kermès Iqrfqu’il eft récemment préparé , ou qu’il
a été défendu du contatt de l’ air, fur lequel il;
agit à la longue, à la manière des agens eudiomé-
triques.
»» Le troifièmeeft orangé $ il tienro,i8 d’oxigène.
Le procédé pour l’obtenir eft le même que
pour le précédent, en arrêtant à propos la défoxi-
dacion par le feu. Il eft en cet état dans la compo-
fiûon qui porte le nom de foufre doré,
>vLe quatrième eft jaune j il tient environ 0,19
d’oxigène.
»Cechangement de couleur très-caraôériféeft
encore l'effet immédiat d'une fimple defoxidation
par la chaleur, en faififfant l'inftant d'en arrêter
les progrès. Celui que M. Thénard a mis fous les
yeux de la claflfe étoit vitriforme, 8c préfentoit
au centre un bouton de métal complètement réduit
(1).
5î Le cinquième eft blanc5 il tient 0,20 d’oxigène.
» On le fait directement par la fublimation ; ce
font les fleurs argentines des pharmaciens. On le retire
auffi à ce degré du kermès, du foufre doré 8c
du verre d'antimoine lorfqu’on les diffout dans
1 acide muriatique , parce qu alors il y a une nouvelle
oxidàtion aux dépens de l'eau décompofée.
" Cet oxide eft encore celui qu’on retire du
beurre <Cantimoine, que l’on a regardé fans fondement
comme un muriate oxigéné.
Ij exifte au même degré dans les tartrices
d’antimoine, de quelque manière qu’ils aient été
préparés.
M La poudre d’Algaroth , ou le produit de la dé-
compofition rie muriate d’antimoine par l’ eau ,
ne diffère de cet oxide que par la portion d’acide
qu’il retient toujours..
M M fe réduit facilement, même fans
addition, & l’on peut recueillir le métal en opérant
dans un tube de porcelaine, portant à fen extrémité
un tube plongeant dans l'eau.
Le fixième eft également blanc ; il tient 0,32
d’oxigène.
» C ’eft la cérufe d’antimoine, ou oxide précipité
par les acides de ia diffolution alcaline de l'anü-
moine oxidé par le nirre.
« C e t oxide eft le moins diffolubîe dans l’eau :
il s’unit plus difficilement aux acides ; il refufe
toute Combinaifon avec lés tartrites de potaffe ou
acidulé, quoiqu'il cède à l ’atfion de l’acide rarta-
reux» il n eft pas irréductible, comme on l'a cru,
mais il exige , pour fa défoxidation, un plus grand
coup de feu } & fi on le mêle avec un peu de métal
pour faciliter l'opération, on peut le faire re-
paffer fucceffivement par toutes les nuances qui
indiquent les décroiftemensprogreflifs d'oxidation.
» L'antimoine diaphonique lavé, qui eft regardé
comme un oxide d’un degré plus élevé , diffère
feulement du précédent par la quantité de
potaffe qui lui eft unie, & qui en fait le cinquième.
« M. Thénard laiffe entrevoir qu’il a été plufieurs
fois tenté d'admettre encore des degrés intermédiaires
d oxidàtion , tels què celui d'antimoine 1
(1) Il paroît que c’eft le même oxide vitreux obtenu par
M. Da rcet, en traitant le métal même dans une boule de
pâte de porcelaine non cu ite , & dont une très-petite partie
fe trouva oxidée fans doute par la décompoftcion de l’eau de
la pâte.