
lin & ammoniacal qu’acide. Depuis les nouvelles 1
découvertes, & avec tous les moyens plus fim-
pics & plus certains de décompofer l’acide nitrique
que 1 on poffede aujourd hui, on ne' fait plus
cette expérience de cette manière : on fait détonner
le charbon & le nitrate de potajfe dans un
canon de fufii auquel on adapte des veflies. On
trouve pour réfulrat du gaz acide carbonique, du
carbonate de potafle & de la potaffe cauftique, de !
1 eau & quelquefois de l’ammoniaque formée par ‘
1 union de l'azote, radical de l’acide du nitre dé- |
compofé, avec l’hydrogène qui accompagne fi
fou vent le carbone dans les charbons, comme je i
1 ai dit ailleurs. ;
On ne tait pas détonner du nitrate de potajfe avec
le phofphore, quoiqu’il en foit très-iufceptible,
mais parce que çe corps combuftible fe volatilife
prefque tout avant d’opérer la décompofition du
fe l, & parce que la déflagration trop forte n’eft
P» £aPs danSer- Le produit eft du gaz azote & du
phofphatede potaffe. Elle demande beaucoup de
précautions.
Le foufre brûle très-vîte & très-complètement
quand on le chauffe avec trois fois fon poids de
nitrate de potajfe. On préparoit autrefois, en fai-
fant détonner ces deux matières dans un creufet
rouge, dufulfate de potaffe, qui portoit le nom
particulier de fel polycrejle de Glacer.
On ajoute un dixième de nitrate de potajfe au
foufre qu’on fait brûler dans des chambres de
plomb pour obtenir l ’acide fulfurique j & juf-
qu’ici cette addition a été trouvée indifpenfable
pour le fuccès de l’ opération : atiffi trouve-t-on
un peu de fulfate acide de potaffe dans cet acide
fulfurique.
On faifoit autrefois une efpèce de clyffus avec
cette détonation.
Quelques pharmacopées confeillent de fondre
un peu de foufre avec le nitre pour la préparation
du criftal minéral : celui-ci contient alors un pe,u
de fulfate de potaffe.
Le mélange du charbon , du foufre & du nitre,
fait dans les proportions de foixante-feize parties
de nitrate de potajfe, de quinze parties de charbon
& de neuf de foufre , conftitue la poudre à canon.
Sa fabrication confifte à broyer d’abord chacune
de ces matières pure & exempte de corps étrangers,
à les mêler enfuite fort exactement dans
des mortiers de bois , à Laide de pilons de même
matière que 1 on fait mouvoir. On y ajoute un
peu d’eau pour former une pâte ou galette que
l’on met, après une légère defficcation, dans un
crible percé de trous relatifs à la groffeur des
grains qu on veut obtenir. Pour grainer la poudre,
on promène fur le crible un tourteau de bois
dur, & , par le mouvement qu’on lui imprime ,
on force la pâte à paffer par les trous, & à prendre
la forme de grains 5 on fait fécher la poudre
grainée à l’air & au foleil fur des tables, en la
retournant à diverfes reprifes. On liffe enfuite la
poudre de chaffe dans des tonneaux cù l’on agite
les grains qui s’ufent &. fe poiifient en fe frottant
les uns fur les autres.
Telle eft la méthode ancienne de faire la pou-
dre au battage ou dans des moulins 5 elle a , parmi
plufieurs inconveniens, celui de menacer fouvent
d inflammation & de faut. On y a fubftitué depuis
plufieurs années un procédé plus limple, plus
prompt & moins dangereux. On pulvérile les trois
matières à part} on les mêle bien & fans eau en
les agitant par rotation dans des tonneaux garnis
de liteaux de-bois dans leur intérieur, ou elles
font froiffées par de petites boules de métal, juf-
qu ace qu’étendue avec un couteau fur une planche
bien dreffée, la poudre foit bien égale, bien
unie » fans points de diverfes couleurs & fans parties
dures. On fait une pâte avec cette compofi-
tion bien mêlée, & fuffifante quantité d’eau, foit
en la comprimant convenablement & dans une
forte prefle pour lui donner la confiftance requife,
après lavoir placée fur une toile de canevas mouil-
*ee, affujettie elle-même fur des plateaux de bois,
<1U1 s ebchâffent les uns dans les autres par la
preflion j foit à l’aide de meules, verticales, qui
fe meuvent dans une auge, & compriment le
pouffier de poudre humedé} ce qui eft fort préférable
à 1 ulage mefquin & petit des plateaux.
La galette ou la pâte de poudre ainfi formée, eft
traitée enfuite par le crible & les tonneaux pour
la grainer. M. Champy, l’un des adminiftrateurs
des poudres, a donné un nouveau degré de perfectionnement
à ce procédé, fur dans fes moyens
prompt dans fon exécution, & économique, en
communiquant à la poudre, par un mécanifme
tort limple, la forme ae grains homogènes égaux
fphenques, & la groffeur qu’il veut, fans en
lailier une partie dans l’état ae pouffier, comme
on en laiffoit toujours dans l ’ancienne fabrication.
La théorie de l ’inflammation rapide & dés effets
terribles de la poudre à canon eft fimple &
facile a faifir, au moins dans fa généralité. Le
loutre & le carbone brûlent très-rapidement par
le nitre qui les enveloppe de toutes parts j il fe
forme du gaz acide carbonique 5 il fe dégage du
gaz azote j il fe forme encore de l’eau & de l ’ammoniaque
dans cette violente combuftion. L’eau
toute contenue dans ce mélange ', y joue un
rôle par la grande dilatation qu’elle éprouve. Il
paroit que tout le foufre ne brûle pas, puifqu’il
le forme fi fouvent un fulfure qui gâte les armes à
feu, & qui les oxide & les ronge. La grande
quantité de gaz, formé & dégagé fubitement,
lance tous les p.roje&iles qui font placés comme
©bitacles a leur dilatation, & l’on juge même de
j - i ° rCe la bont® de ,a P°udre , foit par la
diftance à laquelle elle Jance le projeâile fous un
angle donné, foit par la grandeur du mouvement
de recul qu’elle communique à un canon fuf-
pendu ayec le moins de frottement poflible. On
fait aifément l’analyfe de la poudre à tirer en lui
enlevant fon nitrate de potajfe par le lavage à l’eau,
& en.réparant enfuite le foufre du charbon par la
fublimadon.
C ’eft encore un effet très-remarquable de la
rapide combuftion occafîonnée par le nitrate de
potajje, que ce qui fe pafle dans la violente détonation
de la poudre fulminante. On nomme ainfi
un mélange de trois parties de nitre, de deux
Farties de potaffe & d’une partie de foufre, que
on triture avec foin dans un mortier. Ên faifant
chauffer lentement cette poudre dans une cuiller
de fer, placée fur un brafier doux au moment ou
ce mélange eft entièrement fondu, il eft violent
ment projeté hors la cuiller & dans tous, les fens
en produifant une explofion ou un bruit très-con-
fidérable , femblable à celui d’un moufquet ou
même d’une pièce d'artillerie, fuivantla quantité
que l’on en fait chauffer. La cuiller de fer eft ordinairement
pliée fur les bords qui rentrent en
dedans , comme fi elle avoit été comprimée par
deux prelfions extérieures oppoféesj ce qui prouve
que, dans la fulmination , la matière a fait effort
fur fon fond comme fur l’air, & que c’eft à cette
violente pereuffion qu’eft dû le bruit qui fe fait
entendre. Au moment même où l’explofion a lieu,
on apperçoît une flamme blanche-bleuâtre. La
théorie de cette énorme détonation eft fimple. La
potaffe s’unit au foufre, & forme un fulfure qui,
à l’aide du nitre , fe convertit en fulfure hydro*
géné : à une certaine température, le gaz hydrogène
fui fs ré fe dégage avec le gaz oxigène
du nitre, & s’allume fubitement en frappant fortement
l’air pat [’explofion qui accompagne ce
dégagement. On le prouve en faifant une poudre
fulminante, qui détonne plus vite que la précédente,
par le mélange de parties égales de nitrate
& de fulfure de potaffe folide. Cette poudre ne
produit qu’une petite détonation ordinaire lorf-
qu’on ta jette fur des charbons enflammés, parce
qu’il n’y a pas de gaz hydrogène dégagé , ou
parce qu’il né fe forme pas de petites parties dans
la matière-enflartimée.
Avec trois parties de nitre, une partie de foufre
& urte partie de fciure de bois fine , bien mélangées
, on fait ce qu’on nomme la poudre de fu-
Jton. En recouvrant une lame de cuivre allié, une
pièce de billon pliée, de cette poudre au milieu
d’une coquille de noix , & en mettant le feu avec
un papier allumé à la poudre placée au deffus , elle
détonne rapidement, S/ fond la pièce en un globule
de’ fulfure , fans que la coquille de noix foit
brûlée. Cet effet eft dû au foufre, qui fe combine
avec le métal ; mais le nitre & le bois en parcelles
, en brûlant & dégageant beaucoup de calorique,
fayorifent cette combinaifon, qui s’opère
avec une très-grande rapidité. '
Le diamant n’éprouve aucune efpèce d’altération
de la part du nitrate de potajfe ; mais beaucoup
dé fubftances métalliques, mêlées en limaille fine
avec trois parties de ce fel en poudre, détonnent
avec lui à la chaleur rouge, comme le charbon &
le foufre. Ces corps fe trouvent enfuite réduits
en oxides, & combinés en partie avec la bafe du
nitrate. Gn emploie fréquemment ce procédé pour
préparer des médicamens & des oxides métalliques
très-utiles dans les arts. La déronation qui
s'opère, fert auffi à donner des couleurs & à faire
des flammes brillantes , éclatantes dans les feux
d’artifice. Les oxides métalliques n’éprouvent
d'altération de la part du nitrate de potajfe , qu’au-
tant qu’ils ne font pas faturés d’oxigène. ( yoye^
les articles ANTIMOINE, F e r & ZlNC. )
Les acides agiffent fur le nitrate de potajfe,
comme on l’a expofé dans l’hiftoire du genre >
mais comme c’eft particuliérement fur cette efpèce,
la p)us répandue & lapins utile, qu’on a lieu
d’obferver cette aétion , c’eft dans l’eiifemble de
fes propriétés, qu’il eft le plus néceffaire de la décrire
avec précifion. De tout ce qui a été dit fur
les phénomènes produits furies nitrates parles acides
, quatre faits principaux doivent fixer l’attention
des chimiftes, relativement à l’efpèce donc
il s’agit ici. Ils font relatifs à la décompofition du
nitrate de potajfe à chaud ,- feulement par les acides
phofphorique & boracique, & à prefque toutes
les températures , ou au moins à une foible chaleur
par les acides fulfurique & muriatique j il eft
absolument inaltérable par les acides carbonique ,
fluorique, fulfureux , muriatique oxigéné & nitreux.
En chauffant dans une cornue du nitrate de potajje
avec la moitié de fon poids d’acide phofpno-
rique épais ou d’acide boracique concret & crif-
tailin, on obtient de l’ acide nitrique accompagné
d’un peu de gaz oxigène & de vapeur nitreufe.
C ’eft au moment où les deux premiers acides commencent
à fe fondre, que le dégagement de celui
du nitre a lieu. Il refte dans la cornue, du phol-
phate ou du borate de potafle. On a cru que l’acide
boracique changeoit de nature en voyant
qu’il dégageoit du nitre traité par ce corps, de
l’acide en partie nitreux j mais cela eft dû à la
haute température, que le mélange contracte au
moment de la réaction, comme on le voit conf-
tamment arriver toutes les fois que l ’acide nitrique
eft fortement chauffé.
Il n’y a pas une aétion très-forte entre le nitrate
de potajfe & l’acide muriatique > cependant quand
ce dernier, très-concentré & très-fumant, eft
verfé fur ce fel bién fec & en poudre très-fine, il
fe produit de la chaleur, & l’on apperçoît bientôt,
à la furface du mélange, une vapeur d’un jaune-
verdâtre. L’aétion réciproque de ces deux corps
augmente beaucoup , & va jufqu’ à une effervescence
marquée lorfqû’on l’aide par le calorique.
On reconrioît bientôt un dégagement affez abondant
de gaz acide muriatique oxigéné , mêlé de
vapeur rutilante nitreufe, & l’on trouve, après
cet effet, du muriate de potafle formé. C ’eft ainfi