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ne la convertît point en cette poudre jaune qu’on
nommoit autrefois turbith minéral à caufe de fa
couleur ^ & dont je parlerai plus bas. Cette maffe
elt un mélangé de fulfate de mercure peu oxidé
ou oxidé en noir, & d’acide fulfurique. L’eau
en.ève l’excès d’acide qu’ elle contient, & le ful-
fare neutre blanc refte pur. 11 eft cependant bon
encore de favoir que, pour obtenir ces réfultats
plus furement, au lieu d’employei^de l’acide fulfurique
concentré, il faut employer de l’acide fui-
lurique un peu étendu d’eau » & même ne pas
pouffer la décompofition de l’acide trop loin; que
fans ces précautions, prefque toujours la maffe
blanche mercurielle jaunit par l’eau ; ce qui prouve,
comme on le verra plus bas, quelle contient alors
du fulfate oxidé, ainlï que la liqueur furnageante.
Pour avoir ce fel, le fulfate neutre de mercure peu
oxidé, bien pur, il vaut mieux le former en préci*
pitant par 1 acide fulfurique une diffolution nitrique
mercurielle faite a froid. Alors il jouit de toutes les
propriétés fuivantes. Il eft prefqu’iniipide ; il ne
rougit point la teinture de tournefol ; il n’éprouve
aucune altération à l’air ; il eft infoluble dans l’eau.
Il ne fe combine point avec un excès d’acide ; au
moins, lorfqu’on les met en contaâ avec de l’acide
fulfurique, on peut enlever par l’eau tout
1 acide qu’on a ajouté, fans qu’il fe diffolve fenlt-
blement de fulfate mercuriel. Il eft précipité en
gris-noir par toutes les bafes falifiables, & en noir
par 1 hydrogène fulfuré & les hydrofulfures. Il eft
formé fur ioo de mercure, 83 ; oxigène, q.r ; acide
fulfurique, 10; eau & perte, 2.y.
68. Pour préparer le turbith minéral, on épaif-
fiffoit par une aétion du feu plus longue la maffe
fulfurique mercurielle dont il a été queftiori n°. 67.
On décompofoit une plus grande quantité d’acide
fulfurique ; on oxidoit davantage le mercure ; &
en jetant enfuite de l’eau chaude fur la maffe,
elle donnoit la poudre jaune connue fous le nom
de turbith. Dans cette préparation, on obrenoit
cet oxide en différens états, jouiffant de couleurs
très-variées, depuis le jaune-pâle & citroné, juf-
qu au jaune prefqu’orangé, fans qu’on ait pu autrefois
fe rendre compte de ces différences, &
conduire conféquemment l’opération de manière
à avoir toujours la même nuance & la même nature
dans ce compofé. Dans le grand nombre d'expériences
quej’ai faites fur cette préparation , j'indiquerai
ici celles qui peuvent jeter du jour fur fes
propriétés & fa compolition.
a. Si l’on n’évapore pas un peu fortement & par
une température élevée, foutenue, le mélange
d’acide fulfurique & de mercure ; s’il refte un excès
bien fenfible d’acide non décompofé ou non
volatilife, la maffe fe diffout entièrement dans
l’èau fans prendre de couleur jaune, ou l’ on n’obtient
que très-peu de turbith en faifant bouillir
long-tems l’eau avec cette maffe ; au lieu qu’en
faifant chauffer lor.g-tems la maffe fulfurique mer- ■
•urielle, elle jaunit un peu fpontanément, Se prend j
tout a coup une couleur d’un beau jaune par le
contaét de 1 eau. . r
b . L eau froide, verfée fur cette dernière maffe,
ui donne une couleur d’un beau jaune-verdâtre ;
j eau bouillante la rend d’un jaune pur, fans mélange
de vert ; l’alcool la jaunit aulli, mais moins
que 1 eau froide.
c. Plufieurs chimiftes ont regardé le turbith minéral
comme un limple oxide jaune de mercure,
ne contenant pas d’acide fulfurique. Rouelle a
penfe qu’il contenoit de l’acide fulfurique : mes
expériences font d’accord avec cette dernière âf-
ertion. En j traitant le .turbith le mieux lavé par
acide muriatique, la diffolution précipite, par
le-muriate de baryté, du fulfate de cette bafe. Je
nomme, a caufe de cela, le turbith minéral fulfate
jaune de mercure.
d. Pour apprécier le changement qu’éprouve le
julfate neutre de mercure, en paflant, à l’aide de
a chaleur, a 1 état de fulfate jaune ou de turbith,
j ai chauffé fortement le premier dans une cornue
de porcelaine j il s’en eft dégagé d'abord de l’eau,
enluite du gaz acide fulfureux, puis du gaz oxi-
®erî?3 ^ mercure a paffe fous forme métallique -
,. .? ul, e,.a *? fin de l’opération. Au moment oïl
i acide lulfurique eft dégagé, le fel, rouge de
eu, le fond & prend une couleur purpurine brillante.
En arrêtant l’opération avant qu’il fe dé-
gage du gaz oxigène, & après le dégagement de
1 acide fulfureux, le fel eft converti en fulfate
jaune.
. Propriétés qui diftinguent le fulfate jaune
du iultate neutre blanc, prouvent toutes que le
mercure y eft plus oxidé, & que par conféquênt
on doit 1 appeler fulfate neutre rrès-oxidé; neutre
, car il n’eft pas fufceptible d’abforber une
nouvelle portion d’acide fans rougir la teinture de
tournefol. En effet, ce fulfate jaune eft diffous à
froid par 1 acide nitrique, qui n’agit qu’à chaud
fur le fulfate neutre de mercure j il eft également
dilious par 1 acide muriatique chaud, qui Ite con-
vertit en muriate fujroxigérié de mercure ou fublimé
corrofif| tandis que cet acide fait paffer le fulfate
neutre a l étit de muriate fimple de mercure ou de
mercure doux.
f Ce fulfat^ eft décompofé par les alcalis. L’ammoniaque
le rend blanc, parce qu’elle forme avec
lui un fel triple. Tous les autres alcalis en féparent
divifé 6 ,aUne qUi ^ qUe de r °xide r0Ug® très*
g. Broyé avec du mercure coulant, il l’éteint
promptement, devient d’abord d’un vert-foneé
& paffe bientôt avec celui-ci à l’état d’oxide noir \
lorfqu on le fait bouillir avec de l'eau & peu de
mercure, le même changement en oxide noir a
broiement116111 aV6C PlUS de lenteur 3ue Par le
h. Cent parties de fulfate jaune contiennent,
mercure y 8$ j oxigène, 7; acide fulfurique, 7. s >
eau & perte, 1.j . 1 /J>
69. Ainfi tous les faits annoncés fur la combinai
fon de l'acide fulfurique avec le mercure, doi- j
vent faire diftinguer déjà deux fulfates de mercure
; favoir :
a. Le fulfate de mercure neutre , en poudre
blanche, prefqu'indiffoluble & infipide, précipitable
en gris par les alcalis, non décompofable
par l’acide nitrique, formant du muriate doux
avec l’acide muriatique.
b. Le fulfate de mercure neutre très-oxidéj il
eft jaune, infoluble, précipitable en jaune par
tous leà alcalis, excepté par l'ammoniaque qui
le convertit en un fel triple blanc infoluole par
les alcalis, décompofable par l’acide nitrique,
donnant du muriate furoxigéné de mercure par
l’acide muriatique. j
70. Outre ces deux fulfates de mercure , il en
exifte encore deux autres. L’un eft le fulfate acidulé
de mercure très-oxidé, & l’autre le fulfate ■
acide de mercure très-oxidé. La maffe mercurielle
qu’on obtient en faifant bouillir long-tems de 1
l’acide fulfurique. avec du mercure > eft ordinairement
un mélange de ces deux fels ; car lï elle
ne contenoit que du fulfate acide très-oxidé ,
elle ne jauniroit pas par l’eau, elle s’y diffoudroit
toute entière. Ainfi de blanche , l’eau la rend
jaune ou la transforme en fulfate acide foluble,
& en fulfate neutre jaune infoluble : il faut en
conclure, dans cêtte maffe, la préfence d’un fulfate
acidulé blanc qui ne peut exifter qu’à l’état
folide, .& que l’eau décompofé tout à coup.
Telles font en effet les propriétés de ce fulfate I
acidulé, qu’on peut encore obtenir en traitant
l’oxide rouge de mercure ou le fulfate neutre jaune
infoluble de mercure par une quantité convenable
d’acide fulfurique. Quant au fulfate acide de mercure
oxigéné, caraétérifé déjà fuffifamment par fa
folubilité dans l’eau, fa couleur blanche & l’état
de fon oxide, il eft déliquefeent ; lorfqu’on en
évapore la diffolution, comme prefque toujours,
il fe dégage de l’acide fulfurique : on obtient d’abord
des paillettes d’un jaune-rougeâtre de tur*
bith, & enfuite une maffe blanche aiguillée crif-
talline, qui, traitée par l’eau , donne encore ,
mais peu de turbith , & qui par conféquênt
contient du fulfate acidulé de mercure. Ces deux
fulfates très-oxidés, l’un acidulé & l’autre acide,
fe comportent avec les bafes falifiables, comme \
le turbith ou le fulfate neutre jaune. Toutes les ,
précipitent en jaune, excepté l’ammoniaque qui
précipite en un fel triple blanc infoluble le fulfate
acidulé, & qui ne produit point de précipité dans
le fulfate acide, parce que le fulfate ammoniacal
mercuriel qui fe formé alors eft rendu foluble par
la grande quantité de fulfate d’ammoniaque qui
entre dans la compolition.
71* En évaporant la liqueur qui tient le fel en
diffolution, après l ’avoir formé par l’un-ou l’autre
des procédés indiqués, foit à l’aide d’une chaleur :
douce, foit par l ’expofition à l’air, elle dépofe,
au bout de quelques heures, des criftaux brillai's ,
polygones, durs, dont les plus petits , raffem-
blés, forment à la far fa ce une pellicule blanche
& chatoyante. Cette criftailifation eft due à la
volatilifation de l’ammoniaque qui tenoit le fel
en diffolution. S i , au lieu d’attendre ce dépôt
régulier, on ajoute tout à coup à la diffolution
une grande quantité d’eau, elle devient blanche,
laiteufe ; ,jl s’en précipite une poudre blanche
qui n’eft que le même fel , fans forme régulière
, parce qu’il fe fépare précipitamment ;
ce qui provient de ce que l’eau ajoutée divife
la liqueur, la rend plus légère, & s’empare de
l’ammoniaque ; il refte dans la liqueur du fulfate
d’ammoniaque qu’on obtient criftaliifé par l’évaporation.
11 fe forme donc plus de ce dernier qu’il
n’en faut pour porter le fulfate de mercure à l’état
de tri fuie ammoniaco-mercuriel ; ce que prouve
en effet l’analyfe de celui-ci, qui contient plus
d’oxide de mercure que le fulfate métallique l’tul
n'en contenoit.
72. Le fulfate ammoniaco-mercuriel a une faveur
piquante & auftère ; il décrépite & donne
par la chaleur , de l'ammoniaque, du gaz. azote,
un peu de mercure coulant & un peu de fulfite
d'ammoniaque ; il refte dans la cornue du fulfate
de mercure jaune ; il eft peu diffoluble dans l’eau;
les alcalis & la chaux le précipitent en une poudre
blanche, qui eft encore un fel triple avec excès
de baie , ou privé,de beaucoup de fon acide. Ce
précipité, exppfé au foleil, noircit & fe réduit
en mercure coulant, par la décompofition réciproque
de l’oxide mercuriel de l’ammoniaque. Ce fulfate
ammoniaco-mercuriel eft diffoluble par l’ammoniaque,
dont il retient une partie lorfqu’il fe
criftaliifé par l’évaporation de cet alcali volatil.
Cent parties contiennent dix-huit d’acide fulfurique,
trente-trois d’ammoniaque, trente-neuf de
mercure & dix d’eau. Cette analyfe prouve que ce
fel triple contient une très-grande proportion des
deux bafes fur celle de l’acide fulfurique, & que,
dans cette combinaifon , l’attraélion diffère beaucoup
entre les trois fubftances qui la forment d’avec
ce quelle eft entre deux d’entr’elles en particulier.
73* - Il n y a aucune aétion entre le mercure coulant
& l’acide fulfureux, & cela doit être , puif-
que ce métal ne décompofé l’acide fulfurique que
jufqu’à l’amener à l’état d’acide fulfureux; mais il
fe paffe une forte altération entre l’oxide de mer-
-cure & ce dernier acide. Si l’on met en contaét d#
l’oxide rouge de mercure & de l ’acide fulfureux,
l’oxide devient tout à coup blanc comme du lait;
il fe dégage du calorique, & l’odeur de l’acide
fulfureux eft tout à coup détruite. En n’employant
qu’une petite quantité de cet acide, il fe forme
du fulfite de mercure; mais fi on en met beaucoup,
l’oxide de mercure eft complètement ramené à l’état
métallique, & l’on trouve de l’acide fulfuri-
que dans la liqueur. Ce dernier phénomène eft: