
néceffaire, pour parvenir au lit de cailloux propres
à être taillés.
» Lorfqu’ils y font arrivés, ils s'étendent horizontalement
par des galeries très-baffes , où ils
travaillent à genoux; ils- les dilpofent en rayons
partant du puits comme centre, & les prolongent
autant que la lumière peut y brûler, le plus fou-
vent fans s’embarraffer s'ils font hors des limites
du terrain où ils ont acquis le droit de fouiller;
enfuite ils font des ouvertures d'une galerie à
l’autre , en laiffant d’efpace en efpace quelques
pilliers pour foutenir le plafond.
» Ils fortent tous les cailloux avec beaucoup de
célérité, en fe les jetant de mains en mains fur les
cinq ou fix repos formés par le fond des puits dif-
pofés en gradins. A l'égard de la terre, ils ne fartent
que celle des premières galeries, & remplif-
fent fucceflivement les anciennes excavations avec
la terre des nouvelles.
*> Us ne travaillent dans les crocs que le matin,
puis ils partagent les cailloux qu’ils ont fortis en
lots le plus égaux qu'il fait poflible, l:s fendent
fur le bord même du trou, avec la majfé, rejettent
ceux qui n’ont pas une belle couleur, qui
ont des taches blanches ou qui contiennent de la
eraie au centre , ce qui arrive' fou vent $ ils lèvent
des écailles fur les autres avec le marteau à deux
p o i n t e s 3 laiffent lés grolks (i.) avec les éclats fur le
fo l, <k emportent les écailles dans leurs chaumières,
où , aidés de leurs femrnès & de leurs
enfans ,ils les taillent fur le cifeau avec la roulette%
& en forment un patet, une boucaniere, une grande
fuye, une petite fuyey une pierre a pifiolet, &c. &c..
«On diftingue deux variétés de cailloux propres
à faire des pierres a fufil, les uns blonds, les
autres bruns. Les blonds fe trouvent dans les communes
de Meunes, Noyers 8? Lye ; ils font-d’une
couleur égale , & font bien du feu avec la batterie.
Les bruns fe tir; nt de la commune dé Couffy, à
une petite lieue de Meunes ; ils font Souvent tachés
de blanc, & on les regarde comme trop durs, j
altérant en. peu de tems la batterie.
» Les^ ouvriers de Meunes paroiffent les plus
habiles à tailler les pierres a fufil ; cependant ilè ne
font pas furs de faire une pierre de telle ou telle
forme ; ce n.’eft que quand le copeau tombe, qu'i's
peuvent juger à quel ufâ-ge il' eft propre. On en
fait de dix ou douze façons différentes, & cependant
il n’y en a que trois ou quatre qui conviennent
aux ai mes de guerre.
« En levant deffus un caillou , à . droite & à
gauche, un copeau un peu incliné à. fa furface ,
î écaillé du- milieu qui en fort fe trouve quelquefois
avoir deux biLaux oppofés bien prononcés;
alors on n'y forme pas tf'e talon ; 'on réferve les
(i) On appelle gr&lles lés étoiles épaifleiqui- portent clé.
lu croûte , & qui ne font pas djrfp'ofees à pou*, oir être faites
]?ar les mâchoires du chien ; elles fervent àfàiredefc pierres
4 briquet..
j deux bifeaux, & on fait une pierre à deux mèches
ou a deux coups, ainlî nommée parce qu'un des
bifeaux étant ufé, on fe fert de l’autre en retournant
la pierre : elles font ordinairement un peu
minces, & fouvent le bifeau tourné du côté de la
vis du chien s’ébrèche & devient hors de fervice.
On ne s'en fert point dans les armées françaifes;
mais elles font fort recherchées par les Hollandais
& les Efpagnols.
^ m Lorfque les cailloux fortent de terre, ils contiennent
quelquefois trop d’humidité ,que l'on ap-
perçoit en les fendanr, & qui fe raffemble au centre
en gouttelettes: l’on ne peut alors-lès tailler comme
il faut ; le s caillouteurs les font fécher quelques
heures, l’été au foleil, l’hiver au feu ; mais lorfqu’ils
ont été trop long-tems eXpofés au foleil ou
au grand air, tels que ceux que l’on trouve fur la
terre, ils ne peuvent plus être taillés. Les marchands
qui etnmagàfinent des pierres à fufil y ont foin-
de les tenir dans des lieux frais & fermés (i).
Les outils rapportés par M. Saltvet diffèrent
peu, quant à la forme, de ceux décrits par M. Do-
lomieu.
L'auteur prétend que l’on ne connoît qu'en
France des cailloux propres à être taillés en pierres
.à fufil (i) y \\ cite les regillres des-marchands de
Saint-Aignan, qui prouvent qu’ils'en envoient tous
les-ans des quantités confidérables (-’ )* en Hollande
*en Efpagne , en Angleterre , &c. U raconte
qu’à l’époque où l’empereur Joftph ÎT vint en
France ( en 1776 il envoya à Meunes. des gens
qui ne parvinrent que très-difficilement à déterminer
un jeune homme à les accompagner en
Autriche ; mais que ce jeune homme revint à
Meunes quelques mois après, annonçant qu’il nV
voit pas trouvé de cailoux propres- à la taille.
L’attachement que les caillouteurs ont pour leur
pays , (èmbler.oit suffi indiquer qu’ils n’ont pas
trouvé u’occàffon d'exercer, leur art ailleurs : o-
pend.mt il paye h conihnt que l’on pouvoir trouver
fr) On feroit biéii faris cfoü te d’ëiï. lîfêr ainfi' dans les
dejots particuliers, afin d’eïnpecher la trop gràndé deHît-
cacion qu’elles s’accjuièYënr dans lés. lieux fecs-, qui, leur
donnant une caifure courte écailleufé rend leur tranchant
plus obtus, & diminue le\vr lacüîté de détacher dé
la battéHê hrs parc.éll|és d’àcier qui, éh s’enÛamïiîanf, produiront
rétineélle.
.?A(2) f-e bi;t rt’eft pas; èXàû à préfént, quoiqu’ il ait pu
rêtfe anciennement. On commence, dans béâücôup dé
pays , à faire ufage des filex qui s’y rencontrent, polir les
railler en pierres A fu f il On. l i r dails l’ouvrage, intitulé l’Art
des mhies ( en allémand Betgbâukundè )', i é‘. vól. aft. XI,
ri«’on exploite & qu’on taille , pour lé ier.vice îftilicaifé
d Autriche , cfés fil'éx qlii fe rfóüVeiiC eh couchés altérnaaf
avec des couches,de craie, dés deux côtés dé l’Adigë , dans
le 'ïy ro l ita lien,. près d’A v io . Les collines- fécondai res qui
l’es- rfcnfèrrHértt, fé nonîmént té fe'lv'e dèl monté Èàlâô ; elles
régnent au piyd dè lü'ihôhtâglïe de cë nom:, dans là vallée
d Atjjttè ucre. Qti tfoiiVô daïîs le mêmé câfifoh'feeaüéôup tb
ces fflex épats à là furface dil terfailî.
P ) En 1 ail 2 il y en" àvoit ti'ènte millions*' en -àià^afin x
Saint-Aignan &. dans les environs,.
des iîlex pyromaq^es dans lés craies de îa cbdevant
Ch;>mpagife, de la iqi-devajnt Picardie, & dans
d'autres lieux de U Ftajice..
Le dUtfiét de Saint-Aignan a fait effayer, en
l’an -2, un caillou venant de Bougival, à l'oueft de
Paris, fur le bord de la Seine ,-près la machine de
Marly, où l’on façonne la plus grande partie des
pierres à briquet qui fè vendent à Parts. Le cailjpu
de Bougival a réuffi parfaitement à la taille , & a
donné cent trente une pierres propres aux armes
à; feu.
M. Tonnelier, garde du cabinet de minéralogie
formé près le Confeil des mines, fe trouvant dernièrement
dans le département de l'Yonne, paffant
par îe canton de Cer.illy, fut frappé de la quantité
de filex pyromaques qu'il rencontroit. Arrivé dans
la commune de Geriîly , il remarqua des écailles
de caillouteurs , & s'occupa auffitôt à recueillir
tous les détails d’une petite fabrique de pierres a
fufil qu’il y trouva, & en fit part à fon retour à la
Société philomatique. Nous allons extraire du travail
de ce naturalise :les particularités qui nous ont
paru devoir trouver (place ici.
« La petite commune,de Cerilly eft fituée dans
lin pays montueux, dont le fofmaigre ne convient
qu’au feig le & au blé noir ( polygonum fjgopyrum ),
& où l’on fait beaucoup de cidre Sç fort peu de
vin. La couche de terre végétale eft épaiffe tout
an plus de deux,décimètres.. On trouve au deffous
une fnarne très-argileufe, qui fert d’engrais dans
le pays : c’eft dans cette marne que l’on trouve les
filex pyromaques que i'induftrje de quelques ha-
bitans convertit en pierres a fufil. Les collines qui
recèlent les meilleurs filex, & avec le plus d’abondance,
forment un groupe qui porte le nom de
Mont-Equillon. Ces cailloux fe trouvent auffi à la
furface du terrain , & dans les ravins dont ce pays
eft fiiloné. Les chemins en font jonchés, & toutes
les maifons du pays en font bâties. La pierre dè
taille n’y eft pas employée à taufe de l'éloignement
d-s carrières qui font en exploitation dans
ce département. Quoique jufqu’à préfent on ne
taille des pierres a fufil que'dans la. commune de
Ceriily & da -s le hameau des vallées qui en
dépend , les liiex propres à cet ufage fe trouvent
également dans une grande partie de ce canton,
notamment dans les communes de Fourneaudin,
de toujours, & dans celle de Cerifiers qui en eft
le chef-lieu. Cette petite branche d’induftrie s’eft
établie à Cerilly il y a environ quatre vingts ans.
On raconte que des gens de la partie de la France
qu’on tiommoit alors le Berry, ayant été appelés
dans ce canton par des affaires particulières, remarquèrent
une grande analogie entre les filex
qu'il recèle & ceux que l’on tailloit dans leur pays
natal ; ils effayèrent d’en faire le même ufage, &
rendirent à préparer, pendant fix mois qu’ils ref-
tereRt à Cerilly, une affei grande quantité de
pierres a fufil, qu'ils vendirent à des marchands de
Troyes. Un habitant de la commune examina leurs
outils, en fit faire de pareils, & , après leur dé-
jp artfe jivra avec fuccès à cette même efpèce de
•travail ; il apprit à fes en fans l’art qu’il avoit vu
iprat.iquer, & c’ eft encore dans fa famille que cet
art s’eft perpétué exclufivement : il n'y a même que
trois homnies qui s’en occupent, & feulement lorfqu’ils
ne font point employés aux foins plus impur
tans de l'agriculture.
Ces cultivateurs-caillouteurs n’extraient point
le filex d’une manière régulière ; ils fe contentent
de faire de petites folles dont l’entrée eft étroite,
j. qui s’elargiff.nt dans le fond. Ces fouilles ne
' vont pas ordinairement plus avant que dix-huit à
vingt décimètres. Le filex pyromaque s'y trouve
plutôt en; petits amas qu'en couches réglées &
fui vies. Lorfque ces. amas font épnifés, ils ouvrent; •
une autre fdffe â côté.
« Les inftrumens qu'ils emploient pour la taille
diffèrent un peu de ceux que M.' Do lomieu a décrits
; ils font pareils à ceux que les caillouteurs du
ci-devant Berry y apportèrent au commencemi-nt
de ce fiècle, & fous ce rapport il peut être inté-
reffant d’en indiquer la forme & l ufage , pour
mettre à portée d'apprécier les changement qu’on
y a faits depuis.<
« Ils confiftent, i° . en une maffe de fer arrondie
par les extrémités, de la groffeur d’environ quatre
■ centimètres, fùr huit de longueur ; elle diffère peu
de eefle décrite par M Dolumieu , & fert de même
à rompre les blocs filiceux en morceaux d'une à
deux livres chacun.
» i 9. En un marteau à une pointe, formé par
! une maffe de deux ou trois centimètres de grof-
[ feur, aiongée, d’un côté feulement, en une pointe
'arrondie, garnie d’acier, qui fert à détacher les
écaillés :.ce marteau a en tout environ huit centimètres
de longueur : la tête eft percée de part en
part pour recevoir le manche. Cet inftrument pa-
roît inférieur aux marteaux à deux pointes en
ufage aux environs de Saint-Aignan , en ce que le
manche, ne paffant pas par le centre de gravité
de la maffe, doit être plus fujet à tourner dans la
[-main de l’ouvrier, & en ce que , ne préfentant
j qu'une pointe, il doit durer moitié moins de tems
fans avoir befoin d’être réparé,
i « 30. En un inftrument compofé d'une lame
d’acier, d’environ deux décimètres de longueur,
j de fix à huit millimètres d’épaiff ;ur, & de deux
j décimètres de largeur. Cette lame eft percéq, au
j milieu des faces les plus larges, d'un oeil qui fert
1 à y fixer le manche : elle eft un peu arrondie par
: les extrémités , & fert, de même que les roulettes,
à tailler les écailles ; elle paroîc exiger plus
d’habileté pour être maniée, & des réparations
plus fréquentes.
. « 40. En un cifeau en forme de fermoir, fem-
blable à celui décrit par M. Dolomieu. Il fert de
même à foutenir les écailles pour pouvoir les taillée
avec le marteau à une pointe. Ce cifeau eft im-
Y y y ^