
pouvoir être doubles dans leur proportion j qu'en
aécompofant le fuifate 8c le ni-çrate de plomb par
les alcalis , Si furtouc par l’ammoniaque , .on en
fépare non un oxide , mais un véritable fel avec
excès d'oxide. Il foupçonne que la chaux décom-
pofe le mil ri are de foude par le même.mécanifme
de furfaturation de muriate de chaux par fa bafe ,
& de la furabondance de la chaux ; ce qui s'accorde
avec ce que j’ai annoncé il y ajong-tems fur
le réfidu de la décompofition du Tel ammoniac par
la chaux , en l’indiquant comme un. muriate calcaire
avec excès de bafe.
La décompofition du muriate ammoniacal par
le plomb , 8c furtout par fon oxide, eft connue -depuis
long-tèms dans les laboratoires de chimie.
Les oxides de ce métal, triturés avec le fel dans
un mortier & à froid.* en dégagent de l’ammoniaque
très-fenfible par. l'odeur viVe qui fe dégage
tout à' coup. En diftillant un mélange à ’une partie
d’oxide de plomb rouge & de deux parties de mu-
riate d’ammoniaque dans une cornue ï on -obtient
de l’ammoniaque très-pure & très-cauftique. Si le
minium a relié long-rems-à l’air, il donne-un peu dé
carbonate d’ammoniaque dans cette opération : fi
l’on emploie du carbonate de plomb natif ou artificiel
, ou obtient du--carbonate ammoniacal crif-
tallifé& fublïmé. Le réfidu de ces diftiîlations eft
du muriate àe plomb avec excès d’oxide, & par
conséquent -indifloluble.
C ’eft en fondant au creufet, & frès-lentementy
un mélange d’oxide de plomb au minimum de muriate
d’ammoniaque, auquel on ajoute quelquefois
un peu d oxide d’antimoine blanc, qu’on
obtient le jaune de Naples en maftës lamelleufes.
Cette couleur n’eft donc qu’un muriate de plomb
avec excès d’ oxide & fondu. L’oxide d’antimoine
contribué à fa belle coloration.
Le muriate furoxigénë de potaffe brûle 1 e plomb
avec beaucoup plus d’aCtivité que le nitrate de
potaffe. Le mélange de trois parties -de fel &
d’une partie de plomb fulmine par le choc du marteau
, & préfente une flamme vive. Quand on approche
dé ce mélange un corps enflammé, il s’allume
, quoiqu’avec peu 'd'énergie, & l ’on obtient
ainfi un muriate de plomb bXzïïC , dont on peut
Séparer le rauriate de potaffe par le moyen de
l’eau.
Les phofphafes 5 les-fluates, les borates & les
carbonates «’-éprouvent aucune alteration de la
part du plomb , & ne lui » en font pas éprouver dar
•vantage : on lès combine cependant avec les oxides
•de ce métal par la ftffion au chalumeau, & l’on
:©btient des verres jaunâtres, ou igris-opaques, ou
-tranfparens.
Aucun métal n’eft plus employé que le plomb,
& malheureufement aucun n’ eft plus dangeréux
•que lui pour l'économie animale. Lès. réfervoirs ,
les tuyaux, les vafes où l’on conferve ou que tr-a-
Arerfe Eeau, font dès ennemis qui menacent fans ceffe notre fanté. De fâcheux exemples ont prouvé
que l’ufage de ce métal, dans les befoins.de la
vie , eft fouvent accompagné de fcoliqués, de jau-
niffe , dé maladies du foie,-de paralylie & d’autres
afteéiions d’autant plus fâcheufes, que la caule
en eft fouvent plus cachée ou moins Ibupçorïnéè.
Il .feroit donc irès-iage de profcrire ce métal au
moins des ufages économiques , dans lefqucls il
n’eft cependant que trop fouvent adopté.
Les effets délétères qu’il produit chez l’homme
& chez les animaux doivent le faire ranger parmi
les corps narcotiques ou aftpupiffans : voilà pourquoi
le terme ou la fin de fon aétion vënéneufe eit
la paralylie , qu’on ne guérit que par des remèdes
ou des moyens tonicfués, excitans, fortifiant, &
furtout par l'électricité, comme on calme les douleurs
vives 8c profondes , l’efpëce particulière de
çolique caraélérifée par le vomiffement 8c la rétraction
du nombril qu’ il occafionne > par’des évacua
us puiffans, tels que les ammoniacaux., 11 faut
rappeler ici que )é plomb fait naître Tés maladies
dont pn vient de parler, foit lôrfqù.’il exhale,
pendant fa fufion , une vapeur qu’on reïpite avec
l’air., foit par la pouftïère de.ce métal répandue
dans l’atmofphère, foit par les molécules que lès
huiles de peinture entraînent avec elles en fâchant,
foit enfin par. celles'que l’eau qui. y fejourne en dif*
fout, furtout à l’aide de l’acide carbonique. Quels
maux affreux ne devoir on pas avoir à redouter
lorfque lervin féjournoit dans les vaiffeaux de
plomb, lorfque, coulant à travers une table de ce
métal, recouvrant les comptoirs dont on fe fer-
voit autrefois dans les boutiques des marchands de
vin , cette liqueur, toujours aigre 8c très-propre
à le diffoudre, fe creufoit des filions bien recon-
noiffables fur les tables, & prenoit une douceur
perfide en diffolvant ce métal ! lorfqu’ on meluroit
le vinaigre dans des vafes de plomb ! C’cft alors
qu’on rilquoit fans ceffe d’être empoifonné. L’étain
qui contient trop dé plomb eft auffi nuifible,
furtout lorfqu’on y enferme ou qu’on y laiffe fé-
journer des liqueurs acides & diflolvantes.
Il eft difficile de concevoir, d’après cela, quelle
imprudence ont cauféç & quèl mal ont pu faire
ceux des médecins qui ont oïé propofer J’üfage
interne des préparations de plomb dans plufieurs
maladies.. Les médecins éclairés ne le prefcrivent
jamais à l’intérieur , & ne l ’adminiftrent qu’en
topique & comme calmant anti-inflammatoire,
râper ou ffi f dans les, maladies externes j ils font
même très-circonfpe&s dans Fadminiftratiori extérieure
de ce médicament, & ils faverît qu’en
remployant dans les maladies de la peau , qui con-
iïftent en boutons ou éruptions quelconques, il
eft fouvent dangeretix de guérir ou de refouler
dans l’intérieur l’humeur qui s’y porte. Les hommes
fans talens & fans lumières, qui prefcrivent
les applications externes du plomb dans ces maladies'.,
portent la plus terrible atteinte à la fureté
publique $ & les véritables médecins font fôtfvent
appelés pour guérir ou calme* les maux produits
par l’impéritie & l'audace de pareils hommes.
L’expérience & le raifonnement ont prouvé que
les préparations ,-fulfureufes font les plus fûrs
moyens de remédier à ces affections.
Dans les arts , le plomb eft bien plus utile, &
n’a pas les terribles inconvéniens qui fuivent fon
ufage dans les befoins de la vie. Les couvertures
des édifices, les tuyaux de conduite pour les ea,u£
pluviales , les cuves, les réfervoirs pour contenir
différens bains de teinture, &c. font les principaux
fervices qu’ il rend à la fociété. On en, garnit
les chambres où, i’on brûle le foutre pour f^bçi-
quer l’acide fulfurique. On enduit de ce métal les
boîtes où l’on conferve le thé, le tabac, &ç. pour
prévenir leur defféchement &ç les entretenir frais,
humides & odorans: il fert à f?i*edes balles pour
l’artillerie.
Il eft lui-même le fujet employé &: modifié de
plufieurs manières differentes dans les manufactures.
On en prépare, comme je l’ai déjà dit, le
blanc de plçmb, la. çérufe , le fel ou Cucre de fatums
: on en fait l’oxide rouge ou minium, l’oxide
jaune demi-vitrifié ou la iitharge , qui fervent- à ta
verrerie , aux émaux , aux couvertes des parce-
. laines, des faïences, des poteries, à la prépara-
ration des verres colorés, des fauffes pierres pré-
cieufes. Ces oxides fout employés, à l’extraction
de la foude, à la fabrication de plufieurs couleurs,
& furtout de jaunes variés. On les mêle à plu^
fieurs autres oxides pou,r les rendre vitrifiables ou
modifier leurs couleurs.
Enfin, c’eft un des corps dont les chimiftes ont
le plus grand befoin dans leurs expériences. Outre,
lès uftenfiles qu’il fert à fabriquer, tels que des.
poids, des cornues ^ des tubes, des capfules à;
évaporation lente, des garnitures de cuves pneu-
mato-chimiques^ il eft employé comme fujet perpétuel
d’expériences & de recherches : fes^oxides
fervent d’intermède pour les vitrifications j fes
diffolutions, de réaéiirs ; fes alliages, d’inftrtimens’
avantageux î fes attractions deviennent encore,
des moyens de déeompofitions & de CQmbinaifQns
variées.
Plomb ( Métallurgie ) , f, m. Art de traiter en
grand les minerais de plomb pour en obtenir le
métal, qui eft d’un blanc-bleuâtre, fort brillant
lorfqu’il a été fraîchement coupé, mais qui devient
d’un gris-mat en s’oxidant lorfqu’il a été
quelque tems expofé à l’air} il eft très-mou, & fi
tendre qu’on peut aifément le tailler. C’eft , après
I o r , le platine & le mercure, le corps le plus
pefant : il n’eft ni fonore ni élaftiquej il s’étend
aifément fous le marteau , maïs fes parties ont
très-peu de ténacité j il fe fond avec beaucoup
de promptitude à un feu médiocre, & fa furfaeè
te couvre d'une efpèce de crafTe ou d’ oxide de
plomb; il fe volatilife facilement j il s’oxide en fe
Voiatilifanc : fon oxide fe vitrifie avec beaucoup
de facilité , & il augmente la fufibilité des terres
avec lesquelles il fe combine.
Les minerais de plomb fe trouvent afïbz abondamment
répandus dans toutes les parties du
Monde. L’état fous lequel on les trouve le plus
ordinairement eft celui de fulfure j rarement ou
en rencontre de purs : ils font fouvent mêlés avec
de la blende, des pyrites cuivreufes, de l’oxide
de fer, de l’antimoine; quelquefois ils contiennent
de l’ or. H eft rare de trouver des minerais de
plomb qui ne contiennent de l’argent, fouvent en
fi petite quantité, que les frais de leur réparation
excéder oient de beaucoup la valeur de ce métal.
I^ous renvoyons le leéleur à la Minéralogie
pour prendre connoiffance des variétés de minerais
de plomb ; il trouvera au mot Filon les endroits
où il faut les chercher dans le fein de la
terre, 8c au mot Mines la manière de les en
arracher & de les dépouiller de leur gangue ou
matières terreufes•& pieireufès par le triage , le
boéardage & le lavage j car les minerais de plomb,
ainfi que tous les autres, foirent rarement de leur
filon fans être a’ccompagnés de ces fubflances
étrangères.
Nous diviferons le'travail du plomb en trois parties
: dans là première, nous ferons connoître les
moyens de purifier ce métal du cuivre qu’il con-?
tient quelquefois en petite quantité ; dans la fécondé,
nous t&aiterons de la réduction de l’oxide
: de g lo u i b , & daps la. ti?oifièn>e iiogs, décrirons; le
çraitendent du fulfure d^ plomb galène.,
De la purification du plomb combine nvcc une petite
portion de cuivre.
Dans un grand nombre d’opérations on mélange
avec du cuivre, du plomb fous difïerens
états pour en féparer l ’argent, & le plomb que
l’on en retire eniuite poux le vafe dans le conn
méréê eft fouvent fouillé de cuivre ; d’autres fois
en traite des minerais de plomb mélangés de pyrites
cuivreufes qui n’ont pas été. féparées. exactement
par le lavage, & Fon obtient encore du
plomb fouillé de cuivre. Comme eft aigre,
dur, caftant, il eft néc^flfaire, avant de l’employer,
avant de le laminer, de le féparet du
métal qui le rend défectueux.
Gn peut obtenir cette réparation de deux
manières :
■ i°. On le fait fondre dans une chaudière de
fe r , 8c on l’écume auffitôt- qu’il eft fondu. L’écume
que i’on retire après la. fufion eft un plom-
burede cuivre, dans lequel fe réunît la prefqne eo?
talité du, cuivre qui étoit contenu dans le plomb :
celui-là, plus léger & moins fufible que \eplomb9
fe porte à la fur face, où il fe fige promptement,
& d’où il peut être féparé avec une écumoire
pendant que le plomb eft encore liquide.
2°. On fait fondre le plomb à un léger feu de
bois ou de charbon. Ce métal coule à travers le