
ckel impur, nommé plus haut ( qui a été réduit à
i’aide d'un corps combuftible ) , mais par la dé-
compofition du Tel triple dont j'ai fouvent parlé ,
& dont j'avois amaffé une quantité confidérable
par des travaux continués fans relâche pendant un
an & demi. Les réfultats étoient aufli très-diffe-
rens: plufieurs creufets contenoient un feul morceau
de nickel avec une fcorie qui étoit tout-à-fait
fondue, & d'une couleur brune-foncée, qui avoit
une nuance de vert & de couleur d’améthyfte, &
quelques taches bleues 5 les autre? creufets ne
contenoient que des rognons de nickel , difperfés
dans la fcorie qui n’avoit été fondue qu'en forme
de bouillie^ les creufets enfin, qui n'avoient été
expofés qu’à un trou pareffeux, ne contenoient
qu une matière prife en mafTe , qui montroit çà
& là de très-petites parties métalliques.
*> 90. J’expofai les deux dernières efpèces encore
une fois au feu de porcelaine : l'événement
fut le même que dans les expériences précédentes.
J avois des creufets avec du nickel en un feul morceau
, & féparé de la fcorie , & d’autres où il y
avoit des rognons de nickel dans la fcorie : avec
ces derniers je répétai l’opération jufqu’à ce que
je vifle , par la liquéfaction parfaite , qu’il n'y
avoit plus de métal dans la fcorie. A la fin j'avois
dans quelques creufets une fcorie qui avoit été fi
liquide j que le fond du creufet étoit percé, &
le métal du nickel avoit coulé dans les cavités du
fupport. Le plus grand morceau de métal de ni-
ckels qui s'étoit fait en en fondant plufieurs petits,
n'étoit que d’une once demie ; il a été fondu
dans un endroit où le feu avoit détruit tous les
autres creufets, & je fus bien heureux que mon
creufet fe trouvât très-fort dans le bas, car j’y 1
remarquai déjà un commencement de liquéfaction
qui alloit prefque jufqu'au fond.
x> 1 o°. Pour ne pas avoir befoin de fondre la
même matière fi fouvent, je mis mon oxide de
nickel avec partie égale d'émail de porcelaine;
mais je réuffis encore moins par ce procédé , car
une quantité confidérable du nickel formoit avec
1 émail une maffe d’une couleur noire, brune, verdâtre
très-foncée , qui avoit été liquide, & même
la féparation des morceaux ifolés de nickel n’étoit
pas empêchee par-là. Cette expérience réuffiffoit
mieux lorfque je couvrais feulement l'oxide de
devoit etre réduit per fe ,-^vec un peu
d'émail, après l’avoir mis dans le creufet. La meilleure
manière eft toujours d'expofer au feu fans
addition, l'oxide de nickel, qui a été purifié par
la voie humide autant qu'il eft poftible.
. » Je fuis enfin parvenu à me procurer plufieurs
onces de ce métal, que je dois regarder comme
du nickelabfolument pur, mais au moyen de beaucoup
de rems, de patience & de dépenfe ; ainfi
ja fuis en état de défigner fes propriétés particulières
, en partie dès à préfent, mais je le pourrai
encore mieux dans la fuite.
M i i ° . Je vais commencer par la défignation
préliminaire du caractère du nickel abfolument
pur.
” A. La couleur de ce métal tient le milieu entre
l'argent & l’étain pur
# » B. 11 n’eft pas fujet à être altéré par l'opération
de l’air & de l’eau atmofphérique, c’eft-à-
dire, qu’il ne fe rouille pas.
*» C. Il eft parfaitement duélile. On peut en
forger des baguettes lorfqu'on l’a fait rougir 3 &
on peut-aufli en faire des plaques très-minces fur
l'enclume étant froid. Par cette propriété le nickel
eft entièrement rayé de la claffe des demi-métaux ,
& il prend fa place entre les métaux parfaits.
» D. Sa pefanteur fpécifique ou fa denfité eft
affez confidérable. Après plufieurs pefées parfaitement
correfpondantes à la balance hydroftati-
que, conftruite d’après mes principes (1) , la pefanteur
du nickel fondu eft de 8,279, & celle du
nickel forgé eft de'8,666.
» E. La ténacité de ce métal femble aufti être
confidérable : je conclus ceci de fon haut degré
de duélilité. J’ai elfayé de battre à froid, fur une
enclume, un morceau de nickel fondu qui pefoit
cinq gros ; j’empêchai qu’il ne fe fendît en le fai-
fant recuire, c’ eft-à-dire, je lefaifois rougir, & je
le laiffois refroidir lentement. Comme le morceau
de nickel fondu avoit des cavités profondes que
je ne voulois pas égalifer en le forgeant, pour ne
pas meler la îurfacedu nickel avec le fer ae l’enclume
, & comme je frappois toujours ce morceau
entre des feuilles de papier, il eft naturel que les
trous devenoient plus grands à mefure que la plaque
venoit plus mince. Après que la plaque a été
plufieurs fois pliée en double & bien battue , enf
i l e redreflee, elle avoit ( fans compter les trous )
une furface de prefque treize pouces carrés : on
voit, par la comparaifon de l’étendue de la plaque
(qu’on a fixée par le moyen -de fa pefanteur)
avec fa furface, qu’on peut étendre le nickel en
plaques qui n’ ont pas 0,01 d’un pouce d’épaiffeur.
Je conclus de là qu’on pourroit aufti le tirer en
un fis qui n'auroit pas plus de diamètre > ce que
j’effaierai à la première occafion.
*> F. Le nickel eft extrêmement difficile à fondre,
& au moins aufti difficile que le manganèfe. On
ne peut pas faire là-deftus des expériences exactes,
même en mettant deux creufets dans le même feu,
car j’ai trouvé une différence en faifant l’épreuve
fur de$ échantillons de nickel ou de tout autre
métal. Ce réfultat dépend beaucoup du point fur
lequel fe dirige la flamme, & ce point eft extrêmement
variable.
» G. L’oxide de ce métal fe réduit à une température
affez élevée, fans addition d’ un corps
(J) F a i donné la defeription de cette balance dans Schriften
über die neuereri gegenfiande der Chemie, 11 fiiick ; elle marque
le poids abfolu & le poids fpécifique en même tenis, à
un demi-grain, & les pefées ne font pas fi longues qu’avec
l ’aréomètre de Nicholfon.
combuftible. Ce n’eft que fa propriété de fondre
fi difficilement qui fait la difficulté de cette réduction
par laquelle il eft en même tems purifié. On
apperçoit très-peu d’oxidacion dan« ce métal : en
le faifant rougir, il devient feulement un peu plus
mat que le platine, l’or & l’argent ; ainfi le nickel
n’appartient pas feulement aux métaux parfaits,
mais aux métaux nobles.
» H. Non-feulement l’effet de l’aimant fur le
nickel eft très-grand, & cède très-peu à celui qu’il
produit fur le fe r , mais encore ce métal devient
magnétique , & acquiert des pôles par le frottement
avec un aimant, ou, fi les circonftances font
favorables, par des coups de marteau ou par la
lime.
» J’ ai apperçu une fois la polarité dans une baguette
de nickel que j’avois forgée avec un morceau
de fer qui fert à charger un aimant ; car
quoique la baguette fût limée, elle ne s’attachoit
pas aufti bien à l’aimant, que les autres qui avoient
la furface inégale ; mais en la retournant, elle
s’y attachoit aufti bien , & je remarquai alors
qu’elle n’attiroit pas feulement les aiguilles de
fe r , mais aufti des plaques minces de nickel d’un
pouce & demi carré, & qu’elle le faifoit changer
de place fur une table liffe , à quelque diftance.
S C ’eft une expérience, curieufe, que de mettre
une baguette de nickel entre une plaque de ce métal
, qui eft pofée fur une table, & un aimant qui
eft à une diftance convenable au deftus d’elle.
Dans le moment où l’on approche ces trois individus
l’un de l ’autre , cependant fans qu’ils fe
touchent, la plaque fe lève, mais elle retombe
auflitôt qu’on en éloigne la baguette , fans cependant
abaifter l’aimant.
y» I. Le nickel conferve fa propriété d’être ma^
gnétique, même lorfqu’il eft allié avec le cuivre-,
cependant il perd un peu de fa force lôrfqu’ il eft
trop étendu ; mais l’arfenic mérite vraiment le nom
de deftruéteur de cette force. J’ai eu plufieurs fois
l’occafion de faire cette obfervation : fi j’avois,
par exemple, purifié* avec beaucoup de foin, par
la voie humide, l’oxide-de nickel, du fer (1) &
de l’ arfenic qu’il contenoit, il en réfultoit, après
la réduction à l’aide d’un combuftible, un métal
très-du&ile, qui étoit bien attiré par l’aimant ;
mais fi je n’avois pas mis affez de patience à la purification
par la voie humide, je n’avois qu’un
métal moins duétile, & qui étoit beaucoup moins
attiré par l’aimant, & ce défaut de magnétifme
ne pouvoit pas lui être rendu , même en le faifant
(1) L a meilleure manière d’en réparer le fer eft d’évaporer
forcement une diiTolucion par l’acide nitrique p u r , du nickel
qui contient le fer : ce dernier s’en lepare , dàns cette opération
, comme un oxide qui ne fe combine-pas avec le diflol-
vant j il fe rëpare aufli un peu d’arfenic par ce procédé } mais
il vaut mieux l’en féparer avant par du . nitrate de plomb
abfolument neutre. S i on a purifié la diffolution du cuivre &
de l’arfenic qu'elle contenoit, on en peut précipiter le plomb
qu’on y avoir mis de trop, par le fuliate de.PQcaflè.
fondre plufieurs fois dans le fourneau de porcelaine.
On verra par des e fiais dont je parlerai dans
la fuite, qu’on ne peut pas féparer le cuivre du
nickel par la voie humide; cela même eft la caufe
potir laquelle j’avois une fi grande perte en mafie
métallique fi je diffolvois, précipitois & rédui-
fois per fe un métal de nickel qui étoit réduit par
une fubftance combuftible, de l’oxide purifié de
cette manière ; mais je remarquai en même tems
que je n’avois perdu que des fubftances étrangères.
» K. L'acide fulfurique & l’acide muriatique
n’agiffent que très-peu fur le nickel. Je me fers de
ce dernier pour nétoyer ce métal quand il a perdu
fon bel éclat métallique par le feu & les coups de
marteau: il faut pour cela que je le faffe bouillir
dans l'acide, qui malgré cela n’en diffout que très-
peu. Les moyens les plus commodes pour le dif-
loudre font l ’acide nitro - muriatique & l'acide
nitrique.
»J’ai dit plus haut ( n°. 4. ) que le nickel encore
impur (furtout lorfqu’il contient encore du cuivre)
fe diffout avec vivacité & chaleur dans l’acide
nitrique. Cet acide agit un peu différemment
fur le nickel abfolument pur , furtout quand
il a été battu.
» Je mettois des grains & des plaques de nickel
dans l’acide nitrique pur, croyant qu’il alloit les
attaquer rapidement; mais la diffolution fe faifoit
ii lentement, que j etois obligé d’employer la
chaleur d’une lampe à alcool pour la hâter; je dé-
cantois la liqueur après qu’il ne fe diffolvoit plus
rien , & je remettois du même acide que le premier
, mais tout d’un coup la diffolution fe faifoit
’fi rapidement & avec tant de chaleur, que j’étois
obligé de porter, le plus tôt poflîbîe, le vafe de
porcelaine qui contenoit le mélange, fous la cheminée
de mon laboratoire, pour laiffer un paf-
fage libre aux vapeurs.
» 12°. Je vais confidérer encore quelques propriétés
du nickel, qui fe montrent lorfqu’il a perdu
fon état métallique.
» (a) La diffolution du nickel dans l’acide nitrique
a une belle couleur verte. Quand on la dé-
compofe par le carbonate de potaffe, il fe fait
un précipité d’une couleur claire vert-de-pomme ;
ce précipité, lavé & féché, eft très-léger: fon
poids abfolu eft de 2,927 fur mille parties de nickel
employé.
» (b) Lorfqu’on expofe le carbonate de nickel à
un feu rouge, fa couleur -verte change en gris-
noirâtre , à peine un peu verdâtre , & on a en
même tems une perte confidérable de poids :
l’oxide qui a été rougi, pèfe 1,28$ fi le nickel pefoit
1,000. En continuant de le pouffer au feu, il
approche de plus en plus de l’état métallique, &
les petites parties noires & grifâtres font attirées
par l ’aimant. Ceci arrive beaucoup plus vite fi on
humeéle l'oxide de nickel avec un peu d’huile
avant de le pouffer au feu.
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