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t e r étoit d'un jaune-pâle tirant légèrement fur le
vert, & fa dureté égaloit à peine celle du fpath
calcaire. Elle étoit en quantité trop peu conlidé-
rable pour qu'on pût en efpérer l’analyfe. La croûte
noire qui recouvroit, la pierre étoit plutôt plus
mince que celle des pierres déjà décrites , & elle
fembloit avoir fubi une forte de retraite qui avoit
occafîonné un nombre de fêlures ou de filions formant
des compartimens un peu reflemblans à ceux
qu’on remarque dans les ludi ou fepteria.
*> La pefanteur fpécifique de cette pierre étoit
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Pierre venant de Bohême.
. » Cette pierre reffemble fo r t, par fa ftru&ure
interne, à celle du comté d’Yorck. Son grain eft
plus fin que celui des pierres de Bénarès. On y voit
la même fubftance gfife en globules & en parcelles
irrégulières, & le fer à l’état métallique.
Enfin, la même fubftance terreufe réunit ces di-
verfes parties intégrantes.
» Cependant cette pierre diffère eflèntiellement
des autres : 33 i°- On ne peut y découvrir les pyrites qu'à
l’aide d’une loupe.
» 2°. Elle contient beaucoup plus de fer à l’état
métallique, tellement que la proportion de ce
métal réparable par l’a&ion de l’aimant, s’élevoit
à environ vingt-cinq centièmes du poids total de
la mafte. -
» 3°. On obferve une autre différence, due peut-
être au féjour plus long qu’avoit fait cette pierre
dans le fol où elle étoit entrée, comparativement
aux autres qu’on en avoit tirées à l’inftant même
de leur chute > favoir : que les particules de fer fe
fontoxidées à leur furface, circonlfance qui a produit
un nombre de taches d’un brun-jaunâtre, &
très-voifines les unes des autres dans touc fon intérieur.
Cette oxidation, ajoutant au volume &
a la ténacité de la fubftance que nous avons indiquée
comme fervant de moyen d’union entre les
autres élémens de la pierre, a occafîonné un plus
grand degré d’adhéfion entre ces deux ingiédiens,
& rendu l’enfemble plus compacte.
** La grande quanticé de fer à l’état métallique
que contient cette pierre, jointe à fa plus grande
ténacité, la rend capable de recevoir un léger
poli, tandis que les autres n’en font point fufeep-
tibles. Lorfqu’on l’a polie , le fer fe montre très-
évidemment, formant de petites taches très voi-
fines les unes des autres , & qui ont la couleur &
le brillant métallique du fer. Ces taches font à
peu près de grandeur égale entr’elles.
» La croûte noire de cette pierre reflemble à
celle des autres.
« Sa pefanteur fpécifique eft 4281. 33 Il eft aifé de voir, d’après les deferiptions qui
précèdent, que ces pierres, quoiqu'elles n’aient
pas la moindre analogie avec aucune des fubftances
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ramérales déjà connues, foit de nature volcanique
ou autre, ont un rapport fingulier entr’elles. Cette
circonlfance mérite toute l’attention des phvfi.
ciens & des naturajiftes, & elle fait naître le defir
de rechercher à quelles caufes elles doivent l’exif.
tence.....
»Je vais confidérer maintenant le fecours que
I on peut tirer de la chimie pour diftinguer ces
pierres de^ toute autre fubftance connue, <3e pour
vérifier I affertion qu’elles font tombées fur la
terre.
” L analyfe faite par les académiciens français,
de la pierre qui leur fut préfentée par l’abbé Ba-
chelay, fut en partie dirigée par Lavoifier, dont
la perte fera toujours déplorée j mais elle fut
achevée avant que ce célèbre auteur eût enrichi
la^chimie de fes dernières découvertes, & qu’il
eut donné naiffance à ce fyftème qui l’a rendue fi
florinante.^ Le réfulrat de cette analyfe pou voit
bien entraîner la conclufion que cette pierre étoit
une matière pyriteufe ordinaire. Elle fut malheu-
reufement faite fur une portion agrégée de ce
compofé, & non fur chacune des fubftances dif-
tinéles qu’on y trouve irrégulièrement diffé.mi-
nees. Les proportions obtenues furent donc eu
conséquence de l’arrangement accidentel de chaque
fubftance dans la maife.
» L’ana'yfe de M. Barthold, de la pierre d’En-
fisheim, eft fujète aux mêmes objections. Mais
l’avantage que nous avons des deferiptions qui
précèdent, doit faire préfumer que les recherches
qui vont fuivre feront exemptes d’une femblable
fatalité.
Examen de la pierre de Bénarès.
» Cette pierre, comme le comte de Bournon l'a
déjà remarqué, a les caractères les plus diftinCts.
A la vérité, elle eft la feule des quatre fuffifam-
ment parfaite ( fi je puis me fervir de cette ex-
preflrop ) , pour être foumife à un genre d’analyfe
qu’on puiffe appeler régulier.
S La croûte ou l’enveloppe extérieure noire eft
la première fubftance qui attire naturellement l’attention.
Après avoir détaché , avec un couteau
ou une lime, une portion de cette croûte, &
1 avoir réduite en poudre fine, j’en ai féparé les
particules attirables à l’aimant. J’ai fait digérer la
portion inaltérable dans l’acide nitrique, qui fut
incontinent décompofé > niais , d’après la forte
adhérence de quelques parties intérieures & ter-
reufes de la pierre, je ne pus pas dégager l’enve-
loppe ou la partie métallique fans quelque difficulté.
L’acide étant fufïîfamment neutralifé , je
paffai la folution dans un filtre, & la faturai jufqu’à
.1 excès d ammoniaque : il fe forma un précipité
abondant d’oxide de fe r , & quand cet oxide fut
faparé, je vis que la liqueur faline avoit une couleur
verdâtre. Je l’ai évaporée à ficcité, & ai
rediflbus le fel defféché dans l’eau diftiilée : il ne
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fe forma aucun précipité pendant l'opération , &
ta couleur de la folution n’a point été entièrement
détruite.
» Cette fubftance me parut avoir les caractères
du triple fel décrit par M. Hermftadt (1) comme
un nitrate ammoniaque de nickel. En examinant
avec du pruffiate d’ammoniaque, il abandonna un
précipité blanchâtre, inclinant à la couleur violette,
par fes différentes propriétés, je fus
bientôt confirmé dans l’opinion qu’il contenoit
du nickel. Depuis lors j’ai eu plus d”une fois l’oc-
cafîon de traiter ce triple compofé -T & puifque
M. Hermftadt eft le feul qui en fait mention,il
eft néceffaire de donner ici quelques détails fur
fes caractères diftinCtifs. Le même chirnifte nous
apprend que les trois acides minéraux, avec l’aru-
moniaque , forment des eombinaifons femblables
avec le nickel, & j’ai obfervé que l’oxide de nickel
peut être diffous par le nitrate & le muriate d’ammoniaque.
Le muriate paroît en prendre une plus
grande quantité. La couleur de ce fel n’eft point
uniforme y il eft quelquefois, d’un vert de gazon ,
violet, rofe inclinant au pourpre, & je l’ai vu
prefque fans couleur.. Il paroît être pourpre,. &
incliner vers le rofe & le violet quand tout l’oxide
de nickel n’ eft pas uni, foit avec l’acide, foit avec
l’alcali ; mais comme ce fel n’eft pas en quantité
fuflSfante, le métal eft tenu en diffolution par l’excès
d’ammoniaque : dans ce cas, l’évaporation précipite
ordinairement le nickel dans l’état d’oxide
d’une couleur d’ un vert-blanchâtre.
» Le nickel ne peut pas être précipité du triple
fel parfaitement formé par aucun des réaCtifs que
fai effiyés, excepté par un pruffiate ou un fulfure
d’ammoniaque hydrogéné. La potaffe & la chaux,
ainfî que les autres corps , à ce que je préfume,
placées dans l’ordre des affinités avant l’ammo-
ninque , décompofentr ce fel ; mais le nickel eft
alors retenu en folution par l’ammoniaque qui a
été dégagé.
»» Comme on pourroit croire que j’avois trouvé
accidentellement du cuivre quand j’ai parlé d’une
folution ammoniacale violette ou pourpre, il convient
d’obferver que,, pour éviter cette erreur,
ou fai réduit la liqueur àvun état de neutralité (&
j’ai effayé fans fuccès d’en obtenir un précipité
avee une folution de gaz hydrogène fuîfuré), ou
en y ajoutant un léger excès d’acide & en y plongeant
une pièce de fer,.je n’ai pas pu découvrir
aucune trace de cuivre. Ces e fiais ,.ainfi que beaucoup
d’autres ,. quand ils ne paroifîènt pas avoir
été faits avant l’eftimation des quantités de nickel,
ont été toujours faits après»
» Mais pour retourner à l’ incruftation ou à l'enveloppe
de la piètre-y, la décompofition de l’acide
nitrique indique la;préfence d’une matière au moins
%peu près métallique , quoique non attifable, &
l'èxamen de la liqueur dont le fer a'été-précipité
(S^jAknales-ycié- (Shïmie »votât- XXII-, gag; ro8«--
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établit la préfence du nickel fans aucun doute. La
difficulté d’obtenir cette enveloppe de la pierre„
affez diftinéle de îa matière qui ne lui appartient
pas, ou en i’uffifante quantité, m’engage à abandonner
l’idée de prétendre de donner la proportion
de fes parties conftituanres.
» Après que la pierre eut été dégagée de for»
enveloppe, les particules brillantes, irrégulrére-
ment difféminéés dans fon intérieur, attirèrent
mon attention. J’examinai d’abord les pyrites. Leur
texture très-lâche fait qu’il eft très-difficile d’ert
recueillir le poids de fer/e grains > ce qui cependant
a été exécuté pat la dextérité du comte der
Bournon.
» Je les fis digérer, à une douce chaleur, dans
de 1 acide muriatique fcible qui agit graduellement,
& dégagea une légère quantité, quoique
ferifible , de gaz hydrogène fuîfuré. Après plti-
fieurs heuresje vis que l’acide avoit difcontimié
ion aétion. Toute la partie métallique paroiftbiï
diffbute y mais on appercevoit le foufre & les particules
rerreufes.. Le foufre, à raifon de û petit»
pétant?y-r fpécifique, reftoit fufpendu dans- la folution
, tandis que la matière terreufe, que l’o»
n’avoit pu féparer Par les moyens mécaniques ÿ
étoit k< ureu-lement- reftée au fond du vafe
s’étoir fait la digeftion. J’en décantai la folutson*
qui retenoit encore le foufre fufpendu ,. & je fê-
parai de ce qui- appanenoit aux pyrites, par des
lavages répétéstoute la matière terreufe rnfo-
îuble, dont la fouftraétion réduifit le poids réel dés
pyrites à quatorze grainsv J’obtins enfuite le foufrer
par filtration. Quand il fut auffi fec qu’il pou voie
l’être fans le fublimer, il pefoit deux grains. Rajoutai
à la liqueur filtrée du nitrate de baryte poutr
découvrir, l’acide fulfurique qui pouvoit y être
préfent y mais il ne fe forma aucun nuage. Je fé-
parai enfuite , par le fulfate d^mmoniaque,, Ut
baryte que j’y avois ajoutée , & je précipitai le fer
avec l’ammoniaque. La liqueur ,,lorfque l’oxide d&
fer le fut précipité, parut d’une couleur poupr-e-
vioLt y eue coütenoit du nickel que je; précipitai
avec du -gaz hydrogène fiilfuré y.car il y avoit déjà-
un fuffifant excès d’ammoniaque dans la liqueur
faline, pour former un fülfure alcalin hydrogénée
L’oxide de fer, après l’ignition, pefa quinze grains,.
& le fulfure de nickel, réduit * un oxide , pefa',
après-le même traitement, quelque chofe de plus
qu’un grain. On peut donc croire que les- fubf-
tances contenues dans les pyrites de la pierre de
Bénarès , font à peu près dans les- proportions
fu i van tes r
Soufre.......... .........................-,------- rgrakis.
F e r . . . . . . . .............‘-------- -------- 10 i
Puifque quinze grains d’oxide repré-
Tentent environ cette quantité de
fe r ,.ily aura, nickel., à peu près., r
Mat ières terre ufes étran gères____ 2.
tij grains %