
qui étoit de terre battue. Cette pierre, d’après fa
defcription, devoit avoir pefé au moins deux livres
avant qu'on l’eût caffée. ’
** ■ 4 où le météore parut, le ciel étoit
parfaitement ferein : on n"avoir pas vu la moindre
apparence d’un nuage depuis le 11 du mois, &
011 ? ei] paroître aucun pendant plufieurs jours
après l’événement.
M J ai vu huit de ces pierres à peu près entières ,
outre nombre de fragmens , entre les mains de
diverfes perfonnés. Les plus parfaites ont la forme
d un cube irrégulier, arrondi dans fes arêtes, mais
dont les angles font pour la plupart bien confervés.
Leur groffeur varie entre trois & quatre pouces
& plus dans leur plus grand diamètre. L’une d’elles
, de quatre pouces & un quart, pefoit deux
livres onze onces. Elles fe reffemblent toutes très-
exactement. Au dehors elles font recouvertes d’une
croûte ou incruftation noire & dure, qui, dans
quelques endroits, reffemble à un vernis ou à du
bitumé. Sur la plupart on voit des fraétures qui,
n étant pas ai'nfi enduites, paroiffent être l’effet
de la chute ou du choc des pierres Jes unes contre
les autres} elles femblent avoir éprouvé une forte
chaleur avant d’arriver à la terre. Au dedans on
trouve un nombre de petits corps fphériques, de
couleur d’ardoife, difféminés dans une forte de
grès grifâtre, & ehtre-mêlés de particules brillantes
de nature pyriteufe ou métallique. Les corps
fphériques étoient beaucoup plus durs que le refte
de la pierre : le grès blanchâtre s’émiétoit par le
frottement d un corps dur, lorfqu’on le bri-
foit tout-a-fait, une partie du fable groflier qui
réfultoit, s attachoît à l’aimant, mais furtout la
croûte extérieure, qui paroiffoit éminemment atti-
xablo.
» Comme deux de ces pierres les plus parfaites,
& des fragmens de quelques autres , ont été examinés
par plufieurs perfonnes très-inffruites en
minéralogie & en chimie, je n’entreprendrai pas
de les décrire de’nouveau (c’eft toujours M. Wil-
liàms qui parlé)'. Je ne mettrai en avant aucune
conjecture fur la formation de ces productions
fingulièrës ; je ne rapporterai pas même celles que
j-af entendu énoncer autour de moi; je laifferai
chacun tirer fes propres conclufions des faits que
je viens de rapporter. J’obferverai feulement qu'on
fait très-bien qu’il n’exifte pas de volcans fur le
continent de l’Jnde, Sc que je n’ai jamaisouï dire
qu’on trouvât comme toflîîes, dans cetre partie •
du Monde , <\ts‘ pierres qui eu fient la moindre ref- I
femblance avec celles qui viennent d’être dé- ’
crites. - , • : j
■ » Il me refte â parlerd’unè fubftance dont il eft
fait mention dans le Lithophylacium bomianum !
part. I , page n y , & qui éft défignée de la ma- I
nière fuivante : Ferrum retraftormm , g'anuUs niten- '
tibus , matrice virefcenti immixiis (-ferrum virens j
Linn. ) , cujus fragmenta, ab unius ad yiginti ufque !
lihrarum pondus'3 cortice nigro, fcoridccô cWcumdata-,
ad Plann} prope Tabor circuli bechinenfis Bohemis.
pafsïm reperiuntur.
” Le fer ainfi décrit eft rendu encore plus remarquable
par une note ( i ) , dans laquelle on ob-
ferve que les gens crédules affirment que ce fer
eft tombé du ciel pendant une tempête, le 3 de
juillet 1753.
» On fait que 1a collection du baron de Bornfait
partie du cabinet du très-honorable Charles Gré-
ville , qui, frappé des rapports qu’il appercevoit
entre les pierres d’Italie & du comté d’Yorck, &
la fubftance ferrugineufe en queftion, rechercha
& trouva , dans la collection de de Born, cette
matière qu’on affirmait être tombée le 3 de juillet
1753. Je ne dois point anticiper fùr le rapprochement
qui fera fait des traits de reffemblance
des quatre fubftances aCtuelles.
» Le préfîdent de la Société royale m'ayant fait
l’honneur de foumettre à mon examen fes échantillons
de la pierre de l’Yorkshire & de celle de
Sienne , MM. Grévil e & Williams me firent la
même faveur, & alors que j’eus une fois en ma
poffeflîon quatre fubftances auxquelles on attri-
buoit la même origine, b néceffité de les décrire
minéralogicu .ment ne tarda pas à fe préfenter.
Perfonne ne pouvoit le faite avec plus de zèle &
plus dé talent que le comte de Bouinon. C ’eft à
lui que je dois les deferiptions fuivantes. »
DeJcription minéralogique des diverfes pierres qu on
dit être tombées fur la terre ,* par le comte de Bournon
, membre de la Société royale.
« Les pierres que je vais décrire n’affeCtent point
de formes régulières, &: celles qu'on a trouvées
entières , c’eft-â-dire, qui n’ont point été brifées
dans leur chute ou autrement,’(ont entièrement
recouvertes d’uné croûte noire - foncée , peu
épaiffe.
■ » Les pierres tombées ;à Èénàiies fontcelles qui
ont les earaCfèrés minéralogiques les plus frappans.
Je les décrirai les premières, & je les emploïrai
enfuite comme objet de comparaifon lorfque je
parlerai des autres.
Pierres de Bénarès.
” Ces pierres, de: même que toutes celtes dont
il eft queftion dans ce Mémoire, quelle que foin
leur groffeur ] font recouvertes en entier de la
croûte noire-foncée, mentionnée tout-à-l’heure:
elles n’ont rien de hiifant p & leur fur fa ce eft garnie
d’afpérirés qui lui donnent l’apparence de cette
peau de poiffon qu’on nomme chagrin.
” Lorfque la caffure de ces pierres permet de voir
leur intérieur, elles paroiffent dé couleur grife-
cendrée,&• d’un tiffu granuleux, femh’able à celui
( l ) . Q u a fra gm en ta 3 j u l i i i ^53 , in te r tonitrua. è c c e lo p lu ijf i
crtduiïOYeà q iîid am a jfe ru n i.
d’un grès greffier. On y diftingue a ifé ment à la
loupe quatre fubftances différentes.
,, L’une, qui eft affez abondante, paraît fous la
forme de petits corps, dont-quelques-uns font parfaitement
fphériques; les autres plutôt èllipfoïdes.
Ces grains font de groffeurs diverfes, depuis celle
d’une petite tête d’épingle, jufqu’à celle d’un pois
ou à peu près. On en trouve de plus gros encore,
mais eh très-petit nombre.
» Ces globules font de couleur grife, tirant fou-
vent fur le brun , & ils font abfolumept opaques.
On les caffe facilement dans toutes les dire&ions :
leur fraélure eft conchoïdé, & préfente un grain
très-fin & compacte, légèrement luftré, & reffem-
blanr, jufqu a un certain point, à la caffure de
l’émail. Leur dureté eft telle, qu’en les frottant
fur le Verre, ils enlèvent fon poli, mais ils ne le
coupent pas. Ils donnent de foibles étincelles avec
l'acier«
« La fécondé de ces fubftances eft une pyrite
martiale, de forme indéterminée. Sa couleur eft
un jaune-rougeâtre tirant fur la teinte du nickel
ou fur celle de la pyrite artificielle. Son tiffu eft
granuleux & peu cohérent. Mife en poudre, elle
paroît noire. Cette pyrite n’eft pas attirable à l’aimant,
& elle eft irrégulièrement diftribuée dans
la fubftance de la pierre.
» La troifième offre de petites particules de fer
à l’état métallique parfait, & qui s’étendent fort
bien fous le marteau. Ces parties donnent à route
la maffe de la pierre la propriété d’être attirable à
l’aimant. Elles font cependant en moindre proportion
que celles des pyrites dont on vient de
parler. On a effayé de pulvérifer un fragment de
la pierre, 8c d’en feparer lé fer, par I’aÔlion de l’aimant,
auffi complètement qu’on l’a pu. Ce fer a
paru former lés deux centièmes du poids total.
« Lés trois fubftances qu’on vient de ciéfigner
font unie# entr'èllës par une quatrième , dont la
confiftance eft prefque terreufe ; elle permet qu’on
fépare , à la pointe d’un couteau, même avec
l’ongle, les petits corps globuleux dont on a précédemment
parlé, ou telle autrè des parties intégrantes
de la pierre qu’on veut obtenir. La pierre
elle-même peut être caffée par la feule aétion des
doigts. La,couleur de cette quatrième fubftance,
qui fert comme de ciment aux autres, eft le gris-
blanchâtre.
» La croûte noire qui recouvre la, furfàce de la
p i e r r ey quoiqu’elle ne foit pas fort épaiffè, donne
de brillantes étincelles lorfqu’on la frappe du briquet.
Elle fe brife (bus le marteau, & paroît avoir
les mêmes propriétés que l’oxide noir de fer attirable.
Cette croûte eft cependant, de même que
h pierre qu’elle recouvre, mêlée ça & là de particules
de fer à l’état métallique. On peut aifément
lès rendre vifibles en partant une lime fur la croûte
elles; paroiffent a loi s avec le lu lire particulier au
Métal. Çet effet eft plus marqué dans la croûte
«es pierres dont il me refte à pai 1er / parce q^ue la
; proportion de fer y eft beaucoup plus grande s
circonftance que j’indique ici une fois pour toutes.
La pierre dont je viens de parler n’exhale point
d’odeur argileufe lorfqu’on l'humeèle avec le fou-
fle. On peut appliquer la même remarque à toutes
les autres. a
La pefanteur fpécifique de cette pierre eft
Pierre du comté d’ Y or ch.
m Cette pierre , dont les parties intégrantes font
exactement les mêmes que celles des pierres de
Bénarès, tn différé cependant à quelques égards.
»,1°..Elle a un grain plus fin.
m 2°. La fubftance indiquée comme ayant la forme
de grains fphériques ou ellipfoïdes, s’y trouvé
auffi fous diverfes formes irrégulières ; circonf-
tanee qui n’a pas lieu dans les autres pierres. Ces
Corps y font auffi en général d’une groffeur
moindre.
» 3°.; La proportion de pyrites martiales, qui
ont* précifément les mêmes caractères que dans la
pierre de Bénarès, y eft moindre, & , au contraire,
celle du régule de fer beaucoup plus considérable.
J’en ai féparé, par l’a'mant, environ huit à neuf
pour cent du poids total. Plufieurs de ces parcelles
de fer étoient affez confidérabies, & l’une d’elles,
prife dans une pierre que j’avois pulvérifée pour en
féparer le fer, pefoit plufieurs grains.
Dans cet échantillon^, la partie terreufe qui
fait les fonctions de ciment, a plus de ténacité que
dans les pierres de Bénarès; elle reffembloit affez,
pour le coup-d’oeil, au feld-fpath décompofé ou
kaolin, 8r. la pierre elle-même , quoique peu dure ,
eft cependant plus difficile à brifer avec les doigts,
que ne i ’éft la précéder.te.
La pefanteur fpécifique eft 3508.
Pierre venant cCItalie.
« Cette pierre étoit entière, & par confequent
recouverte partout de la croûte nè’ire, particulière
à tous les produits de ce genre. Comme la
pierre.étoit très-petite , on fut forcé de la facrifiet
toute entière à Tanalyfe. Son grain étoit groflier,
femblable à celui de la pierre de Bénarès. On y
rétrouvoit les mêmes corps gris globulaires, la
même fprtec de pyrites martiales, & les mêmes
particules de fer à fêtât métallique. La proportion
de ces dernièrés étoit beaucoup moindre que dans
la pierre de l’Yoïkshire, mais plutôt plus grande
que dans celles de Bénarès. La même fubftance
terreufe grifâtre feivoit de ciment, & on n’y
obfervoit rien de plus, fïnon quelques globules
compofées en entier d’oxide noir de fer attirable
à l’aimant, & un feul globule d’une autre fubftance
qui paroiffoit différer de toutes celles qu’on
vient de décrire. Elle avoir un éclat-parfaitement
vitreux, & étoit tout-à-fait tranfparente. Sa cou