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un acide. Cette portion de la cire qui s’élève à la
furface, eft convertie en une matière favoneufe :
elle a perdu fon inflammabilité, fa fufibilité i elle
forme, avec l’eau, une folution opaque j elle en'
eÜ précipitée, par un acide, en flocons blancs,
qu'on trouve,après les avoir recueillis, reffembler
très-peu à la cire avant fon union avec la potaffe.
*> 6°. L’ammoniaque pure préfente, avec la cire
de myrte , des phénomènes femblables, à beaucoup
d’égards, à ceux produits par les alcalis fixes.
Quand fon aétion eft provoquée par la chaleur, il
fe forme une difiolution opaque : la cire eft dépouillée
de fa couleur, la plus grande portion s*en
fépare, & eft convertie en une matière foiuble en
partie dans l'eau chaude, quoique dans une proportion
moindre que celle réfultante de l’aétion
de la potaffe fur la même fubftance.
» 7°. Les acides minéraux ont peu d’adtion fur
la cire de myrte à la température ordinaire de
Latmofphère: l'acide fulfurique n’endiffout à froid
qu’une petite quantité, & prend une teinte brune.
A l’aide d’une chaleur modérée, cet acide en dif-
fout environ un douzième de fon poids : il en
réfulte une mafle épaiffe, d’une couleur brune-
foncée : elle devient prefque concrète par le re-
iroidiflement, mais aucune portion de cire ne s’en |
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fépare. Les acides nitrique & muriatique femblent
avoir peu d’adtion fur la cire de myrte, même à
chaud.
» Cette «ire ayant été tenue, pendant quelque
tems, à l’état de fufion en contadt avec de l’acide
nitrique, fa couleur verte fut convertie en un
jaune-pâle , mais l’acide demeura fans couleur, &c
il ne parut pas en avoir diffous aucune portion
quelconque. Cette cire, par une longue digeftion
dans l’acide muriatique, devient d’une vive couleur
orangée. »
D’après ces expériences, on peut, au moins
a-vec un très-grand degré de probabilité, affigner
la place que la cire végétale de myrte doit tenir
dans l’arrangement naturel des fubftances chimiques.
Il eft à defirer que cet arbre, dont la culture
eft facile & très-produdtive, fe propage promptement
dans nos départemens. On peut confulrer à
cet égard un excellent Mémoire inféré dans le
Journal c£Agriculture, germinal an u , par M' Tef-
fier, membre d e l’Inftitut.
MYRRHE, gomme réfine , dont il a déjà été
parlé dans le tome IV,artfcle Gommes résistes*
page 465:.
N A C
N a c r e d e p e r l e . ( Voyei matières ani-
MALES. ) La perle & la nacre de perle font deux
matières concrètes formées dans plufieurs efpèces
de coquilles ou en faifant partie. Quoique le plus
grand nombre des coquilles puiffe fournir ces deux ,
genres de concrétions, c’ eft néanmoins de quel- ;
ques efpèces particulières de moules, d’huîtres,
qu’on extrait ces matières précieufes. Elles font ;
rares en Europe, & n’ont jamais un éclat comparable
à celui de ces productions dans les parages
orientaux.
Les moules de rivière, & fpécialement celles du
Rhin , unio margaritifera , mya margaritifera de
Linné, ne donnent qu’une nacre médiocre en com-
paraifon de la ronde aux perles , avicula margaritifera,
mytilus margaritiferus de Linné, qui habitent
les mers de l'Inde, & d’où l’on retire les
perles les plus belles & la nacre la plus recherchée.
On nomme nacre la portion intérieure de la plu-
part des coquilles, dont le tiffu fin & d’un beau
poli eft réuni à la couleur blanche, argentée,
variée du vert, du rouge , du bleu, & de toutes
les nuances de rafc-en-ciel. On y diftingue des,
zones qui femblent annoncer des inégalités, des ;
boffelures & des ftries à fa furface, & qui font
«ne grande illufion. Après avoir fcié ou corrodé
par les acides, la partie extérieure dès coquilles
jufqu’à la couche du nacre quelle recèle, on enlève
celle-ci, on lui donne, à l’aide du tour, du
cifeau & de plufieurs outils différens, la forme ;
variée, néceffaire à une foule d’uftenfiles divers i
on la ramoHit même, & on la courbe à l’aide de )
l’eau bouillante. Elle étoit autrefois rangée parmi
les abforbans , & fa nature chimique permet en '
effet d’y admettre ce caractère médicamenteux ;
mais il y a tant d’autres fubftances plus {impies 6c
plus faciles à fe procurer, qui en jouiffent'à un
degré beaucoup plus fort, qu’on ne l’a jamais véritablement
employée pour cet ufage : on la réferve
pour la fabrication des bijoux.
Les perles, margarits. , uniones, varient beaucoup
dans leur groffeur, leur forme, leur couleur,
leur beauté, & par conféquent dans leur
prix ; 'elles font ordinairement irrégulièrement
arrondies ou.un peu oblongues, quelquefois pyri-
•formes , blanches, brillantes ou grifes, avec des
reflets argentés & colorés. On nomme le brillant
produit par ces reflets, rorient des perles : les petites
& les plus irrégulières fe nomment femences
de pedes ; les greffes & les fphériques font rares 8e
chères. Il y a eu des opinions très-fingulières fur
l ’origine de ces concrétions. Les Anciens ont cru
qu’elles -étoient formées des gouttes de roféè recueillies
au mois de mai, à la furface des eaux ,
par les animaux qui les produifent. On fait cependant
que les mollufques ne quittent point le fol &
le fond des eaux qui les ont vus naître. Quelques
naturaliftes ont imaginé que les perles étoient un
• animal à coquille, croiffant dans un autre : des
obfervations mal faites ont donné naiffance à ce
fyftème. Il y a des favans qui penfent que la perle
! eft une concrétion morbifique , provenant de la
piqûre faite aux coquilles. Ils afiurent qu’on peut
: faire naître artificiellement des perles en perçant
1 des trous dans la coquille des huîtres ou des moules
qui les contiennent. Dans l’opinion la plus
1 commune, on les regarde Amplement comme une
concrétion née de la furabondance de la matière
calcaire.
s On n'a pas moins varié fur le fiége des perles
1 dans les coquilles où elles fe rencontrent : l’épail-
feur même de ces coquilles, & les cavités annoncées
au dehors par des efpèces de bourfouflures ;
les charnières même des coquilles ou la partie
renflée de leur articulation, & furtout le ligament
qui en attache les deux valves i le corps
charnu des animaux mollufques qui les habitent,
ou l'intérieur de la coquille dans laquelle on les
trouve libres & comme flottantes, voilà les quatre
modes de féjour ou de lite qu’on leur a fuccefti-
vement aflîgnés. Il paroît que le plus fouvent elles
font placées vers les bords des coquilles, renfermées
fous une membrane qui revêt la nacre, ou
logées dans des cavités que celle-ci préfente, ou
flottant librement dans la coquille,, ou adhérentes
à fa paroi interne, en forte qu’on £ft obligé de les
en arracher ou de les détacher avec plus ou moins
de force. Il paroît encore que l’expérience de les
faire croître artificiellement à l’aide des bleffures
faites à l’intérieur de la coquille, n’eft pas fans
fuccès j & cela s’accorde avec les faits anatomiques,
qui prouvent que des bleffures faites à l'extérieur
des os produifent une concrétion offeufe
intérieure, ou un féqueftre, comme celles que
l’on porte vers l’intérieur ou vers la moelle, donnent
naiffance à des cercles ou à des viroles
offeufes extérieures, ou à des renflemens exofto-
tiques. .
La perle eft, comme la nacre, dont elle ne diffère
que par un tiffu plus fin , un compofé de
matière gélatineufe & de carbonate de chaux.
Cartheufer affure que la première de ces fubftances
n’y fait que la vingt-quatrième partie, 6c que
les vingt-trois autres font formées par la matière
qu'il nomme terreufè, ou par le carbonate de
chaux j mais il faut y comprendre l’eau, qui paroît
être fort abondante dans cette concrétion. On
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