
M E P
jMÉPHITIQUE, ancienne dénomination de l'acide
carbonique j qu'on avoit défigné, dans l'état
gazeux, fous le nom à'acide méphitique. Tous les
acides gazeux font également méphitiques. ( Voye[
le premier 'Volume.')
MÉPH1T IS , mot employé par les auteurs latins
pour défigner d'abord la vapeur du foufre,
en fuite toute vapeur fétide & nuifible à la vie. Il
a été prefque francifé par plulïeurs chimiftes &
phyfîciens de ces derniers tems, & il a fervi à indiquer
tous les fluides méphitiques en général. II.
n’eft plus que la traduction latine du mot français
méphitifme. ( Voye^ ce dernier mot. )
MÉPHITISME. On nomme méphitifme la difpo-
ütion d'un lieu quelconque, par laquelle il ceffe
d'être propre à la /efpiration de l'homme & des
animaux, & par laquelle il eftou il devient capable
d'attaquer la vie avec plus ou moins de pfomp-
titudé & d’énergie.
Quoique par cette définition même le méphi-
tifme paroiffe appartenir plutôt à la médecine qu’à
la chimie, cette dernière fcience eft fi néeeffaire
pour en reconnoître la caufe ou la fource, la nature,
les effets & par conféquent les remèdes j on
lui doit, depuis près d'un demi-fièele, des découvertes
fi précieufes & fi exactes fur le méphitifme,
que fon hiftoire eft devenue autant chimique que
médicale ; elle eft donc, fous ce point de vue, du
reffort d'un ouvrage de chimie, furtout confidéré
fous fes rapports les plus efifentiels avec la fociéte.
Pour traiter avec méthode, & par conféquent
avec précifion, l'hiftoire chimique du méphitifme ,
je dtviferai cet article en quatre parties.
Dans la première je traiterai du méphitifme en
général j dans la fécondé j'examinerai les diverfes
•efpèces de méphitifmes connues; la troifième aura
pour objet l'examen des antiméphitiques généraux,
& la quatrième, celui des antiméphitiques convenables
en particulier à chaque efpèce de méphitifme.
Ile. PARTIE. D u méphitifme en général.
Lorfque les premiers médecins ou naturaliftes
eurent reconnu que quelques cavités fouterraines
contenoient une vapeur dangereufe à la vie de
l'homme, & fufceptible, foit de porter le trouble
dans fon cerveau, foit d'afloupir fes fondions,
foit de le faire périr, les premières idées qu'ils
eurent, dans des tems où la phyfique n'exiftoit
pas encore , St où les chimères fuperftitieufes
coüvroient de leur voile toutes les connoiffances
humaines , furent que l'intérieur du globe étoit
Chimie. Tome K.
habité par des efprits mal-faifans, ou que des génies
méchans en avoient infeélé l'air, ou enfin
que des maléfices dont on croyoit alors des for-
cjers capables, avoient dénaturé l'air contenu
dans ces cavités.
Les plus fenfés & les moins crédules des phy-
fictens & des naturaliftes dans le quinzième & le
feizième fiècle commencèrent à rejeter ces idées
chimériques, & admirent dans les lieux fouterrains
méphiiifés une vapeur particulière qu'ils qualifièrent
du nom d’efprit fauvage ou de gaz fylveftre :
telle étoit la théorie, déjà beaucoup plus rapprochée
du vrai de Paracelfe & de Vanhelmont. Les
découvertes de Haies auroient dû rapprocher encore
davantage les naturaliftes & les médecins de
la vérité, vers le premier tiers du dix-feptième
fiècle, fi les efprits n'avoient pas été détournés
alors de l’étude de Pair & de tout ce qui appartient
à ce fluide élaftique par les recherches profondes
qu'on faifoit alors des propriétés du feu,
& de celles qu'il pouvoit communiquer aux corps
en s'y fixant.
L’époque où l'on a commencé à acquérir des
notions plus exactes fur la nature du méphitifme
doit être rapportée à celle où l'on découvrit des
fluides qui, avec l'apparence & plufi-urs des caractères
extérieurs de l'air , parurent en différer
cependant beaucoup par leurs propriétés intimes
& par leur nature.
Cette époque eft celle où l’illuftre Black, pro-
feffeur de chimie à Edimbourg, a trouvé dans les
alcalis effervefeens & les matières calcaires un
corps fufceptible de prendre la ferme fluide élaftique
par l ’addition des acides qui l ’en dégagent.
Bientôt ce fluide fut reconnu dans la vapeur délétère
qui s’exhale des fucs doux en fermentation
, dans celles qui fortent des matières animales
en putréfaction, dans les eaux minérales fpiritueu-
fes, dans quelques mines terreùfes, & furtout
dans celles de fer. A force d’étudier cet air fixe
ou fixé, on le trouva acide : on ea découvrit la
préfence dans la Grotte-du-Chien ; & comme on
rapprocha fon effet méphitique dans cette cavité
naturelle de celui qui lui appartient lorfqu’il fe
dégage du moût fermentant & lorfqu'il fe forme
par la combuftion du charbon , après avoir vérifié
fon identité dans ces trois circonftances, on le
nomma air ou acide méphitique, & on l ’admit dans
tous les cas & dans tous les lieux où il exifte du
méphitifme.
On crut alors , pendant quelques années, avoir
tout fait pour la connoiflance de cette propriété
antivitaje ou afphixiante : on fe perfuada que, de
quelque fource que provînt le méphitifme, il étoit
toujours le même, il avoit la même nature, il de-
A