ainfî cette éfpèce de muriate d'étain y affez faturée
d’oxigène pour acquérir des propriétés très-différentes
de celles du muriate d’étain {impie au minimum
d’oxidation , & de celles du muriate détain
oxigéné. C ’eft la liqueur fumante de Libavius,
obtenue de la décompofition du muriate oxigéné
de mercure par l'étain. On doit furtout remarquer
que ce produit eft très-peu abondant, 8c qu’en
enlevant l’oxigène au mercure dans cette décora-
pofition, l’étain fe partage , avec l’acide muriatique,
en trois Tels , l’un au .minimum:, l’autre au
medium y 8c le rroifième au maximum d’oxidation.
Les propriétés de ce muriate furoxigéné d’étain ont
été décrites au mot E t a i n & L i q u e u r f u m a n t e
d e L i b a v i u s .
M u r i a t e s u r o x i g é n é d e f e r . Il feroit extraordinaire
que le fer, fi diftingué par fa propriété
d’abforber différentes proportions d’oxigène, &
de s’arrêter à divers degrés d’oxidation, ne fournît
pas les trois muriates qu’on retrouve.dans beaucoup
de diffolutions métalliques. J’ai déjà indiqué
le muriate de fer fimple ou au minimum d’oxidation
, & le muriate oxigéné de fer ou au médium
d’oxidation. Ce dernier eft formé dans une foule
de circonftances chimiques, & c’eft à cette formation
qu’eft due la fingulière diffolubilité des
oxides de fer rouges par l’acide muriatique, oxides
qui faliffent les vafes de verre, & qui adhèrent fi
fortement à leurs parois, qu’on ne peut les enlever
que par cet acide.“ Il paroît qu’on forme le muriate
furoxigéné de fer en verfant l’acide muriatique oxigéné
fur de l’oxide de fer rouge ; qu’il en réfulre
une diffolution brune-foncée très-âcre & non crif-
tallifable. Il paroît encore que cette diffolution |
eft fufceptible de donner, par la diftillation, ce
fel volatil criftallifé en lames brillantes, & dont
Macquera fait une defcription fi intérelfante dans
fon Dictionnaire de Chimie, article F e r . ( Voye^
cet article. )
M u r i a t e s u r o x i g é n é d e g l u c i n e . On ne
fait pas encore fi la glucine abforbe, à la manière
déjà'indiquée dans les articles précédens , l'acide
muriatique enfavorifantfafuroxigénation.M.Vau-
quelin n’a point tenté cette combinaifon, que je
n’énonce ici que comme poifible & vraifemblable,
& pour compléter la lifte méthodique des com- !
pofés dont il eft queftion dans le genre de ces fels
furoxigénés. Il y aura peu d’intérêt à l’étude de
ce fel jufqu’à ce que la bafe terreufe nommée
glucine ait été trouvée en plus-grande quantité 1
qu’ elle ne l'a été jufqu’ic i, 8c jufqu’à ce qu’on ait
découvert quelque propriété importante ou utile
de cette terre.
M u r i a t e s u r o x ig é n é d e m a g n é s i e . I l en
e f t à p e u prè s d e la m a gn é fie c om m e d e la c ra ie
o u d u c a rb o n a te c a l c a i r e : o n n e p a ro î t pas e n c o r e
a v o i r réu ffi à fo rm e r a v e c e lle un v é r i t a b le fnuriate
furoxigéné. M. G a d o l in , p r o fe f fe u r d e c h im ie à 1
Abo, a fait une feule expérience, dont M. Dolfuz
a donné le détail dans le premier volume des Annales
de cette. fcience, année 1789, pag. 22.8 fi
230. Tl réfulte de cette defcription, lue attentivement
& méditée, qu’il n’y a point eu de véritable
combinaifon furoxigénée, puifqu’on a obtenu
la magnéfie à l’état de carbonate par l'évaporation
de la liqueur, qui d’ailleurs n’offroit que
les propriétés d’une fimple diffolution d’acidë muriatique
oxigéné. Quelques efîàis analogues ne
m’ont rien préfenté de plus ; de forte que je n’admets
un muriate furoxigéné de magnéfie que par analogie,
& plutôt pour inviter les chimiltes à Cuivre
ce genre de recherches, que pour en décrire les
| propriétés., quoique je fois perfuadé qu’on.par-
[ viendra quelque jour à faire cette combinaifon
I par d'autres moyens que ceux qu'on a employés
! jufqu’ici.
M u r i a t e s u r o x i g é n é d e m a n g a n è s e . Il y
a une union déterminée entre l'oxide noir de man-
ganèfe & l’acide muriatique oxigéné : il réfulte,
de cette union une diffolution brune-noire f volatile
& fumante, dont on n’a point encore étudié
les propriétés, 8c qui mérité d’être obfervée avec
beaucoup de foin. ( V^oye^ les articles M a n g a n
è s e & O x id e d e m a n g a n è s e . )
M u r i a t e s u r o x i g é n é d e m e r c u r e . Je
nomme ainfî la combinaifon faline très-fingulière
qui a lieu entre l’oxide rouge de mercure 8c l’a^*
eide muriatique oxigéné. Ce fel que nous avons
découvert, M. Thénard 8c moi , dans un travail
qui nous eft commun fur les combinaifons falines
du mercure, l’a été peu de tems après par M. Ché-
névix, très-habile chimifte, qui Ta même fait con-
noître avant nous dans le Journal de Phyfique. Il eft
fous la forme d’un magma ou d’une poudre d’ un
vert-foncé, déliquefeent, fufceptible d’enflammer
beaucoup de corps. Il a été décrit avec foin à
l’article M e r c u r e ( Voye\-cet article). C’eft une
nouvelle acquifition ou un nouvel inftrument
pour les chimiftes. if ne faut pas le7confondre avec
le fublimé corrofif qu’on avoit d’abord défigné en
1787, dans la rédaction de la nouvelle nomenclature
chimique , par le nom de muriate furoxigéné
de mercure, parce qu’on ne foupçonnoit pas même
l’exiftence au nouveau fel dont il eft queftion ici.
C ’eft une faute qu’il faut corriger dans quelques
ouvrages modernes , 8c notamment dans mon Syf-
terne des Connoijfdnces chimiques.
M u r i a t e s u r o x i g é n é d e p l o m b . Depuis
qu’on connoît un oxide de plomb plus oxigéné
que le minium ou oxide rouge , on fait qu’ il peut
y avoir-, entre cet oxide au maximum 8c les acides,
des combinaifons qui, comparées aux autres.*
cofiftituent véritablement des fels furoxigénés.
Tel eft le muriate furoxigéné,de plomb• Il réfulte
de l’union du gaz acide muriatique oxigéné 8c
de l'oxide de plomb rouge * une diffolution
blanche
blanche dont on ne connoît pas encore toutes les
propriétés, 8c qui mérite un examen füivi. Cette
diffolution laiffe précipiter par la potaffe ou la
fou de, un oxide brun-rouge 5 elle donne un précipite
blanc par l’ammoniaque, qui en décompofe
1 oxide à mefure qu’elle le fépare.
En même tems que l’acide muriatique oxigéné 1
liquide, verfé fur de l’oxide de plomb rouge, en
diffout une partie pour former le fel dont je
viens de parler, une autre portion de cet oxide
devient brun-foncé ou couleur puce brillante ,
velouté en àbforbant une nouvelle quantité
d’oxigène. Cet oxide au maximum donne beau- !
coup d’air vital ou gaz oxigéné par l’aétion du
reu 5 il fe réduit en bouillonnant fur les charbons
ard'ens qu’il allume ; il eft infoluble dans l’acide
nitrique , 8c foluble dans le nitreux ; il fait palier
1 acide muriatique à l’état d’acide muriatique oxigéné;
il enflamme le foufre par le broiement.
(Voyefles articles P l o m b & O x i d e d e p l o m b .)
M u r i a t e s u r o x i g é n é d e p o t â s s e . Ce nouveau
fel, extrêmement important, eft celui des muriates furoxigénés que l’on connoît le mieux.
M- Hyggins paroît l ’avoir vu le premier, puif-
qu il ciic, dans fon Traité de Vacide acéteux , qu’en
recevant dans une Iefljve de potaffe la vapeur qui
fe dégage de l’acide muriatique diftillé fur l’ oxide
de manganèfe, il fe forme dumitre dans la liqueur;
mais on voit qu’il l’a obtenu fans le connoître, 8c
qu’il s’eft trompé fur fa nature. M. Berthollet en eft
donc véritablement l’inventeur, & c’eft une des plus
intéreff’antes découvertes que lui doit la chimie. Depuis
cette première découverte, Lavoifier, M. Dol-
fuz, M. Van Mons, Vauquelin 8c moi, nous
avons étudié les propriétés de ce fe l, & il n’en
eft prefque pas de mieux connu aujourd’hui.
■ Le muriate furoxigéné de potajfe eft le plus fou-
vent fous la forme de lames carrées, minces , ou
fous celles de paralJélipipèdes. Voici comment
M. Haiiy a déterminé la forme de ce fel parfaitement
criftallifé, qu’on lui avoit remis pour l’examiner.
Les criftaux de muriate furoxigéné de-potajfe font
des rhomboïdes obtus, divifibles parallèlement à
leurs faces ,.d’où il fuit qu’ils représentent la forme
primitive de leur efpèce.
L ’angle plan au fommet du rhomboïde eft d’environ
cent deuxdégrés & demi ; ce qui donne à peu
près cent fix degrés pour les inclrnaifons refpeéti-
ves des.trois faces réunies autour du fommet.
Il eft très-trahfparent 8c > très-fragile ; fa faveur'
e ft fraîche , piquante 8c auftère, défagréable ,v
fort différente de celle du nitrate de potaffe. Il
pétille lorfqu’on le frotte vivement, comme fur
un porphyre, 8c il en fort une* grande quantité
d’étincelles 8c de traces lumineufes. 'C'eft une
forte de propriété électrique. Il n’exifte pas dans
la nature. - tV
■ Qïi ne peut jamais le fabriquer immédiatement V
C fi j. m ie , Tome V.
en mettant l’acide muriatique oxigéné en contaCt
avec la potaffe, ni avec le carbonate de potaffe,
dont il ne chaffe pas l'acide carbonique, mais en
recevant dans de l’eau qui tient du carbonate de
potaffe ou de la potaffe en diffolution, du gaz
acide muriatique oxigéné qui s’y condenfe 8c s’y
accumule. On met cette diffolution , faite avec
fix parties d’eau & une partie de potaffe, dans un
flacon de Woulfé, au fond duquel plonge un
tube qui y conduit le gaz acide muriatique oxigéné*
produit par la réadion du muriate de foude,
de l’acide fulfurique & de l’oxide de manganèfe,
comme on Ta dit ailleurs. A mefure que ce gaz
' arrive dans la liqueur, il fe dégage bientôt du gaz
. acide carbonique fi elle contient du carbonate
. de potaffe, ou feulement un peu de calorique fi
elle eft faturée de potaffe. L’ acide muriatique oxigéné
fe partage en deux parties , fuivant la belle
obfervation de M. Berthollet. L'une fe dépouille
entièrement de fon oxigène en faveur de l’autre,
& d’une part il fe forme de l ’acide muriatique ordinaire
, qui donne un peu de muriate de potaffe
avec la liqueur alcaline ; l’autre , furchargée de
l’oxigène du premier, s’unit à une portion de la
potaffe , s’ y condenfe en acide furoxigéné, 8c
compofe le fel dont on parlé. Il fe paffe donc ici
trois attractions éledtives , celle de l’acide muriatique
ordinaire pour la potaffe, celle de l’acide
muriatique oxigéné pour une nouvelle proportion
d’oxigène, & celle de cet acide furoxigéné pour
une portion de la potaffe. •
Comme le muriate furoxigéné de potajfe , formé
dans cette opération , n’eft pas aufii difioluble que
la potaffe & le muriate ordinaire de cette bafe, le
premier fel fe dépofe fouvent dans la liqueur en
état de paillettes ou de lamelles brillantes , dont
la quantité augmente avec la faturation. Cepen-?
dant'ce fel n’efLp'as pur; il contient fouvent un
peu de terre féparée de l’alcali & du muriate de
potaffe ordinaire. Pour le purifier ou le •raffiner,
on le diffout dans une'quantité fuffifante d’eau,
diftiîlée bouillante; on filtre cette diffolution 8c
on la laiffe refroidir : le muriate furoxigéné de po -.
iaffe fe dépofe en lames brillantes ; il n’en refte
que très-péu dans l’eau froide, qui retient le mu-?
riate de potaffe.
Quoique le muriate furoxigéné de potajfe contienne
beaucoup d’eau de criftallifation,, il fe fond tranquillement
& fans fe deffécher au feu ; mais il bout
très-facilement j il préfente une effervefcence.
fpontanée trè$*-viv,e, &.,il donne une quantité de.
gaz oxigène, qui équivaut. à près du tiers de fon
poids, Ce gaz oxigène eft très-pur; c’eft le meiT
leur que l’on puiffe obtenir ; c’eft celui qui a été employé
dans l’expérience de IaTrecompofition de
l’eau faite en 1790 dans mon laboratoire , par
MM.. Seguin, Vauquelin & :moi, eau artificielle la
plus pure que l’on eût obtenue jufque-là. Lorfque
le muriate furoxigéné de potajfe a donné, par l’adhon
du fe u, tout fonigaz oxigène & une certaine quan^*