
portions , qui a été décrit ci-de(Tus dans Thiftoire
de la précipitation de muriate dé mercure oxigéné
par l'ammoniaque. On nomme , e.n pharmacie, le
Tel obte :nu par ce dernier procédé mercure précipité
blanc y quoique ce -nom foit aulïi donné au
muriate de mercure dou x formé par l'acide muriatique
verfé dans une diffolution de nitrate de mer- .
cure ; on appelle aufli ce dernier précipité mercure
cofmétique ou lait de mercure. Pour diftinguer
cette efpèce de. précipité blanc ou muriate triple
de mercure & d'ammoniaque, de celui qui eft fo-
luble , jioi^mé autrefois f e l alembroth , je défigne
ce dernier par le nom de muriate ammoni'aco-mercuriel
Joluble, & lé premier par celai de muriate
mercurio-ammoniacal in-foluble, - 93* Le muriate de mercure oxigéné eft décom-
pofable à chaud par beaucoup de fubftances métalliques,
qui ont plus d'attraétion pour l'oxigène,
que n'en a le mercure. Ces décompofitions donnent,
d'une part, du mercure réduit fous forme
liquide , & de l'autre des muriates métalliques
qui font tous plus ou moins volatiles, ccncrefci-
bles par le froid-, fufïbles à une chaleur douce .,
décompofables par l'eau : on les nommoit autrefois
beurres métalliques ,* ils font plus ou moins
Utiles dans les arts ou dans la pharmacie. On remarque
encore que ces décompolitions du muriate
de mercure oxigéné font opérées par les fulfures
ou les oxides fulfurés des mêmes métaux, & qu'au
lieu d'avoir alors du mercure coulant, on obtient
du fulfure de mercure. 11 faut obferver de plus que
les oxides de ces métaux feuls ne décompofent
point ordinairement le muriate de mercure oxigéné,
parce que cette décompofition ne pouvant
sJ°pérer que par l'attraction de ces métaux pour
1 oxigene qu'ils enlèvent au mercure j ils ne peuvent
plus produire cet effet quand ils en font fa-
turés. Ainfi l'oxide d’arfenic, ceux de bifmuth
&C d'antimoine , ne décompofent point feuls le
muriate de mèrcure-oxigéné, tandis que leurs métaux
le [décompofent; mais ces oxides, unis au
foufre,. le décompofent, parce que l'oxide de
mercure eft attiré par le fourré, tandis que l'acide
muriatique attire de fon coté chacun de ces oxides,
précipite de l'acide arfenieux. Ce même fel âcre
& cauftique détruit promptement les organes des
animaux.
qu'il convertit en muriate volatil.
94. Cette théorie générale de l'aCèion des mé-
taux & des fulfures métalliques fur le muriate de
mercure oxigéné, s'applique-facilement à chacune
des: compofïtions particulières qu'on opère de ce*
fel par ces corps. 1
a. En diftillant à une chaleur douce deux parties
de muriate de mercure oxigéné avec une partie
^arfenic métallique, auparavant pulvérifés & bien
mêlés dans un mortier de verre, il paffe dans le
récipient une matière tranfparente dé la confif--
tance de1 l’huile , dont une partie fe-fige en une
efpèce de gelée, & qu'on a nommée huile c&rro- ,
five ow beurre d"arfenic ■: c'eft àumuriated'arfenic' j
fublimé ; le mercure coulant pafîe efifüitè. Lé rnu-
riate arfenical eft décompofé par l ’eau:, qui ên
Parties égales d’oxide d’arfenic fulfuré & de
muriate de mercure oxigéné donnent, par la diftil-
lation, du muriate d'arienic & du cinnabre, qu’on
a nommé autrefois cinnabre d’arfenic.
c. Deux parties de muriate de mercure corrofif
& une partie de bifmuth diftillées donnent pour
produit un liquide épais, congelé en partie comme
une giaiffe très-fufiblé , précipitable par l'eau,
défigne par le nom de beurre de bifmuth , & qui
eft du muriate de bifmuth fublimé. Le mercure
rtfle uni à une partie du bifmuth en amalgame
criftallifée, ou fe volatilife en partie. Poli, qui
a décrit cette expérience en 17*13 dans les Mémoires
de l* Académie , annonce qu'en diftillant plu-
fieurs fois ce beurre de bifmuth, il refte dans la*
cornue une poudre brillante, nacrée, de la couleur
des perles , graffé , onélueufe, dotice au'
toucher, & allez belle pour qu’il fa it propofée
aux peintres.
d. En broyant une partie d'antimoine en poudre
avec deux parties de muriate de mercure oxigéné,
il s excite de la chaleur qui indique une tiès-forte
aéb’pn entre les deux corps, & qui ne provient
que du paffage & de la fixation de l’oxigène.du
mercure dans 1 antimoine. Ce mélange , diftillé*
dans une cornue de verre, à un feu doux, donne
un liquide épais, d'apparence graiffeufe, un peu'
fumant, qui fe fige dans le récipient & dans le;
col delà cornue, au bec de laquelle il pend erï
ftalaélites, en une maffe blanche grifâtre, fou-
vent cHftalliforfne & rayonnée à fa furface. Ce
produit pèfe un quart de plus que l ’antimoine ::
on le nommoit\autrefois beurre d3antimoine ; on
1 appelle aujourd'hui muriate d'antimoine fublimé_
Quand ce fel a paffé, & qu'on arrête l'opération,
lé réfidu eft alors une forte d'amalgame d'antimoine
: une portion de ce dernier métal fumage
fous la forme d’une poudra grife. En continuant
5 de; çhaiiffer, & en changeant de ballon ,\ après*
avoir obtenu le muriate d'antimoine on obtient le
mercure coulant. Si on fait l'opération avec le ful-’
fure d antimoine, il fe fublimé après le muriate
antimonié, & par un fort coup de feu, du cin-;
nabre, qui ne contient pas affez d’oxigène pour
: être d un beau rouge, & qu'on nommoit autrefois'
cinnabre dlantimoine fublimé. On ne réuflît dans ce'
procédé qu a l'aide d'une cornue de porcelaine 3c
d une grande chaleur. Le muriate d'antimoine fublimé
, préparé par l'un ou l'autre de ces procédés,
peut criftallifer, par un refroidiffement lent,
en parallélépipèdes très-gros:. C ’eft un cauftique
violent qui ronge & brûle les organes animaux,
eft employé avec un grand fuct ès à l’exté-J
rieur pour détruire les virus introduits fous la
peau , & furtout lé virus hydropHobiqué ii féré
par la morfure des animaux enragés. Le muriàre
d antimoine fublimé fe colore à la lumière & à
l ’air} il fe fond & coule comme une graiffe à •
une chaleur douce ; il attire l’humidité de 1 at-
mofi-hère, &i fe réfoud en un fluide épais oléagineux
j il eft décompofé & précipité par l'eau
qui en fépare un oxide d'antimoine très-blanc,
connu autrefois fous le nom trèi-impropre de mercure
de vie y & fous celui de poudre dlAlgaroth ,
d'après Algamhi, médecin italien , qui l'a le premier
recommandé & employé comme médicament
purgatif & émétique. L ’eau , après l’avoir précipité
le fel , & qu’il le colore en gris noirâtre. On fai-
foit autrefois cette opération dans un mortier de
verre , en ajoutant au mercure jufqu’à c e qu’il
refufât de s’éteindre j & l’on avoir remarqué qu'il
en abforboit ainfi les trois quarts de fon poids. On
mettoit le mélange dans des cornues, des matras
ou de fimples fioles à médecine , dont on laiffoit
les deux tiers vidés 5 on les plaçoit dans un bain
de fable, & on chauffoit fortement j-ufqu'à ce que
. la maffe fût toute lublimée : on laiffoit les vaif-
feaux bien refroidir} on féparoit la poudre-âcre
de muriate corrofif élevée la première, & une
poudre noirâtre qui le faliffoit. Quelques auteurs
vouloient qu’on le fublimât trois fois de fuite ; &
c'étoit après ces trois fublimations qu'on le nom-
: moit aquïla alba. D'autres prelcrivoicnt de le re-
triturer de nouveau avec du mercure à chaque fu-
blimation. Six de ces opérations fucceflives for-
moient le calomel ou le calomélas, dénomination
abfurde, fuivant la jufte remarque de Bergman,’
qu’il dit cependant être adoptée en Suède pour
le mercure doux à fa première fublimation. Un
nommé Labrune avoit encore renchéri fur ces
opérations faftidieufes, fuivant Malouin } & c’é-
toit par la férié de neuf fublimations fucceflives-
qu'il confeilloit de préparer hpanacée mercurielle.
I ■; 97; Ce procédé eft fi long, & il a tant d’in-
convéniens, furtout le danger de la pouflière âcre
qui s'élève pendant la trituration, malgré la pré- •
caution qu’avoi t l'artiftè de s'envelopper la face dans
une ferviette, que les chimiftes ont travaillé à l'envi
pour le perfectionner èt le corriger. M. B aumé a
confeillé de verfer un peu d'eau fur les matières-
que l'on triture, de fubftituer le porphyre au mortier,
, en retient une portion en diffolution dans J
l'acide muriatique qu'elle enleve. L acide nitrique j
diflout, avec chaleur, effervefcence & dégage- j
ment de gaz nitreux, le muriate d'antimoine fu- j
blimé j il forme un nitro-muriate d'antimoine en J
liqueùr rouge d’abord, qui précipite bientôt une
poudre ou magma blanc,‘ en failant evaporer cette
diffolution à ficcité, & en ajoutant enfuite fon
poids d'acide nitrique qu'on fait de nouveau évaporer.
En répétant une troifième fois cette pratique,
en chauffant enfin ce jéfidu dans un creufet
que l’on tient rouge’pendant une demi-heure, on
obtient un oxide blanc en deffus, légèrement rofé
en deffous, qu'on nommoit autrefois be^oard mi- ;
néral, & qui eft analogue 1 l'oxide fait par le ni-
tre. On a vu que l'antimoine, diffous immédiatement
dans l’acide muriatique, pouvoit par la fu-
blimation donner naiffance au meme produit ; mais
on l’a toujours préparé par la décompofition du
muriate furoxigéné de mercure.
95. Une des propriétés les plus fingulières que
le muriate de mercure oxigéné a préféntée aux chi-
miftes , par rapport à l'aétion que les métaux exercent
fur lui , c’eft fon union avec le mercure coulant,
avec lequel il forme la combinaifoh connue
fous je nom dé .mercure doux ou mercure fublimé
doux. La préparation de cette efpèce de fel étoit
regardée comme un fecret important au commencement
du dix-feptième fiècle. Crolüus le vanta
beaucoup en gardant le procédé caché. En 1608,
Béguin le décrivit, avec beaucoup d'exaétitude,
dans fon Tyrocinium chemicum, fous le nom de
dragon mitigé, à caufe de la douceur qu’on corn-
muniquoit par-là au fublimé corrofif. Il devint
beaucoup plus répandu fous celui de panchyma-
gogue de Quercetan ou de Duckefne. C'eft Neumann
qui lui a donné le nom de mercure doux. On l’a
connu,’ à diverfes époques, fous les dénominations
de fublimé doux, d'aigle mitigé' , à*aigle blanc
fa q u ila alba ) , de manne dès métaux , de panacée,
de calcmélas s fuivànt les diverfes manières
de le préparer. MM, Beaumé, Bergman & Schéele
font les auteurs qui ont le mieux traité de ce fel.
La doétrine pneumatiquè en a fait connoître exac- j
■ tement la nature', en le défignant comme un muriate
de mercure fimple , & en l’oppofant ainfi au
précédent, nommé muriate furoxigéné de met cure.
• 9b. Quand on triture ce dernier fel avec du
mercure coulant, on s’apperçoit bientôt que ce
métal dilparoît promptement, qu’il s’éteint dans
& de laver le produit fublimé une fois dans
l’eau chaude, pour diffoudre la portion de muriate
furoxigéné ou corrofif qui s’y trouve, D’autres
ont propofé d'employer l'oxide gris précipité
du nitrate de mercure par l'ammoniaque au-lieu de
mercure, pour diminuer la longueur & les difficultés
de l ’extinction. M. Bailleau a preferit de
faire upe pâte avec le muriate furoxigéné de mer-;
cure & de l'eau, & de la triturer avec le mercure
coulant, qui s'y éteint très-facilement &dansl’ef-
pace d'une demi-heure, fans faire volatiîifer de
pouflière corrofîve , de faire diriger enfuite la
matière à un feu doux j ce qui Ta blanchit en
favorifant la combinaiforn, & de fublimer enfin
une feule fois le mélange; ce qui fuffit, fuivant
lu i, pour l’avoir très-pur.
98. La théorie de cette opération eft extrêmement
claire & fimple. Le muriate de mercure
oxigéné cède très-facilement au mercure une portion
de fon oxigène & de fon acide muriatique :
de là la promptitude de l'extinCtion de ce métal
& la couleur grife que prend le mélange, comme
. le fait le mercure trituré avec un oxide rouge :
l’aélion entre les deux corps s’arrête aprèsTex-
tindion qui eft limitée dans fon terns comme dans
fes proportions, parce que le partage de l’oxi